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EAN : 9791030706130
400 pages
Au Diable Vauvert (14/09/2023)
3.47/5   18 notes
Résumé :
Temps et espace ont perdu leur sens. Trois astronautes, morts ou vivants, mènent une guerre sans fin contre la Compagnie, une entreprise de biotechnologie à l’origine de la destruction de la Terre.

Créatures monstrueuses au nom oublié, renard bleu glissant dans les détales de l’espace-temps, poisson géant conservant la mémoire d’un passé autre que le sien… avec cette nouvelle œuvre majeure, VanderMeer s’impose en maître du post-apocalyptique et en vér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Continuant à creuser, Jeff VanderMeer s'enfonce toujours plus loin dans les profondeurs de la Weird Fiction avec son dernier né : Astronautes Morts.
Petit retour en arrière pour bien commencer.
Dans Borne, son précédent roman, l'américain imaginait une Ville en forme de cauchemar post-bio-apocalyptique parcouru par des créatures chimériques dont le fameux Mord, un Ours géant qui vole.
Dominé par le bâtiment de l'énigmatique Compagnie, la cité n'en finit pas d'agoniser et se retrouve en première ligne d'une guerre sanglante entre organismes génétiquement modifiés et ce qu'il reste du consortium.
Alors qu'elle parcourent la zone, Rachel, l'héroïne de Borne, croisait le chemin de trois cadavres d'astronautes. Une scène surréaliste qui aurait pu rester parmi les nombreuses images rémanentes laissées aux lecteurs après la lecture de Borne.
Mais Jeff VanderMeer a d'autres plans.
Grâce à Gilles Goullet (et sa traduction complètement folle) ainsi qu'Au Diable Vauvert (qui s'acharne à défendre l'oeuvre unique de l'américain en France), vous voici transporter à travers le temps et l'espace en compagnie de trois astronautes pas comme les autres…

Vous serez accueilli dans Astronautes morts par un trio de personnages complètement fou : Grayson, Chen et Mousse. Trois astronautes qui voyagent à travers le temps et l'espace, qui visitent d'infinis versions de la Ville et combattent encore et encore (et encore) la Compagnie pour la faire tomber. Grayson peut voir l'avenir par son oeil aveugle, Chen perçoit le monde qui l'entoure par le biais d'équations quand il n'utilise pas l'une de ses mains comme un projectile explosif, et Mousse peut se diviser et fusionner avec d'autres versions d'elle-même. Autant dire que si vous sentez le sol se dérober sous vos pieds d'emblée, c'est tout à fait normal.
Astronautes Morts incarne le contre-pied narratif de Borne.
Complètement éclaté, remonté et reconstruit, le récit se rapproche davantage d'une expérimentation à La Cité des Saints et des Fous qu'à une histoire linéaire plus traditionnelle (si tant est que Jeff VanderMeer ait déjà produit quelque chose de traditionnel un jour).
C'est donc un voyage abrupt qui vous est offert, sorte de livre-compagnon de Borne qui expand l'univers par le travers, qui laisse le lecteur ramasser le puzzle au sol pour comprendre l'ensemble. Il faut dès lors accepter de se laisser porter et entraîner dans une sorte de multivers où des versions différentes de Chen tentent de s'entretuer, où Mousse fusionne encore et encore et où Grayson revient sur la Terre pour rencontrer Mousse pour la première fois. Ou la Treizième. Qui sait ?
Jeff VanderMeer illustre la lutte perpétuelle, le fond avec le temps et l'espace, imbrique les dimensions et fait volontiers se perdre le lecteur.
Comme on aime à se perdre dans un labyrinthe de maïs sauf que cette fois, des créatures étranges vous guettent à chaque tournant.

