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EAN : 9791026212676
185 pages
Librinova (26/09/2017)
3.59/5   17 notes
Résumé :
Mickaël est obsédé par un travail qui le rend malheureux et ne trouve le réconfort qu’auprès d’Annie, la femme de sa vie, avec qui il n’a jamais réussi à avoir d’enfant. Son double, Jean, qui a choisi une tout autre voie en devenant écrivain, prépare un roman sur Ban Bayan, marchand de Babylone qui parcourt le désert à la tête d’une caravane immense. Son ami Anatole, roi de la finance ultra-libéral, se découvre une conscience sociale le jour où son entreprise va tro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Des hommes que tout oppose ont pourtant les mêmes interrogations et le même désir : changer de vie, tenter un autre destin. Chacun au travers de ses choix prendra des routes différentes pour atteindre leur but.🦋

❄️❄️❄️❄️❄️
Mickaël arrivera-t-il à dépasser l'absence d'enfant dans son couple avec Annie ? Malgré des démarches et des procédures longues afin d'adopter un enfant, ce couple se retrouve à un croisement de leur vie : avancer ou se résoudre. L'arrivée d'un petit chat, Pedro serait-il une solution ?

❄️❄️❄️❄️❄️
Anatole, l'ami de Mickaël est un accro au travail et ne vit que pour lui. Lorsque sa société lui demande de faire un choix, Anatole se remet en question... et décide de tout plaquer.

❄️❄️❄️❄️❄️
Jean, écrivain se retrouve face à un manque d'inspiration. Son dernier roman mettant en scène un marchand, Ban Bayan n'avance pas. En effet, son personnage est aux antipodes de sa personnalité puisqu'il est trop cartésien, trop académique dans ses pensées alors que Ban Bayan est plus dans le ressenti.

❄️❄️❄️❄️❄️
Thomas quant à lui est coincé dans sa banlieue et ne désire qu'une chose : partir loin de cette vie entre quatre murs et si possible, avec Leïla dont la vie sombre de plus en plus.


Ce roman est au premier abord DÉROUTANT. Tout d'abord, Guillaume Prié nous propose une découverte de ses personnages évolutive, passant de l'un à l'autre comme des petites bulles de vie. Ensuite, chaque changement est accompagné en introduction par une strophe d'un poème en lien avec le récit qui suivra.
Après un début un peu hésitant de ma part, perturbé par les changements de protagonistes, j'avoue m'être prise au jeu et avoir apprécié de petit roman-poème. Les personnages sont attachants, doux et si humains. Leurs interrogations n'ont pas trait à de grandes problématiques sociétales, mais simplement le désir de vivre simplement et de manière épanouie en lien avec ses désirs. L'humour de certains comme Mickaël apporte une vraie bouffée de légèreté et sourire.

Mon seul bémol concerne l'histoire du Vagabond. Je ne cesse de me demander si celui-ci n'est pas un autre personnage.... Mais bon, je ne dirais rien de plus pour ne pas gâcher votre plaisir.


Pour conclure : voilà un exemple des joies de Babelio. Vous postez vos avis, vous lisez celles des autres et un jour un auteur vous envoie un message et vous propose de lire son livre.
Certes, ce n'est pas ce qu'habituellement vous lisez, mais l'écriture, le récit est tel que vous ne pouvez qu'y plonger avec bonheur. Un grand merci à Guillaume Prié pour cette découverte et ce moment de partage.
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Guillaume Prié a travaillé dans la finance d'entreprise… Il écrit pour mettre une once de poésie dans une vie un peu trop cartésienne…
Le Poème dont vous êtes le héros est son premier roman. En me demandant un service de presse, il le présente ainsi : « la vie est un poème, et les personnages du livre découvrent qu'ils ont le pouvoir de choisir leur prochaine rime, de détourner la rivière qui les emmène au loin ». Tout un programme !

