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EAN : 9782253033943
287 pages
Le Livre de Poche (21/04/2004)
3.36/5   81 notes
Résumé :
Note de l'éditeur - La présente édition, établie d'après le manuscrit original de George Sand, peut à juste tire être considérée comme la seule édition authentique à ce jour de « Un hiver à Majorque ».
En effet, la première édition de cet ouvrage (Hippolyte Souverain - Paris 1842) comporte un certain nombre de fautes qui ont été reproduites dans les nombreuses éditions successives lesquelles ont été établies d'après l'édition de 1842.
Le manuscrit or... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Coup de gueule d'autant plus percutant et jubilatoire qu'il est poussé avec l'intelligence d'un écrivain (elle parlait d'elle au masculin, Flaubert qui l'admirait l'appelait « cher Maitre », il est vrai que le féminin voudrait dire autre chose), d'une artiste, enfin d'une femme qui a déjà voyagé.( et les voyages à cette époque sont limites dangereux) Eh, oui, George Sand était allée en Espagne quand elle était petite, à Chamonix, à Venise avec Musset, et elle part passer un hiver au soleil avec Chopin. A Majorque.
De Chopin, il n'en sera pas question, à part « le malade », « l'un d'entre nous était malade», « quelqu'un dans ma famille était dangereusement malade » ou pire « l'autre » ou pire encore, combien a coûté le pianino de Pleyel en droits de douane. En fait, l'autre est malade, les Majorquins veulent éviter la contagion, les médecins lui prédisent la phtisie et une mort prochaine, et George (sans s) se voit transformée en infirmière. Peut être a t elle donné cette image pour contredire sa renommée de femme fatale, peut être, ce que je crois, en a t elle eu par dessus la tête d'un amant faiblard, geignant, à charge , d'autant qu'elle veut écrire, même si , de ça non plus, elle ne parle pas, ou plutôt, nous dit qu'elle n'en parlera pas, c'est différent .

Mais l'essentiel est ailleurs : C'est qu'elle a pour but un livre de voyages, elle s'est donc documenté, a beaucoup lu, et fait état de ces notes.
Pourquoi voyagez vous demande- t- elle au lecteur ? Saluons au passage le procédé littéraire inventif, et la réponse (notre réponse qu'elle imagine)qui ne l'est pas moins : « nous voyageons, ou plutôt nous fuyons, car il ne s'agit pas tant de voyager que de partir, entendez vous ? Quel est celui qui n'a pas quelque douleur à distraire ou quelque joug à secouer ? Aucun. »
Et puisqu'elle pose la question, je dirai que c'est pour découvrir d'autres façons de vivre et des merveilles d'autres pays. Que répondrais tu, George ?

Ceci posé, George Sand décrit l'accueil que les Majorquins leur ont fait, à elle, à l'autre et aux deux enfants. Déplorable.
D'abord, le pain est détestable alors qu'il y a beaucoup de blé.
Le mythe du bon sauvage ne résiste pas à l'épreuve de la réalité. « Il n'y a rien de si triste ni de si pauvre au monde que ce paysan qui ne sait que prier, chanter, travailler, et qui ne pense jamais. »
Le voilà, le coup de gueule : l'ineptie, l'imbécilité, dit Sand, des Majorquins. Et leur paresse. Grâce aux traditions arabes, ils pourraient avoir de la bonne huile d'olive, mais non, elle est « rance et nauséeuse ».
Ils sont avides et menteurs, voleurs et méchants.
Pourquoi ? parce qu'ils sont pauvres.
Pourquoi ? parce qu'ils sont exploités
Pourquoi supportent ils ? parce que la religion les maintient en état d'infantilisme
Pourquoi prient ils ? parce qu'ils sont superstitieux et moutonniers. Lorsque les couvents de moins de 12 moines pouvaient être, par la loi Mendizabal, détruits, cette destruction se fit avec « une impulsion mystérieuse et soudaine, un mélange de courage et d'effroi, de fureur et de remords.»Mais n'a pas éteint une foi illettrée et fanatique.
Pour elle à qui la grand mère a inculqué la philosophie des Lumières, et future adepte des idées socialistes, découvrir cette pauvreté de pensée et cet asservissement consenti est inimaginable. L'humanité n'a pas connu partout la même évolution, et ils grandiront, dit elle ; même si pour l'instant ils sont inhumains, ils changeront.

