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EAN : 9782251200460
72 pages
Les Belles Lettres (13/02/2015)
4.31/5   74 notes
Résumé :
Le 8 juin 1978 Alexandre Soljénitsyne disait aux étudiants de l'université de Harvard :
« Non, je ne peux pas recommander votre société comme idéal pour transformation de la nôtre. (…) Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. À l’Est, c’est la foire du Parti qui la foule aux pieds, à l’Ouest la foire du Commerce : ce qui est effraya... >Voir plus
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Alexandre Soljénitsyne est né le 11 décembre 1918. Mobilisé en 1941 dans les rangs de l'Armée rouge, il est arrêté à la veille de la victoire pour avoir prétendument insulté Staline dans une lettre adressée à un ami et purgera huit ans de détention. Suite au succès d' « Une journée d'Ivan Denissovitch » et du « Pavillon des cancéreux », il obtient le prix Nobel de littérature en 1970. En décembre 1973 paraît « L'Archipel du Goulag », tableau de la terrible répression exercée en Union soviétique sur des millions de citoyens, un tableau qui décillera enfin les yeux de l'intelligentsia occidentale, lui vaudra une déchéance de citoyenneté et une expulsion vers la Suisse puis vers les États-Unis.

« Le déclin du courage » est un opuscule très court qui retranscrit une conférence donnée par l'auteur à Harvard en 1978. À rebours des attentes de son public, qui espérait une charge anti-communiste, légitimant en creux la supériorité de l'Occident, il se lance dans une charge controversée envers la civilisation occidentale. Une civilisation qui l'a recueilli après son expulsion, dont il s'attache à décrire les failles et prédit le déclin, que seul un sursaut salutaire pourrait enrayer.

La finesse d'analyse de l'auteur ainsi que le caractère prémonitoire des constats qu'il pose confèrent à cette conférence très dense une dimension quasi-prophétique.

Soljénitsyne y annonce l'émergence d'un monde multipolaire, préfigurant ainsi la thèse du « Choc des civilisations » de Samuel Huntington, et critique la vision bipolaire d'un Occident engoncé en pleine guerre froide avec l'Union soviétique.

Le conférencier regrette la colonisation folle dans laquelle s'est lancé l'Occident, et annonce les conséquences dramatiques de la décolonisation, un phénomène qui nous heurte de plein fouet au XXIe siècle.

Il critique le sentiment de supériorité illusoire de l'Occident sur les autres civilisations, et se désole du déclin du courage des dirigeants et des intellectuels occidentaux. Il dénonce le bien-être émollient qui a envahi un Occident matérialiste, un bien-être sisyphéen tant les occidentaux en veulent toujours plus et ne sont en réalité jamais satisfaits.

L'auteur s'inquiète des dérives du juridisme qui a remplacé la morale d'autrefois. Il rappelle l'exemple des compagnies pétrolières achetant à tour de bras des brevets de moyens de production alternatifs afin de maintenir leur oligopole. Un comportement juridiquement sans faille et pourtant répréhensible sur le fond. Soljénitsyne a perçu dès 1978 le développement exponentiel de la judiciarisation de la vie sociale, une judiciarisation qui force le commun des mortels à faire systématiquement appel à un expert tant l'édifice se révèle complexe. Il s'inquiète à juste titre de la prééminence du droit sur la morale (et même parfois sur le bon sens) qui en découle.

Soljénitsyne a également noté l'émergence du quatrième pouvoir (les médias) qui tisse une toile arachnéenne lui conférant une force de frappe inouïe. Une presse n'hésitant pas à se contredire sans jamais faire son mea culpa, soumise aux vents de la pensée dominante, et manquant paradoxalement d'un véritable pluralisme de points de vue, un comble au pays de la liberté.

Le coeur de la conférence aborde l'affaissement spirituel de l'Occident, victime d'un anthropocentrisme issu des Lumières, qui a placé l'Homme au-dessus de tout. Un homme « nouveau » qui a abandonné toute transcendance au profit de son bien-être matériel et d'une recherche aussi effrénée qu'illusoire du bonheur. Un homme qui use trop souvent de sa liberté pour assouvir ses bas instincts (pornographie, films d'horreur). Un homme, qui contrairement aux affirmations de Jean-Jacques Rousseau, n'est pas forcément bon par nature et ne fait pas toujours un usage adéquat de l'immense liberté qui lui est octroyée.

Le conférencier évoque l'affaiblissement géostratégique de l'Occident, dont témoigne l'enlisement vietnamien, et rappelle que la victoire contre Hitler s'est faite avec l'aide de Staline et a conforté l'émergence d'un système totalitaire communiste aussi effrayant que le régime nazi. Il critique également le tropisme pro-communiste de l'intelligentsia occidentale qui a trop longtemps soutenu un régime totalitaire, aussi impitoyable que terrifiant.

