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David Bry (Autre)
EAN : 9782918541721
278 pages
L'Homme sans nom (08/10/2020)
3.7/5   281 notes
Résumé :
Hugo, enfant violenté par ses parents, s'est enfui avec ses amis dans la forêt, à la recherche de la princesse au visage de nuit, qui exaucerait les vœux des enfants malheureux... Il est ressorti du bois seul et sans souvenirs, et a été placé dans une famille d'accueil.

Vingt ans plus tard, alors qu'il a tout fait pour oublier son enfance, Hugo apprend la mort de ses parents. Mais, de retour dans le village de son enfance, il découvre que ses parents ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (140) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 281 notes
S'il y a bien deux atouts que je retiendrais chez « La Princesse au visage de nuit », ce sont l'ambiance et le design ! En effet, les éditions de L'Homme sans nom ont fait un très bon travail sur le maquettage : la couverture est magnifique, les intérieurs sont colorés, tandis que l'on distingue plusieurs branchages à chaque chapitre et à toutes les parties. C'est superbe ! Rien qu'au niveau du rendu, j'étais déjà en admiration du livre-objet ! Or, le résumé alléchant m'avait également attirée : il annonçait un huis-clos mystérieux où se mélangent le fantastique et le thriller/polar. Voilà un cocktail qui me plaît toujours ! Cet ouvrage n'a pas fait exception. Dès les premières pages, David Bry a su m'emporter dans son univers sombre, brutal, secret, magique et addictif. Si vous êtes un(e) adepte de thrillers fantastiques, vous serez ravis de trouver tous les éléments promettant une chouette lecture : un village rempli de non-dits, des meurtres, des drames, une légende sinistre et sanglante, des habitants cachant des choses ou ayant un comportement louche, des faits inexpliqués à la limite du mystique, etc. L'auteur maîtrise vraiment bien les codes du genre ! Si vous cherchez une lecture de saison ou quelque chose à vous mettre sous la dent pour Halloween, vous devriez être conquis. Pour ma part, j'ai adoré l'ambiance, au point que j'avais du mal à m'arrêter de lire…

Comme l'indique le titre, ce roman va tourner autour de la légende de la Princesse au visage de nuit, un spectre réalisant les souhaits les plus chers, mais à un prix colossal… Bien que j'aurais souhaité un approfondissement de cette fameuse Princesse, j'ai été sous le charme de cette idée d'être malélfique. On se demande réellement s'il est réel ou si c'est un conte narré et entretenu par les habitants à la manière du film « le village ». Qu'arrive-t-il à Hugo, ce jeune éducateur pour adolescents, ayant quitté ce village natal pour vivre à Paris ? Ses parents ont-ils eu un accident ou bien est-ce plutôt quelqu'un de malintentionné qui les a assassinés ? À moins que ce soit plutôt l'oeuvre de la Princesse ? Aux côtés de ce jeune homme perdu, on va essayer de démêler le vrai du faux. On va également enquêter sur son passé torturé. En effet, lorsque Hugo a quitté Saint-Cyr, il n'a pas qu'emporté ses bagages : il y a un poids lourd sur ses épaules… Que s'est-il passé pour qu'il décide de ne plus revoir sa famille ? D'où vient son amnésie ? Pourquoi cracher sa rancoeur lors de l'enterrement de ses géniteurs ? Cette double enquête fut terriblement intéressante ! Comprendre ces deux affaires fut intrigant et prenant.