Et puis les aristocrates par vanité entretiennent sans les payer à peine, une suite de serviteurs « sales fainéants des deux sexes », qui végètent et s'incrustent, privant ainsi le pays de main d'oeuvre utile, et s'habituant à ne rien faire.

Ne jamais montrer un peu de désagrément devant un espagnol, dit elle. Tous vous diront : « cette maison est la tienne », mais gardez vous bien d'accepter, fût-ce une épingle, car ce serait une indiscrétion grossière. » Bien sûr, l'intérieur des maisons est tellement pauvre, les constructions sommaires car « ils ne vont pas vite et manquent d'outils et de matériaux. le Majorquin ne se presse pas. La vie est si longue ! »
Un autre tic en parole est, devant chaque problème, d'émettre « Mucha calma », gardes ton calme.
Les Majorquins jamais non plus ne reconnaissent les inclémences accidentelles mais sérieuses de leur climat, vent, pluies ou froid, par illusion ou par fanfaronnade.
Curieusement, ces trois traits du caractère hispanique sont toujours vrais de nos jours, merci George. No te preocupes.

George Sand est prête à entendre qu'on lui dise le contraire. Elle aimerait se tromper. Et d'ailleurs, pourquoi un récit de voyage devrait il être idyllique, au mépris de la vérité ?

Heureusement, il y a les paysages somptueux. Dignes d'un artiste. Et elle convoque, autre procédé littéraire inventif, Théodore Rousseau, Corot, et son cher Eugène, qu'elle connaît depuis longtemps en leur décrivant les paysages qu'ils pourraient peindre. Elle se fait chef d'orchestre sublime et imaginaire de ces beautés colorées qu'ils devraient interpréter. C'est en grande artiste qu'elle met en scène les oliviers dont on a du mal à se souvenir que ce sont des arbres, et non des monstres fantastiques, dragons énormes, reptiles noueux, tordu, bossu. Et elle conclut que la splendeur du paysage, les pierres, le ciel pur, la mer azurée, les arbres les fleurs et les montagnes ne suffisent pas à l'homme qui a besoin de ses semblables.
Bien sûr elle a écrit non pas pendant que l'autre composait ses Préludes, mais deux ans après, n'importe : ce chef d'oeuvre non seulement d'écriture mais aussi de pensée, avec une musicalité qui se déroule, un rythme pianoté et des mots choisis, développe et amplifie la splendeur des paysages de Majorque, et aussi l'analyse d'une société pas encore arrivée à l'âge adulte.

Les citations parleront mieux que moi. Chaque page est remplie de ces morceaux et malheureusement je ne peux tout citer de ces phrases tellement harmonieuses, une langue cadencée, une réflexion tellement fine que je te demande pardon, ma George, ta pensée m'a tellement plu et je me vois incapable de l'expliquer vraiment. Ainsi que tu le dis si bien, néant des mots.
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La première partie du livre ne m'a pas emballé l'auteure y parle surtout de la suppression progressive des couvents et tout ce qui a trait au religieux.

Ensuite, elle nous parle il est vrai très peu d'elle et peu de Chopin (malade et alité) qui l'accompagne, qu'elle ne nomme jamais que par ce terme "l'autre" ; peut-être leur amour était-il sur le déclin ? Elle fait plus de cas du prix que cela a coûté pour faire venir son piano que du "bonhomme".

Elle fait mention de ses deux enfants sa fille, mais surtout son fils.