Ceux qui sont familiers de l'oeuvre de VanderMeer le savent, il n'est pas un roman de l'auteur sans animaux totems en son sein. Des champignons aux suricates en passant par les ours, l'américain a l'art de transformer le banal en quelque chose d'étranger, d'inquiétant et, souvent, d'obsédant.
Astronautes Morts ne fait pas exception puisque l'on croise un Léviathan à la mémoire déstabilisante, un canard à l'aile brisé et, bien sûr, un renard bleu qui glisse entre les dimensions. Rien que ça.
Poussant les curseurs, Jeff VanderMeer entreprend de nous faire pénétrer l'esprit torturé de ces créatures issus des laboratoires de la Compagnie et des expérimentations malsaines d'un certain Charlie X.
On y retrouve le même goût pour brouiller les pistes mais aussi pour créer des psychés complètement différentes de la nôtre, déviant la perception du monde et des autres pour en faire une expérience déroutante.
Les monstruosités deviennent tour à tour des proies et des prédateurs, des victimes et des bourreaux. Insaisissables, émouvantes même.
L'américain capte l'horreur capitaliste que représente la Compagnie pour montrer la destruction sans fin de notre monde et de notre humanité, il plonge dans l'expérience sur la chair comme il l'avait si magistralement fait avec son Veniss Underground pour créer un mur de globes où des choses recombinées souffrent et attendent la libération.
Tout culmine dans l'horreur de manipulations digne d'un roman de body-horror pour finalement prendre une voie complètement différente et construire le récit poétique en diable d'un renard bleu qui nous dit sa peine, ses espoirs et ses luttes. Un renard qui vit même dans la mort, et qui croise nos astronautes dans l'infinité des possibles.
C'est complètement fou, certainement extrêmement clivant par la même occasion mais carrément génial à l'arrivée.

Astronautes morts est une expérience post-moderne et expérimentale totale, qui emploie l'écriture comme un laboratoire de papier.
On assiste par exemple à la répétition de phrases sur des pages entières, les mots devenant une sorte de papier-peint où l'indicible se planque pour en faire ressentir les infimes épitaphes de ceux qui veulent se libérer entre parenthèses. VanderMeer envisage la fiction comme une immersion, comme une fusion des perceptions de son lecteur.
Un engagement total qui épuise et agace parfois. Souvent.
Pourtant, les visées politiques et écologiques du texte sont bel et bien là. Avec cette métaphore du capitalisme et de la science qui dévorent l'homme et surtout la Nature. Une Nature transfigurée par l'action d'individus fous et destructeurs qui copie et dénature, mais ne comprennent jamais que toujours l'espoir subsiste tant que la vie elle-même résiste.
Avec ce texte en constante mutation, Jeff VanderMeer nous explique la beauté d'animaux entrés en résistance, la folie de choses-humaines chimériques qui peuvent devenir une pluie de salamandres ou d'êtres vivants las qui trouvent la mort sur un rivage en attendant demain.

Astronautes Morts est un sommet de la weird-fiction, un objet littéraire radical qui obsède et laisse des traces. Jeff VanderMeer n'est pas pour tout le monde, certes, mais le monde, lui, est bel et bien à Jeff VanderMeer. Complètement fou et incomparable jusqu'à son dernier renard.
Lien : https://justaword.fr/astrona..
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J'ai rarement été autant perturbée et abasourdie par le début d'un roman. Celui-ci est particulièrement déroutant car l'on ignore totalement où l'on débarque, quand, comment, qui ou quoi sont exactement les choses ou les individus qui évoluent au fil des paragraphes. L'écriture hachée, fragmentée, parsemée de répétitions associées aux manières de communiquer des trois premiers protagonistes, tout, absolument tout est mystérieux, étrange et déconcertant.

