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EAN : 9782221218860
528 pages
Robert Laffont (22/08/2019)
3.73/5   107 notes
Résumé :
Du 10 juin 1940, quand le gouvernement s'enfuit de Paris, au 17, où Pétain annonce la demande d'armistice, huit jours qui ont défait la France.
" Le niveau d'essence dans le réservoir baissait dangereusement. Mme Perret se plaignait en permanence, se disputait avec Bernard qui voulait lui prendre la carte. À l'horizon en face de la colonne montaient de grandes lueurs orangées : un bombardement ? des dépôts de carburant en flammes ? Exténuée, sentant le mal au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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" La débâcle " est un roman qui pourrait bien , selon moi , marquer cette rentrée littéraire tant par sa qualité d'écriture que par sa qualité historique et l'analyse des comportements humains en cas de catastrophe .
Le contexte , c'est l'exode . Cette période s'étalant du 10 au 17 juin 1940 , période qui , entre la fuite du gouvernement de la Capitale et la capitulation de Pétain, va jeter sur les routes des milliers de personnes , en condamant beaucoup à des morts atroces .
Historiquement , le travail de l'auteur , si on se réfère à la bibliographie de fin d'ouvrage , a été colossal , abyssal et la crédibilité des propos et la description de la France ne peuvent guère être remis en cause , pas plus que l'état d'esprit qui va animer les protagonistes , connus ou anonymes ., que nous serons amenés à rencontrer tout au long du récit. Des personnages courageux ou pleutres , honnêtes ou non , attachants ou détestables , parfois " déjantés " , sincères ou hypocrites....Les fréquenter nous place au coeur de cet exode et nous amène à réfléchir à la conduite qui aurait été la nôtre en pareille circonstance .
Ça , c'est pour le décor , le contexte , l'ambiance....Mais , pour donner encore plus de crédit à l'ensemble ,Slocombe va nous placer au plus près de personnages qui ne sont pas choisis au hasard . Parmi eux , Lucien , soldat déserteur lancé à la recherche d'Hortense , sa fiancée , qui tente désespérément de fuir la Capitale elle aussi , une famille bourgeoise , les Perret , un avocat " bien placé " auprès des puissants ...et bien d'autres encore .
Tout ce petit monde prendra la même route , celle de l'exode , de la débâcle , mais ce chemin commun ne les conduira pas forcément au même endroit , ni vers un même destin .
C'est " un livre fort " , réaliste , sans temps mort , qui se lit à toute vitesse , aussi vite que si nous étions poursuivis par cette armée allemande si puissante et redoutée . Plus de 500 pages, 2 jours de lecture pour parvenir au dénouement au cours duquel nous ne sommes pas ménagés, où l'auteur termine en enfonçant encore un clou déjà bien douloureux.
C'est du grand , du très grand Slocombe , un auteur remarquable qui écrit vraiment bien , ceci expliquant encore plus " cela " si cela etait toutefois nécessaire . Un grand coup de coeur.
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Mise en lumière d'une courte mais dramatique période de l'histoire de notre pays : à la suite de la « drôle de guerre », les allemands attaquent avec violence, et l'armée française en totale déconfiture ne peut résister. 110 000 morts parmi les militaires. Pour compléter l'humiliation, ce sont huit à dix millions de civils qui quittent les grandes villes du nord et la Belgique, fuyant devant l'armée allemande pour se retrouver sur les routes, abandonnant peu à peu les biens plus ou moins précieux qu'ils avaient jugé indispensables, mais qui perdent rapidement de leur valeur lorsque la faim, le froid et les tirs ennemis les exposent à un péril mortel chaque jour : 100 000 morts et 90 000 orphelins!

Romain Slocombe met en scène alternativement les militaires et les civils, représentés par quelques personnages qu'il a choisi plutôt privilégiés, du moins avant que leur fuite ne les mette à la même enseigne que les autres exilés.
Le désarroi de l'armée est clairement évoqué, avec force détails concernant le nom des régiments, divisions, etc, et de l'armement dont ils disposaient C'est un peu complexe pour qui ne connaît pas bien l'histoire militaire, mais on peut lire rapidement ces passages, qui n'apportent rien à l'intrigue, sinon de prouver s'il cela était nécessaire, l'érudition et le sérieux de l'auteur en matière de documentation.

