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EAN : 9782264067258
432 pages
10-18 (03/12/2015)
3.6/5   195 notes
Résumé :
Le 24 septembre 1941, pendant le Blitz qui écrase Londres sous des tonnes de bombes, Amelia Pritlowe, infirmière du London Hospital, apprend la mort de son père. Celui-ci lui a laissé une lettre posthume lui révélant que sa mère n'est pas morte d'une maladie pulmonaire, comme l'histoire familiale le prétend ; Mary Jane Kelly a été la dernière victime de Jack
L'Éventreur. Amelia Pritlowe avait 2 ans.
À compter de ce jour, Mrs Pritlowe va se lancer dans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (82) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 195 notes
Premier tome de la saga mettant en scène Amelia Pritlowe.🔪


Nous sommes en 1941. À la suite du décès de son père, Amelia Pritlowe découvre sa véritable identité dans une simple lettre. Elle qui pensait être une simple orpheline de mère... découvre que sa mère n'était rien de moins que Mary Jane Kelly, la dernière victime de Jack l'Éventreur. Malgré les 44 années séparant cet assassinat de cette révélation, Amélia décide de tout mettre en oeuvre d'une part pour comprendre qui était sa mère...et, d'autre part, traquer et trouver son meurtrier.


Je sors de cette lecture complètement subjuguée par la qualité du récit. 😊Michel Moatti ne nous offre pas ici une énième adaptation concernant Jack l'Éventreur en dandy se promenant dans les bas-fonds de Whitechapel et massacrant des femmes de manière pseudo fantastique. Pas de Sherlock Holmes comme détective ... pas de théories alambiquées faisant intervenir des forces diaboliques. NON ! Rien de tout cela. Michel Moatti part de documents réels et de faits avérés et nous propose ici de nous retracer le drame sous forme d'une quête filiale. le résultat en plus d'être attractif sur le plan littéraire, est également scientifiquement etayé par des faits.


Retour à Whitechapel permet de replonger dans l'un des faits divers les plus commentés de son temps. Les meurtres de Whitechapel par un certain Jack l'Éventreur. Ici, Michel Moatti ne nous propose pas une énième théorie concernant un homme riche, se promenant le soir dans les rues mal famées à l'affut d'une proie. Non, l'auteur nous propose une analyse psychologique et sociétale réaliste qui permette d'effacer les fantasmes véhiculés par ces crimes horribles. Ainsi, on oublie la théorie du bourgeois, du médecin, du membre de la famille royale et on se contente des faits réels et plus en lien avec ce crime. le résultat d'investigation est bluffant.

Au travers d'une description des modes de vies des habitants de ce quartier, le lecteur est transporté dans un Londres sombre, sale, pauvre, suintant la misère par tous les pores. Michel Moatti nous épargne les images d'Épinal d'un Londres candide pour nous brosser l'horreur dans lequel vivaient les femmes telles que les victimes de Jack l'Éventreur dans les quartiers de Spitafields.

Le contraste est encore plus saisissant lorsque nous lisons les extraits de "jury d'enquête" où les témoins des crimes sont interrogés par des juges, des policiers qui eux ne connaissent pas cette misère. L'incompréhension et le dégoût ressenti par ses êtres censés mener l'enquête est si évident que l'on comprend aisément pourquoi le criminel n'a jamais été arrêté.


Pour conclure, Retour à Whitechapel est un thriller historique basé sur des faits avérés. La piste proposée par l'auteur est un peu la même que celle de Patricia Cornwell dans Jack l'Éventreur : affaire classée, mais relatée de manière plus attractive sans pour autant avoir comme personnage central le meurtrier. Ici, la parole est donnée à Mary Jane Kelly à qui Michel Moatti restitue son identité de femme vivante, ayant aimé, vécu.... et non en tant que victime massacrée par un monstre. Et rien que pour cela... MERCI ! 🙂

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C'est après avoir vu la série « Jack the ripper » avec Michael Caine en 1988 que j'ai été contaminée par le mystère de Jack l'éventreur.
Londres en 1888, l'East End, Whitechapel : un monde de misère absolue, de mort et d'effroi. C'est là qu'un homme a commis 5 meurtres monstrueux dans la nuit noire et les ruelles infestées de rats et grasses de détritus, entre le 31 août et le 9 novembre. Puis plus rien.
4 prostituées indigentes, édentées, malades ont été égorgées et éventrées. Non, 3 uniquement, parce que pour une des 4, ce « monsieur » n'a pas eu le temps d'approfondir son forfait.
Et la 5e, la belle et jeune Mary Jane Kelly, a été tuée chez elle, dans son taudis qu'elle louait à Mr Mc Carthy. Son cadavre a été mutilé atrocement, découpé, déchiqueté, pour devenir de la bouillie.