Ainsi, je ne me suis jamais ennuyée. Les chapitres défilaient tous seuls… Pourtant, à y réfléchir, certains lecteurs n'apprécieront peut-être pas le rythme. C'est lent, mais constant, digne de Stephen King. L'action est surtout présente dans le dernier tiers de l'ouvrage. En ce qui me concerne, les mises en place lentes mais progressives ne me dérangent pas… Surtout si l'auteur propose une bonne atmosphère comme celle-ci ! Je me sentais bien au cours de cette lecture, tandis que je savourais la plume fluide, entraînante et efficace de David Bry. Celui-ci parvenait systématiquement à éveiller mon intérêt, que ce soit à travers les flash-backs de Hugo, les rebondissements, le mystère des personnages secondaires ou encore cet étrange décompte avant le solstice d'été…

« La Princesse au visage de nuit » propose tout un éventail de personnages troubles, avec des failles et des secrets. Hugo fut un héros intéressant auquel je me suis finalement attachée durant les cinquante dernières pages. J'ai aimé sa personnalité, ses valeurs, ses convictions ainsi que sa détermination malgré toutes les horreurs qu'il a traversées. Sophie, la soeur d'une amie d'antan, fut également un protagoniste dont j'ai aimé l'évolution. Sa relation avec son aînée m'a terriblement émue, en particulier dans les ultimes chapitres. En revanche, je n'ai pas accroché avec les autres personnages. Même si j'ai aimé leur rôle, les habitants de Saint-Cyr m'ont paru assez caricaturaux : la vieille folle, le vicomte, l'antiquaire, le commissaire, etc. Seul le prêtre m'a semblé être le plus nuancé. du côté des amis parisiens, j'avoue m'être longtemps demandé quel serait leur utilité dans le récit. J'avais plutôt l'impression que leur intervention nuisait à la dynamique du texte. Finalement, leur présence fut importante lors du dénouement. de plus, ils ont permis à Hugo de réfléchir sur son passé, d'emprunter le chemin de la résilience et d'avoir un but. Ce n'est donc pas une mauvaise chose (même si, je l'avoue, j'aurais néanmoins pensé qu'ils interviendraient davantage…). La seule chose sur laquelle je n'arrive pas à faire une impasse, c'est malheureusement sur la fin : j'ai trouvé les réponses trop expéditives. Tout s'est conclu avec une vitesse déconcertante et pas de la façon que j'espérais. J'attendais beaucoup plus d'imaginaire. le soufflet est un peu retombé. C'est dommage, car David Bry avait réussi à me captiver.

Je remercie Amanda avec qui j'ai lu ce roman. Comme toujours, j'ai adoré nos échanges, nos suppositions (surtout sur la Princesse ou sur la vieille Lisienne) et notre envie commune de dévorer frénétiquement les chapitres. Même si nous aurions espéré un peu plus de fantastique et même si nous n'avons pas été convaincues par le dénouement, nous avons été transportées par l'ambiance ainsi que par le concept de cette créature des bois. Pour ma part, je compte bien noter ce livre dans la sélection du PLIB, car je me suis régalée pendant les trois-quarts du récit et c'est ce qui compte à mes yeux… Merci aux éditions de l'Homme sans nom pour la découverte.
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Ayant apprécié le garçon et la ville qui ne souriait plus de David Bry, j'étais curieuse de découvrir l'auteur dans un autre genre. Voilà chose faite avec La princesse au visage de nuit que j'ai tout simplement adoré.

Dès le début, l'auteur pose une ambiance inquiétante qui m'a semblé jouer avec certains codes des films et des romans d'horreur : une très bonne maîtrise des éléments avec, entre autres, des orages qui grondent et deviennent figure menaçante, un village qui semble vivre en vase clos, une femme en noire, une ombre qui surgit dans la nuit, un inquiétant et mystérieux château autour duquel courent d'étranges rumeurs, une apparition à la fenêtre, des yeux dans la nuit, des lucioles, un fantôme qui rôderait, des noms murmurés dans le vent, une histoire de malédiction, une vieille légende évoquant une princesse au visage de nuit…

C'est d'ailleurs cette dernière légende qui m'a passionnée, l'auteur jouant habilement entre le réel et le fantastique pour stimuler notre imagination et pousser ses personnages dans leurs retranchements. Et si le mythe de cette princesse au visage de nuit, figure salvatrice en même temps que mortifère, n'était pas qu'une invention d'enfants ou un vieux conte à effrayer les esprits les plus impressionnables ? Que se cache vraiment derrière cette légende qui remonterait au Moyen Âge ?

