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EAN : 9782743602031
272 pages
Payot et Rivages (01/06/1997)
3.76/5   95 notes
Résumé :
Femmes blafardes. Et qui vous tirent la langue car elles ont été étranglées. Leurs yeux fixes ne sont plus que des étoiles glauques qui cherchent à percer la grande nappe qui les entoure, plus noire que la nuit, et où défilent à la dérive un tueur fou qui se prend pour le sadique du Yorkshire, un flic perdu dans la ville - et qui n'est le flic de personne - et une poignée de quidams serrés dans la main de la peur.
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Lapin chasseur au menu du jour !
Perso, je préfère Bugs Bunny à la moutarde mais ce n'est pas le sujet. Alors, quoi de neuf docteur Siniac ?
Comme les vieux garçons un peu maniaques, les tueurs sont attachés à leurs petites manies. Celui d'une petite ville de province ne tue que le jeudi soir et signe ses crimes d'un éventail. Son surnom : forcément Jack l'Eventeur… Génial !
Séverin Chanfier, ancien flic, bavurophile, tombe en rade dans le patelin et décide d'enquêter pour se refaire la cerise entre gueuletons et visites guidées au bordel.
Il va découvrir que dans ce bled, la routine est aussi immuable qu'un jour sans fin, façon Bill Murray au réveil. Les habitudes composent la symphonie du quotidien. Au métro, boulot, dodo, les habitants des lieux préfèrent la trilogie, resto, ragots et culbuto.
Les donzelles victimes du tueur sont blafardes. le crime ne sied pas au teint. En revanche, si le petit bourg est sinistre, ses habitants sont du genre rougeauds. La prostituée vedette est syndiquée, les élus prêts au pire pour ne pas bouleverser la quiétude mortifère, le chasseur est susceptible, le cuistot affable et le voyageur de commerce un peu obsédé.
Côté pédigrée, on est dans le champêtre : entre la mère maquerelle qui s'appelle Augustine Balbaupoul, l'assureur baptisé Urbain Petitbosquet et la voyante qui signe Emilienne de Chamboise, pas de place pour un Kévin Destates dans les streets.
Si les crimes ne suffisaient pas à animer le village, un corbeau croasse des lettres anonymes et promet la fin du massacre si certains acceptent de rompre le train-train quotidien. Gare à vous : c'est l'effet papillon qui larve sous le clocher. La revanche des secrets sur les apparences.
Si on sort la boussole, le village se situe en Vendée dans les années 70 et Siniac ne perd pas le Nord quand il s'agit de dézinguer le bar et les moeurs provinciales. Satire et ça tire sur tout ce qui bouge : le petit notable et son prestige de niche, les culs bénis souvent à l'air, le journaliste alcoolique à jeun de scoop et l'entremetteuse compromettante.
J'aime le verbe de Siniac. J'aime l'humour désenchanté qui fait chanter les mots de l'auteur et coscénariste des Morfalous.
Le dénouement est un peu décevant mais le roman de Pierre Siniac, publié en 1981 propose un vaccin qui reste encore efficace contre la moraline.
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Ça commence comme un  polar à l'ancienne.

Tous les bons vieux clichés du genre, et qui rassurent: Séverin Chanfier, un flic usé, radié pour obsession sexuelle, devenu privé ( et déjà sur un siège éjectable) voit sa caisse rendre l'âme dans un petit bled innommable et innommé. Il pleut, il a faim, pas le moindre garage en vue : il  s'arrête donc quelques jours, croit-il. Le voilà contraint de vivre la vie provinciale bien huilée dudit bled.

Un féminicide tous les jeudis soir.

Il est pris comme un moucheron dans un pot de miel.. .

Notre ex-poulet se pique au jeu et du cinoche  à la salle des fêtes, du restaurant bourgeois au buffet de la gare, du chocolatier au magasin de Nouveautés, des chambres d'hôtes au lupanar du coin,  il a tôt fait de faire le tour des points névralgiques de cette petite ville où la routine si grise semble avoir pris le mors -ou la morte?- aux dents.

 Assez vite, on comprend que nous aussi on s'est fait faire aux pattes dans ce faux  polar à l'ancienne..

Tout y est en trompe-l'oeil: noms de famille tarabiscotés et qui semblent  faux comme des pièces de 13 francs, personnages sans plus de psychologie que des automates, qui agissent mécaniquement comme des marionnettes dont on actionnerait les ficelles,  mobiles obscurs et irrationnels,  rituels aberrants, obsessionnels, concaténés comme des rouages d' horlogerie.