***

On comprend que la charge de Soljénitsyne ait pu surprendre son public, qui attendait une critique acerbe du communisme. L'auteur estime que l'ignominie du régime soviétique n'est plus à démontrer et ne lui trouve aucun attrait. Il estime néanmoins, après plusieurs années d'exil aux États-Unis, qu'il est de son devoir de dire sa vérité à son auditoire. Une vérité peu amène, qui peut se résumer en une mise à nu de la crise spirituelle qui traverse l'Occident.

« Est-il vrai que la vie de l'homme et l'activité de la société doivent avant tout se définir en termes d'expansion matérielle. Est-il admissible de développer celle-ci au détriment de l'ensemble de notre vie intérieure ? »

Le conférencier en appelle à cesser de considérer notre idéologie matérialiste mortifère comme l'alpha et l'oméga de la vie humaine, et nous enjoint à retrouver une vie intérieure, qui est, selon lui, l'essence de la vie humaine. Une vie humaine dont le but est de s'élever spirituellement, et non d'acquérir, encore et encore, jusqu'à ce que mort s'ensuive.

La fin de la conférence décrit le sursaut qu'appelle Soljénitsyne de ses voeux.

« Le monde, aujourd'hui, est à la veille sinon de sa propre perte, du moins d'un tournant de l'Histoire qui ne le cède en rien en importance au tournant du Moyen Âge sur la Renaissance : ce tournant exigera de nous une flamme spirituelle, une montée vers une nouvelle hauteur de vues, vers un nouveau mode de vie où ne sera plus livrée à la malédiction, comme au Moyen Âge, notre nature physique, mais où ne sera pas non plus foulée aux pieds, comme dans l'ère moderne, notre nature spirituelle. »

***

Que l'on partage ou non les avis très tranchés de l'auteur de « L'Archipel du Goulag », « Le déclin du courage » impressionne par sa finesse de la compréhension de la « tectonique des plaques » qui se joue en 1978 (déclin de la vie spirituelle, matérialisme et juridisme galopants, pouvoir d'influence immense aux mains des médias, usage dévoyé de la liberté, prix à payer pour la décolonisation, etc.).

« Le déclin du courage » a l'immense mérite de porter un regard sans concessions sur le déclin de l'Occident, obnubilé par l'accumulation de richesses au détriment d'une vie intérieure en voie de disparition. le caractère prophétique de certaines analyses du conférencier frappe le lecteur du XXIe siècle, qui assiste médusé au choc des civilisations annoncé par Soljénitsyne, et constate que la recherche du profit reste le paradigme central de l'Occident.

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Ce livre retranscrit un discours iconoclaste prononcé par le prix Nobel de littérature lors de la remise des diplômes de l'université de Harvard en 1978. Là où les oreilles de l'Occident attendaient qu'il fustige une nouvelle fois l'Orient communiste responsable de sa déportation au goulag et de son exil, Soljenitsyne choisit à l'improviste de changer de cible, pour renvoyer dos à dos les deux systèmes. Il le fait au nom d'une recherche spirituelle où transparaît sa foi chrétienne, heurtée par le matérialisme propre aux deux modes de vie : la dictature communiste et la démocratie moderne, sclérosée selon lui par la promotion de l'individualisme via une législation abrutissante.
Selon Soljenitsyne, l'homme occidental typique est un lâche qui refuse d'hypothéquer son bien-être, et se laisse ainsi anesthésier, incapable de trouver la volonté pour mener à bien de grands projets, de grandes oeuvres : le nivellement par le bas au nom du bonheur de tous. Même à l'époque, ce constat n'était pas nouveau, Alexis de Tocqueville en observait déjà les prémices dans de la Démocratie en Amérique : « Je vois une foule d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils remplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres ». Je soupçonne d'ailleurs Soljenitsyne d'avoir puisé dans cette source pour alimenter sa réflexion.
Depuis, à partir de la déliquescente satiété dénoncée par Soljenitsyne, les idoles de la démocratie se sont affermies et ont pris de nouveaux noms : « politiquement correct », « inclusivité », « bienveillance »… autant de signes totémiques engendrant des tabous, participant de cette société aseptisée et superficielle, d'où disparaît tout échange d'idées en profondeur dans la simple crainte de froisser autrui et/ou de gâcher son droit à jouir de l'opulence occidentale. Nous bâtissons ainsi notre mal, que Philippe Muray appelait le Bien.
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1978, Alexandre Soljénitsyne s'adresse à une promotion universitaire de Harvard. Alors que les Américains s'attendent à ce qu'il embrasse le “monde libre”, il développe contre toute attente dans son discours une critique virulente de l'individualisme occidental et regrette la chute spirituelle de notre civilisation ainsi que sa décadence.