Quand à la famille Perret, qui quitte la capitale au volant d'une voiture de luxe, persuadée d'effectuer en quelques heures le trajet qui les mettra à l'abri, on ne peut pas dire qu'ils inspirent la sympathie. En particulier la mère, qui accorde plus d'importance à la mort de son chien qu'à celle de son employée! Seule la jeune fille, loin d'être sotte, sortira grandie de cette épreuve.
N'oublions pas Lucien et Hortense, dont le périple aura sans doute inspiré au rédacteur de la quatrième de couverture le qualificatif usurpé de road-trip et qui vivent séparément des heures denses et angoissantes. Parviendront-ils à se retrouver?

La lecture n'est pas facile, en particulier en raison des nombreux développements concernant le fonctionnement de l'armée, mais c'est un roman qui marque, et l'abondance de détails confère au récit une réalité saisissante et poignante. L'utilisation du présent renforce cette impression d'être au coeur du récit.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Une "pièce" littéraire de plus dans le "puzzle" qu'est l'ambition de l'auteur d'écrire "le grand roman noir national"... entendez l'histoire de cette France d'avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
Lorsque j'emploie les mots "pièce' et "puzzle", c'est naturellement à dessein.
Car comment Slocombe a-t-il jusqu'à présent agencé son projet en cours de finalisation ( ?) ?
Il l'a d'abord initié, et c'est un peu déroutant, avec sa, si j'ose dire, "première pièce" ( du puzzle ) que fut en 2011 le roman primé ( Prix Nice-Baie-des-Anges ) et même pressenti pour le Goncourt - Monsieur le Commandant -... une histoire sur cette France occupée dans laquelle, la délation, les corbeaux, les lettres anonymes garnissaient les sacs des facteurs et s'amoncelaient sur les bureaux des multiples "Kommandantur" allemandes.
La seconde "pièce" vit naître - la trilogie des collabos -, avec la figure centrale et marquante de l'inspecteur Sadorski ( déjà présent dans Monsieur le Commandant ), immonde crapule imaginée avec brio par le talent démoniaque de Slocombe.
En 2016 c'est - L'Affaire Léon Sadorski -, pressenti lui aussi pour le Goncourt.
En 2017 sort - L'Étoile jaune de l'inspecteur Sadorski -
En 2018 - Sadorski et l'Ange du péché - vient clore cette première trilogie... suivie aussitôt l'année d'après par le premier opus de la seconde trilogie ( La trilogie de la guerre civile ), premier opus intitulé - La Gestapo Sadorski -.
Mes lectures de la saga Sadorski s'étaient arrêtées là... j'attendais le second opus lorsque j'ai appris qu'en 2019 Slocombe avait écrit - La Débâcle -, roman dans lequel on retrouve, revenant en arrière, des personnages récurrents ayant joué un rôle important dans chacun des ouvrages constituant la saga en question.
Au passage, c'est en lisant - La Gestapo Sadorski - que j'ai eu connaissance de l'existence de - La Débâcle -...
Autant dire que lorsque vous entamez la lecture de - La Débâcle -, une partie de votre plaisir de retrouver ces personnages est gâchée par le fait que, si vous avez suivi Slocombe et respecté la chronologie de la parution de ses livres... ce que je croyais avoir fait scrupuleusement... vous savez le sort que leur a réservé l'auteur dans la suite de son " grand roman noir national "...
Voilà en beaucoup de mots pourquoi j'ai utilisé ceux de "pièce" et de "puzzle".

Après s'être donc attaqué précédemment aux thèmes de la France des délateurs, de la première année de l'Occupation avec les prémisses de la Résistance, du sort réservé aux Juifs, en particulier en 1942 avec la rafle du Vel d'Hiv', des signes avant-coureurs de la possible défaite allemande avec en corollaire l'importance prise par la Résistance intérieure ( je fais court ne cherchant pas à établir une liste exhaustive de tous les éléments qui façonnèrent cette période... les déportations, le marché noir, etc...), Slocombe nous ramène en juin 1940... exactement au lundi 10 juin 1940... date à laquelle il fait débuter ce qu'on appelle " l'exode " ou " la débâcle ".
