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Isabelle Jannès-Kalinowski (Traducteur)
EAN : 9782234083479
628 pages
Stock (30/08/2023)
4.11/5   9 notes
Résumé :
Prénom ? Roman, Romain, Romouchka, Emile. Nom de famille ? Kacew, de Kacew, Gari, Gary, Ajar, Sinibaldi, Bogat. Lieu de naissance : Wilno, Koursk, Moscou, steppes russes, en 1914, en mai, en décembre, dans l'après-midi... " Difficile de mettre de l'ordre dans la biographie hors norme de Romain Gary, unique auteur à avoir reçu deux fois le Prix Goncourt (pour Les Racines du Ciel et La Vie devant soi), diplomate, scénariste, pilote de guerre, voyageur.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Toute sa vie, Romain Gary aura brouillé les pistes, reconstruisant sans cesse son personnage, accumulant les affabulations, se dédoublant en multiples identités, faisant en définitive de son existence un véritable matériau créatif, malléable, sublimable jusqu'à l'oeuvre d'art. Jusqu'à s'y perdre aussi, pris à son propre piège. L'universitaire, journaliste et écrivain polonaise Agata Tuszynska, connue pour ses biographies et ses récits d'inspiration autobiographique, évoque le parcours de ce « jongleur » d'exception, aviateur et Compagnon de la Libération, diplomate et écrivain aux deux prix Goncourt, dans un récit documenté où se mêlent des éléments de sa propre histoire.


Roman Kacew, Romain Gary, Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat, Emile Ajar : le romancier s'est si bien démultiplié pour mieux se réinventer qu'il a fini par se retrouver menacé par son propre double. Bien avant ce summum de la mystification, il n'avait cessé de réécrire ses différents rôles, se choisissant une ascendance tartare et une filiation avec le comédien et réalisateur russe Ivan Mosjoukine, s'affirmant demi-juif seulement et fils unique sans père. D'ailleurs, qui ne connaît l'amour follement fusionnel, au coeur de la promesse de l'aube, qui l'unit si exclusivement à sa mère ? Pourtant, l'écrivain avait bel et bien des demi-frères et soeur, dont il ne parla jamais : Walentyna et Pawel, issus des secondes noces de son père Leïb Kacew et morts adolescents en déportation, mais aussi Josef, enfant d'un premier mariage de sa mère Mina, et qui, lorsque Roman avait huit ans, vécut un an sous leur toit, à Wilno en Pologne – aujourd'hui Vilnius en Lituanie.


Rendue particulièrement sensible, par ses propres origines et par les silences de sa mère rescapée du ghetto de Varsovie, au vécu du jeune Roman, sauvé quant à lui par leur départ pour Nice, sa mère et lui, en toute fin des années 1920, Agata Tuszynska a fouillé les archives, parcouru les lieux sur les traces de l'enfant, du jeune homme, puis de l'homme et des siens. Avec autant de méthode que d'empathie et de finesse, elle lève les zones d'ombre, rectifie les mensonges et les omissions tous révélateurs de vérités psychologiques profondes, reconstitue dans toute sa complexité la personnalité de Gary, ses formidables ressorts en même temps que ses failles et blessures. Loin de la biographie distanciée, son récit la voit s'impliquer personnellement, s'adresser à l'écrivain comme si elle lui tendait le miroir qui le dévoilait conteur de son propre mythe, enfin en dresser un portrait sans concession, débarrassé de sa sublimation romanesque. Toujours, dans cette narration, le parcours de Gary apparaît marqué à l'encre indélébile de l'Histoire, plus précisément, - et c'est là que le vécu de l'auteur contribue à sa perspicacité - à jamais infléchi par la déflagration de la Shoah et par ses répercussions sans fin sur la mémoire et la manière d'être des survivants et de leurs descendants.