Il n'oublie pas de s'attaquer au régime soviétique et dénonce, à l'Est, la dictature du Parti unique basé sur le mensonge. Il déplore cependant ensuite le fait que nos sociétés occidentales gomment toute notion de vie intérieure pour la remplacer par une vision "consumeriste".

Corrélativement, il dénonce le rôle des médias, outil de mise en oeuvre du conditionnement des esprits en vue de l'imposition d'une pensée unique, ainsi que celui d'une société générant des principes de droit faisant fi du Bien commun pour asseoir des règles sur la base de l'intérêt de quelques-uns.

Soljénitsyne dénonce les deux blocs de l'époque par ces mots : « vous savez, sans le souffle de Dieu, sans conscience morale, l'un et l'autre des deux régimes qui se font face sont hostiles à l'homme. » Refusant de prendre partie, il montre que si à l'Est, la société soviétique est un « Etat sans lois », l'Occident déchristianisé est quant à lui menacé par un « juridisme sans âme » où le droit régit tous les aspects de nos vies, où la revendication et la défense des droits de l'individu sont poussées jusqu'à l'excès.

Malgré tout, le discours de Soljénitsyne est empli d'espoir, par un ton bienveillant il affirme qu'un sursaut moral et spirituel est toujours possible : l'homme doit se redresser et se réveiller car l'espoir est indispensable au courage.

Quel discours magnifique mettant l'Homme au centre du débat et non l'individu. Et ce propos me semble aujourd'hui d'une actualité criante. le communisme est mort mais le "progressisme" libéral reste vivant et chante les louanges de l'Individu favorisant ainsi la conquête de nos sociétés occidentales par une idéologie politico-religieuse conquérante.

Personnellement, je m'interroge si Alexandre Soljénitsyne hier loué pour sa dissidence ne serait pas aujourd'hui voué aux gémonies pour ce discours du fait de la vision conservatrice de son discours. Pourtant je pense que le courage qu'il prône et dont il faut faire preuve dans le monde déshumanisé que nous connaissons aujourd'hui est plus que jamais indispensable. Ce qui n'est pas sans me rappeler les propos d'Ernst Jünger qui affirmait que "le courage est le vent qui nous porte vers les rivages les plus lointains ; c'est la clef de tous les trésors, le marteau qui forge les vastes empires, le bouclier sans lequel aucune civilisation ne saurait durer ». Mais aujourd'hui, cet auteur serait aujourd'hui décrié sur la base d'une partie son parcours philosophique et politique.

Mais peut importe il faut des penseurs courageux pour redonner à l'homme l'importance qu'il n'aurait jamais dû perdre.
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Intéressant ce regard sans concession du grand écrivain russe Soljenitsyne sur notre civilisation occidentale. Pas d'angélisme dans son analyse de notre société matérialiste orientée vers la recherche de la facilité, de la tranquillité… Un discours prononcé en 1978, qui reste très actuel, et ne manque pas de faire penser aux idées exposées par Aldous Huxley dans "le meilleur des mondes".
Et le questionnement demeure : "Les activités humaines et sociales peuvent-elles légitimement être réglées par la seule expansion matérielle ?"
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Ce qui est décrit comme le déclin du courage dans la classe des
dirigeants pourrait s'apparenter au souci de popularité et de
communication dans un souci court-termiste de réélection et de pensée
conforme. C'est également le souci du bien-être matériel et du confort,
satisfaisant les besoins des hommes jusqu'à leur ôter toute volonté de
se remettre en question, estimant que le rapport gain / risque de tout
perdre serait trop défavorable. Pourtant, depuis 1978, sont apparus des
mouvements "décroissants" refusant toute prospérité économique qui se
ferait au détriment de l'environnement. Il est étonnant de voir l'auteur
fustiger la presse et son impuissance alors que l'affaire du Watergate
peu de temps auparavant a prouvé le contraire. Il est intéressant de
voir combien Poutine, le dirigeant russe, semble s'être inspiré des
écrits de l'auteur dans le paragraphe traitant de la liberté et de
l'homme politique sortant de l'ordinaire qui serait entravé dans ses
actes "grandioses" par un contrôle démocratique excessif. le taux
comparé de criminalité entre l'Ouest et l'Est, en faveur de ce dernier
camp, n'est pas fiable. En effet, comment peut-on imaginer des
statistiques fiables dans une dictature ? Enfin, à quoi peut ressembler
une atteinte aux biens quand l'économie est caractérisée par une pénurie
globale de biens individuels ? L'auteur ne se détermine pas vraiment
entre son pays socialiste caractérisé par un épanouissement spirituel et
l'Occident de l'épanouissement matériel. C'est mettre de côté un peu
vite les grands esprits occidentaux de cette époque (Aron, Sartre).
L'adversité du socialisme, propre à forger les caractères selon
l'auteur, n'a rien à envier à l'adversité du capitalisme de l'Occident.

