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Jean-Claude Capèle (Traducteur)
EAN : 9782253095286
187 pages
Le Livre de Poche (01/04/1995)
3.8/5   305 notes
Résumé :
Stefan Zweig Clarissa «Le monde entre 1902 et le début de la Seconde Guerre mondiale, vu à travers les yeux d'une femme» : ainsi Stefan Zweig résumait-il le thème de ce roman, entrepris dans les derniers temps de sa vie et retrouvé dans ses archives.

Clarissa, fille d'un militaire autrichien, est née en 1894. A l'aube du premier conflit mondial, elle rencontre à Lucerne, en Suisse, un jeune socialiste français, Léonard, qui n'est pas sans évoquer Roma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
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Manuscrit (inachevé) retrouvé dans les archives de Stefan Zweig et publié bien après sa mort, Clarissa est un délicat portrait de femme à l'aube du XXe siècle en Autriche, avec en toile de fond la montée des nationalismes qui va conduire à la première guerre mondiale.

« On sent à peine votre présence, et vous-même ne la sentez peut-être pas assez » : le vécu familial de Clarissa en a fait une jeune fille sérieuse et réservée, presque effacée. Après la mort de sa mère, son père - rigide officier statisticien dans l'armée autrichienne - la place en pension dans une institution religieuse jusqu'à ses dix-huit ans. Elle va ensuite s'essayer à diverses occupations et études dans le domaine de l'éducation et de la médecine. C'est en assistant le professeur Silberstein, qu'elle s'orientera vers la psychiatrie. Cette discipline lui permettra de s'affirmer et de découvrir l'amour avec Léonard, un professeur français rencontré lors d'un congrès en Suisse. Mais la guerre va vite les séparer et conduire Clarissa à faire des choix qu'elle regrettera amèrement...

Avec de longues phrases qui analysent avec acuité la psychologie de ses semblables, la remarquable écriture de Stefan Zweig a une saveur proustienne. le destin de Clarissa, gâché par l'absurdité de la guerre et celle, plus insidieuse, des conventions sociales, m'a laissé un terrible goût de désespoir. L'idéal humaniste de l'auteur, perceptible dans les convictions de Léonard et dans l'engagement du professeur Siberstein à l'encontre du nationalisme autrichien, s'en trouve aussi mis à mal. « Tout homme qui refuse de hurler avec les loups se retrouve tout seul », constate-t-il.

Heureusement qu'au cours de l'Histoire, certains se sont détachés avec courage de la meute. Sinon, où en serions-nous aujourd'hui ?
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Vienne, 1902, Clarissa est une jeune fille de bonne famille. Son père, officier supérieur, est un homme rigide et austère. Veuf depuis la naissance de sa fille il a confié ses enfants à ses proches et mis Clarissa en pension. Sa mise à la retraite anticipée signe le début pour Clarissa d'une vie indépendante en attendant de sa marier. Après avoir suivi les conférences du Pr Silberstein, psychiatre de renom, Clarissa devient sa secrétaire et collaboratrice.
Juin 1914, à sa demande elle part pour Lucerne afin de suivre un séminaire international. Elle y rencontre, Léonard, un jeune professeur français, socialiste. L'amour et l'amitié sont au rendez-vous , la guerre aussi ...;
Stefan Zweig a laissé ce roman inachevé. Publié à titre posthume en 1981, Clarissa est certes le portrait d'une jeune femme autrichienne entre 1902 et 1919, mais surtout le condensé des convictions politiques, sociales, géopolitiques et humanistes de S Zweig. Un livre prenant à découvrir cela va de soi
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Clarissa, dont la mère est morte en la mettant au monde est élevée, avec son frère Édouard par la grand-mère en Autriche, le père militaire étant nommé à St Petersbourg. Ce dernier est statisticien pour l'armée et plus à l'aise dans les données que dans l'expression de ses sentiments envers de ses enfants. Les souvenirs d'enfance de la petite fille sont tristes, car dès huit ans elle est confiée en pension auprès des soeurs catholiques, où elle peine à se faire des amies et les rares visites de son père sont consacrées à la vérification de ses progrès scolaires. Devenue jeune femme, elle trouve un emploi d'archiviste secrétaire auprès d'un professeur sociologue qui l'envoie, pour la représenter, à un congrès à Lucerne. C'est à cette occasion qu'elle sympathise avec Léonard, un français qui a organisé le séminaire, les deux jeunes gens se rapprochent et deviennent amants...mais en juillet 1914, l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand va séparer les deux amoureux et confronter Clarissa à un choix de vie pour ne pas finir fille-mère.