 Tout cela pimenté par les remarques décalées,  ironiques ou saugrenues , du narrateur ou de son "héros",  égratignant au passage les moeurs et usages de la petite bourgeoisie provinciale bien-pensante, bien-mangeante, bien- faisante et bien-baisante...à la façon d'un Chabrol au meilleur de sa forme.

Comme chez Chabrol, la fine gueule, et de l'avis de Gaston Cantoiseau, restaurateur de son état. :"la bouffe, la bonne bouffe ,  c'est beaucoup plus important que vous croyez".

La cuisine a ses raisons que la raison ne connaît pas! Ainsi en va-t-il, par exemple,  du lapin chasseur...

La fin, hallucinante, de ce polar iconoclaste  et volontiers surréaliste, atteint des sommets de drôlerie absurde!

J'ai adoré ce premier Siniac, (sûrement pas le dernier) ,  chaudement recommandé par deux experts, Pecosa et Koalas! Qu'ils soient remerciés pour cette lecture spirituelle et décapante!

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Une ville de province qui, comme le déclare un personnage, pourrait disparaitre du jour au lendemain de la carte de France sans que personne ne s'en émeuve. Une bourgeoisie provinciale y prospère langoureusement en veillant à la bonne santé de ses intérêts. Une panne de moteur contraint Séverin Chanfier s'y arrêter. Mais l'intérêt de ce détective au C.V. chargé (érotomane saqué de la Police à la suite d'une bavure) va être titillé par les faits divers qui secouent la tranquillité de cette cité de la France profonde. Une jeune femme est assassinée chaque jeudi soir. le tueur pose un éventail à proximité des cadavres. La liste des crimes s'allonge et ce sont désormais les as de la P.J. parisienne qui sont chargés de démasquer celui que tout le monde surnomme « Jack l'éventeur ». Chanfier mène sa propre enquête. Il choisit de la commencer par un dîner au restaurant gastronomique puis par une visite au bordel. C'est un bon début pour découvrir les dessous d'une ville qui s'est engourdie dans ses habitudes, à tel point qu'une mécanique des comportements s'est instituée.
Présenté ainsi, le polar pourrait donner l'impression d'être d'une facture très classique. Or, c'est tout le contraire, mais il est essentiel de ne pas trop en dire pour ne pas tuer l'intrigue. Pierre Siniac fait preuve d'une inventivité remarquable. Il reprend les codes du polar et parvient à créer une histoire totalement originale. Alors oui, le livre a été écrit il y a trente-six et doit être resitué dans le contexte des années 70-80. Mais cette satire de la bourgeoisie provinciale reste très plaisante à lire. Comme quoi, l'humour et la créativité vieillissent plutôt bien !
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Chanfier, ancien flic aux moeurs douteuses, devenu détective échoue par hasard dans une petite ville de province où des crimes effroyables sont commis le jeudi par un mystérieux tueur, surnommé Jack l'éventeur, qui laisse près de ses victimes blafardes, un éventail ouvert.
Qui est ce frappeur fou? Est-ce le patron du restaurant "aux trois couteaux" qui régale ses convives de son plat fétiche, le lapin chasseur, l'ouvreuse du cinéma Hollywood qui a des sueurs froides, la panthère qui raffole des cadeaux du magasin des nouveautés de la capitale, l'astrologue extralucide Emilienne de Chamboise, Mésange, l'accordéoniste clochard qui louche sur la serveuse du restaurant de la gare, un corbeau qui n'aime pas le lapin du jeudi, le barman du Dahlia-club ou un notable ou notaire de la ville?
Dans "Femmes Blafardes", Pierre Siniac brosse un portait chabrolien au vitriol de la petite bourgeoisie de province. J'ai adoré ce roman noir, son humour malicieux, sa logique implacable et délirante. Il y a du Céline dans le style et du surréalisme dans les personnages.
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Alors que Séverin Chanfier, ancien flic reconverti détective privé, roule sous une pluie battante vers la Charente, sa vieille guimbarde tombe en rade à quelques kilomètres d'un patelin vendéen, pas des plus animés…Trempé, il débarque au bar du coin, se renseigne, trouve un garagiste débordé qui lui annonce qu'il sera coincé là quelques jours, s'enquière d'une pension de famille puis d'un petit resto. C'est Aux trois couteaux qu'ira son choix, celui qui sert du lapin chasseur tous les jeudis. Détail qui est loin d'être anodin.