Par contre les gens de Majorque en prenne pour leur grade, si je puis dire, elle ne les aime pas et cela semble réciproque elle les décrit de telle façon que bien souvent cela m'a fait sourire.

Mais il est un art dans lequel elle excelle ce sont les descriptions des endroits qu'elle découvre, elle y magnifie les monuments, la végétation, et l'Océan.

Pourquoi sont-ils allés à Majorque ?

Je me suis posé la question ; eh! bien sans doute la santé de Chopin qui exigeait une température clémente et la solitude pour l'écrivaine George Sand.

Je me suis régalée tout de même pour ses bons mots et ses beaux mots.

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Un peu déçue par ce roman de George Sand. Pas que celui ci soit mauvais bien au contraire, c'est juste que je m'attendais à autre chose.
Je pensais avoir à faire à un "vrai" roman dont l'action se déroulerait à Majorque or ici j'ai plus eu l'impression de découvrir un exposé, ou un documentaire sur l'île. L'auteure nous raconte comment et le climat de l'île, son histoire, comment les paysans cultivent la terre....
J'avais envie de découvrir Majorque mais sans doute d'une autre façon que celle que nous propose George Sand. Je pense que ce récit s'adresse plus a des lecteurs qui connaissent déjà les lieux ou s'apprête à y faire un voyage mais quand comme moi on a envie de découvrir l'île depuis chez soit, c'est peut-être un peu difficile de s'en faire une idée.
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Le 1er novembre 1838, George Sand, ses enfants et Chopin s'embarquent à Port-Vendres pour Barcelone. La destination finale est Majorque, dont on leur a vanté le climat. Il s'agit de passer l'hiver dans un pays tempéré pour la santé de Maurice fils de l'autrice et pour celle de Chopin.

Le récit de ce voyage parait 3 ans plus tard. Pourquoi si tard ? Plusieurs raisons à cela mais la plus simple est que les « belles choses » qu'ils envisageaient de vivre et de découvrir sur place ont été éclipsées par les avanies, les vexations, les privations. Les voyageurs ont quitté Majorque et l'Espagne avec le chagrin et la rancune au coeur. Dans ces conditions l'inspiration ne vient guère.

Elle écrit dans une correspondance à un ami : « Un mois de plus, et nous mourions en Espagne, Chopin et moi, lui de mélancolie et de dégoût, moi de colère et d'indignation. Ils m'ont blessée dans l'endroit le plus sensible de mon coeur, ils ont percé à coups dépingles, un être souffrant sous mes yeux, jamais je ne le leur pardonnerai, et si j'écris sur eux, ce sera avec du fiel ».

Mais que s'est-il donc bien passé à Majorque pour que Sand soit à ce point là pleine de rancoeur ?

C'est un texte riche en images, l'utilisation de nombreux adjectifs pour décrire les paysages, la comparaison entre paysages et pays qu'elle connait déjà (et que le lecteur est supposé connaitre également) afin de mieux aborder Majorque par le jeu des différences.

« En Suisse, le torrent qui roule partout et le nuage qui passe sans cesse donnent aux aspects une mobilité de couleur et pour ainsi dire une continuité de mouvement que la peinture n'est pas toujours heureuse à reproduire. La nature semble s'y jouer de l'artiste. A Majorque, elle semble l'attendre et l'inviter. Là, la végétation affecte des formes altières et bizarres ; mais elle ne déploie pas ce luxe désordonné sous lequel les lignes du paysage suisse disparaissent trop souvent. La cime du rocher dessine ses contours bien arrêtés sur un ciel étincelant, le palmier se penche de lui-même sur les précipices sans que la brise capricieuse dérange la majesté de sa chevelure, et, jusqu'au moindre cactus rabougri au bord du chemin, tout semble poser avec une sorte de vanité pour le plaisir des yeux. »