C'est ce que tout le monde connait. Mais comme jamais on n'a pu découvrir l'identité du monstre, les imaginations se sont enflammées.
Michel Moatti est un journaliste qui, lui aussi, a été contaminé par ce virus de la curiosité : QUI était Jack l'éventreur ? Il s'est documenté de manière quasi exhaustive et s'est forgé une intime conviction, que l'on lira à la fin de son roman.
Car oui, c'est un roman : la narratrice est la soi-disant fille de Mary Jane Kelly, qui apprend qui est sa mère à l'âge de 55 ans, révélation donnée par son père dans une lettre posthume. Nous sommes en plein Blitz, elle est infirmière et n'a de cesse de soigner les victimes des bombardements allemands. Mais elle est hantée par ce Jack l'éventreur, complètement bouleversée. Pour cela, elle s'inscrit à la société « Filebox society » (société entièrement imaginée par l'auteur) qui récolte tous les documents à propos de Jack The Ripper. Jusqu'à ce qu'elle découvre l'identité du monstre…

Dans une narration alternant le passé et le présent, Michel Moatti nous plonge dans l'Angleterre victorienne et dans la psychologie d'une infirmière de la seconde guerre mondiale. Celle-ci travaille au London Hospital, qui se trouve à Whitechapel, mais les lieux ont bien changé.
La vie, cependant, est bien là, au détour d'une ruelle, dans un square, dans un couloir d'hôpital ou dans les salons feutrés de la Filebox society.
La vie ? Plutôt la mort. L'atmosphère est glauque. Nous sommes ici auprès des victimes. L'enquête policière n'est qu'évoquée. Mais l'ambiance du Londres miséreux du 19e siècle, elle, stagne à chaque page.

Je recommande ce roman se basant sur des faits réels, bien documenté, à tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à Jack l'éventreur, pour son originalité narrative, sa rigueur journalistique et sa faculté de nous précipiter dans les bas-fonds d'une ville où se côtoient sans se toucher les plus riches et les plus pauvres.
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Là, je m'incline devant le roman de monsieur Moatti car il a réussi à

mélanger la fiction avec le réel, donnant vie au quartier de Whitechapel et à quelques unes de ses prostituées les plus célèbres !

Nous sommes en 1941 et tout l'Europe est écrasée par les bottes des Boches... Toute ? Non, une île résiste encore et toujours à l'envahisseur, mais est écrasée par les multiples bombes que le cousin Germain lui envoie. C'est le Blitz à Londres et il vaut mieux louvoyer entre les bombes.

Secouant la manche de ma grosse veste remplie de poussière due à l'effondrement d'un bâtiment, je pénétrai au London Hospital afin de faire la connaissance avec Amelia Pritlowe, une infirmière qui, comme moi, tente de survivre aux bombardements du sinistre moustachu.

C'est penchée sur son épaule que j'ai lu, avec elle, la lettre posthume qu'elle venait de recevoir de son père.

Moi, j'avais lu le résumé, donc je savais déjà que cette lettre allait être son petit Hiroshima à elle. Oui, je n'exagère pas... Cette lettre, ce sera son cataclysme personnel, tout aussi dévastateur qu'une bombe de grande puissance qui vous pèterait dans les mains.

Sa mère n'est pas morte d'une maladie pulmonaire comme elle l'a toujours cru. Que nenni !! Sa maman se prénommait Mary Jane Kelly... Ça vous remet ?? Yes, Mary Jane, la dernière victime de Jack l'Éventreur, celle sur laquelle il s'était lâché...

Souvenirs ? Néant car elle n'avait que deux ans. Alors, Amelia va retrousser ses manches et mener l'enquête, 53 ans après.

Alors, non seulement l'auteur propose une nouvelle vision de l'identité du meurtrier qui me plaît bien, mais en plus, il a parfaitement mis en scène le tout.

On alterne les chapitres avec l'enquête d'Amélia, prête à toute, même à entrer dans un club de "ripperologues", et les chapitres qui se déroulent en 1888, dans les ruelles sombres de Whitechapel.

L'incendie des docks, le 31 août, nuit de la mort de Mary Ann Nichols s'y trouve, la manifestation des ouvrières de l'usine d'allumettes "Bryan & May" qui ont eu le visage ravagé et dévoré par le phosphore, les femmes qui devaient vendre leur corps pour gagner de quoi boire un coup et dormir dans un asile qui avait tout du taudis... Tout se trouve dedans !

Celui qui voudrait en savoir un peu plus sur l'atmosphère nocturne et angoissante de l'East End de 1888, et bien, il est servi !

Un magnifique travail de reconstitution, comme si on y était, le tout sans ennuyer le lecteur une seule seconde. Les pages ont défilé sur deux jours. Je l'aurais même lu plus vite si je n'avais pas eu d'autres choses sur le feu.

À cause ou grâce au tueur de Whitechapel, les 5 victimes sont passé de l'ombre à la lumière, passant du néant à la postérité pour l'éternité, devenant les prostituées les plus célèbres de l'univers...

Grâce à l'auteur, les victimes viennent de revivre une nouvelle fois : leurs personnalités, leurs vies de misère, leurs joies,leurs emmerdes, leurs personnalités sociales et affectives...

Tout est recomposé, sans pathos, sans exagération, le tout formant un roman où le voyeurisme n'est pas invité et où l'enquête que mène Amélia a quelque chose de touchant.