Enfin, quel pied de nez de l'Histoire quand l'auteur annonce que le mode
de vie occidental a de moins en moins de chance de devenir le mode de
vie dominant, 12 ans avant la chute du mur et le triomphe du capitalisme
au niveau mondial (hormis quelques exceptions telles Cuba et la Corée du
Nord) faisant dire à certains qu'il s'agit même de "la fin de l'histoire".

Une mise en garde intéressante et peut-être visionnaire est celle
concernant le rôle majeur de la Chine dans les années à venir pouvant
mettre à mal voire assujettir l'hégémonique Amérique. le tournant de
l'Histoire qui est envisagé par l'auteur à la fin du discours n'est
peut-être pas celui auquel il s'attendait, soit le chute du mur et la
dissolution du bloc communiste, mais celui à venir et probablement plus
douloureux et pour lequel nos dirigeants manquent de courage, à savoir
celui de la transition énergétique et de la gestion de la pénurie à
venir dans un monde à la démographie galopante.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Aucun des présents, je l’espère, n’ira me soupçonner d’avoir procédé à cette critique partielle du système occidental à la seule fin de mettre en avant, à la place, l’idée du socialisme. Non, certes, armé de l’expérience du pays du socialisme réalisé, de toute façon je ne proposerai pas une alternative socialiste. Que tout socialisme en général comme dans toutes ses nuances aboutit à l’anéantissement universel de l’essence spirituelle de l’homme et au nivellement de l’humanité dans la mort c’est ce qu’a montré l’académicien Chafarévitch dans les profondes analyses historiques de son livre si brillamment argumenté.
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Nous avons placé trop d'espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu'on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. À l'Est, c'est la foire du Parti qui la foule aux pieds. À l'ouest, la foire du Commerce : ce qui est effrayant, ce n'est même pas le fait du monde éclaté, c'est que les principaux morceaux en soient atteints d'une maladie analogue.
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(...) Après avoir souffert pendant des décennies de violence et d'oppression, l'âme humaine aspire à des choses plus élevées, plus brûlantes, plus pures que celles offertes aujourd'hui par les habitudes d'une société massifiée, forgées par l'invasion révoltante de publicités commerciales, par l'abrutissement télévisuel, et par une musique intolérable.

Tout cela est sensible pour de nombreux observateurs partout sur la planète. Le mode de vie occidental apparaît de moins en moins comme le modèle directeur. Il est des symptômes révélateurs par lesquels l'histoire lance des avertissements à une société menacée ou en péril. De tels avertissements sont, en l'occurrence, le déclin des arts, ou le manque de grands hommes d'Etat. Et il arrive parfois que les signes soient particulièrement concrets et explicites. Le centre de votre démocratie et de votre culture est-il privé de courant pendant quelques heures, et voilà que soudainement des foules de citoyens Américains se livrent au pillage et au grabuge. C'est que le vernis doit être bien fin, et le système social bien instable et mal en point.

Discours de Harvard (extrait) - juin 1978
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(...) Si l’homme, comme le déclare l’humanisme, n’était né que pour le bonheur, il ne serait pas né non plus pour la mort. Mais corporellement voué à la mort, sa tâche sur cette terre n’en devient que plus spirituelle : non pas un gorgement de quotidienneté, non pas la recherche des meilleurs moyens d’acquisition, puis de joyeuse dépense des biens matériels, mais l’accomplissement d’un dur et permanent devoir, en sorte que tout le chemin de notre vie devienne l’expérience d’une élévation avant tout spirituelle : quitter cette vie en créatures plus hautes que nous n’y étions entrés.


Discours de Harvard (extrait) - Juin 1978
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Plus l’humanisme est devenu matérialiste dans son développement, plus il a donné prise à la spéculation de la part du socialisme puis du communisme. Si bien que Karl Marx a pu dire (1844) : « le communisme est un humanisme naturalisé. »
Et cette affirmation n’est pas dénuée de sens : dans les fondements de l’humanisme érodé comme dans ceux de tout socialisme il est possible de discerner des pierres communes : matérialisme sans bornes ; liberté par rapport à la religion et la responsabilité religieuse (menée, sous le communisme, jusqu’à la dictature antireligieuse) ; concentration sur la construction sociale et allure scientifique de la chose (les Lumières du XVIIe siècle et le marxisme). Ce n’est pas un hasard si tous les serments verbaux du communisme tournent autour de l’Homme avec un grand H et de son bonheur terrestre. Monstrueux rapprochement, n’est-il pas vrai, que la constatation de ces traits communs à la conception du monde et à l’existence de l’Occident d’aujourd’hui et à celle de l’Orient d’aujourd’hui ! Mais telle est bien la logique de développement du matérialisme.
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Histoire de la conception, du parcours...jusqu'en France en 1968 du livre . Nombreux témoignages de personnalités en France et aussi en URSS.
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