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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9781530830251
140 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (31/03/2016)
4.11/5   14 notes
Résumé :
Voici un deuxième volume de poésies du Roumain Ion Pillat, à la suite de "Monostiches et autres poèmes", qui actualise quelques classiques introuvables mais surtout de nombreuses traductions inédites, ainsi qu'une préface si… philhellène.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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« Lorsque, Minerve, le temps et l'homme te laisseront,
Lorsque ne pourra plus te célébrer le granit le plus dur
En quatorze vers je t'érigerai une maison.

Mais donne-moi, déesse, la grâce et des sages lois
Pour que mon sonnet se hisse dans l'éternel azur
Mirage de pilastres et de rapports droits. »

Cette anthologie des poèmes de l'écrivain roumain Ion Pillat, traduite en français par Gabrielle Danoux et Murielle Beauchamp, comprend un choix représentatif de toute sa production dans ce genre, qui commence autour de 1910 jusqu'à sa mort, en 1945.

Les 18 sonnets de « le bouclier de Minerve », dont ma citation est extraite, donne son titre au recueil. Ils ont été publiés en 1933. Ion Pillat a été à l'évidence très influencé par l'antiquité et les mythes grecs. On retrouve au fil des poèmes des évocations de tout un monde méditerranéen fantasmé, avec de superbes irisations. Dieux, nymphes, faunes et satyres y sont comme chez eux.

Pourtant les sources d'inspiration des poèmes choisis reflètent aussi bien d'autres horizons. La Roumanie n'est pas absente : « Automne à Miorcani », de même que l'orient « Hokusai », « Prière à Bouddha ». le monde fantastique des contes et légendes y a aussi sa place : « Thulé », « La lanterne magique ».

D'autres poèmes sont plus charnels, centrés autour du corps de la Femme. Ils peuvent paraître avoir été influencés par le surréalisme, notamment « Cailloutis », « La femme sur le pré », « Endormissement » avec leurs métamorphoses, leurs visions oniriques…

A coup sûr une voix singulière. Je ne pourrais jamais goûter la saveur originelle de ces textes, mais j'ai pu m'en faire une idée, je suis sûr fidèle, grâce à cette traduction.
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Le Bouclier de Minerve est un recueil de poèmes de l'écrivain et poète symboliste roumain Ion Pillat, traduit merveilleusement par Gabrielle Danoux, avec le concours de Muriel Beauchamp.
On ne rappelle jamais assez que la traduction est aussi un art, un travail de création qui vient revisiter les fondations du texte initial. J'ai aimé les propos de l'écrivain Frédéric Boyer lui-même traducteur, entendu sur France-Culture à ce sujet : " Traduire c'est s'immiscer, se confronter au texte d'un autre, s'opposer parfois, c'est peut-être aussi le transformer, c'est un moment de réinvention à travers la captation des mots écrits par un autre..." C'est peut-être une nouvelle fondation pour ce texte qui continue alors son chemin...
Je remercie ici chaleureusement Gabrielle Danoux qui m'a permis de faire quelques pas dans la littérature roumaine, grâce au partage de quelques œuvres qu'elle a traduites, dont celle-ci.
Ce livre qu'il faut voir comme une anthologie de poèmes qu'a écrit l'écrivain roumain, est une suite au recueil que j'ai eu le plaisir de vous commenter tout récemment, Monostiches et autres poèmes. Celui-ci est pourtant d'une facture plus classique, quoique le texte propose parfois quelques digressions qui nous surprennent agréablement.
Comme à chaque fois, la traduction de Gabrielle Danoux est fluide, lumineuse, ce qui est un défi à part entière lorsqu'il s'agit de poésie.
Ceux sont tour à tour des sonnets, des quatrains... qui nous montrent combien Ion Pillat était un admirateur de la Grèce et plus particulièrement de la Grèce antique.
Des vers gorgés de soleil nous entraînent dans la lumière hellénique où sont convoqués dieux et déesses.
Paysages de collines et de ciel, le temps s'immobilise, minéral. Le son d'une flûte portée aux lèvres d'un pâtre ionien vient brusquement nous réveiller.
Une île apparaît. Ulysse cherche une crique où faire escale, tandis que Nausicaa se baigne dans ses eaux limpides à la tombée du jour ; le chant des sirènes et celui des nymphes s'enroulent alors autour de nos doigts...
La Grèce antique n'est pas la seule halte géographique de ces pages. La Roumanie, l'Orient apparaissent dans cet archipel d'îles et de mots. Et puis, brusquement, comme venant clore avec magie ce voyage, d'autres rivages plus charnels, aux courbes ondulantes, nous tendent les bras et nous inclinent vers des songes oublieux...
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Je tiens à remercier Tandarica qui vient de m'ouvrir les portes de la littérature roumaine grâce à ses traductions.
Ici, il s'agit d'un recueil de poésie de Ion Pillat "Le bouclier de Minerve", l'auteur compose à la manière de Ronsard, intitule un de ses textes Hokusai, nous emmène visiter les rivages grecs où nous retrouvons les dieux et les déesses, Ulysse, les mythes...
J'ai beaucoup aimé cette poésie d'essence classique à mon humble avis. Ce sont de beaux textes simples et lumineux.
La traduction de Gabrielle Danoux est fluide, soignée et sans maladresse ou lourdeur de style, ce qui permet de se laisser porter par la lecture. Je ne peux que la remercier pour ces traductions qui permettent de découvrir la Roumanie, ses auteurs et sa culture à la lectrice que je suis. Un bien beau cadeau de Noël.