A la fois très personnel et solidement étayé par un important travail d'enquête et de documentation, le regard hautement empathique d'Agata Tuszynska fait place nette des idées reçues pour un portrait réaliste, en tout point fascinant, d'un homme qui, non content de son destin déjà exceptionnel, s'attacha constamment à le réécrire.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Librairie les Mots et les choses- Boulogne-Billancourt / 25 novembre 2023--12 janvier 2024


Déjà 1 mois et demi... que j'ai achevé ce "pavé biographique" épatant; einième biographie du "caméléon" Romain Gary; même Dominique Bona, devant la fascination éprouvée devant cet écrivain et la complexité de la tâche, avoue dans
" Mes Vies secrètes" que son engouement pour le travail de biographe et d'enquêteur, lui est venu devant "ce cas atypique"de l'auteur de la "Vie devant soi" et de "La Promesse de l'aube" ...

"Hormis quelques dates, nous ne sommes sûrs de rien.

Il est né en 1914 à Vilna sous le nom de Roman Kacew.
Il est mort en 1980 à Paris sous le nom de Romain Gary.
Citoyen du monde déraciné qui n'a jamais trouvé de chez soi.

Écrivain, aviateur, diplomate, Don Juan moderne. (..)

Il se référait souvent au caméléon.
Le caméléon prend la couleur de l'endroit où il se trouve. Pour sa sécurité. On le met sur un tapis rouge, il devient rouge, on le met sur un tapis vert, il devient vert, blanc sur du blanc.Mais une fois sur un tapis écossais, il devient fou.Gary disait, catégorique : c'était ça ou devenir écrivain."

Une lecture captivante; une biographie des plus impressionnante de par ses multiples questionnements, et sa documentation spécialement riche !
Parallèlement, ce qui m'a le plus intéressée, hormis le parcours des plus mouvementés de l'écrivain qui "jongle" à longueur de temps avec ses multiples visages, ce sont les interrogations très intéressantes de l'auteure face "au travail du biographe", tout à fait unique et spécial, en son genre !

Comment tel auteur subitement s'implique plusieurs années durant , dans la "peau d'un ou d'une autre " pour devenir comme son ombre ? Qu'est ce qui le pousse à s'épuiser dans une tâche aussi délicate et dévorante ?!

Dans la situation présente, l'auteure nous explique en partie que les origines et certains des éléments familiaux de l'histoire de Romain Gary font écho à sa propre enfance : fille unique d'une mère juive aussi envahissante que possessive, qui ne refera jamais sa vie avec un autre homme, où sa fille restera l'unique but de son existence. D'où les exigences et poids phénoménal qui pèseront sur ses épaules... Ainsi , à travers ces similitudes avec Gary, elle se sera comme trouver "un Double" !

"D'où vient ce besoin incessant de traquer un auteur ? D'où vient ce besoin de chercher l'homme dans l'artiste, de le mettre à nu, de lui lire dans la main ?
Qu'est-ce qui nous anime ? Pourquoi voulons nous savoir qui il était au quotidien, sous le voile de la nuit ou à la frontière du rêve ?
Nous devons être poussés par la tentation impudique de nous mettre dans la peau du génie. de le percer à jour, de le dominer. Par pure curiosité ou peut-être par envie de l'imiter? À quoi peut servir ce reflet dans le miroir ? À en savoir plus sur nous-mêmes ?"

Une biographe à la fois admirative et lucide vis à vis de la complexité du caractère de Gary, sa personnalité narcissique, dont, il faut reconnaître que l'enfance et la jeunesse n'ont pas été de tout repos, entre l'amour passionné, fusionnel de sa mère pour son fils unique, et son ambition sans limite... Mère Courage, sur-ambitieuse, mais combien personnalité écrasante... Sans omettre le contexte historique terrible; la guerre, les différents exils... sa judaïcité qu'il occulte au maximum !

Je pensais connaître assez bien le parcours de Gary, j'ai toutefois appris de nouveaux éléments, dont ses talents, et pas des moindres, de "polyglotte" et de traducteur, parfois, de ses propres textes !!

Un style plaisant, une mine d'informations... Les questionnements honnêtes , exigeants de l'écrivain me renvoie au récit passionnant d'une spécialiste des biographies, s'interrogeant sur les mêmes questions du rôle du "Biographe" :
"Mes vies secrètes" de Dominique Bona....




