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EAN : 9782918767275
169 pages
Asphalte (30/11/-1)
3.72/5   30 notes
Résumé :
Dans une ville grise et jamais nommée, baignée par les pluies acides, vit une armée de travailleurs en col blanc, hommes et femmes, qui sortent tous les matins des bouches du métro pour regagner servilement leur bureau. Parmi eux, un employé, l’employé, est prêt comme les autres à toutes les humiliations pour conserver son travail… jusqu’au jour où il tombe amoureux et commence à rêver de devenir un autre.
Le récit glaçant d’une déchéance dans un univers où l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Cette année, les éditions Asphalte ont choisi de mettre à l'honneur Guillermo Saccomanno, un auteur argentin à la fois versé dans le monde de la bande-dessinée et dans celui du roman. Outre la traduction de 1977, que d'aucuns considèrent d'ailleurs comme son chef d'oeuvre, l'année 2020 verra la réédition de l'employé, une dystopie glaçante datant de 2010 préfacée pour l'occasion par son compatriote Rodrigo Fresan.
Une occasion parfaite pour aborder l'oeuvre exigeante et engagée de l'écrivain argentin.

Vous n'êtes pas votre job !
Tout commence par la description nocturne d'une ville qui ne sera jamais nommé mais que l'on devine aisément en Amérique du Sud.
Dans cette ville, un homme appelé l'employé contemple un ciel envahi par les hélicoptères de surveillance et les chauve-souris. Alors qu'il végète dans son open-space type cadre ordinaire du XXIème siècle, l'employé s'épanche sur son chef, son collègue et la secrétaire. Autant de figures-fonction dans un monde du travail devenu robotique et paranoïaque.
Lucide, l'employé comprend et accepte sa propre médiocrité et son esclavage, dominé par un chef bedonnant qu'il envie autant qu'il hait.
Dans un cadre sinistre et dangereux, Guillermo Saccomanno va patiemment construire une dystopie qui glace le sang et où l'employé, travailleur capitaliste lambda, affronte les peurs de son existence asphyxiante.
Avant d'en reparler, attardons-nous déjà sur cet homme au physique quelconque. En pénétrant de plus en plus profondément dans son subconscient, le lecteur prend conscience des aspirations et de la violence refrénée par l'employé, petit bureaucrate insignifiant et lâche qui rêve de meurtres et divague sur les dangers qui l'entoure. Divaguer, vraiment ?
Pas tout à fait. Bien avant d'être une dystopie tétanisante, le récit pousse les curseurs de l'entreprise moderne à fond et retranscrit le mode de pensée compétitif avec un sourire carnassier qui fait froid dans le dos. le collègue devient tour à tout un allié et un traître, surement homosexuel ou au moins terroriste. le licenciement peut tomber sur n'importe qui, à n'importe quel moment. L'avancement peut se gagner en trahissant son prochain. Tout ici n'est qu'un immense piège à loup où la répétition n'assure même pas la stabilité. Ce côté réaliste, quelque part entre Chuck Palahniuk, J.G Ballard et Kafka, parvient à distiller un sentiment de malaise plus certainement que le reste…ou presque.

Un monde post-terrorisme
Car en dehors de son bureau, l'employé visite des rues parcourues par des chiens clonés, surveillées par les projecteurs des hélicoptères, patouillées par des sections militaires, envahies par les rats et les SDF… La ville devient une chose mortelle où une bombe peut vous cueillir par surprise et où la police peut vous embarquer pour suspicion d'accointances terroristes à n'importe quel coin de rue. À mi-chemin entre Orwell et Ballard, l'univers de l'argentin lorgne vers les dictatures sud-américaines à peu près autant que vers le capitalisme cannibale de Wall Street. Si vous réussissez par sortir vivant du métro, il faudra ensuite retrouver votre petite famille et la nourrir comme il faut, ne pas attiser le soupçon des voisins…et repartir au boulot le lendemain affronter un destin peut-être funeste. l'employé pourrait alors trouver le salut dans cette famille qu'il retrouve le soir…