Et surtout, est-elle liée à la mort des parents d'Hugo qui, après vingt ans d'absence, est contraint de revenir dans son village natal pour enterrer des personnes qui mériteraient plus l'enfer que le repos éternel ? Car sous couvert d'une histoire empreinte de mystère et de secrets, et d'une enquête plutôt bien amenée et menée, l'auteur évoque, entre autres, la maltraitance infantile sous différentes formes. Rassurez-vous, il n'entre pas vraiment dans les détails, nous épargnant le plus sordide. Difficile néanmoins de rester de marbre devant la souffrance d'Hugo, mais aussi de ses amis disparus il y a deux décennies lors d'une nuit de la Saint-Jean. Une nuit maudite dont Hugo ne garde quasiment aucun souvenir, mais qui semble liée à tout ce qui se passe actuellement dans ce village devenu, dès son plus jeune âge, synonyme de malheur.

Grâce à de courts chapitres glissés entre les pages, l'auteur nous permet de remonter le temps pour faire brièvement connaissance avec l'enfant qu'Hugo a été, mais aussi avec Pierre, son ancien ami à la tristesse déchirante, et la petite Sophie dont on découvrira petit à petit les terribles souffrances. À mesure que se dessine leur vie passée, on comprend leur besoin impérieux de trouver cette princesse au visage de nuit réputée exaucer les souhaits des enfants, malgré le danger d'une telle rencontre… J'ai trouvé remarquable le travail effectué par l'auteur sur les espoirs de ces enfants perdus, pour des raisons différentes, mais toujours par la faute d'adultes maltraitants soit volontairement soit par négligence. Leur sort révolte, mais peut-être encore plus la pensée que des êtres aussi jeunes en soient venus à se tourner vers la mort, ou du moins une figure légendaire potentiellement mortelle, pour supporter la vie. Comment expliquer que dans un village où tout le monde se connaît et sait tout, personne ne fait rien ? L'histoire de lâchetés individuelles entraînant un déni collectif et le drame d'enfants qui auront perdu trop tôt leur innocence, à considérer qu'ils en aient jamais eu une.

Si le passé impacte encore fortement la vie d'Hugo, c'est bien le présent qui le met face à un nouveau défi : faire la lumière sur le meurtre de ses immondes parents afin d'éviter d'être accusé de leur mort. Il pourra heureusement compter sur le soutien moral de ses amis parisiens, mais surtout sur Anne, la soeur de son ancienne amie disparue, devenue gendarme. Les deux ont en commun de n'avoir jamais vraiment pu tourner la page de leur passé. Mais comment le pouvoir quand, comme Hugo, une partie de votre passé vous échappe et vous emprisonne, et que comme Anne, vous n'avez jamais su ce qui était arrivé à votre soeur. Sans vraiment m'attacher à ces deux personnages, j'ai apprécié leur travail d'équipe et le soutien mutuel qu'ils s'apportent l'un l'autre, les poussant parfois à prendre des risques et à tenter le diable… Mais tous les deux sont bien décidés à aller jusqu'au bout de leur enquête, quitte à déterrer des secrets difficiles à supporter, mais indispensables pour avancer.

Il y a un côté enquête en huis clos étouffant que j'ai apprécié, car dès qu'Hugo est dans son village, c'est un peu comme si un étau se resserrait progressivement autour de lui et que l'oxygène venait à lui/à nous manquer. le délabrement de la maison familiale, certaines manifestations inquiétantes ainsi que certaines figures du village comme la « sorcière » qui semble se délecter de la peine des autres et en savoir plus qu'elle ne veut bien l'admettre, concourent à ce sentiment d'être pris au piège dans un village où rien de bon ne peut arriver, mais tout est à craindre. Seul un homme, ancien protecteur de notre protagoniste, apporte une touche de lumière bienvenue, alors que lui-même peut être compté au rang des âmes en souffrance. Je dois d'ailleurs dire que c'est le personnage adulte qui m'a le plus touchée. Il aurait pu/dû faire plus pour Hugo quand il était enfant, mais il n'en demeure pas moins un homme très humain, habité par ses propres douleurs et fantômes.