Durant sept jours, du lundi 10 juin au lundi 17 juin, il nous fait vivre au plus près ce que fut cette grande débandade de l'armée française... "trahie" par ses chefs militaires et politiques, par son impréparation, par son sous armement, son sous-effectif, par un pays encore meurtri par la Grande Boucherie de 1914/1918, gangrené par l'extrême droite, laquelle, dit-on aurait joué un rôle non négligeable dans la défaite et la mise en place du gouvernement de Pétain...Ce dernier faisant... si vous avez un peu d'Histoire, le 17 juin 1940, le "don de sa personne à la France"..."Les chefs étoilés qui viennent de perdre la guerre s'emparent du pouvoir."
Il nous fait vivre au plus près de la famille Perret, une famille de grands bourgeois du XVIe arrondissement, d'un brigadier juif de l'artillerie, photographe de renommée fréquentant tous les artistes de l'époque, d'un joli mannequin, compagne depuis cinq ans du brigadier photographe, d'un avocat fasciste et de sa "drôle" de femme.
Autour d'eux L Histoire va dérouler son implacable trame, trame constituée d'une multitude d'autres petites histoires parmi lesquelles Slocombe va en choisir quelques-unes pour illustrer de manière "incarnée", "représentée", ce que fut cette débâcle.

Comme dans ses précédents ouvrages, l'auteur fait appel aux mêmes procédés narratifs.
Essentiellement une connaissance et un respect de l'Histoire que je salue après lecture de chacun de ses romans.
Tout le travail de reconstitution est fait avec une minutie quasi obsessionnelle.
Les objets, les vêtements, les journaux, les magazines, les films, les chansons, leurs interprètes ; on a vraiment l'impression d'y être.
Pour cette débâcle militaire et cet exode civil, tous les détails concernant l'armement ( avions, chars, véhicules, canons, mitrailleuses, fusils etc ), l'esprit des soldats, de leur commandement, sont restitués avec un réalisme travaillé, étudié, réfléchi, respecté.
Pareil pour l'exode des civils.
Un extrait parlant du contexte reconstitué.
"Hommes à pied, officiers motorisés, tout le monde crève de chaud. Interdiction, dans l'armée française, qui ne possède qu'une seule tenue pour l'année, de se passer de capote d'hiver, vareuse, cravate et de tout le fourniment, cartouchières, baïonnettes, linge de rechange, vivres de réserve, gamelle, plats et bouteillons, couverture, toile de tente, pelle à tranchée, matériel de campement... alors que les Boches, qu'il a vus de loin au franchissement de la rivière, après avoir été transportés en camion, attaquent sans paquetage, parfois en bras de chemise, col et manches retroussées, sinon torse nu !
Leurs bottes molles ne font pas de bruit et ils sont dotés de mitraillettes d'un modèle récent, très efficaces pour arroser à courte distance."

Dans ce road-trip historique et "noir" qui débute avec Paris qui se vide de tous ceux qui peuvent quitter la capitale menacée par les Allemands, Slocombe nous livre une oeuvre romanesque d'un réalisme saisissant. Petites et grande Histoire se fondent dans un ensemble d'une tenue irréprochable.
C'est palpitant de bout en bout.
Tous les personnages, sans exception sont à la hauteur de cet excellent roman.
Roman de chair, roman sensuel, roman de vie, roman de mort, roman de guerre, thriller historique.
Encore un coup de maître de cet auteur très "productif".
Il me reste à lire les deux derniers tomes de - La Trilogie de la guerre civile -, ce que je vais m'empresser de faire.
À lire, bien évidemment ; ce bouquin se lit comme si l'on était au cinéma, prenant d'abord connaissance des actualités de l'époque avant de savourer un superbe blockbuster reprenant dans une mise en scène à couper le souffle lesdites actualités.
- La Débâcle - peut être lue "séparément "... mais si c'était à refaire, je commencerais par celui-ci avant d'entreprendre - La trilogie des collabos -, j'enchaînerais avec - Monsieur le Commandant -... avant de m'attaquer à - La trilogie de la guerre civile -.
À vous de voir...
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Fuir la guerre, fuir l'envahisseur, fuir la dictature, fuir la misère,  fuir par courage, fuir par lâcheté,  fuir...
Ça ne vous rappelle rien ?
L'exode, les réfugiés  ?
Ici aussi, en France, on a connu ça,  n'en déplaise aux extrémistes de tous bords, tout a commencé par...
La débâcle.