***** voir lien: https://www.babelio.com/livres/Bona-Mes-vies-secretes/1098990/critiques/1795140
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Un livre sur Gary. Bonheur total. Quoique, c'est risqué. C'est que j'adule Gray, je suis ultra fan de ses livres. C'est l'auteur que j'admire, dans son cas on peut dire le personnage auteur qu'il donne à voir dans ses autobiographies romancées et témoignages romancés, ou qu'ont dévoilées les premières biographies à son sujet. Mais a-t-on vraiment envie de connaître tous les détails de la vie de quelqu'un que l'on admire au risque de finir par tomber sur sa face sombre ? Alors quel besoin me direz-vous d'aller lire les ouvrages sur Gary, au lieu de me contenter de ses romans et de ses écrits ?
A travers ses romans, on entrevoit forcément la personnalité de l'auteur par les choix de ses personnages, dans les dialogues qu'il met en scène. Donc oui, j'ai envie d'en savoir un peu plus.

Le livre d'Agata Tuszynska nous offre un récit sans complaisance, qui ne contredit pas pour autant l'admiration qu'elle porte à Gary. Agata Tuszynska a construit un récit en trois parties ; Kacew, Gary, Ajar, suivant l'évolution de la vie de l'auteur. Elle entrecoupe son récit de considérations plus personnelles, de référence à des auteurs polonais en particulier. Elle passe vite sur certains aspects, s'attarde sur d'autres, explique ses choix et les sources qui lui permettent d'affirmer ou d'infirmer certains propos de Romain Gary. On suit la vie de Romain Gary, sa relation à sa mère, son père ; sont évoqués les membres de sa famille, réelle ou supposée, de son demi-frère jamais évoqué à son non-père souvent évoqué. Ses migrations à travers le monde, de l'exode vécu enfant, son départ pour sauvegarder une certaine idée de la France à ses pérégrinations dans sa carrière diplomatique, ses voyages liés à ses choix culturels, son exil financier. C'est un homme qui a réellement vécu à travers le monde, qui se trouvait imprégné des cultures étrangères. Est-ce parce qu'il a connu très tôt différentes cultures, qu'il parlait différentes langues et que quoi qu'il en ait dit par la suite, la maîtrise d'une langue est essentielle pour comprendre un peuple, qu'il a été ensuite si ouvert et sensible à différentes cultures, si prompt à les comprendre, à les ressentir. Au cours du livre, on suit l'histoire à laquelle fut confronté Romain Gary, mondiale ou régionale, le monde dans lequel il a inscrit son histoire plus personnelle.

Et donc son histoire plus personnelle : sa mère, au tout premier plan, ses amis, ses femmes, sa famille. Ah, les femmes ! Comment passer l'épreuve de la remise en cause moderne du machisme dominant à l'époque ? Mal. Mal et de manière un peu schizophrène entre une parole qui portait aux nues l'Amour unique, le « paysan qui honorait la même femme tous les soirs de leur vie [je cite de mémoire, il a dit quelque chose de ce genre] » et ses actes qui concernaient un nombre effrayant et désespérant de femmes, parfois plusieurs lors d'une même journée. Des citations pour louer la féminité présente en tout homme, le discours anti-macho et la réalité dans laquelle il avait visiblement besoin de s'assurer de sa virilité et qui l'autorisait à utiliser les femmes un peu trop comme des objets. Reste une certaine réciprocité qu'il admettait chez les femmes, Lesley comme Jean étaient des femmes libres et aux moeurs légères (je ne sais pas si je choisis le bon terme pour dire qu'elles ne vivaient pas leur sexualité de manière traditionnelle). Voilà. C'est le moment de dire qu'il faut séparer l'auteur de son oeuvre mais évidemment pour Gary cela peut poser problème.