Les premiers chapitres me déroutent un peu : je les perçois comme des passages introductifs ou d'exposition car ils ont tous un prénom et une situation dans le titre ; mais les personnages mis en scène n'ont pas de lien apparent et évoluent dans des milieux, des pays et des époques différents : deux cadres dynamiques, des jeunes habitants de banlieue défavorisée, un professeur de français écrivain en devenir, un SDF, un riche marchand des Mille et un nuits... Aux côtés des personnages titres évoluent des protagonistes secondaires tout aussi attachants. Puis ces héros réapparaitront en chassé-croisé dans les chapitres suivants, chacun poursuivant sa vie et ses rêves et certains rapprochements ou évolutions vont faire toute l'originalité du récit.
Ainsi j'ai été émue par le désir d'enfant de Mickael et d'Annie dont les démarches pour adopter n'aboutissent pas, j'ai compris le rêve de révolution de Thomas et d'Hamid devant le mur symbolique, j'ai été fasciné par la gémellité et l'interconnexion de Mickael et de Jean, j'ai compris avec le vagabond qu'on pouvait être enfermé dehors, accepté la promesse d'aventures mystérieuse dans le sillage de Ban Bayan et compris le besoin de changement d'Anatole ou la détresse de Leila…
Mais il y a aussi de l'humour et de la dérision dans ce livre, un regard acéré sur les excès et dérives de notre monde. Cependant, la tonalité générale reste optimiste et porteuse.

L'écriture est recherchée, poétique, à la fois fluide et complexe. Les descriptions sont belles, les dialogues sonnent assez juste. Il y a toujours quelques vers en épigraphe pour chaque nouveau chapitre, quelques rimes dans le récit ; ces poèmes sont de Guillaume Prié et il nous les livre en intégralité à la fin du livre mais j'ai aussi relevé des citations d'auteurs connues disséminées dans le texte ainsi que quelques références qui m'ont interpellée : faut-il lire une intertextualité balzacienne dans le mur de Frenhoffer ? Il y a des interprétations hasardeuses dans lesquelles je ne me lancerai pas… mais Baudelaire, quant à lui, est bien présent dans et entre les lignes.
Guillaume Prié a un réel talent de conteur qui se révèle peu à peu. J'avoue avoir mis un peu de temps à entrer dans l'histoire, dans les différentes histoires en fait. Sous des dehors narratifs et poétiques, l'auteur plante aussi des décors familiers : le mal-être des cités, les lois du marchés, l'aspiration à une vie meilleure, le développement personnel, les animaux familiers considérés comme des succédanés d'enfants…
J'ai aimé les formules métaphoriques, les comparaisons et les jeux de mots distillés par l'auteur : « c'est l'histoire impossible d'un malade en mort cérébrale qui décide de se débrancher... », « rêvolution », le « Chalallah... le paradis des chats », le mur vu à la fois comme obstacle et support, la bouteille à la mer, les rêves et cauchemars…
Passer d'un univers à l'autre n'est pas trop gênant, même si le lien n'apparaît pas avant d'être assez avancé dans les différentes intrigues. Chaque lecteur trouvera ou pas ses propres passerelles et clés de lecture. J'ai pensé, quant à moi, à l'écriture mise en abyme, aux chats présents sur la couverture du livre et dans le récit, à des interconnexions fantastiques ou fantasmées, à des nouveaux départs (« le courage de rater, puis de repartir sur un autre chemin »), à un certain art de vivre et de développement personnel, au désir d'enfant et aux différentes formes de filiation…

