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EAN : 9782081280687
246 pages
Flammarion (11/01/2012)
4.07/5   826 notes
Résumé :
9 juillet 1961.
Dès le lever du jour, il fait déjà une chaleur à crever. Albert est ouvrier chez Michelin. Suzanne coud ses robes elle-même. Gilles, leur cadet, se passionne pour un roman de Balzac. Ce jour-là, la télévision fait son entrée dans la famille Chassaing. Tous attendent de voir Henri, le fils aîné, dans le reportage sur la guerre d'Algérie diffusé le soir même. Pour Albert, c'est le monde qui bascule.
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Critiques, Analyses et Avis (204) Voir plus Ajouter une critique
4,07

sur 826 notes
Je viens de refermer le livre de Jean-Luc Seigle, et je suis sonné par ce que je viens de lire. Que dire d'original sur un roman qui possède une telle force, qui vous chavire avec une telle émotion, estomaqué par sa puissance narratrice.
Monsieur Seigle vous venez de signer un livre qui longtemps m'habitera. Souvent des romans sont couronnés pour de mauvaises raisons, celui-ci lauréat du Prix RTL-Lire mérite ce prix pour les dix années à venir.
Oui, je vieillis et j'ai pleuré en lisant votre roman.
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"Albert ne pensait pas à mourir, il avait juste le désir d'en finir.
Mourir ne serait que le moyen."
Il lui faut en trouver le courage, il faut qu'il trouve "une peur plus grande que la peur de mourir, une peur capable de lui faire oublier la tristesse de sa propre mort."
Il ne peut plus avancer dans ce monde changeant, où le moderne efface les traces du passé, où son travail à l'usine Michelin , ne lui permet pas, comme son père l'avait fait avec lui, de transmettre son expérience à ses enfants.

Emmuré dans son silence, depuis sa captivité sur la ligne Maginot en 1940, Albert ne sait pas parler, ses mots se transforment en larmes.
Sans le dire, sans mettre de véritables mots sur ce qu'il projette, il confie son fils Gilles à un instituteur du village, à la retraite, amoureux des livres tout comme Gilles et ainsi accomplit sa dernière volonté.

Et pour son autre fils Henri, soldat en Algérie, il saura, au moment de l'entrée du poste de télévision dans leur foyer, ce qu'il lui reste à faire.

Roman tout en pudeur et en émotion qui met des mots sur les silences, sur les secrets. Ses silences, qui sont à l'image d'une balle logée près du cœur.
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En vieillissant les hommes pleurent de Jean-Luc Seigle est une véritable pépite.

Dès les premières pages, on ressent le spleen d'Albert, ouvrier de nuit chez Michelin, habité par la pensée de mettre fin à ses jours. Si sa détermination est bien réelle, il lui manque la motivation justifiant son acte. Au fil des pages, on découvre sa famille : Sa femme Suzanne, lassée du tablier de ménagère accomplie qu'elle bannit pour porter des robes de sa création, réveillant ainsi la féminité qui sommeillait en elle au fil des années de mariage. Leurs deux fils, Henri et Gilles ont un caractère diamétralement opposé. Tandis que Gilles trouve son bonheur dans la lecture, dont Eugénie Grandet de l'illustre Honoré de Balzac, Henri se bat en Algérie, au grand dam de Suzanne pour ce fils préféré. Madeleine, la mère d'Albert, usée par le labeur, les accouchements et les fausses couches perpétrées par les faiseuses d'anges, vit dans ce foyer où le modernisme prend un essor considérable. La récente installation d'un téléviseur va provoquer un bouleversement et pas des moindres, au sein de la famille.

Ce roman m'a profondément touchée, et c'est encore peu dire. Albert, un taiseux, perdu dans une réalité dont il se sent exclu est plutôt attachant par ses réflexions et l'admiration qu'il porte à Gilles, ce fils littéraire pour lequel le geste représentera plus que la parole, son acte d'amour pour sauver Henri de cette guerre qui n'en finit pas de miner Suzanne. le respect pour cette femme âgée qui l'a mise au monde est entier.
Certains passages sont terriblement émouvants, de ceux que l'on n'oublient pas. Notamment, celui dans lequel Albert effectue pour la première fois, la toilette intégrale de sa mère, découvrant sa nudité, où chaque parcelle de ce corps qu'il touche, est décrite avec tant de grâce et de pudeur, que l'on retient presque son souffle.
Un récit simple, bouleversant, écrit avec une sensibilité à fleur de peau.

