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EAN : 9782072854217
64 pages
Gallimard (26/09/2019)
4.13/5   91 notes
Résumé :
L'écrivain et avocat François Sureau, dans le prolongement de ses prises de positions publiques récentes, fait état des nouvelles menaces pesant sur nos libertés civiques et individuelles.
Le titre de son essai reprend la célèbre citation de François-René de Chateaubriand, « sans la liberté il n'y a rien au monde, elle seule donne du prix à la vie ».
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Que ferions-nous sans la liberté ? Celle qui a été gagnée dans la souffrance, par les luttes et souvent par le sang. Et qu'avons-nous fait, gouvernés et gouvernants, de cette liberté héritière du passé ? Lorsque l'on observe la société française, on se dit que les libertés publiques ne tiennent plus qu'à un fil. Les trois derniers quinquennats auront fini un travail de sape qui dure depuis presque trente ans. Que ce soit la gauche ou la droite, la liberté ne signifie plus rien pour la classe politique dirigeante. Comme l'exprime éminemment bien François Sureau, « la gauche a abandonné la liberté comme projet. La droite a abandonné la liberté comme tradition (…) » Finalement plus rien ne tient. Tout s'en va à vau-l'eau. Les injustices deviennent monnaie courante. Quant au Peuple, leurré depuis le Serment du Jeu de Paume, s'est progressivement laissé séduire par les illusions de la modernité.
Mais les propos de François Sureau viennent en priorité cogner ceux qui ont le pouvoir et qui n'en n'ont rien fait. En tant qu'intellectuel, à sa manière, écrivain, de talent, et haut fonctionnaire, il a pu côtoyer et examiner ces gens du pouvoir : «j'ai vu, dit-il, depuis dix ou vingt ans les meilleurs caractères se corrompre comme dans un bain d'acide (…) caractère de l'administration, du parlement, du gouvernement et souvent des juges. » La France n'est pas et n'a jamais été le pays des Droits de l'homme, juste celui de la Déclaration. C'est regrettable ! Mais cela explique cette démocratie sans liberté. Nous avons été privé de cette liberté sans même nous en rendre compte. Dans ce petit essai-témoignage François Sureau tente une vaine conscientisation. Il souhaite un dernier réveil des Français.e.s. Il le fait par le truchement de quelques auteurs connus, notamment Simone Weil : « L'esclavage avilit l'homme jusqu'à s'en faire aimer; la vérité, c'est que la liberté n'est précieuse qu'aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement ». Et il finit par une recommandation : « Travailler à assurer au plus grand nombre cette possession effective, tel devrait être notre principal souci. » Charge à nous de faire re-vivre cette liberté en voie de disparition.
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Cette collection Tracts mérite son succès, du moins si j'en crois le nombre de lecteurs, de critiques, et les différents numéros publiés par Gallimard.
Je n'ai lu que celui-ci (recommandé par Pierre Lieutaghi dans son très bon La surexplication du Monde) et le N°2 d'Erri de Luca, par appétence pour cet auteur dont je connaissais les engagements politiques.
Je ne baigne donc pas dans la sphère du droit et de la justice dans laquelle François Sureau nous entraine pour décrypter l'évolution récente de notre société et ses soubassement, relativement à la question centrale et si souvent évoquée de la Liberté.
C'est une lapalissade que de dire que c'est un concept central de notre république, Liberté, Égalité, Fraternité. Mais que mettons nous derrière ? Ou plutôt, qu'en reste-t-il ?
C'est bien cela que se demande cet avocat spécialisé dans les défenses des libertés publiques, notamment face à l'état.
Car les citoyens abandonnent de plus en plus leur liberté, si chère, à un appareil étatique que de moins en moins de frein retiennent de glisser vers un régime sécuritaire. Telle est la thèse de ce Tract, le passage de citoyen à sujet, la perte progressive des gardes-fous qui empêche l'état de se retourner contre ceux qu'il est censé protéger.
A chaque affaire, chaque problème, de nouvelles lois surgissent, de nouvelles facilités pour les forces de l'ordre, de moins en moins de contrôle, de moins en moins de libertés, en définitives ; celle-ci est morcelée, amoindrie sous le regard indifférent ou consentant des citoyens qui, eux, n'ont rien à se reprocher et laissent faire.