Quel étrange roman qui pousse ses lecteurs et lectrices, à l'instar des personnages, à considérer la vie comme un poème dont ils ou elles seraient les héros… L'idée est belle, son illustration en récits croisés est intéressante, même si l'ensemble peut sembler un peu confus au premier abord.
Finalement, après une mise en route laborieuse, je me suis surprise à revenir avec plaisir à cette lecture, profession de foi et chemin de vie dont j'ai apprécié les problématiques très actuelles. Les dénouements (c'est volontairement que j'emploie ici le pluriel) m'ont surprise agréablement et, pour ceux encore en suspens, j'ai imaginé les derniers vers des poèmes et je crois bien que c'est ce que voulait l'auteur…
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On dit que tous les chemins mènent à Rome mais on ne nous dit pas pourquoi, pour s'y rendre, certains prennent le chemin de droite, tandis que d'autres prendront celui de gauche, ou choisiront d'aller tout droit, et même parfois de revenir sur leurs pas !
C'est pourtant ce qui arrive à nos cinq personnages. Ils ont tous à un moment donné eu envie de changer de vie et de faire la "Rêvolution"_entendons-nous bien_il s'agit de réaliser enfin leur rêves et de transformer leur vie au lieu de la subir et de n'avoir aucune emprise sur leur destinée.
Mais avant d'écrire les dernières strophes de leur poème, il va leur falloir beaucoup de courage, de réflexion, de remise en question...et nous allons les suivre pas à pas dans leur démarche personnelle.

Voici un roman choral, dans lequel l'auteur donne tour à tour la parole à chacun des personnages tous masculins...mais, je vous rassure les femmes ont aussi leur rôle à jouer dans l'histoire.
Mickaël aura-t-il un chat comme il le voudrait tant depuis qu'il a compris qu'il ne pourrait jamais réaliser son rêve d'avoir un enfant avec Annie ? Que faire d'autre pour remplir le vide de leur vie ? Après des années de démarches pour adopter un bébé, il leur faut se rendre à l'évidence. "Personne ne leur dira jamais que c'est fini, qu'il ne faut plus attendre". Mais la cruelle vérité est là et les torture. Ils doivent se résoudre pourtant à vivre autrement et prendre les décisions qui s'imposent.
Jean a choisi l'écriture pour remplir sa vie...Il écrit un roman sur Ban Bayan, un riche marchand se rendant à Babylone. Il veut raconter son épopée à travers le désert. Mais il ne s'en sort pas. Trop cartésien, il pinaille, n'arrive pas à se laisser aller, par habitude, parce qu'il intellectualise tout, et a peur de ne pas être compris...
Anatole lui, ne sait parler que de son travail, de la finance dans laquelle il travaille et de lui-même, de ses réussites personnelles, ou de ses vacances forcément plus formidables que celles des autres, puisque à l'autre bout du monde. Résultat : il fait fuir tous ses amis ! Que lui faudra-t-il pour qu'il réalise qu'il passe à côté de sa vie ?
Thomas lui est au pied du mur, enfin je veux dire de son mur de banlieue, à Paris. Il se sent comme "jeté nu dans l'arène" et ne veut pas de cette vie qu'on lui propose. A quoi lui sert d'ailleurs sa licence de lettres ! Lui aussi avec ses potes a des rêves, de révolte, de justice...Ils expriment bien sûr sur le mur "leur irrépressible envie de vivre, de tout renverser, d'imaginer les choses autrement." Sans ça, comment en sortir ? Heureusement qu'il y a Leila...
Le vagabond, lui, a bien une petite idée de nouvelles pancartes à écrire pour arriver à toucher les passants indifférents...mais est-ce bien suffisant pour que certains s'intéressent à lui. Evidemment personne ne se doute qu'il n'a pas toujours été un vagabond...mais chut, vous n'en saurez pas plus !