Tout au long du livre, qui suit l'histoire de Gary de manière chronologique, on suit aussi l'évolution de son oeuvre, les livres sont commentés, plus ou moins brièvement et sont inscrit par quelques explications claires et éclairées dans l'histoire, dans la vie de Gary et dans l'ensemble de son oeuvre. Et on sent bien qu'Agata Tuszynska maîtrise tout à fait l'oeuvre Gariesque.
Gariesque, qui a l'avantage de rimer avec picaresque, et qui permet d'éviter Garienne aux sonorités déplaisantes dans ce cas précis. Agata Tuszynska a titré son livre le jongleur en référence aux artistes de la commedia del arte, aux prestidigitateurs en tout genre et c'est un beau titre bien choisi pour le symbole de la recherche de l'impossibilité de la balle supplémentaire du jongleur.

On suit l'évolution du personnage que Gary, plus précisément Kacew, a créé de lui-même, personnage qu'il fait évoluer pour différentes raisons. On fait tous cela un peu je crois. Se créer un personnage, une idée de soi qui ne correspond pas tout à fait, pas vraiment ou pas du tout à notre vrai moi intérieur, c'est selon. Gary le faisait forcément avec ses personnages de roman dans lesquels il mettait un peu de l'idée qu'il avait de lui-même, mais il le faisait de son personnage-avatar Gary puis Ajar, qu'il avait peut-être voulu faire vivre en partie d'une manière qui corresponde à un bout de lui-même. On sent bien que tout cela va mal finir. Et on le sent très tôt que tout cela va mal finir. Parce qu'on le sait, certes, mais parce qu'Agata Tuszynska écrit bien les pensées négatives de Romain Gary, les dépressions, les angoisses, les idées suicidaires qui l'ont très tôt habité et accompagné.

Pas de grande révélation dans ce livre mais des éclaircissements, des mises aux points, des éclairages particuliers. Un point de vue, beau, admiratif et même amoureux. Un amour tout à fait platonique si j'ai bien compris, un amour plutôt fraternel qui correspond totalement à mon propre ressenti. Agata Tuszynska s'adresse à l'auteur dans des lettres. Une belle histoire d'amour entre une lectrice et un auteur. Et les histoires d'amour finissent mal en général. Sauf si c'est nous qui les écrivons.

Vous aurez compris que j'ai été conquise. J'ai adoré ce livre, mais c'était facile, c'était couru d'avance, je suis entièrement acquise à la cause. Pleine d'une admiration lucide cependant, alors la face sombre de Gary ne m'a pas étonnée plus que cela.

Un détail m'a manqué : sont évoqués différents aspects de ses livres, de ses personnages. Je me suis souvent interrogée, et continue de le faire d'ailleurs, sur le baron, personnage récurrent et totalement déplacé dans chacun des livres où il apparaît : est-il l'incarnation d'une idée ? de l'auteur lui-même ? Il y a sûrement un livre qui parle de lui, une thèse qui existe quelque part et qui en propose une analyse. Si quelqu'un est au courant de quoi que ce soit sur le sujet, il faut me faire signe, merci.

A tous les admirateurs de Gary, je recommande ce livre sans hésitation.