Cette richesse de la langue, des descriptions est un réel plaisir pour moi, lectrice. J'aime de temps en temps me plonger dans des textes « anciens » qui foisonnent de ces images peintes avec les mots. A l'époque les lecteurs étaient la plupart du temps sédentaires, n'avaient jamais été même à la ville voisine et prendre le temps de décrire le moindre détail leur permettait de vivre l'expérience lecture comme celle du voyage. Je pense à Flaubert qui prend une dizaine de pages de son livre pour décrire avec minutie la chaumière dans laquelle vit son héroïne. Si une autrice écrivait de la sorte maintenant on la trouverait dépassée, ennuyeuse, mais une fois plongé dans le contexte, lire du Sand, du Flaubert ou du Proust reste pour moi une expérience unique qui confère à de la méditation, aborder le temps long, ne pas s'impatienter pour connaître l'intrigue et pour palpiter … Il n'y a quasi jamais rien de palpitant dans ces textes, juste la beauté des mots, des imagines, et laisser libre court à son imagination pour se créer son propre paysage, son environnement.

Sand aborde dans son texte l'aspect géographique (à nouveau extrêmement détaillé, latitude, longitude … ) on imagine le lecteur prendre son sextant, la carte du monde est y reporter les données afin de visualiser où se situe exactement cette île.

Elle parle économie, commerce, culture, qualité des sols, elle y analyse la géopolitique, elle envisage la PAC avant l'heure, les échanges des biens, …mais aussi et surtout elle décrit les insulaires.

Et les termes qu'elle utilise ne sont guère élogieux :
- obstination et ignorance du cultivateur,
- elle n'a jamais vu travailler la terre si patiemment mais si mollement.
- Les machines les plus simples sont inconnues, les bras des hommes fort maigres et fort débiles comparativement aux nôtres … (nôtres étant les bras des paysans français)
- Absence d'idées, manque de prévoyance, il n'y a rien de si triste et de si pauvre au monde que ce paysan qui ne sait que prier, chanter, travailler et qui ne pense jamais …

Et là, la lectrice de 2022 s'insurge et se demande: mais pour qui se prend-elle cette dame qui écrit certes, son compagnon qui est connu dans le monde de la musique, certes … mais à quoi s'attendait elle en allant là bas ? A ce qu'on l'attende, elle, l'écrivaine, pour apprendre de son expertise, de ses judicieux conseils et de son expérience française pour commencer à vivre, à cultiver …

Je n'ai ressenti qu'arrogance et mépris de sa part pour les hommes qu'elle a rencontré là bas. Et ce besoin de toujours les comparer aux paysans français, aux paysans mais aussi aux bourgeois, aux nobles, aux curés … tout le texte n'est que critique. Les maisons sont des taudis, la décoration est digne d'une auberge française minable … tout y passe, et toujours sur le même ton du « je sais tout, ce que l'on fait en France devrait être la norme et la façon dont vous vivez n'est qu'une succession de misères et d'erreurs".
Je ne suis pas étonnée qu'en affichant cette disposition, les autochtones les aient si mal accueillis.

Qu'a-t-elle fait pour se rendre aimable ? Pour qui se prend-elle pour se permettre ces remarques aussi critiques, aussi négatives vis-à-vis de ces gens qui vivent dans leur pays à leur façon sans avoir besoin qu'une écrivaine qui ne sait que manier la plume vienne les critiquer de la sorte ? Elle m'a semblé terriblement insultante vis-à-vis de la classe laborieuse.

Son comportement de conquérante, d'experte ne méritait effectivement que ce qu'elle a ressenti, animosité de la part des autochtones, ces personnes se sont senties tellement insultées qu'elles lui ont mené la vie dure durant son séjour sur place. Elle le mentionne d'ailleurs elle-même dans son texte.

J'ai donc apprécié ma lecture pour la qualité de la plume mais j'ai été plus d'une fois outrée par la teneur du texte. On était certes à l'époque en plein essors du pays des lumières et il était fréquent pour les esprits éclairés de prendre pour quantité négligeable tout qui ne pensaient pas comme eux. Mais le lire de façon aussi ostentatoire dans un texte m'a profondément mis mal à l'aise.