Quels liens unissent tous ces hommes apparemment très différents ?
Qui sont-ils ? Quels sont leurs rêves ?
Et comment en sont-ils arrivés là ? Comment vont-ils pouvoir briser leur destinée qui semble pourtant toute tracée...
Je ne vous le dirai pas, mais je vous invite à lire ce court roman car la fin vous surprendra, j'en suis certaine.
Et vous, si vous pouviez changer le cours de votre vie, quelle direction prendriez-vous ?
C'est un roman qui fait du bien...léger, poétique et profond à sa façon. L'écriture est fluide. le ton empli d'humour. Les personnages de fiction se mêlent au personnages réels, à moins que ce ne soit l'inverse !
J'ai lu ce livre avec plaisir...
Ainsi, alors que j'ai beaucoup apprécié Thomas et Michaël en particulier, ainsi qu'Annie sa femme, j'ai beaucoup moins apprécié Anatole mais je reconnais que la fin m'a réconcilié avec lui...
Quant à Jean et le vagabond, je ne vous dirai rien et je préfère vous les laisser découvrir...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Le poème dont vous êtes le héros m'a gentiment été envoyé par Guillaume Prié, que je remercie.
Nous avons là un joli roman mettant en scène plusieurs personnages :
- Mickaël, marié avec Annie. Ils n'arrivent pas à avoir d'enfants mais monsieur a une idée : adopter un chat.
- Thomas vit dans une banlieue défavorisée près de Paris. Arrivera t'il à partir à l'autre bout du monde, comme il en rêve ?
- Anatole est l'ami de Mickaël, il est imbu de sa personne... Il a une décision à prendre, arrivera t'il à prendre la bonne ?
- le vagabond.. qui aimerait juste être un peu moins transparent..
- Jean, l'écrivain, arrivera t'il à boucler son nouveau livre ?
- Ben Bayan, le marchand...
Ces personnages se succèdent, on les suit au fur et à mesure..
Ils sont plus ou moins présents mais il est facile de s'attacher à eux car ils sont bien présentés.
Quelque chose les lie t'ils ? Pour le savoir, à vous de le lire ;)
Mon personnage préféré, c'est Mickaël, qui m'a beaucoup touché, et son épouse Annie. Même si celle-ci est surtout présente en filigramme on arrive à la cerner un peu, et c'est une femme touchante, très solaire. Elle apporte de la lumière dans ce roman.
Mickaël a fait son deuil, il ne sera jamais père... Mais ce n'est pas si simple que ça évidemment. Et Pedro le chat arrive dans leurs vies, n'enlevant pas pour autant le manque...
J'ai également été touché par Thomas, le jeune homme qui aimerait quitter sa cité.
Le poème dont vous êtes le héros est un joli roman, j'ai apprécié les poèmes en début de chapitres. Et également le fait qu'il y en ai plusieurs à la fin du roman. Certains sont très jolis.
J'ai aimé les personnages, je ne me suis pas perdue même s'il y en a plusieurs.
Le roman est très agréable à lire, les poèmes sont un plus et l'ensemble est une jolie découverte.
Je n'ai pas eu de coup de coeur, mais j'ai apprécié ma lecture, d'où le quatre étoiles :)
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Voilà un roman qui m'a attirée de par son résumé et son titre. J'avais hâte de voir sous quelle forme l'auteur allait nous proposer un lien entre les poèmes et le récit, car l'idée m'a tout de suite plu. Si j'ai beaucoup apprécié la proposition, je dois admettre que j'ai été aussi passablement perdue à la lecture de ce roman, car j'ai eu du mal à trouver un fil rouge et à bien suivre la construction du récit.

L'auteur nous propose de suivre plusieurs personnages ou, si nous reprenons l'intitulé du titre, plusieurs héros dans des moments importants de leur vie. Nous passons donc d'un chapitre à l'autre dans une autre histoire, chez une autre personne, ce qui est un peu déroutant au départ, même si j'apprécie beaucoup ce genre de roman aux multiples récits. Pourtant, au fur et à mesure, je me suis un peu perdue dans les histoires respectives, n'étant parfois plus sûre de quel personnage vivait quoi et ayant parfois besoin d'un moment pour réactualiser leur histoire en lisant leur chapitre.

Du coup, cela a coupé mon rythme de lecture et m'a empêchée d'entrer pleinement dans chaque histoire. Bien sûr, certaines m'ont plus touchée que d'autres, ce qui m'a permis de mieux suivre le fil, mais globalement, j'ai eu l'impression de survoler leur vécu et les événements qui leur arrivait, alors que l'auteur aborde des thèmes très intéressants et qui pourraient nous pousser à une introspection passionnante.