On avance à l'aveugle, à la recherche de repères, de descriptions plus solides, plus concrètes, on espère impatiemment des éclaircissements, quelques réponses… Ce qui fait que l'entame du livre donne une impression de longueur exagérée… Être perdu dans un livre peut soudain devenir magique et envoûtant, mais ici, c'est la frustration qui prend le dessus…

Une fois quelque repères identifiés, plus familiers, tels les particularités de caractère des personnages, il devient un peu plus facile de se projeter et d'entrer en empathie avec eux. On commence peu à peu à s'approprier les pages et ainsi à trouver notre rythme de lecture.

Le passage du temps, sa gestion, la manière d'appréhender les heures, l'espace, les êtres vivants, tout semble extraordinaire car lointain. Tout paraît chaotique, incertain, menaçant… On ressent comme une certaine claustrophobie… Perdre la tête ou ne pas perdre la tête, telle est la question !

Un climat de pesanteur, de lourdeur, associé à un inconnu incessant permanent, achève de nous déboussoler. le trouble est total. La réflexion, la mise en perspective, l'empathie avec Grayson, Mousse et Chen, la transposition dans le temps, à leur place… tout reste flou.
Mille et une questions s'enchaînent, s'entremêlent et l'immersion devient plus prégnante, car l'implication psychologique s'est enfin débloquée.

Avant de lire ce livre, jamais je n'aurais pu imaginer penser à un « moi » qui devrait tuer un autre « moi » ! Une autre version de moi-même que le temps et l'espace m'auraient permis de croiser. Plus perturbant, tu meurs !

Le destin de ces trois astronautes embarqués dans une guerre clairement épique contre « La Compagnie » reste assez ardue à suivre. le récit n'étant pas linéaire, mais surgissant par vagues afin d'approfondir chaque personnage, son évolution, son rôle, son pouvoir, sa destinée… on reste toujours un peu perdu…

Je pense que je ne suis pas suffisamment familiarisée avec ce genre d'écriture déliée, à la ponctuation hachée, aux phrases nominales morcelées, et au genre en lui-même.

Je reste déstabilisée par cette lecture qui fut laborieuse. Mais il n'en est pas moins évident que Jeff VanderMeere possède un talent, un imaginaire incroyables, indéniables, et que les fans du genre vont être époustouflés et voir leur cerveau se retourner !
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Ce roman est très étrange ou particulier, il est difficile d'en parler et d'exprimer un ressenti avec des mots tant l'expérience est troublante.

Irrévocablement, quand j'ai commencé à lire, j'ai pensé à la célèbre expérience du Chat de Schrödinger où le chat est à la fois vivant et mort.

Car ces astronautes ont eu aussi des statuts opaques, à la fois vivant et mort, dans le passé ou le futur, parcourant inlassablement les versions altérées de la même ville, rencontrant les mêmes personnes qui peuvent être amies ou ennemis, c'est fonction.

Trois astronautes très différents dans leur manière d'appréhender la lutte et dans les caractères. Mention spéciale à la sensible Mousse que j'ai trouvée la plus fascinante des trois, ceci dans sa manière d'appréhender la notion même du vivant et de son intelligence.

Leur adversaire, la mystérieuse compagnie, responsable de la destruction de la Terre, dont on découvre toute l'horreur au fil du récit


Alors, oui, il faut s'accrocher pour arriver à décoder le récit !

Les chapitres de taille très inégale (quelques pages à une centaine) se focalisent successivement sur un personnage ou un groupe de personnage et donnent accès à des bouts d'histoires, histoires qui ne se déroulent pas forcément dans la même période temporaire. Oui, ça complique les choses !


Petit à petit, va alors se dévoiler ce qu'est réellement la compagnie, et comment à travers la folie de son dirigeant et de ses expériences monstrueuses, la destruction du monde a pu avoir lieu.

Malgré tout, certains chapitres sont abordés sous un angle non dénué de poésie ; qui rend le récit presque beau malgré l'horreur.


Astronautes morts, c'est aussi un exercice sur le style et de formatage du texte, avec des pages incomplètes, de multiples répétitions qui accentuent certains traits du récit pour mieux faire passer un message.