Lien : https://chargedame.wordpress..
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J'ai beaucoup apprécié ce livre qui est un incontournable pour tous les inconditionnels de Romain Gary, dont je suis. J'adore l'auteur et l'homme qui a eu 10000 vies.
Ce livre est très complet et offre un panorama détaillé de l'oeuvre et de la vie de Romain Gary. Ce livre se divise en 3 parties: 1) Kacew, la plus importante (280 pages) sur l'enfance et la vie avec sa mère, 2) Gary (env 150 pages) sur ces 2 mariages épiques avec L. Blanch et J.Seberg, et 3) Ajar ( env 100 pages) sur son "double" littéraire.
Ce livre n'est cependant pas une biographie conventionnelle, mais un livre miroir de l'autrice qui se questionne également sur son enfance juive et sa mère Polonaise (comme Gary).
Ce livre fourmille de détails dont certains que j'ignorais ou avais oubliés (le fait qu'il n'était pas fils unique, qu'il était polyglotte..).
Un très bon complément aux biographies de Dominique Bona et Myriam Anissimov.
Bref, un livre à conseiller même si le style de l'autrice manque un peu de fluidité par moments.
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critiques presse (2)
LeMonde
31 octobre 2023
Agata Tuszynska ne peut que s’interroger. Et les lecteurs de Romain Gary replonger dans ses textes, à la recherche d’une hypothétique clé cachée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
25 septembre 2023
Dans un récit brillant, l’écrivain polonais brosse un portrait cinglant du romancier, nourri par de nombreux documents inédits sur ses racines slaves.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Le silence entourait la judéité tout autant en Israël qu’aux États-Unis où se trouvaient la plupart des survivants. Le jeune État préférait les mythes fondateurs héroïques et les Américains voulaient eux aussi regarder vers l’avenir, pas derrière eux où s’agitaient les spectres effrayants de la guerre. On parlait, d’ailleurs de manière générale, d’Holocauste ou d’Extermination.
Le terme « Shoah » n’existait pas. C’est Claude Lanzmann qui l’employa, à la surprise de beaucoup de gens, en 1985, intitulant ainsi son célèbre documentaire. Gary fut un des premiers à faire entrer le thème de l’extermination des Juifs dans la littérature française. Avec Elie Wiesel, Anna Langfus, Piotr Rawicz. Sa voix est pourtant différente. Pas de larmes ou de demande de pitié, pas de chagrin ni de souffrance des victimes. Mais plutôt un rire bruyant, un humour sardonique, de la provocation cynique.
Il traitait l’humour comme une « façon habile de désamorcer le réel au moment même où il va vous tomber dessus ». Il lui devait ses « seuls instants véritables de triomphe sur l’adversité. » Il disait : « Le comique a une grande vertu : c’est un lieu sûr ou le sérieux peut se réfugier et survivre. » Ses personnages le pratiquaient. Lui beaucoup moins. Pourtant il reconnaissait sa capacité à vaincre le désespoir.
Il dit aussi : « C’est comme ça : vous marchez dans les villes allemandes – et aussi à Varsovie, à Łódź et ailleurs – et ça sent le Juif. Oui, les rues sont pleines de Juifs qui ne sont pas là. C’est une impression saisissante. » Les morts dominent les vivants.
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D'où vient ce besoin incessant de traquer un auteur ? D'où vient ce besoin de chercher l'homme dans l'artiste, de le mettre à nu, de lui lire dans la main ?
Qu'est-ce qui nous anime ? Pourquoi voulons nous savoir qui il était au quotidien, sous le voile de la nuit ou à la frontière du rêve ?
Nous devons être poussés par la tentation impudique de nous mettre dans la peau du génie.De le percer à jour, de le dominer. Par pure curiosité ou peut-être par envie de l'imiter? À quoi peut servir ce reflet dans le miroir ? À en savoir plus sur nous-mêmes ?

( p.54)
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Hormis quelques dates, nous ne sommes sûrs de rien.

Il est né en 1914 à Vilna sous le nom de Roman Kacew.
Il est mort en 1980 à Paris sous le nom de Romain Gary.
Citoyen du monde déraciné qui n'a jamais trouvé de chez soi.

Écrivain, aviateur, diplomate, Don Juan moderne. (..)

Il se référait souvent au caméléon.
Le caméléon prend la couleur de l'endroit où il se trouve. Pour sa sécurité. On le met sur un tapis rouge, il devient rouge, on le met sur un tapis vert, il devient vert, blanc sur du blanc.Mais une fois sur un tapis écossais, il devient fou.Gary disait, catégorique : c'était ça ou devenir écrivain.
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« J’assistais en spectateur à ma deuxième vie », reconnaissait-il avec fierté. « Aucun des critiques n’avait reconnu ma voix et pourtant c’était la même sensibilité. » C’est étrange, lui qui ne se faisait aucune illusion quant aux aptitudes intellectuelles et morales des critiques parisiens, il courait pourtant après leur reconnaissance. Malgré son succès aux États-Unis et dans le monde entier, d’ailleurs.
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Il avait coutume de dire : « Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend ans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. […] Il n’y a plus de puits, il n’y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l’aube, une étude très serrée de l’amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu. Je ne dis pas qu’il faille empêcher les mères d’aimer leurs petits. Je dis simplement qu’il vaut mieux que les mères aient encore quelqu’un d’autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. »
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