C'est grosso modo, l'histoire du camp de concentration/extermination d'Auschwitz/Birkenau après sa libération en 1945.
L'histoire de ce camp, après la libération, est assez étonnant, mais pas vraiment tant que ça. Ça s'explique.
Au départ, après la libération, ça commence par les habitants des alentours qui tamisaient les cendres à la recherche de, peut-être, quelques valeurs, du genre dents en or. Puis le démontage des baraquements et récupération pour reconstruire des habitations pour la Pologne dévastée.
Puis la transformation en un musée, mais au contraire de ce que l'on pourrait imaginer, un musée en hommage aux polonais assassinés dans le camp. On a mis du temps pour reconnaître que la majorité étaient des juifs, polonais ou pas. Et aussi des tziganes. Ça se comprend puisqu'au départ le musée était maintenu par le gouvernement polonais mais pire que ça, sous contrôle des soviétiques qui ne semblaient pas s'intéresser à lier les juifs à l'activité principale du camp.
Parmi les détails de la vie du camp après la libération, on trouve même une période où des soeurs carmélites ont été installés dans un des baraquements.
L'auteur présente, quand cela se fait nécessaire, les conditions de fonctionnement et d'évolution du camp pendant la période de fonctionnement en tant que camp de concentration. C'est utile pour ceux qui lisent ce livre sans connaître les détails de son histoire. Certains de ces points sont peu abordés par ailleurs. Je cite comme exemple, la décision de bombarder ou pas le camp ou les chambres à gaz-crématoires avant la libération, ce qui aurait pu épargner la vie de plusieurs milliers de juifs.
Ce livre a été publié en 2005. Peut-être que ça mérite une actualisation, mais je ne connais pas d'autre ouvrage avec un contenu équivalent.
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(p.63)
La fonction du crématoire n'est jamais de mise à mort. Il sert à l'incinération, comme au cimetière du Père Lachaise par exemple. Sa fonction peut être banale; elle ne l'est pas dans les camps. D'abord pour des raisons culturelles. L'incinération des corps n'est pas alors une pratique courante dans les divers pays de culture catholique, en France, par exemple. Elle ne l'est pas non plus pour les Juifs. Les morts sont censés reposer dans leur intégrité -pour les Juifs religieux jusqu'à la venue du Messie - dans la terre, la leur, celle de leur village, de leur pays. La réduction en cendres rend la mort anonyme. Elle signe l'achèvement du processus de négation de l'individu qui commence dès l'entrée au camp. "Plus rien ne nous appartient, écrit Primo Levi dans Si c'est un homme, ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures et même nos cheveux [...] Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom." Et on peut rajouter : jusqu'à notre mort, jusqu'à notre dépouille. Pour le concentrationnaire, le crématoire est la matérialisation permanente de la mort, le rappel permanent, par la fumée et par l'odeur, de la précarité de son existence. Le" crématoire est devenu un symbole majeur du camp de concentration. Tous les récits l'évoquent : "On sort par la cheminée."
A quelques jours de la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, "La Grande Librairie" propose une réflexion sur la mémoire. Pourquoi et comment se souvenir ? Deux historiennes, deux témoins et une romancière livrent autant de récits sensibles et nécessaires. Augustin Trapenard accueille ainsi Michelle Perrot pour "S'engager en historienne", publié chez CNRS Editions, Annette Wieviorka pour "Anatomie de l'Affiche rouge", paru au Seuil, Robert Birenbaum pour "16 ans, résistant", édité chez Stock, Marie Vaislic pour "Je ne savais pas que j'étais juive", publié chez Grasset, et Claire Deya pour "Un monde à refaire", paru aux Editions de l'Observatoire.
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