Les amis parisiens d'Hugo, s'ils ne sont pas d'un intérêt capital pour l'intrigue principale, permettent à l'auteur de nous montrer la place qu'ils ont et jouent dans la vie de ce dernier. Hugo et ses amis, tous avec leurs propres failles à surmonter, ont tendance à éviter les sujets difficiles et de fond, mais ils trouvent du réconfort et un peu de chaleur dans leurs soirées endiablées, leurs taquineries, leur complicité et leur solide amitié. J'aurais peut-être apprécié que ces personnages secondaires soient un peu plus développés, mais la dynamique du groupe m'a néanmoins convaincue, tout comme cette manière qu'ils ont de se soutenir et de s'aider à se (re)construire.

Quant à la plume de l'auteur, alternance de poésie et force brute, elle m'a de nouveau enchantée et conquise. J'ai apprécié la construction presque nerveuse du récit avec un compte à rebours qui engendre un certain sentiment d'urgence et d'angoisse, et des phrases courtes qui claquent et frappent. Un peu à l'image d'une histoire sombre et difficile aux teintes poétiquement mélancoliques, mais une histoire également porteuse d'amitié et d'espoir, la résilience étant en trame de fond. J'ai également apprécié les petites touches d'humour qui permettent de se distancier du drame, voire des drames. Parce que nos personnages, vivants comme morts, ont connu leur lot de malheurs…

Mais ce qui fait vraiment la force de ce thriller est son ambiance mystérieuse, entre réel et fantastique, entre secrets et suspicion, qui devient de plus en plus suffocante et angoissante à mesure qu'Hugo et Anne se rapprochent de la vérité. Leur enquête va les pousser à déterrer certains secrets, raviver des douleurs plus ou moins grandes, réveiller des peurs d'enfant, des traumatismes jamais vraiment guéris, et une légende que l'on pensait oubliée. Mais quand trouver les morts devient nécessaire pour réparer les vivants, une seule solution, déterrer le passé pour espérer un jour enfin avancer !

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Imaginez un village français tout ce qu'il y a de plus banal, perdu en pleine campagne et entouré d'une grande forêt. Imaginez à présent que des légendes courent depuis des décennies au sujet de ces bois que certains estiment hantés par le fantôme d'une jeune femme attirant à elles les enfants malheureux. Imaginez, enfin, que ces histoires aient une part de vrai, et que les disparitions et phénomènes étranges se multiplient de manière alarmante à l'approche de chaque fête de la Saint-Jean. Voilà, très rapidement, le principe de base sur lequel repose le nouveau roman de David Bry que je découvre avec « La princesse au visage de nuit » mais dont Dionysos a déjà exploré un peu la bibliographie (« Que passe l'hiver » ; « Le garçon et la ville qui ne souriait plus »). Plein de suspens, de tension, mais aussi d'humour, l'ouvrage se lit avec plaisir et flirte tour à tour avec le thriller et le fantastique, une combinaison qui en fait un véritable page-turner. L'auteur y met en scène un jeune homme, de retour dans le village de son enfance dans lequel il n'a jamais remis les pieds depuis cette nuit tragique qui le hante. Une nuit qui permit à Hugo d'être placé en foyer, après qu'aient été découvertes les marques de coups révélant la maltraitance de ses parents, mais au cours de laquelle le garçon a également perdu ses deux meilleurs amis, Pierre et Sophie, dont il ne parvient pas à se rappeler le sort et dont on n'a jamais retrouvé les corps. Malgré le traumatisme, Hugo a réussi à refaire sa vie, à Paris, auprès notamment d'une nouvelle bande d'amis eux aussi un peu cabossés mais qui le soutiennent à leur manière. La mort de ses parents va toutefois faire rejaillir tous les mauvais souvenirs de son enfance et l'obliger à se confronter à ce passé qu'il fuit depuis des années. Car leur mort s'accompagne d'un grand nombre de phénomènes étranges liés à la légende la princesse au visage de nuit, celle-là même qu'Hugo, Pierre et Sophie ont tenté de trouver cette fameuse nuit.