Elle m'a vraiment fait penser à ces touristes qui encore aujourd'hui débarquent dans un pays lointain et critiquent tout ce qu'ils rencontrent : la cuisine est meilleure en France, les gens sont plus sympathiques en France, etc etc … et bien qu'ils y restent en France ! Pourquoi voyager pour aller à la rencontre de l'autre si c'est pour garder un esprit aussi fermé ?
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Il y aurait tant et tant à dire et écrire sur ce livre.
Georges Sand, évidemment, on connait, et je connaissais, mais même si "François le Champi", "La petite Fadette", et surtout "La mare au Diable" sont venus chatouiller mes oreilles quand j'étais ado, je n'avais rien lu d'elle. ( zéro pointé, monsieur Bologsen !!!).
Et il faut que je me trouve sur l'ile de Majorque, à Palma, ( du 17 au 26 avril 2024) pendant une semaine, pour trouver la version en français dans un musée.
Et la lire.
Car l'auteure y a séjourné en 1838 avec ses deux enfants, et Frédéric Chopin, lequel était plutôt "souffreteux" à cette période. Si vous pensez y trouvez quelques anecdotes sur leur histoire amoureuse, ( Palma c'est Chopin, et Venise c'est Musset, ne pas confondre), vous serez déçu, car le nom du célèbre compositeur n'est jamais prononcé. Tout au plus parlera-t-elle de son piano qui a couté si cher à sortir des griffes de la douane.
Georges Sand nous fait une description d'une société majorquine repliée sur elle-même, oisive, peu ouvertes à l'extérieur et aux étrangers, avec des codes très "personnels" voire particuliers.
Pas de culture des sols, on préfère se trouver un emploi où l'on ne fait pas grand-chose, surtout chez le riche du coin, lequel au bout d'un an, sera obligé de vous fournir gite, couvert, et préférera dépenser son argent à vous entretenir, question de prestige, qu'à l'employer utilement, éventuellement dans l'élevage, mais sorti du cochon préparé de plusieurs centaines de fois différentes, là aussi, c'est le désert culinaire.
Rien ne se donne, tout se vend et à des prix exorbitants, et quand un majorquin vous propose quelque chose, il est malpoli...d'accepter.
Une population que Sand décrit comme oisive, ou les hommes fument des cigares à longueur de journée dans un coin de leur maison, pendant que dans l'autre, leurs épouses s'éventent avec un éventail, le regard absent, et sans penser à rien...
Et des étrangers que l'on considère comme des pestiférés dès qu'ils tombent malades, à coup sûr contagieux, et on ne sait jamais ce qu'ils ont pu vous ramener de France!!!
Ne parlons même pas des maisons réduites à la plus simple expression côté décoration et ameublement.
Heureusement, qu'il reste et restait la beauté des paysages, que Georges Sand décrit avec une écriture riche, et là, je me dis que nombre d'auteurs devraient en prendre exemple, et que c'est le genre de livres et de lecture à introduire ou réintroduire dans nos collèges.
Un livre avec beaucoup d'humour, mais qui n'a pas dû "passer" à l'époque, car il connut un accueil plus que froid, et les majorquins avancèrent tous les arguments contraires à ceux de l'auteure pour la contrer et évoquer sa mauvaise foi et son manque d'intégration.
Un bon moment de lecture, et mon prochain achat, ce sera cette fameuse "Mare au diable".
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
A voir l'aspect formidable, la grosseur démesurée et les attitudes furibondes de ces arbres mystérieux, mon imagination les a volontiers acceptés pour des contemporains d'Annibal.
Quand on se promène le soir sous leur ombrage, il est nécessaire de bien se rappeler que ce sont là des arbres ; car si on en croyait les yeux de l'imagination, on serait saisi d'épouvante au milieu de tous ces monstres fantastiques, les uns se courbant vers vous comme des dragons énormes, la gueule béante et les ailes déployées ; les autres se roulant sur eux-mêmes comme des boas engourdis ;d'autres s'embrassant avec fureur comme des lutteurs géants.