Le mensonge d'aimer
Mais lorsqu'il rentre chez lui, l'employé doit contenir la nausée qui le saisit devant cette chose obèse et vindicative qu'il a jadis épousé. Dans un cauchemar tout droit sorti d'un film de Cronenberg, il doit gérer une ménagerie de gamins tout aussi obèses et violents qui le dégoûte…sauf Petit Vieux, le dernier de la portée, sorte de double du père médiocre et incapable qu'il est. Alors l'employé rêve. Il rêve de gazer tout ce petit monde et de tous les tuer comme un Patrick Bateman du pauvre. Dans l'univers de Saccomanno, la famille devient un traquenard, une impasse où l'homme, castré et prostré, doit gentiment subir encore et encore. L'homme moderne devient un insecte, une larve, tout juste bonne à ramener de l'argent et à baiser madame de temps à autre. Dès lors, l'amour apparaît à l'employé comme le dernier échappatoire possible, l'ultime refuge.
Avec la secrétaire qu'il imagine de mille façons, parfois hideuse parfois romantique en diable. Mais l'amour n'existe pas plus en réalité. Il s'agit tout au plus d'une illusion éphémère, une histoire de cul médiocre pour un homme médiocre. C'est au cours d'une scène de masturbation que l'employé comprend peut-être le mieux l'étendue de son malheur, allongé là à côté de la secrétaire, les deux se masturbant de concert et finissant par pleurer après l'orgasme, comme conscient de l'horreur absolue de cette chimère pour bureaucrate en plein naufrage. Par les yeux de l'employé, on constate que la femme n'a pas beaucoup plus de succès de son côté, condamnée à l'objetisation ou au rôle de mère-oie disgracieuse et répugnante après plusieurs accouchements successifs..

Destruction de l'équilibre mental
Dans cet univers, Guillermo Saccomanno brosse petit à petit la lente spirale qui amène notre employé de plus en plus loin dans la paranoïa. Dans un monde déjà lui-même paranoïaque où le paramètre humain ne semble plus qu'un lointain souvenir, où l'on préfère longer les murs et détourner le regard, où l'on préfère crever en silence plutôt qu'en se révoltant.
Mais la révolte, dans un monde aussi sécuritaire et autoritaire, est-elle encore possible ou finira-t-elle dans un bain de sang insensé ? Plus on avance dans ce court roman et plus les barrières mentales tombent, l'employé se dédoublant face à l'ambivalence de ses sentiments : face à face, l'esprit rebelle qui veut en finir et le cadre anesthésié qui n'ose plus rien.
L'autre devient l'ennemi…mais quand l'autre c'est soi, que faire ?

Dystopie d'autant plus terrifiante qu'elle dépeint avec une efficacité redoutable le monde du travail moderne, l'employé marque la fin de l'homme en tant qu'être humain pour le transformer en bombe à retardement dans un univers gris, tétanisant et dégradant.
Lien : https://justaword.fr/lemploy..
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Un roman de science-fiction, d'anticipation ? un roman très sombre, très noir, dérangeant. Différent de "1984" mais aussi implacable, extrapolation des violences actuelles si médiatisées, des logiques guerrières, financières, d'un monde déshumanisé où personne ne porte de nom ! "l'employé" va penser changer, car il est tombé amoureux de "la secrétaire" ... mais celle-ci couche déjà avec "le chef", et puis il y a "le collègue" qui le surveille peut-être, lui qui écrit si souvent dans un journal intime ...
Glaçant, perturbant, révoltant. Peut-être pas une lecture pour les âmes les plus sensibles. Un livre terrible, terriblement noir.
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Dans une ville argentine indéterminée, à une époque future mais sans doute assez proche, l'employé veille à garder son boulot. Car son travail, c'est sa vie. Parce qu'il lui permet à la fois de nourrir sa famille et de lui échapper au moins le temps des horaires de bureau. D'ailleurs, que faire à part travailler dans une société où la place que l'on a est éminemment fragile et où l'on peut, du jour au lendemain, finir aux côtés des milliers de sans-domiciles qui crèvent sur les trottoirs partagés avec les chiens clonés, sous la lumière des hélicoptères qui traversent des nuages de chauve-souris pendant que les rebelles commettent des attentats à chaque coin de rue ? Tomber amoureux. L'employé ne résiste pas aux charmes de la secrétaire. Pour elle, peut-être pourrait-il oser défier le chef, peut-être deviendrait-il autre chose qu'un être lâche et servile… peut-être…