C'est cet épisode dramatique de la Seconde Guerre mondiale, vu à travers le regard de l'un des romanciers qui parle le mieux de cette époque, qui nourrit la trame de ce livre.
Juin 1940.
La débâcle,  c'est une histoire de Français et de Françaises. Ces hommes et ces femmes, fuyant la capitale et les villes sous la menace de l'invasion des troupes allemandes.
La débâcle c'est aussi une armée en déroute, entre replis, désertion, soumission aux ordres.
La débâcle c'est la peur, de tout perdre, la vie bien sûr, mais les biens aussi et surtout la liberté.
Comme à son habitude (en référence à sa trilogie Sadorski par exemple) Romain Slocombe trempe sa plume dans l'encre noire.
Il y a le bruit des bottes, l'envahisseur, l'ennemi invisible. L'Allemand,  le Boche. Une partie de la population s'effraie, une autre se réjouit.
Une partie va résister,  une autre collaborer.
Mais là n'est pas le sujet de ce roman, non. Là,  on entasse le maximum, qui dans des voitures, qui dans des charrettes à chevaux, des brouettes, ou sur des vélos.  Les objets personnels, les bijoux et l'argenterie, les matelas, des victuailles et les animaux domestiques, on embarque toute la famille, on n'oublie pas la bonne, on a beau être en guerre, il faut penser à son standing. La famille Perret est de ceux-là. À bord de la magnifique Studebaker les voilà partis pour rejoindre leur famille loin des zones à risques.
Une histoire d'heures et tout le monde sera en sécurité.
Sauf que... c'est la guerre.
Les heures deviendront des jours.
Romain Slocombe nous raconte les colonnes de civiles et de militaires, jetés sur les routes, obligés de cohabiter. Il nous raconte l'espoir ou la résignation.
Inconscients parfois, ils vont plonger dans les horreurs de la guerre.
Des destins vont se croiser, se lier.
Dans le ciel les Stukas, la mitraille, les bombes. Au sol, la mort, et les corps meurtris.
Jacqueline, du haut de ses 14 ans va ouvrir les yeux sur un monde inconnu de violences et d'émotions nouvelles.
Lucien et Hortense, vont tenter de se retrouver au milieu de ce chaos.
Paul, qui se réjouit pourtant de la tournure des événements, entraînant avec lui sa femme Marie-Louise, va prendre une décision aux conséquences dramatiques.
Romain Slocombe ne travesti pas l'histoire en nous présentant, les Français comme des héros de légende, ici, ce sont des hommes et des femmes de chair et de sang avec des qualités et des défauts.
Les convictions, les peurs, l'égoïsme, la bêtise, la lâcheté aussi et parfois, le courage, il explore, au travers de ses personnages, plusieurs facettes du comportement de notre société en ces temps troublés.
Ses protagonistes ne suscitent pas forcément l'empathie, certains irritent ou pire même.
Il est honnête, il ne masque pas un visage défiguré.
C'est notre reflet dans le miroir.
Il mêle, avec talent, les personnages fictifs et la réalité de cette période.
Il plonge le lecteur dans l'époque, rien n'est laissé au hasard. Il habille ses personnages de la tête aux pieds, la lingerie féminine des années 40 ne doit plus avoir de secret pour lui, d'ailleurs.
Une fois de plus et alors que je ne m'y attendais pas au vu du sujet, j'ai dévoré ce nouveau roman d'un auteur dont je ne cesse d'apprécier le travail.
Un roman au plus près de la réalité.
La débâcle, moins barbant mais tout aussi enrichissant que certains livres d'histoire, et ça on le doit à un écrivain dont on sent toute la passion sous la plume.
Un roman noir, de cette rentrée littéraire 2019, que je vous encourage à découvrir.



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Encore un livre, qui évoque ce terrible épisode qui marque la fin de la drôle de guerre avec la conquête fulgurante de la Wehrmacht, la déroute de l'armée française, la débandade du gouvernement, l'exode des civils, les violences, les petits et grands profits... Un terrible et réaliste road movie de huit jours, avec des personnages archétypes de cette Histoire , qui s'entrecroisent , se ratent, souffrent, apprennent la vie, meurent, Un roman de plus certes, mais celui-ci , très noir, émouvant, éprouvant, est particulièrement bien documenté ( marques alimentaires, de sous- vêtements, armement, véhicules civils et militaires …) , il nous immerge, nous submerge, avec beaucoup de réalisme au coeur de ce douloureux chaos.