Le pitch est alléchant et assez révélateur à lui seul de l'ambiance du roman qui m'a beaucoup fait penser à plusieurs lectures récentes (sans pour autant jamais donner l'impression qu'il s'agissait de « réchauffé »), à commencer par « Je suis ta nuit » de Loïc le Borgne, ouvrage avec lequel le roman de David Bry présente de nombreuses similitudes, tant au niveau des thématiques que des personnages. L'atmosphère et le cadre sont également assez proches puisque, dans les deux cas, les auteurs mettent en scène un petit village banal et parviennent à rendre ce décor à priori tout à fait inoffensif totalement terrifiant (aspect que j'ai également retrouvé récemment dans « Passé déterré » de Clément Bouhélier et « Au bal des absents » de Catherine Dufour). Des bruits dans les fourrés, une ombre qui disparaît soudainement, des objets disparus il y a des années et qui refont surface, des malédictions tracées sur la porte des maisons… : il n'en faut pas beaucoup plus pour créer une ambiance oppressante qui met le lecteur en état d'alerte constant. Certains trouveront peut-être que l'auteur n'en fait pas assez, ou qu'il se contente de vieilles recettes (ce qui est partiellement vrai), mais personnellement le coup du regard dans la nuit ou du vent qui murmure suffit à me hérisser les poils (je suis à ranger dans la catégorie des « grosses flipettes », ce qui explique pourquoi je ne regarde jamais de film d'horreur et que je fais des cauchemars après chaque lecture un peu angoissante, celle-ci comprise). Bref, cela a fonctionné sur moi et je me suis rapidement prise au jeu de cette enquête mêlant événements passés et présents. La lecture a été d'autant plus plaisante que l'auteur a (et mes nerfs l'en remercient) pris soin de désamorcer régulièrement la situation grâce à l'humour de ses personnages, qu'il s'agisse d'Hugo ou de sa bande de potes qui ne sont jamais à court de bonnes vannes pour faire redescendre la tension d'un cran. Et ça fait un bien fou, car certains passages sont franchement éprouvant nerveusement et font ponctuellement basculer le récit dans l'horreur et le fantastique.

La rapidité avec laquelle se dévore le livre tient également à sa construction : l'auteur opte pour des chapitres courts, rythmés, et alterne entre passages au présent, au cours de laquelle on observe Hugo mener l'enquête pour comprendre ce qui lui est arrivé il y a des années, et passages au passé (bien plus courts) qui nous permettent de revivre des moments tragiques ou des souvenirs heureux d'Hugo redevenu petit garçon. Des flash-back qui contribuent évidemment à accentuer l'émotion du lecteur qui ne peut qu'être touché par le paradoxe entre la luminosité de ces enfants et l'innocence de leurs jeux, et les événements tragiques dont on sait qu'ils seront (ou sont déjà) les victimes. L'auteur aborde d'ailleurs un certain nombre de sujets très durs tournant autour du viol, de la maltraitance d'un enfant et de l'aveuglement des adultes, mais sans jamais sombrer dans la surenchère ou le sordide (un autre point commun avec « Je suis ta nuit » que je ne peux également que vous recommander). Alors certes, certains rebondissements de l'intrigue sont assez prévisibles, qu'il s'agisse de l'évolution de la relation entre Anne et Hugo ou encore le rôle de certaines des figures emblématiques du village dans l'affaire, mais ces légers bémols n'enlèvent rien au charme du roman ni à son efficacité. On pourrait également lui reprocher de mettre en scène des personnages un peu trop caricaturaux (la vieille mégère bizarre, le vieux gardien bourru, le pervers aussi répugnant à l'extérieur qu'à l'intérieur…) mais là encore ce choix ne dessert en rien le roman qui repose justement sur un certain nombre de poncifs qui visent d'abord à faire naître la familiarité, puis l'angoisse.