D'un pessimisme consommé, le roman de Guillermo Saccomanno pourrait être du genre à plomber votre journée – ou votre semaine – n'était son aspect profondément émouvant et même, assez souvent, poétique.
Dans cette société totalitaire que l'on perçoit toute acquise aux règles du capitalisme le plus sauvage – autant dire que pour un auteur argentin lucide, il suffit de regarder le passé récent de son pays pour voir ce qu'il aurait pu devenir, et l'actualité économique mondiale pour imaginer ce qui pourrait se passer – les velléités de rébellion de l'employé et son histoire d'amour naissante apparaissent initialement comme une lueur d'espoir. Mais, bien vite, le naturel du personnage, aggravée par le formatage quotidien hérité du management par la terreur laissent entrevoir la triste réalité : jamais l'employé ne pourra réellement se lever contre le système. Tout au plus osera-t-il se soulever contre lui-même, la seule personne à laquelle il a réellement le courage de tenir tête. Plus encore, cette révolte fugace et bien mesurée le mènera à s'abaisser encore en profitant des règles iniques de son monde pour se débarrasser aussi lâchement que possible de ceux qui pourraient éventuellement lui faire obstacle.
Le constat est amer. Incapable de s'opposer à ses enfants ou à sa femme, se contentant d'imaginer ce qu'il pourrait faire pour s'en débarrasser où, mieux encore, ce qui pourrait l'en débarrasser (« Pourquoi un de ces gosses qui mitraillent leurs camarades sur un coup de tête n'a-t-il pas encore fait éruption dans l'école de ses enfants, se demande l'employé »), l'employé se trouve plus bas encore dans l'échelle morale que le premier enfant des rues venu : « Tuer ou mourir, a entendu l'employé de l'enfant que l'on vient d'abattre. Un être courageux. En revanche, son slogan à lui c'est : se soumettre et survivre ».

Histoire d'une larve qui voudrait devenir papillon mais s'est depuis trop longtemps résolu au fait que pour survivre il fallait se contenter de continuer à ramper, L'employé est un beau roman noir, une dystopie réussie car elle évite l'écueil d'une moralisation outrancière et allie avec finesse une froideur clinique et la force d'une écriture dont la simplicité sans doute très travaillée, confère au texte une certaine aura poétique.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Ce roman d'anticipation, terrible dystopie où le protagoniste n'a qu'un nom, l'employé, pour le désigner, est une formidable évocation de l'univers saccomannien : déshumanisation institutionnalisée, étouffement et écrasement d'un monde implacable et chaotique, sclérosé et désespérant, noirceur des âmes et valeurs humaines décharnées. Personne n'a de nom mais une fonction, ultime désincarnation pour s'emplir uniquement d'une étiquette socio-économique.
Guillermo Saccomanno oblige son lecteur à l'observation aigüe des protagonistes et des situations, avec un style envoûtant, précis, épuré et redoutablement efficace : la froideur mécanique concentrationnaire dans laquelle évolue l'employé hypertrophie le moindre sentiment ou ressenti, d'où une lecture quasi hypnotique et un état de malaise, accentué par les courtes précisions apportées par l'auteur évocatrices d'une actualité connue (clonage, enfants tueurs, terrorisme…), rendant ce monde apocalyptique si familier.

Pris dans un étau existentiel, professionnel, familial et social, où l'environnement est hallucinant de pression, de peur, de traitrise, de lâcheté, d'aliénation et de violence, l'employé doit choisir entre confort d'une routine vide de sens, faisant de lui un soldat du quotidien, et échappée belle. Cette évasion ne peut être que sentimentale, dernier recoin de valeurs sauvegardées : c'est à l'intérieur de l'humain que règnent les derniers possibles, c'est bien le rêve qui est subversif parce qu'il est l'ultime danger dans un système déshumanisé.
Guillermo Saccomanno qui a connu la dictature argentine de Videla, dépeint un monde semblable au nôtre où la compétition, les comportements prédateurs et le conformisme dominent sur l'empathie : le même monde, mais poussé au bout du bout de sa logique humainement mortifère. Terrifiant comme une tragédie annoncée. Un seul bémol : un peu plus de folie et d'inventivité à ce roman, une plus grande prise de risque dans la construction, dont les thèmes ont déjà été traités en littérature, auraient fait de ce récit un livre culte.
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l'employé est une ombre anonyme, un salarié parmi des milliers qui se rend quotidiennement à son bureau pour y effectuer le travail aliénant lui permettant de subvenir aux besoins de sa famille (en l'occurrence une femme et des enfants odieux et ingrats). Dans cette dystopie argentine, le monde est à la fois déroutant et familier : rien ou presque de nouveau sous le soleil : une concurrence exacerbée au sein d'une entreprise, un mariage aigre, des attentats, des pluies acides, un état policier et au milieu de tout cela notre employé, impuissant et résigné... du moins jusqu'à ce qu'une idylle naissante avec la secrétaire de l'entreprise bouscule sa routine et qu'il se mette à rêver à d'autres horizons.