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En vérifiant toutes les citations que j'avais gardées de mes lectures passés, j'en ai découvert plusieurs de ce recueil.
Et je me suis rendu compte, en lisant toutes les belles critiques de mes ami.e.s babeliotes que j'avais oublié de commenter ce recueil plein de magie poétique que m'a envoyé il y a pas mal de temps la traductrice Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio).

Je me dois de réparer cet oubli, car j'avais beaucoup aimé tous ces poèmes de Ion Pillat, et j'ai eu, à les relire, l'impression de les redécouvrir et de mieux saisir leur beauté étrange, et onirique, bien souvent.

C'est une atmosphère méditative, mystérieuse, extatique, impassible, qui fait leur beauté, et les mots choisis par la traductrice contribuent, je crois, à créer ce climat.

Certains s'apparentent à des rêves éveillés, qui nous transportent dans la Grèce antique, à Venise (un merveilleux poème lui est dédié), au Japon, en Roumanie ou même à Paris.

D'autres sont d'une mélancolie, d'une angoisse diffuse qui me fait penser à Verlaine, tels « Sur la mer, des oiseaux » « Cra-ro-ra-ra », « Abandon », « La mare » « Des cloches sonnent » etc….

Et puis ceux qui chantent la beauté de la femme, l'amour, la sensualité , la tendresse: « Stances » «Ève », « La femme sur le pré » « À l'inconnue », etc…

Et puis le mystère du temps, dans « Un astrologue », « L'horloge secrète », « La nuit décroît », etc…

Et enfin tant de beaux poèmes inclassables, si originaux, et si beaux comme ces « Poteaux télégraphiques », par exemple, ou « La fourmi »

Une poésie calme, fluide, lumineuse, qui vous transporte vers l'ailleurs,… en douceur .







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Ce nouveau volume du poète roumain penche vers la Grèce et ses paysages peuplés de pâtres ioniens, bustes antiques ou d'Hymette. Quelques surprises nous attendent tout de même: les poteaux télégraphiques, comme un anachronisme, le Fuji-Yama comme chez Hokusai et même un parfum des collines de Maillane pour évoquer Frédéric Mistral. Plus étonnant, "Vocation" permet même à l'auteur de répondre à certains de ses critiques et de révéler sa vision de la poésie. Pierre de Ronsard fournit une source limpide d'inspiration à la jeunesse, un mystérieux Yussuf dispense des accents orientaux qui rappellent qu'a été érigée à Bucarest une statue d'Omar Khayyâm. Plus classique que Monostiches et autres poèmes, un peu plus austère, ce recueil zen apaise et l'on se range au précepte final: écoute aboyer depuis un autre rivage.
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Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Automne à Miorcani

Sur les collines, sur cette eau, de partout choit
La lumière couverte de voiles de soie.
Reviennent les chariots de rêves et d’épis…
Sur les cieux apaisés et dans l’âme ont décrit
L’envie d’ailleurs les vols saillants des grues cendrées.
Nostalgiques voyagent les moulins ailés
Qui écrasent dans la douleur le blé nouveau.
Mes pas de jeunesse me suivent en écho,
Mon ombre passée au cœur de mon ombre tend.
Prime étoile ou souvenir, aux focs de l’étang ?
Lointaine en mon âme son épine frémit.
Une vieillarde file à la quenouille ma vie ;
La prime larme serre fort la dernière…
Des pâtres sortis du temps rentrent les grégaires
Brebis blanches comme de pensifs nuages.
Qui me lie à moi, à la terre, au village ?