Là est le problème et la solution, la reprise en main des outils de l'état, de la constitution par nous, qui en sommes les constituants. La liberté n'est pas acquise, elle se défend par l'éducation, l'implication. Au lieu de l'individualisme qui nous isole, il faut aussi défendre les droits de nos voisins pour conserver sur le long terme, les nôtres. Ce qui nous a poussé à bâtir notre république ne dois pas être, en fin de compte, ce qui la pousse vers sa fin.

Un essai brillant, convaincant, très orienté sur le droit et sa destruction, mais aussi philosophique qui intéressera tout le monde en ces temps d'état d'urgence normalisé...
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Un essai intelligent sur la notion de Liberté et les atteintes aux libertés individuelles sous couvert de sécurité.
Un plaidoyer flamboyant accessible à tous.
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"Nous sommes déjà habitués à vivre sans liberté" énonce en page 2 de ce petit essai, paru dans l'intéressante collection Tracts chez Gallimard, l'avocat et écrivain François Sureau. Dénonçant la montée d'un état policier de plus en plus violent, utilisant des armes de guerre (fusil d'assaut) face à des citoyens manifestant dans la rue, choisissant qui a désormais le droit de manifester en excluant certaines personnes en raison de leur passé judiciaire, érigeant ainsi un pouvoir policier dont l'objectif premier n'est plus la protection des citoyens mais la punition, il explique comment les trois quinquennats de Sarkozy, de Hollande et de Macron ont peu à peu, de façon progressive et insidieuse érodé les libertés dans notre pays, au nom de la sécurité. Pour lui, la France n'est pas et n'a même jamais été le pays des droits de l'Homme mais le pays de la Déclaration des droits de l'Homme. La Vème république, issue de la Constitution de 1958, crée d'emblée les conditions de cette atteinte progressive et devenue permanente aux libertés des citoyens. Les pouvoirs publics ont endormi les libertés individuelles par une propagande sécuritaire montante et devenue quasi-permanente. Selon François Sureau, le droit pénal français est l'un des plus durs qui soient. La demande de sécurité est légitime mais elle a servi de prétexte à l'instauration d'un pouvoir de plus en plus autoritaire, qui de plus en plus considère le citoyen libre comme un délinquant en puissance. Les libertés ne sont plus, dès lors, un droit mais une concession du pouvoir. D'où l'instauration progressive, en parallèle, à cette tendance d'une véritable censure, véritable atteinte à la liberté de pensée et à la liberté d'expression. Cette perte de confiance des dirigeants dans la capacités du citoyen libre conduit à transférer le pouvoir des citoyens vers une administration rigide, autoritaire et castratrice des libertés. Cette érosion des libertés a été le fait aussi bien de gouvernements de gauche qui "ont abandonné la liberté comme projet" que de gouvernements de droite qui "ont abandonné la liberté comme tradition", laissant la place à un centrisme autoritaire faisant des individus des citoyens soumis.
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Découvert par un entretien de l'auteur sur France Culture.

M. François Sureau nous interpelle sur notre rapport à la liberté et sur la représentation de cette valeur de nos jours.
Il y dénonce les successions de réformes sur le système judiciaire, la dégradation de la séparation des pouvoirs, nos comportements d'individus et non de citoyens.
L'auteur énumère les différents phénomènes et évenements qui illustrent notre rapport à la notion de liberté et montre également la négligeance autant par les citoyens que par les gouvernements.
Enfin, la dernière partie est consacrée à l'amour de la liberté et aux conditions nécessaires à sa sauvegarde.

Un texte clair et percutant.