Et si les hommes pleurent en vieillissant, les femmes pleurent en le lisant.
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Je referme à l'instant ce livre. Journée du Patrimoine. Étonnant.

Cet ouvrage est une bombe. Les dernières déflagrations résonnent encore en moi. Comme le flot des larmes sur les joues des hommes qui songent aux champs de bataille, dans le secret de leurs nuits, mes émotions ruissèlent, et je pense à nos aïeux, à tous ceux à qui l'on n'a pas eu le temps de dire adieu.
À ceux qui ont déterré les souvenirs écrits entre les lignes, enfin surtout sur la ligne Maginot.

Je me demande si, sans le savoir, je n'ai pas souri à l'un d'entre eux, dans un couloir :
« Certains sont encore vivants aujourd'hui, on peut les trouver dans les couloirs des hospices, poussant des déambulateurs. Mais qui entend ce qu'ils racontent la nuit quand ils pleurent et qu'ils se pissent dessus en se souvenant de la fin de l'imaginot ? ».(Page 344)

Durant les derniers mois du grand âge, certains semblent perdre la raison. Leurs mots pour vous ne semblent avoir aucun sens, mais en réalité, ils règlent souvent des histoires de leur passé, afin de partir en Paix.

Chaque livre est une rencontre. Pour moi, pas de souvenirs de guerre racontés par un grand-père, non.
Ce livre m'a bousculée pour d'autres aspects, pour celui qui raconte les personnes âgées, celles de ce temps-là.

Ces femmes, qui dans le plus grand et douloureux secret, se défaisaient d'un enfant à venir, quand l'enfant déjà venu était parti au front.
Ces hommes qui culpabilisaient d'être à la maison, leur vie plutôt derrière, quand leur fils était envoyé à la guerre, pas sûr d'avoir la vie devant.

Aucune lecture n'arrive au hasard, j'en suis sûre. Ce titre, je le vois depuis des mois sur babelio, et c'est seulement maintenant que je l'ai lu... quand justement il parle d'un fils qui doit faire la toilette à sa maman âgée, que c'est impensable en effet, sauf cas de force majeure... La fille encore, elle peut peut-être assumer,(je le déconseille), mais le fils ? Il décrit tellement bien le désarroi dans les yeux du fils, ce désarroi que j'ai vu chez moi... il faut des relais, du personnel spécialisé pour ces choses-là. Je vous confierai même que, c'est à ce moment-là, que la vieille Dame a complètement perdu la tête, comme pour ne pas voir un fils, mais quelqu'un d'autre. Les psychiatres disent parfois que perdre la tête c'est une manière de répondre au dilemme : Partir ou Rester ? Être ici et maintenant, dans une réalité devenue insupportable, mais comment ?
« Je suis encore là et parti en même temps ».

Moi, je reste encore un peu pour pouvoir lire davantage de livres terroristes, de ceux qui vous explosent en pleine poire durant un samedi pluvieux.
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Albert est fatigué .
De son boulot de nuit chez Michelin , de sa femme Suzanne qu'il supporte décidément de moins en moins , du temps assassin qui déleste sournoisement mais inexorablement sa mère de tout son être , de cette vie terne et monotone qu'il n'envisage désormais plus que six pieds sous terre...
Les années 60 furent celles des grands bouleversements notoires . Suzanne , bien décidée à prendre le train du progrès en marche , a d'autorité imposé l'installation du petit écran afin d'y glaner la moindre information sur la guerre d'Algérie et ainsi espérer y voir son aîné Henri plus rassurant que jamais pendant que Gilles , second de la fratrie , passe son temps à la maison , le nez dans les bouquins et particulièrement «  Eugénie Grandet «  qui semble faire écho à sa propre vie .