Un roman inachevé retrouvé dans les archives de Stefan Zweig et qui décrit au travers du regard d'une jeune fille, la fin de la société autrichienne, le climat de début de première guerre mondiale et son émancipation en temps que femme. Zweig retrace bien l'évolution de la jeune femme, le tiraillement entre l'amour pour un français et le climat belliqueux de l'Autriche pour la France qu'elle a du mal à comprendre, les arguments pacifistes rejetés par les va-t'en-guerre, une grossesse sans être mariée qui la condamne à l'opprobre...Stefan Zweig évoque, avec ce portrait de femme, les évènements et changements qui vont toucher la société autrichienne et même si le style (ou la traduction) est un tantinet suranné et désuet, c'est une évocation intéressante de début de siècle dans un empire que l'on sent sur le déclin.
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Je reste toujours sous le charme de l'écriture de Stefan Zweig. Certes, je suis loin d'avoir lu toute son oeuvre, mais j'ai l'impression de le redécouvrir à chaque lecture. J'adore son style qui nous fait plonger dans une ambiance qui n'appartient qu'à cet auteur je trouve.
Ici,dans Clarissa, pas un mot de trop, mais une atmosphère asse sombre, il faut le dire.
Nous sommes au début du vingtième siècle et les prémices de la première guerre mondiale sont déjà bien présents. Dans ce livre, Zweig nous invite à faire connaissance de Clarissa, fille d'un officier autrichien, visionnaire ( le père, ) avant l'heure ( et non reconnu par les siens d'ailleurs ) du conflit mondial qui se prépare.
En 1914, la jeune femme va faire la connaissance d'un français en Suisse. C'est le début de la guerre qui les sépare, et peu de temps après Clarissa va découvrir qu'elle est enceinte. Histoire assez classique, me direz-vous...
Eh bien, non, pas avec Zweig. Même si cette histoire reste inachevée ( puisqu' écrite juste avant son suicide ), elle distille pendant toute la lecture un profond sentiment de tristesse qui reflète probablement l'état d'esprit dans lequel se trouvait Zweig à cette période.
Oui, Clarissa, bien qu'attachante, respire la tristesse, et son histoire aussi.
Bien sur, comme nous restons sur notre fin, on ne peut qu'imaginer la suite, mais je ne suis pas sure que Zweig avait vraiment envie qu'elle se termine bien...Bon ceci bien sur n'est que mon humble avis.


Challenge ABC 2017/2018
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C'était très troublant pour moi de lire cette oeuvre- testament inachevée, retrouvée dans les archives de l'auteur en 1981, à Vienne, la ville natale de Stefan Zweig ( mon mari y a fait le marathon, j'étais là comme supportrice et touriste !) ...Cela m'a rendue plus poignant, plus perceptible encore le désespoir final de l'auteur, si attaché à sa belle ville, et qu'il a dû quitter, face à la montée du nazisme.