David Bry signe avec « La princesse au visage de nuit » un beau roman fantastique consacré à l'enfance, son innocence mais aussi les traumatismes qui peuvent s'y développer. La narration efficace et le suspens savamment entretenu jusqu'à la toute dernière page font de ce récit un vrai page-turner qu'on dévore avec un mélange d'inquiétude et de plaisir. Une belle découverte !
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Attirée par la 4ème de couverture qui promettait une ambiance conte gothique avec souvenirs d'enfance et une bonne dose de surnaturel, j'ai plongé avec peut-être trop d'attentes dans ce récit.

Hugo, un jeune parisien, revient dans son village natal suite au décès de ses parents. le retour au domicile de son enfance ravivent les souvenirs douloureux d'anciennes maltraitances et de la disparition de ses amis. Pris dans les méandres de sa mémoire amputée des événements ayant conduit à cette disparition et en prise avec la tourmente de la réalité, Hugo commence à sombrer. Il tente également de comprendre pourquoi d'anciens jouets lui appartenant sont déposés sur le seuil de sa maison et les sombres avertissements de certains des habitants.

J'ai été happée par le récit, construit comme un aller-retours permanent entre les souvenirs de l'enfance et le présent. le rythme s'en ressent sur une bonne moitié du roman. L'auteur nous tient bien en haleine, on s'interroge sur la santé mentale du protagoniste, on compatit sur ses tourments et on tente avec lui de reconstituer le fil de cette nuit tragique qui a avalé ses deux meilleurs amis.
Cependant, au fur et à mesure de notre progression dans le récit, quelques bémols viennent plomber le récit.
Au niveau des personnages principalement.
Les habitants du village avec lesquels il a des interactions sont assez caricaturaux. Je peux comprendre l'effet recherché puisqu'on oscille sans cesse entre la réalité et le merveilleux. Ce ne sont donc pas les termes employés (ogre, sorcière) qui m'ont agacée mais bien le manque de crédibilité de ces personnages.
Au sujet de sa bande d'amis à Paris. Ces derniers sont vaguement évoqués au milieu de toutes les intrigues et j'ai été surprise par la tournure et l'importance qu'ils prennent en fin du récit. J'ai trouvé leur comportement et interactions peu crédibles du coup.

Au niveau du style, l'écriture est fluide et suffisamment travaillée pour éprouver du plaisir à la lecture et ne pas s'ennuyer. L'intrigue est bien construite, le lecteur est partie prenante dans cette histoire, il mène l'enquête tout comme le protagoniste principal.
J'ai trouvé la fin un peu décevante et manquant de panache.

Une lecture en demi-teinte mais un auteur que je vais continuer à découvrir car j'ai bien aimé son style.
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Ce que j'ai ressenti:

« La princesse au visage de nuit est de retour. »

Qu'est-ce qui pousse une légende à devenir si forte? Qu'est-ce qui l'emmène à imprégner un lieu, les esprits, des destins? La malédiction de la princesse au visage de nuit pourra sans doute, vous éclairer…Au pire, suivez les lucioles…