Malheureusement, avec moi cela n'a pas pris et je suis restée un peu sur le bord du chemin. Pourtant, j'avais vraiment envie de réussir à entrer dans ce roman car les thèmes et la construction avaient de quoi éveiller ma curiosité et mon intérêt. Je pense que ce roman pourra trouver son lectorat car l'auteur foisonne d'idées et qu'elles trouveront leur public, mais je n'étais malheureusement pas la bonne personne pour cette lecture.

En bref, je suis passée à côté de cette lecture même si les thèmes abordés avaient tout pour me plaire. Mais s'il vous attire, n'hésitez pas à vous lancer, car il pourrait bien vous surprendre.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Sur son existence misérable, sur sa lente déchéance, il avait d’abord porté un regard positif. Cela ne devait être qu’une expérience qu’il interromprait quand il aurait fait le point, profité de cette forme de liberté totale qu’offraient le dénuement et la rupture complète des attaches.

Avec le temps pourtant, il avait compris qu’il ne faisait que dériver. L’impression de se retrouver enfermé dehors avait grandi peu à peu et il le sentait, était en train de remporter le combat. Goutte à goutte, seconde après seconde, le poison de l’exclusion s’insinuait lentement dans ses veines, détruisant progressivement, mais avec un froid systématisme, les dernières parcelles d’humanité de son être.
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Personne ne dira jamais officiellement que c’est fini, qu’il ne faut plus attendre. Et c’est ça, finalement qui fait le plus mal, c’est ça qui tue, ça qui torture : c’est à lui, à eux, de se résoudre à arrêter les démarches, parce qu’elles n’aboutiront nulle part, jamais... C’est l’histoire impossible d’un malade en mort cérébrale qui décide de se débrancher...

[…]

« Son nouveau plan, il le crierait à tous, et tous recevraient son cri, son plus beau tag, teinté d’espoir :
— Rêvolution…
— Euh… C’est quoi ça, mon frère ? questionna Hamid, ton nouveau jeu de mots ?
— Haha, mon frère ! Ça... ?
Il fit durer un peu le suspense puis dit, d’un ton solennel :
— Ça... C’est quand les oisillons éteignent la télé ! »

[…]

Ils imaginaient une société humaine à but non lucratif, qui verse à ses actionnaires des dividendes de développement personnel dont la valeur réside dans la transmission et que la thésaurisation au contraire, réduit en cendre.

[…]

Avec le recul pourtant, il lui semblait de mieux en mieux comprendre cette phrase. Oui, à quelque chose malheur était bon. Avant d’habiter dans la rue, jamais il ne s’était véritablement soucié du sort des mondes intérieurs qui orbitaient à côté. Il fallait une collision pour qu’il considère une interaction — et encore, la plupart du temps, s’échappait-il en maugréant sa mauvaise humeur. Aujourd’hui, tout avait changé, il s’était ouvert aux autres, il était prêt.
Mais eux... toujours pas.

[…]

Que la beauté des oiseaux dans le soleil couchant soit l’œuvre miraculeuse d’une entité supérieure, il n’en pouvait douter.
Se pouvait-il pour autant que cette même entité écrive en même temps tous ces drames tragiques et ces contes féériques ? Qu’elle rature, recommence, change ici un mot, puis là, une virgule, peigne de couleurs vives les nuages noirs qu’elle a elle-même créés quelques instants plus tôt ? Dieu ne serait qu’un écrivain talentueux... ou tous les écrivains à la fois.

[…]

— Je veux faire de ma vie le poème dont je suis le héros.
— Je veux créer ma propre société, car la liberté et l’exercice de mon libre arbitre sont les valeurs auxquelles je tiens le plus.
— Je veux travailler dans un endroit propice au repos pour vivre chaque jour comme un jour de vacances.
— Je veux écrire un livre pour trouver qui je suis vraiment.
— Je veux voyager, « plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau » et continuer à m’enrichir émotionnellement.

[…]

Il comprenait qu’il avait marché sur le chemin de l’adoption tel un cheval docile qu’on amène dans son champ brouter des pissenlits. Il avait accepté sans trop broncher d’enfiler les œillères qui l’avaient empêché de regarder sur les bords de la route et de s’enfuir sur des sentiers autrement plus fleuris. Il mesurait maintenant à quel point il était ignorant sur le sujet et tout le temps perdu… Ça lui apprendra à se prendre pour un mouton !