L'évocation de la vie de Clarissa, son héroïne, est le reflet de son pessimisme et de ses angoisses." Vu à travers l'expérience d'une femme, le monde entre 1902 et le début de la guerre", écrivait-il.Fille d'un militaire qui ne sait pas exprimer ses sentiments et orpheline de mère,morte à sa naissance, Clarissa grandit en pension.Intelligente et réservée, elle devient l'assistante du professeur Silberstein, un neurologue.Lors d'un congrès, elle rencontre Léonard, un jeune socialiste engagé, en Suisse.De cette passion naîtra un enfant mais dans l'Europe qui se déchire, les amants sont séparés et Léonard ne saura jamais rien de cette naissance.Le mariage qu'elle fera ensuite ne sera que désillusion.

Même si le livre est inachevé, on devine bien alors la désespérance dans la vie de Clarissa, personnage attachant et brisé par le destin. Tout comme son auteur.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Les caractères réfléchis détiennent le secret pouvoir de souligner, au moins pour de courts instants, le sérieux de ceux qui sont plus légers, de sonder leur tréfonds grâce à leur propre gravité, et Clarissa remarqua bientôt que Marion, qui n'avait pas, vis-à-vis d'elle, le même comportement qu'avec les autres, n'était pas du tout aussi insouciante et légère que son charme et sa sociabilité pouvaient le laisser supposer, voire que ce besoin incessant de sentir autour d'elle une sympathie et une affection tangibles correspondait chez cette enfant à une profonde inquiétude et même à une peur de la solitude ou de l'abandon qu'elle cherchait à masquer en parlant et en bavardant sans cesse. C'était comme si elle s'éveillait au moment où le train s'arrête et, se rendant compte qu'il n'y avait personne pour l'attendre, sentait à quel point elle était seule. De là son besoin de se faire aimer, de gagner l'affection des autres.
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Freud veut faire découvrir aux hommes la cause de leur déséquilibre psychique, et moi, je veux la leur faire oublier. Je crois qu'il vaut mieux leur en inculquer une autre qui soit inoffensive. Je ne crois pas que la vérité puisse les aider. Au contraire, il faut leur donner une illusion, quelque chose dont ils ne pourront plus démordre, pour éviter qu'ils ne dévorent leur propre foie.
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On ne peut pas s'enfermer dans son cocon, à l'heure qu'il est, comme si l'on vivait dans un autre siècle, au sein d'un autre peuple. On ne peut pas se neutraliser de force. Il n'y a qu'une seule possibilité de conserver une attitude normale et humaine face à la guerre : c'est d'aller la voir et de ne pas se contenter de la description qu'en donnent ces fauteurs de guerre qui ne mettent pas le pied au front. Tout autre comportement signifie tout simplement qu'on se laisse abuser et griser.
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On donne ce que l'on possède en soi-même, sans demander pourquoi; celui qui pense à ce que cela va lui rapporter ne donne pas assez. Il n'y a qu'une chose qu'on ne peut donner, une chose essentielle: sa liberté. Car il n'existe pas de liberté humaine sans responsabilité : "Il n'y a qu'une chose, rester soy-même", dit Montaigne, mon ami dans toutes les circonstances de la vie. C'est cela qui importe. Non pas ce que l'on donne ni pourquoi on le donne, mais ce qui vous reste, ce que l'on reste soi-même.
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Quand Clarissa, bien des années plus tard, s'efforçait de se souvenir de sa vie, elle éprouvait des difficultés à en retrouver le fil. Des espaces entiers de sa mémoire semblaient recouverts de sable et leurs formes étaient devenues totalement floues, le temps lui-même passait au-dessus, indistinct, tels des nuages, dépourvu de véritable dimension. Elle parvenait à peine à se rendre raison d'années entières, tandis que certaines semaines, voire des jours et des heures précis et qui semblaient dater de la veille, occupaient encore son âme et son regard intérieur; parfois, elle avait l'impression, le sentiment de n'avoir vécu qu'une partie infime de sa vie de façon consciente, éveillée et active, tandis que le reste avait été perçu comme une sorte de somnolence et de lassitude, ou comme l'accomplissement d'un devoir vide de sens.
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Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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