Automne amer, automne doux pour qui t’entend,
Sait la prédiction que, tel le fruit par le vent
Cueilli, tombera la feuille jaune et mûrie,
Automne, qui par la mort ciel et terre lie,
Sous la feuille fanée un printemps enserre,
Automne doux, passion, passion amère.
Aie pitié de mon être et fais-moi choyer
― Près de mes femme, fille et fils sous le noyer
Du jardin doré de lumière des feuilles ―
Le fruit où la sage douceur je recueille.

Puis un homme peut-être quelque vers cueillerait
Comme en passant une prune au prunier on prendrait.
Assoiffé il pourrait des mots boire la paix.
Et trouverait moins amer le sel ― qui sait ―
Lacrymal de ses désirs enfouis et tensions…
Je me satisferais de cette bénédiction.
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CHEMINS

C’est le chemin du matin, qui monte vers la forêt
Et sans pont, son pied dans le ruisseau humidifie,
Il laisse la moindre touffe de mûres le détourner
Et de toute clairière oubliée se sent marri.

Par le soleil à strier les mers destiné,
Dans l’écume d’un instant sur le flot antédiluvien,
Ô, très cher chemin qui tremble d’arriver
Au tranquille javeau rêvé par le marin.

Mais les rondes de l’automne le bercent, et en elles
Comme en moi s’ouvre l’ultra-limpide chemin,
Qui caresse le soir de ses paisibles ailes,
Au loin la fumée agitée de l’essaim.
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Apparaissent comme des lucioles dans la nuit d’or
Les gondoles illuminées sur le Grand Canal :
Tout Venise oubliait, sous les masques de carnaval
Et dans le frottement de la soie, que jamais ne revivent les morts.

Mais aujourd’hui qu’est éteinte cette folie adorée,
Que se sont vidés un portail après l’autre de la bacchanale
Qu’on ne voit plus sur l’eau ni barque ni fanal
Pourquoi vers toi s’en va mon désir inhabité ?

Depuis longtemps San Marco est mort. A l’ombre les mandolines
Sous le « Ponte dei sospiri » tels des soupirs dégoulinent,
Et le fracas des lames de fond depuis le large chemine.

En secret résonne la corde, opportune,
Loin, plus loin, apparaît, faisant frissonner la lagune :
D’or, arquée comme une gondole : la lune.
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Un ciel matinal rose et lactescent
Sous lequel tu vois à peine, inondées,
Les plantations de riz carrées,
Aux petits villages en groupes verdoyants

Allume ses preuves lumineuses
Et, transpercé en diagonale par un vol de canards,
Qui déchire les chimères de brouillard,
Te monte à l’esprit ta cime rêveuse.

Coiffées de grands champignons de paille, des fourmis.
Au loin, à l’horizon une file de pèlerins
Tandis que toi, le cadre à ta guise tu élargis,

Invites dans la pièce le panorama,
D’un trait de pinceau serein,
Tu cueilles dans les nuages l’éternel Fuji-Yama.

(Hokusai)
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« When my merry village Greek
naked and bronzed by the sun
lies down beside me
all the sea's pulses throb
with my great excitement
and I imagine the shadows
the surrounding rocks throw
on the deserted beach
silent goat-footed satyrs
about to drag her into caves
no human foot may follow

She is so lovely and desirable
I am an immortal god
and I know with certainty
death is unreal, mere shadow-face
of sexuality, a foolish illusion
like the days and years men have invented
out of pride and idleness
My hands are all over her
and when she bends into my body
I sigh and can no longer hear
the gentle suck-suck of the sea »

« Lorsque ma joyeuse villageoise grecque
nue et bronzée par le soleil
se couche à côté de moi
toutes les pulsations de la mer palpitent
de ma forte excitation
et j’imagine les ombres que
les rochers alentour projettent
sur la plage déserte
des satyres silencieux aux pieds de bouc
prêts à l’emporter dans des grottes
où aucun pied humain ne peut les suivre

Elle est si merveilleuse et désirable
que je suis un dieu immortel
et que je sais avec certitude
que la mort est irréelle, simple face fantôme
de la sexualité, une stupide illusion
comme les jours et les années que les hommes ont inventés
à cause de l’orgueil ou de la paresse
Mes mains sont partout sur elle
et lorsqu’elle se penche en mon corps
je soupire et n’entends plus
le doux glouglou de la mer »

(p. 13-15, extrait traduit en français de Irving Layton, The Love Poems, Mosaic Press, Oakville, 1984, p. 110.)
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