Je me pose toujours, en ouvrant un livre de conte, cette question de savoir quelle est la part de vérité? Car si le conte emmène son lot de merveilleux, il ramène aussi, une part de sombre réalité tenace…Et avec cette lecture, on commence d'ailleurs, dans l'orage et ça finit dans l'obscurité, et entre, il y a une ambiance assez lourde qui nous maintient dans un malaise oppressant…Le compte à rebours est fixé, et même si il a un petit côté « magique », on sait qu'il va se passer quelque chose. Quelque chose de dramatique. Mais on est tellement happé par l'atmosphère trouble de ce petit village de Saint-Cyr, que la curiosité l'emporte sur l'angoisse…

J'aurai presque envie d'enfiler les oripeaux pour aller discuter avec cette princesse cachée au fin fond de son antre, parce que finalement, même si elle incarne une fatalité évidente, c'est quand même vers elle, que se tournent les enfants. C'est ce qui m'a bouleversée. Vraiment bouleversée. Que ces enfants, ne croient non seulement plus, en une justice divine, mais pire encore, en la justice des hommes, et cherchent dans une figure insaisissable, l'espoir d'une réparation des torts…C'est horriblement triste…

La princesse au visage de nuit est un mélange de fantastique et de thriller, qui nous sensibilise sur la maltraitance infantile. Un page-turner captivant, qui fait resurgir toutes nos peurs enfantines. Derrière l'univers très réussi de cette forêt mystérieuse, avec tout ce folklore d'êtres récurrents des contes, le véritable problème qui transparaît dans la réalité, c'est bien les violences multiples auxquels, les enfants doivent faire face. On va suivre, dans deux temporalités différentes, ces victimes et leurs évolutions suite à ces traumatismes.

J'ai été touchée par cette histoire et encore une fois, charmée par la plume et la sensibilité de cet auteur. L'amitié, l'entraide, la bienveillance, la confiance, la parole restent les meilleurs moyens de lutter contre les pires démons, qu'ils soient réels ou imaginaires…

Alors, êtes-vous prêts à partir à la rencontre de la princesse au visage de nuit?
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critiques presse (2)
LeParisienPresse
23 mars 2022
Mêlant enquête policière, constat social et une pointe de surnaturel, Bry livre un ouvrage attachant, mais qui se conclut par une pirouette qui ne sera peut-être pas du goût de tout le monde.
Lire la critique sur le site : LeParisienPresse
Elbakin.net
23 mars 2022
Non dénué d’émotions dans son final, efficace à lire d’une traite mais finalement assez oubliable, La Princesse au visage de nuit met en scène des thèmes profonds et difficiles mais ne prend aucun risque que cela soit dans son histoire ou la narration en elle-même.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
- De l'orage de prévu ? s'étonne le curé.
Bernadette frissonne. Élisabeth Pirier resserre son châle sur ses épaules. Les employés des pompes funèbres fouillent le ciel d'été à la recherche de nuages invisibles.
- C'est la princesse au visage de nuit, annonce la vieille Lisienne. Elle s'est réveillée.
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Dans les bois vit
La princesse au visage de nuit,
Ses yeux sont étoiles
Ses cheveux l'obscur.
[...]
Dans les bois gît
La princesse au visage de nuit,
Dans sa main pâle,
Meurent les cœurs purs.
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Souffrir, ça n'empêche pas d'essayer d'être heureux, murmure Hugo. Au moins essayer...
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Où que porte son regard, la forêt couvre la vallée lumineuse sous le soleil du matin. Des trouées révèlent quelques hameaux perdus, une route sinueuse rejoint le plateau. La rivière coule en bas. Des champs bordent le village. Les oiseaux pépient un peu partout, l'odeur forte de la paille de blé embaume l'atmosphère.
Ça, il ne l'a pas oublié.
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Les cicatrices ne s'effacent pas. [...] On doit juste essayer de vivre avec.
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Videos de David Bry (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Bry
A l'occasion de la 39ème éditions du Salon du livre et de la presse jeunesse 2023 à Montreuil, David Bry vous présente son ouvrage "Le roi des Sylphes" aux éditions Nathan Jeunesse.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2910689/david-bry-le-roi-des-sylphes
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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