Jenifer , poignante chanteuse à texte contemporaine , aime déclamer en boucle dans une émission de télé-crochet qui est à la musique ce que Navarro est au polar haletant : belle musicalité , j'ai aimé ton univers...J'ai bien envie de la paraphraser pour le coup , tiens...
Car de musicalité des mots qui vous transportent en un ailleurs bouleversant de justesse et d'émotion , il en est bel et bien question dans le cas présent .
Une journée , ni plus ni moins , pour dresser le bilan personnel de toute une vie .
De son mariage raté avec la jolie Suzanne à ses fils qu'il n'a pas su aimer en passant par un triste monde en perpétuelle évolution qu'il appréhende désormais quand celui de sa mère s'éteint peu à peu , le bilan est là , implacable , terrifiant , Albert est sans doute passé à coté de sa vie...En homme de parole taiseux qu'il a toujours été , il ne variera pas d'un iota de sa ligne de conduite en décidant d'en tirer les conséquences qui s'imposent...Une seule et unique journée décisive pour continuer à se battre ou pour enfin tirer sa révérence .
De photos familiales jaunies en sombres révélations , les heures s'égrènent lentement , inexorables , laissant à penser qu'Albert à déjà pris une décision pleinement justifiée au regard de ce bilan peu réjouissant .
Une histoire toute simple avec des mots qui ne le sont pas moins .
Une histoire néanmoins bouleversante d'authenticité sur ce thème universel qu'est le temps qui passe et son cortège de regrets à jamais gravés dans un marbre mémoriel désormais peu enclin à en collecter de nouveaux...

En Vieillissant Les Hommes Pleurent de Jean-Luc Seigle : du pain béni !
http://www.youtube.com/watch?v=3b1OwCG8WN8
Merci Marina...
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critiques presse (2)
Lexpress
14 mars 2012
Le roman de Jean-Luc Seigle est une tragédie murmurée, l'histoire d'une fin annoncée, d'un héritage impossible.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
23 février 2012
Jean-Luc Seigle signe un hymne à la vie qui porte les couleurs du désespoir.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (258) Voir plus Ajouter une citation
Albert interrogeant la mère Morvandieux sur son fils mort au combat il y a près de 50 ans...

- Et à votre fils , vous lui écririez quoi aujourd'hui ?
(...)
- Eh ben , pas grand-chose , Albert , figure-toi , pas grand-chose . Je lui parlerais de la maison qui est bien vide sans lui . Je lui parlerais des choses qu'il aimait et qu'il n'avait plus là-bas . Tu comprends , Albert ? Je lui parlerais d'une tarte que j'aurais faite , sa tarte préférée que j'aurais pas pu manger toute seule . S'il était dans un pays chaud , je lui parlerais de l'hiver . S'il avait froid , je lui parlerais du feu dans la cheminée . Je lui parlerais du travail que j'arrive pas à faire toute seule et de son père malade...même s'il est pas malade . Ça , tu peux me croire Albert , s'il fallait mentir je mentirais sans hésiter (...) pour qu'il ait envie de revenir .
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Gilles comprit alors que chaque roman qu'il lirait l'aiderait à comprendre la vie, lui-même, les siens, les autres, le monde, le passé et le présent, une expérience similaire à celle de la peau ; et chaque événement de la vie lui permettait de la même manière d'éclairer chacune de ses lectures. En découvrant cette circulation continue entre la vie et les livres, il trouva la clé qui donnait un sens à la littérature.
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" - Je sais aussi que tu aimes l'Histoire.
- Oui, plus que la géographie.
- En général, c'est ainsi. La géographie, il faut voyager pour l'aimer. L'Histoire, elle vit avec nous, même si on reste sur place toute sa vie. Qu'on le veuille ou non, elle finit toujours par s'asseoir à notre table. "
Personne n'avait jamais parlé à Gilles [10 ans] de cette manière. Monsieur Antoine ne s'adressait pas à lui comme à un enfant, il l'obligeait à se hisser jusqu'à lui. Gilles pour l'instant se tenait à peine sur la pointe des pieds, tout chancelant. L'équilibre viendrait, c'était une question de temps.
(p. 95)
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Je n’aime pas qui je suis. Je n’aime pas ce qu’il faudrait que je sois, je n’aime pas me réjouir de cette vie-là, je ne suis pas de cette vie, je suis d’un autre temps que je n’ai pas su retenir. Après, ils pourront tout effacer avec leur remembrement, leurs machines à laver le linge et leur télévision. Tu comprends, Gilles, je ne veux pas être le témoin de la fin de ces temps que j’ai tant aimés, même s’ils étaient difficiles et quelquefois injustes. P 195
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Dans la fraîcheur de l'eau qui coulait encore sur lui, il eut la certitude qu'il ne voulait pas que sa disparition puisse être prise pour un châtiment qu'il se serait infligé à lui-même, ou aux autres. Il voulait quelque chose d'autre : que sa mort, à défaut d'être une fin, ressemble à la réalisation d'un rêve qu'il aurait atteint, par un geste aussi simple que beau. Albert, qui ne priait plus depuis longtemps, se contenta d'espérer que ce miracle vînt avant la nuit.

(J'ai Lu, 2012 - p. 103)
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