J'imagine une suite possible …
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critiques presse (1)
LeSoir
07 octobre 2019
Dans « La débâcle », Romain Slocombe nous plonge dans le chaos de la fuite de Paris à la veille de l’arrivée de l’armée nazie. Un périple riche, d’une rare précision historique.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Écoutez, c'est tordant ! En première page, le "fait de la semaine" : la desillusion d'Hitler. C'était le titre et plus loin : qu'on ne si trompe pas, si l'Allemagne est privée de l'apport du minerai suédois, ses fabrications de guerre sont compromises à un point tel qu'elles ne pourraient affronter la prolongation d'une lutte soutenue sur terre et sur mer. On le constate, en effet ! Plus loin encore : c'est un fait patent que l'armée allemande manque des cadres indispensables et des divisions dont le nombre a été artificiellement gonflé... Ces stupidités sont signées Louis Maurin, général du cadre de réserve, et ancien ministre de la Guerre.
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Il est frappé, un court instant, par l'incongruité de la chose: ces types, qu'il ne connaît pas, avec qui il aurait pu échanger des propos aimables lors de sa traversée touristique de l'Allemagne, avancent, gavés de slogans nazis, pour le tuer ou le capturer, lui, Lucien Schraut. Et lui doit les tuer pour se défendre. Parce que c'est la guerre. Parce qu'on ne porte pas le même uniforme. Parce que tout ça devait péter un jour. Merde. Et, si on avait le même uniforme, on serait copains. Il y a peut-être en face un autre artiste, un photographe. Un écrivain qu'il aurait lu. Ou un jeune qui rêve à la poésie. Ou un cousin éloigné... La haine qu'il éprouvait tout à l'heure reflue.
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Le fait est que les deux cents, et la gouvernance de la Banque de France, n'ont pas goûté les occupations d'usines du printemps 36, avec tout ce que le mouvement a connu d'imprévisible... ça pouvait mener à une véritable révolution bolchévique ! Tu te rends compte : aujourd'hui le populo partait aux bains de mer ; demain, il exigerait peut être de s'installer dans le fautueil de la direction ! Et puis les industriels détestent toujours augmenter le salaire des ouvriers, ça diminue leurs profits, et les dividendes de leurs actionnaires... Voilà pourquoi on a regardé de plus en plus du côté d'Hitler qui, face à Staline, représente le dernier espoir pour l'Europe unie ! Notament dans la manière de traiter les rouges et les syndicalistes. Dès 1933, Schneider-Creusot fournissait au Reich des chars français du dernier modèle, les expédiant en catimini via la Hollande. Et, depuis le début de la guerre, la France a livré des quantités considérables de minerai de fer à l'Allemagne, et reçu du charbon en retour. Cette fois le transit s'effectuait par la Belgique... Ce que je te raconte là est des plus secrets, bien entendu.
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Etonnant, se dit Hortense : les généraux français perdent une guerre, et le résultat est qu'ils se récompensent eux-mêmes en s'emparant des sièges du pouvoir !
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Des hommes, toutes classes confondues, protestaient parmi la mêlée confuse des familles encombrées de bagages, pressées et bousculées, ils criaient leur colère, leur indignation. Ceux qui n'avaient jamais eu de laissez-passer en voulaient au train spécial : celui des « nantis », des « vendus », des « traîtres ». Bientôt des projectiles en tous genre volaient vers les « vaches noires », qui ripostèrent en tirant un lot de vieilles grenades lacrymogènes datant de l'époque de la bande à Bonnot. Cela déclencha une nouvelle vague de panique, plus sérieuse que la précédente. On pleurait et suffoquait dans les fumées d'éther bromacétique. Les enfants hurlaient. Un ouvrier avait voulu ramasser une grenade avant qu'elle n'éclate ; à présent ses amis l'emportaient au milieu des badauds, son visage tout blanc, sa main déchiquetée serrée dans un mouchoir rouge. On courait dans toutes les directions, des gens trébuchaient et tombaient, des femmes perdaient connaissance. Les individus au sol étaient piétinés. On disait que déjà il y avait des morts.
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Romain Slocombe vous présente son ouvrage "Une sale française" aux éditions Seuil. Rentrée littéraire janvier 2024.
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