Guillermo Saccomanno nous offre ici un livre d'anticipation fluide et efficace. L'ambiance est très réussie avec un décor à la Blade Runner, des scènes majoritairement nocturnes et des pluies incessantes. On ressent également assez bien la tension engendrée par le "tous contre tous" au sein de l'entreprise qui est renforcée par la paranoïa avérée du personnage principal. L'absence de noms pour les personnages (désignés généralement par leur fonction) renforce le caractère déshumanisant de la société. L'auteur distille enfin une ironie efficace (Comme lorsque le héros demande à sa dulcinée si elle aime les enfants et que celle-ci lui répondant par l'affirmative, le couple décide naturellement d'assister au spectacle d'un combat d'enfants). Impossible également de ne pas songer au film de Terry Gilliam Brazil avec ce monde retro-futuriste désincarné et dysfonctionnel qui écrase l'homme ordinaire. D'ailleurs, j'imagine que c'est un choix volontaire de l'auteur (ou alors celui-ci n'aurait pas mis les pieds dans un bureau depuis plus de trente ans lorsqu'il écrit son livre) concernant l'ambiance (rétrofuturiste ?) très datée années 70/80 du monde du bureau (division sexuelle très marquée, paperasse à foison, chèques, calepins, coupe-papiers etc.).


Pour ce qui est du personnage principal, Guillermo Saccomanno fait le choix de nous raconter l'histoire du point de vue d'un personnage qui peut se montrer mesquin, lâche et égoïste. A l'instar des héros de Philipp K. Dick, le plus souvent, il est résigné face au monde hostile qui l'entoure et "fait avec". le principe me plait… Dommage que l'auteur ne parvienne cependant pas à nous faire ressentir de l'empathie à son égard.
Enfin et c'est le principal reproche que je ferais au livre, au demeurant tout à fait agréable à lire : il n'invente rien et ne sors que rarement des sentiers battus et rebattus, l'auteur utilise des vieilles recettes qui ont fait leurs preuves et reprend des thématiques déjà lues maintes et maintes fois. Cela fonctionne mais ne vous attendez donc pas à voir le genre révolutionné.


Bref, le livre l'employé est un roman d'anticipation efficace qui saura vous faire passer un moment agréable en reprenant les thèmes classiques du genre. À l'instar de son personnage principal, le livre remplit son office sans faire preuve d'originalité ni d'initiative mais de manière consciencieuse et fiable.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Les anciens, ceux qui ont assisté au plus grand nombre de licenciements, semblent davantage résignés.
Même si aucun ne se fait à l'idée d'être le prochain.

Ils ont beau feindre une certaine indifférence, les anciens ne tolèrent pas l'idée d'être substituables, la possibilité d'être touchés un jour par cette tragédie tant de fois répétée.