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critiques presse (1)
LaCroix
27 septembre 2019
Dans un texte grave, François Sureau alerte sur la fragilité des libertés publiques en France et nous presse de retrouver le sens de la citoyenneté politique.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
"Il y a quelques semaines, deux cents personnes à peu près manifestaient, immobiles, place de la République à Paris, pour dire leur réprobation de l’action de la police dans la répression d’une soirée à Nantes, à l’issue de laquelle un jeune homme s’était noyé dans la Loire. Les forces de l’ordre représentaient trois fois leur nombre. Elles étaient surtout armées en guerre, le fusil d’assaut barrant la poitrine. Ce fusil était le HK G36 allemand, qui équipe la Bundeswehr depuis 1997 et qui, largement exporté, a servi aux forces déployées au Kosovo, en Afghanistan et en Irak. Il tire des munitions de 5,56 millimètres selon trois modes de tir, rafale, rafale de deux coups ou coup par coup, avec une portée pratique de cinq cents mètres, une cadence de sept cent cinquante coups par minute, une vitesse initiale de neuf cent vingt mètres par seconde. Il s’agissait à l’évidence moins d’encadrer que d’intimider, d’exercer une pression de type militaire"
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La gauche a abandonné la liberté comme projet. La droite a abandonné la liberté comme tradition, comme élément central d'une tradition nationale au sens d'Edmund Burke. La premier camp réclame des droits "sociétaux" comme on dit aujourd'hui, dans un long bêlement progressiste, le deuxième réclame des devoirs, dans un grand bêlement sécuritaire.
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En attendant , nous assistons sans mot dire au remplacement de l'idéal des libertés par le culte des droits. C'est ainsi que personne ou presque ne se choque plus de la multiplication des lois répressives dès lors qu'elles semblent faites pour punir notre voisin et non pas nous même. Dans ce mouvement, l'État lui-même change de nature. Il n'est plus rien que le garant, y compris répressif, des droits individuels, chaque groupe pouvant se réjouir que la main publique tombe sur une communauté après l'autre, pour la récompenser ou la punir. Au tourniquet des droits , chacun attend son tour . Chacun attend le châtiment de l'autre.
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Le législateur a préféré doter l'Etat du moyen de contrôler la participation individuelle de chacun à une manifestation, c'est-à-dire d'intimider, non le délinquant, mais bien le citoyen lui-même. Il ne reste rien de la liberté de manifester si le gouvernement peut choisir ses opposants.
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Je ne me serais pas donné le ridicule d’écrire ce mot d’honneur qui est trop grand pour moi, pour nous peut-être, si je n’avais eu souvent l’impression ces dernières années qu’il était tout près d’être oublié, un vieux mot à demi effacé par l’usage et par l’abus, comme laissé pour mort au bord d’une route, le cadavre d’un oiseau devant lequel le passant s’arrête en se demandant à quelle espèce inconnue de lui il a bien pu appartenir.
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Videos de François Sureau (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Sureau
Cette semaine, Augustin Trapenard reçoit François Sureau pour "S'en aller", édité chez Gallimard. "Je connais peu d'images aussi frappantes que celle par laquelle Nabokov décrit le départ d'un train : ce sont les wagons qui reculent le long du quai. Quant à la destination, elle n'est jamais celle qu'on a entrevue, en esprit, au moment de s'en aller".
François Sureau, écrivain reconnu, explore dans son dernier ouvrage la quête commune de ceux qui cherchent à s'évader des contraintes du quotidien. Avec une plume élégante et introspective, il évoque la fascination pour l'ailleurs, partageant des anecdotes de voyages et des rencontres marquantes. de Victor Hugo à Philby père et fils, en passant par Patrick Leigh Fermor, l'auteur tisse ici un récit captivant autour de ces âmes en quête d'une liberté insaisissable.
À travers les récits de ses propres voyages – de la Hongrie post-Mur de Berlin à l'Inde et l'Himalaya, en passant par les horreurs de la guerre en Yougoslavie – il nous transporte dans un monde où l'aventure devient le fil conducteur de l'existence. Son écriture, empreinte de poésie et de réflexion, célèbre la beauté des découvertes et la richesse des expériences vécues.
En revisitant ces moments clés de sa vie, François Sureau nous invite à contempler la grandeur de l'inconnu et à embrasser la diversité du monde qui nous entoure. À travers cette méditation sur l'aventure, il nous rappelle que la recherche de la compagnie de ceux qui partagent notre soif d'évasion est un voyage en soi, une quête perpétuelle de sens et de beauté
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