[…]

Oui, et avec les enfants aussi, c’est toujours dans le présent que ça se passe : il ne faut pas que tu essaies de tracer de chemin. En tant que parent, tu ne devras simplement jamais rien projeter sur ton enfant, ni tes ambitions inabouties, ni tes peurs, ni quoi que ce soit d’autre. Il ne faut surtout pas le sous-estimer, il lui faut juste un cadre, et des moyens d’obtenir les clés pour ouvrir les portes. Avec ça, il fera ses choix. La vie de notre enfant sera aussi... le poème dont il est le héros. Et ce sera parfait.
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Révolution.
Ce soir, Mickaël ne voulait qu’un tout petit changement : ni bombe ni
fusillade… simplement modifier « l’accent aigu ».
— Que dis-tu, mon chéri ?
— Je dis que je t’aime, cher cœur, que je suis d’accord pour jouer au petit
prince ce soir.
Annie lui fit son sourire de petite princesse, celui qui le faisait fondre
inévitablement, à tous les coups.
— Et je voudrais qu’on apprivoise un renard... poursuivit-il.
— Mais oui ! Un renard, j’en ai toujours rêvé aussi. Et dire que je n’avais
jamais osé t’en parler. On se met parfois de ces barrières !
— Ou un chat alors... tu es d’accord pour un chat, n’est-ce pas ? Un gris,
aux yeux orange, d’humeur et de couleur égale, le jour comme la nuit, un
doux. Il aimerait les câlins, et reconnaîtrait nos pas alors qu’on approche sur
le palier. Il viendrait nous dire bonsoir quand on rentre à la maison... On
entendrait ses petites pattes silencieuses sur le parquet derrière la porte...
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Le vieux pilote bloqua la barre, afin que le bateau poursuive sa route, contre vent, vagues et courants, puis vint de lui-même s’asseoir à côté de Jean qui avait repris son observation des diamants du ciel.

- Moi aussi j’ai mon étoile là-haut, commença le vieil homme…
Jean posa son regard sur son compagnon de pêche et lui répondit d’un sourire.

- … Ma femme, continua-t-il, elle avait les plus beaux yeux sur terre. C’est comme ça que je l’ai reconnue. Maintenant, elle est partie... Elle est partie là-haut. Dieu l’a voulu ainsi.

Un silence, puis il reprit :

- Regarde, c’est-elle, dit-il, pointant une lumière blanche, magnifique, dans la constellation de l’Aigle, que les amateurs de ciels étoilés appelaient Altaïr, mais qui, en réalité, se prénommait Aïcha, et qui à n’en pas douter, devait battre dans le cœur de nombreux hommes et femmes sous une multitude d’autres noms différents.

- Elle est très belle, répondit Jean. Je comprends que vous l’ayez épousée. Mon étoile est là-bas vers l’horizon. On dirait la lumière d’un phare : elle s’appelle Sirius. Je l’ai choisie quand j’étais enfant, car c’est la plus brillante. La plus pure, pensais-je à l’époque. Je rêve qu’elle me parle quand je la vois briller. Votre femme vous parle, à vous aussi ?

- Toutes les nuits mon ami... Toutes les nuits.

Ils restèrent tous deux quelques instants, complices dans leur silence, accoudés à la balustrade du bateau, communiquant chacun en pensée avec leur étoile au loin.
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Annie lui fit son sourire de petite princesse, celui qui le faisait fondre inévitablement, à tous les coups.
- Et je voudrais qu'on apprivoise un renard...poursuivit-il.
- Mais oui ! Un renard, j'en ai toujours rêvé aussi. Et dire que je n'avais jamais osé t'en parler. On se met parfois de ses barrières !
- Ou un chat alors...tu es d'accord pour un chat, n'est-ce pas ? un gris, aux yeux orange...
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