Car en effet il ne tarde pas à découvrir dans le journal local l'annonce d'un crime qui fait suite et précède toute une série : des jeunes femmes assassinées le jeudi soir, un éventail retrouvé près des cadavres. La seule à s'en réjouir, l'astrologue, qui a vu ces morts dans les astres…Et qui s'empresse de gratifier le clochard du coin d'un billet de 200 francs, qui part au restaurant de la Gare profiter de l'aubaine, faisant fuir la serveuse qui a peur de lui…Sans compter que le jeudi soir le cinéma est ouvert ainsi que la salle des conférences mais que le bordel est fermé et que le magasin des nouveautés s'offre une nouvelle vitrine…

Quel rapport avec notre détective – qui s'est fait viré de son agence de détectives puis embaucher dans une revue de faits divers pour écrire un reportage sur cette affaire – et avec ces horribles meurtres ? C'est ce que vous découvrirez en vous plongeant dans l'histoire des moeurs pas si paisibles et plutôt grivoises de cette bourgade de province ou chacun poursuit avec logique le déterminisme de sa destinée. Et les astres ont intérêt à suivre !

Humour noir garanti pour ce roman de Pierre Siniac qui a su transformer la routine d'existences d'une banale médiocrité en une ronde infernale animée par le crime…sans que le glissement ne nous étonne voir nous fasse plutôt sourire tant son regard est chargé d'ironie mais aussi de lucidité…
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Chanfier roulait depuis six heures quand il traversa par l'inévitable rue principale ce bled froid et triste. L'artère étroite n'en finissait pas et les maisons basses qui la bordaient se suivaient, toutes pareilles, sous un ciel aux nuages gris que le vent de l'océan tout proche jetait dans une course rapide. C'était une petite ville, ni plus ni moins sinistre que celles qu'il avait rencontrées tout au long de sa route, sur des nationales, à travers les provinces.
Il était un peu plus de quinze heures, on était en semaine, il n'y avait pas un trainard sur les trottoirs. Le genre de patelin où l'on peut compter les oisifs sur les dents d'un râteau.
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- Dites-moi, madame, est-ce qu'il y a un garage dans le coin? Je suis tombé en panne un peu plus loin et...
Elle bâillocha et il put voir sa bouche délabrée, des chicots qui semblaient avoir fait la guerre de Cent Ans sur un fromage de chèvre dur comme de la pierre :
- Bah, y a Cafarelli... Mais à c't'heure..
Elle lui indiqua le chemin à prendre. Comme toujours, il ne comprit absolument rien, et, selon son habitude, ne fit pas répéter. ça durait depuis son plus jeune âge, et à quarante ans, il se demandait encore pourquoi il s'entêtait à quémander de tels renseignements aux gens.
Il remercia, paya et sortit. En passant, deux mots de la manchette de la feuille locale avaient, tout à fait par hasard, accroché son œil las : "...Crime odieux..."
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Il trouva sans baguette de sourcier le château, vieille demeure vendéenne flanquée d’une ferme à la mode ancienne de par là – tu y fais toi-même ton pain, t’as tes légumes, ta viande, ton lait, ton fromegis et le reste sur place, tu fabriques tout ce qui t’aidera à vivre, tu te passes de voisins, tu ne dois rien à personne – à l’entrée d’un bois malingre inondé par le marais où bruissaient les appels de quelques petites bêtes aquatiques. La façade couleur branche morte de la bâtisse se confondait avec les troncs rabougris et dépouillés à la sublime odeur de pourri qui annonce les lendemains qui chantent, on est en train de vous fabriquer le printemps, mais pas de hâte intempestive, tout vient à point à qui sait attendre. Les hauts volets bruns de l’habitation étaient clos.
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Cabillaud avait ouvert sa grande gueule à la mairie. Intervilles, le passage du Tour cheu-nous, une bouffe-surprise du président d'la Rép chez des ploucs méritants du coin, un match de foute télochisé, et même le Jake Hélias local qui avait vu son manuscrit refusé par tous les éditeurs de Paris ! tout ça lui était passé devant le nez, à Cabillaud, la frustration complète ! A la place on avait des crimes affreux, un sadique sans visage, du sang à la Une chaque vendredi, la honte.
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Elle passa, hautaine, les lèvres pincées, devant le clochard Mésange. Le paumé, surpris, la regarda s'éloigner dans la rue étroite et grisâtre. Puis ses yeux rougis par la conjonctivite tombèrent sur sa main ouverte. Elle ne lui avait rien donné.
Pas d'assassinat, pas de prédiction réalisée, pas de remerciement à mon "bon génie", avait décidé la demi-folle.
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Vidéo de Pierre Siniac
Pièce radiophonique policière proposée par Germaine BEAUMONT et Pierre BILLARD, "Crime sur la nationale 7", d'après le roman de Pierre SIGNAC (alias Pierre SINIAC, "Illégitime défense") adapté par Pierre ROLLAND, réalisée par Pierre BILLARD assisté de Marie Denise WANDA. -
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