Ici c'est un centaure au galop, emportant sur sa croupe je ne sais quelle hideuse guenon ; là un reptile sans nom qui dévore une biche pantelante ; plus loin un satyre qui danse avec un bouc moins laid que lui ; et souvent c'est un seul arbre crevassé, noueux, tordu, bossu, que vous prendriez pour un groupe de dix arbres distincts, et qui représente tous ces monstres divers pour se réunir en une seule tête,
horrible comme celle des fétiches indiens, et couronnée d'une seule branche verte comme d'un cimier.
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C’est une de ces vues qui accablent parce qu’elles ne laissent rien à désirer, rien à imaginer. Tout ce que le poète et le peintre peuvent rêver, la nature l’a crée en cet endroit. Ensemble immense, détails infinis, variété inépuisable, formes confuses, contours accusés, vagues profondeurs, tout est là, et l’art n’y peut rien ajouter. L’esprit ne suffit pas toujours à goûter et à comprendre l’œuvre de Dieu ; et s’il fait un retour sur lui même, c’est pour sentir son impuissance à créer une expression quelconque de cette immensité de vie qui le subjugue et l’enivre. … Quant à moi, je n’ai jamais mieux senti le néant des mots que dans ces heures de contemplation passées à la Chartreuse. Il me venait bien des élans religieux ; mais il ne m’arrivait pas d’autre formule d’enthousiasme que celle-ci : Bon Dieu, béni sois- tu pour m’avoir donné de bons yeux.
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Sédentaire par devoir, tu crois, mon cher François, qu'emporté par le fier et capricieux dada de l'indépendance, je n'ai connu de plus ardent plaisir en ce monde que celui de traverser mers et montagnes, lacs et vallées. Hélas ! mes plus beaux, mes plus doux voyages, je les ai faits au coin de mon feu, les pieds dans la cendre chaude et les coudes appuyés sur les bras râpés du fauteuil de ma grand'mère.
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Le peuple espagnol avait bâti de ses deniers et de ses sueurs ces insolents palais du clergé régulier, à la porte desquels il venait recevoir depuis des siècles l’obole de la mendicité fainéante et le pain de l’esclavage intellectuel. Il avait participé à ses crimes, il avait trempé dans ses lâchetés. Il avait élevé les bûchers de l’Inquisition. Il avait été complice et délateur dans les persécutions atroces dirigées contre des races entières qu’on voulait extirper de son sein. Et quand il eut consommé la ruine de ces juifs qui l’avaient enrichi, quand il eut banni ces Maures auxquels il devait sa civilisation et sa grandeur, il eut pour châtiment céleste la misère et l’ignorance. Il eut la persévérance et la pitié de ne pas s’en prendre à ce clergé, son ouvrage, son corrupteur et son fléau…. Puis …. il comprit l’erreur de ses ancêtres, rougit de son abaissement, s’indigna de sa misère, et malgré l’idolâtrie qu’il conservait encore pour les images et les reliques, il brisa ces simulacres, et crut pus énergiquement à son droit qu’à son culte.
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La Suisse et le Tyrol n'ont pas eu pour moi cet aspect de création libre et primitive qui m'a tant charmé à Majorque. Il me semblait que, dans les sites les plus sauvages des montagnes helvétiques, la nature, livrée à de trop rudes influences atmosphériques, n'échappait à la main de l'homme que pour recevoir du ciel de plus dures contraintes, et pour subir comme une âme fougueuse livrée à elle-même, l'esclavage de ses propres déchirements. A Majorque, elle fleurit sous les baisers d'un ciel ardent, et sourit sous les coups des tièdes bourrasques qui la rasent en courant les mers.
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Vidéo de George Sand
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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