Au bout du compte, après un licenciement, personne ne peut continuer à travailler sans angoisse. Une angoisse, qui, de surcroît, peut se révéler dangereuse. Elle peut mener à commettre une erreur qui constituera le motif du prochain renvoi.
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La femme ne peut démarrer la journée sans le journal télévisé. A peine levée, avant de se rafraîchir le visage et de préparer le café, elle allume une cigarette et la télévision, avec le volume au maximum. Ce matin, un commando guérillero a revendiqué une explosion dans un quartier résidentiel sur les hauteurs de la ville. Il est encore trop tôt pour établir le nombre de victimes. Un gisement de pétrole a aussi été la cible d’un attentat. Les pertes sont inestimables. Lors d’affrontements, l’armée a abattu des dizaines de terroristes. Elle a procédé aux arrestations de leurs proches et de leur entourage. En attendant que l’enquête progresse sur leur organisation, le gouvernement déclare qu’il n’acceptera aucune trêve et ne cédera à aucune menace. Il avertit la population qu’il considèrera désormais toute manifestation pacifiste comme une forme de soutien au terrorisme. La répression s’abattra avec toute la force de la loi. Le métro circule aujourd’hui aux horaires habituels. Un présentateur annonce d’une voix neutre les statistiques mensuelles des morts dues aux attentats terroristes, celles déplorées à la suite d’effractions et de viols, les victimes de catastrophes aériennes, sans compter les accidentés de la route ou du travail. Au petit matin, une fusillade a opposé trafiquants de drogue péruviens et colombiens dans un bidonville. Et puis cette information de dernière minute : un attentat vient de se produire dans une clinique qui expérimente le clonage de bébés.
Le femme ne reste pas devant l’écran. Elle parcourt le domicile en hurlant après les gosses. Elle distribue des coups au passage et écoute la télé comme la radio, en bruit de fond. Les attentats et les massacres ne l’impressionnent pas. Seuls les crimes domestiques la passionnent. Au cours d’un scène de jalousie, une femme castre son mari. Un homme larde de coups de poignard les seins siliconés de sa concubine. Une mère saupoudre la purée de ses enfants de mort-aux-rats. Un garçon met ses grands-parents à griller au four. Si l’annonce est truculente, elle accourt et se plante devant le poste, fascinée. Cette sorte de faits divers la captive, des crimes maison comme des recettes de cuisine. Si la nouvelle provoque un débat, elle prend systématiquement le parti des accusés et discute avec le présentateur, les interviewés et les invités. Elle seule, en grande avocate, semble comprendre les mobiles des accusés. Quand son regard glisse de l’écran vers son mari, l’employé devine ce qu’elle a à l’esprit. Il se demande à quel moment elle passera du statut de spectateur à celui de protagoniste.
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Il s’apprête à partir. La lenteur de ses gestes n’est pas seulement due à la fatigue. A la tristesse aussi.
L’ordinateur tarde à s’éteindre. Enfin, soupire-t-il. L’écran s’obscurcit. L’employé dispose soigneusement ses instruments de travail pour le lendemain : les stylos, l’encre, les cachets, les tampons, la gomme, te taille-crayon et le coupe-papier. Il l’astique. Le coupe-papier semble inoffensif. Sauf qu’il peut devenir une arme. L’employé aussi paraît inoffensif. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences.
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Dans un instant, dès qu’ils auront tous rejoint leur bureau, un haut-parleur annoncera le nom de celui ou celle qui est renvoyé. D’une formule neutre, comme dans un aéroport, on informera publiquement de qui il s’agit. L’équipe de sécurité empêchera alors toute opposition à cette mesure en encerclant immédiatement le bureau de celui ou celle qu’on expulse.
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Dans le métro, seul passager à cette heure, comme toujours, il lit une revue scientifique.
Si on lui demandait ce qui l'attire dans ces publications, il répondrait :
la recherche d'une vérité à partir d'expérimentations, l'idée que les choses ne sont pas l'œuvre du hasard, qu'il y a des lois, des règles, une logique qui justifient l'ensemble des règles de l'univers.
Tout ce qui se passe sous ce ciel doit avoir une explication.
Or, toute explication, au lieu d'apaiser, génère une nouvelle énigme.
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Video de Guillermo Saccomanno (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillermo Saccomanno
Rentrée littéraire 2015 / éditions Asphalte .Claire Duvivier et Estelle Durand, éditrices des éditions Asphalte vous présentent l'ouvrage de Guillermo Saccomanno "Basse saison". Rentrée littéraire automne 2015. Retrouvez l'ouvrage : http://www.mollat.com/livres/saccomanno-guillermo-basse-saison-9782918767497.html Notes de Musique : ?The returning? (by Jelsonic). Free Musique archive. Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mo... Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/Librairi... Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Libra... Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemo... Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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