Je n'ai pas tout compris, il est vrai, mais j'ai trouvé ce livre tellement différent de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, que j'ai trouvé que rien pour ça, le livre vaut le détour.

Mention spéciale au traducteur, ça n'a pas dû être facile de traduite un livre comme celui-là.

C'est un voyage intéressant que j'ai pu faire et que je ne regrette pas, malgré tout, le livre est assez ardu et il faut clairement s'accrocher pour arriver à suivre la pensée de l'auteur.

Merci aux éditions Au Diable Vauvert et à Babelio. Belle découverte
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Merci à Babelio et son Masse Critique ainsi que la librairie qui m'a permis d'acquérir ce livre, ou devrais-je dire cet ovni.

Ovni ? Oui ! J'adore la science-fiction et pour le coup ce livre est totalement dans le thème. le style d'écriture en lui même et la narration sont vraiment troublantes. Je ne le cache pas : j'ai eu beaucoup beaucoup de mal à accrocher. il m'a fallu revenir plusieurs fois en arrière pour mieux comprendre. Parfois même, je lisais sans vraiment être présent à ma lecture, un peu comme si je m'ennuyais du récit. Donc après avoir passé plusieurs pages sans être pleinement concentré, pas le choix, j'ai du revenir en arrière.

L'histoire autour des différents êtres est très particulière. Oui, les personnages doubles qui portent les mêmes noms, etc. Tout est quand bien écrit pour s'y perdre. C'est en se forçant qu'on commence petit à petit à déceler des détails, détails faisant office de points de repère.

J'ai réussi à aller jusqu'au bout mais ce fut laborieux. le genre de livre qu'on a du mal à évaluer. Oui, un bel ovni dans la littérature science-fiction.

A découvrir quand même, surtout pour les fans de l'originalité particulière.
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Ça y est, on est dans le futur : l'humanité a fini de dénaturer le vivant, précipitant sa perte et ses futurs potentiels. Les créatures qui lui survivent sont autres, déprogrammées, maudites, terriblement seules, et souffrent, cherchent depuis longtemps.
Dans une version de cette réalité, trois astronautes égarés dans les dédales du temps et de l'espace essayent de réparer cette toute autre sorte de péché originel - mettre fin à cette terrible boucle.

Attention, Astronautes morts va vous coller un vertige quantique / nostalgique / existentiel ; ce texte est si beau et triste à la fois que c'en est doux-loureux. On remercie Vandermeer d'avoir répondu à l'urgence de trouver de la beauté là où l'humain a tout gâché, encore et encore, pour toujours et même après la fin. Même si l'on n'y comprend pas tout, ce roman se révèle une grande claque poéticosmique, à lire pour la langue et le pansement qu'il pose sur une blessure dont on ignorait souffrir.
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critiques presse (1)
Syfantasy
11 décembre 2023
En maître de la new-weird, l'auteur brise les codes narratifs habituels, enchaîne les situations et personnages incongrus (le fameux canard !), ne laissant aucun répit au brave aventurier littéraire assez fou pour s'aventurer dans les pages de ce livre de SF explosif et jubilatoire.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
De ses prémonitions, de ses équations, il faisait de la poésie, parce qu'elles s'étaient avérées factuellement inutiles pour lui, parce qu'il n'était jamais sûr de ne pas voir en réalité le passé. Un passé.
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Mais en fin de compte, la joie ne peut pas repousser le mal.
Elle ne peut que vous rappeler pourquoi vous vous battez.
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Ils étaient de la couleur du sable, qui parfois se déplaçait et s'immobilisait, passait entre les pattes sans qu'ils s'en aperçoivent, mais qui jamais ne serait pas là. Jamais ne s'éroderait car il était déjà ce qu'il était censé devenir.
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Come to think of herself as a ghost during that time,
lost among the stars and star matter,
haunting herself,
haunting dead space,
haunted by her many selves.
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