On a même droit à des fac-similés des documents d'enquêtes de l'auteur. Un vrai travail qu'il a accompli là.

Je ne sais pas si sa théorie est bonne, mais la proposition de solution à l'énigme posée de 1888 pourrait être plausible...

Une lecture qui m'a enchanté !

Je vous laisse, je vais me réfugier dans le métro, il pleut des bombes dans ma ville de Londres !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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On ne peut pas penser à Londres et à l'Angleterre victorienne sans être assailli à coups sûr par toute une série d'images d'Epinal: les toiles de Rossetti, Sherlock Holmes et le docteur Watson réfugiés à Baker Street, les bals de Victoria, le thé servi à cinq heures dans une théière d'argent, les romans de Charles Dickens, les grandes filatures, les poèmes de Tennyson, le carillon de Big Ben, Peter Pan, la crasse et la misère des quartiers populaires... et Jack l'éventreur.

Le fait divers est sordide, glaçant, sanglant et c'est peut-être pour cela qu'il fit couler tant d'encre, qu'il fascina des générations qu'il subjugue encore. Ambivalence de l'âme humaine et fascination du pire qui érigent un criminel en légende.
Comme beaucoup, il y a quelqu'un chose qui me happe dans cette histoire, le mystère qui y plane encore y est pour beaucoup. C'est attirant les énigmes non résolues. L'identité de Jack l'éventreur, c'est un peu comme celle de l'homme au masque de fer où des archives du Vatican: ça agace, ça turlupine, ça intéresse et ça fait peur, mais de cette peur qui confine à la terreur de fiction, celle qu'on recherche et qu'on savoure parce qu'il suffit de refermer le livre ou d'éteindre la télévision pour s'en extraire.

Je me souviens avoir adoré "From Hell". La mise en scène des frères Hugues, le montage, la bande originale de Trevor Jones: tout concourait à faire de ce film un monument d'angoisse et de malaise, de peur, de frissons (mais frissonner aux côtés de Johnny Depp... c'est plus un plaisir qu'une douleur!).
Par la suite, je m'étais plongée dans le roman graphique -qui m'avait déçue- et dans les théories, de la plus sobre à la plus abracadabrantesque-, qui prétendaient résoudre l'énigme du tueur en série le plus connu de tous les temps, au gré de différents ouvrages, romans ou reportages, sans y trouver mon compte.
En effet, je suis convaincue, d'une part, qu'on ne peut qu'être déçu quand, englué par la part romanesque de l'affaire, on nous propose des solutions parce que, quoiqu'on en dise, la réalité ne peut pas être à la hauteur du fantasme que deviennent les faits au fil du temps.
D'autre part, quand on prend conscience que derrière le parfum de soufre dort une véritable histoire et de vrais fantômes, on ne peut pas non plus se satisfaire des thèses les plus séduisantes qui ne tiennent pas, pas vraiment, à la lumière des éléments rationnels.
J'ai donc laissé tomber Jack l'éventreur, à peu près au moment où les choix de Johnny Depp en matière de cinéma m'ont moins convaincue (sans rancune Johnny, je t'aime encore).

Toutefois, à la lisière du troisième confinement, je me suis sentie en mal de XIX° siècle, de brumes londoniennes, d'énigmes et de frissons. C'est ainsi que "Retour à Whitechapel" a trouvé le chemin de ma bibliothèque pour mon plus grand plaisir.

1941. Londres est sous les bombes. Amelia Pritlowe est infirmière au London Hospital. Cette femme solitaire vient de perdre son père. Avant de mourir, ce dernier à écrit une dernière lettre à sa fille, missive dans laquelle il lui révèle que sa mère n'était pas celle qu'elle croyait et emportée par la maladie mais Mary Jane Kelly, la dernière victime de Jack l'éventreur. D'abord sous le choc, Mrs. Pritlowe, mue autant par le chagrin que par un ardent sentiment de vengeance, décide de mener son enquête pour percer le mystère de l'identité du boucher de Whitechapel. Pour ce faire, elle rejoint même l'un des cercles de ripperologues les plus sélects.
Dans ce récit où se croisent enquête policière et quête des origines, Michel Moatti livre sa propre version de l'épopée de Whitechapel dans un roman exigeant et érudit.

La narration alterne entre 1941 avec des passages du journal dans lequel Amelia consigne ses recherches et ses sentiments et 1888 où l'on retrouve des extraits des témoignages des témoins de l'époque, des comptes-rendus d'enquête. Il en ressort un ouvrage fouillé, intelligent, cohérent et qui prend le contre-pied des From Hell et consort en déboulonnant définitivement l'image d'un Jack dandy élégant et presque romantique. Troublant de crédibilité.
Fait d'autant plus appréciable, Michel Moatti rend aux victimes, malmenées et incomprises à l'époque par des policiers pour qui les prostituées n'étaient que fange et lie, figures humaines avec toute la compassion qui leur est due. Dans cette optique, il prend également le temps de planter le décor qui à la lumière de ses recherches se déploie, dont on comprend toute l'importance dans l'affaire des meurtres de Jack l'éventreur: Londres, capitale aux deux visages où se côtoient sans vraiment se rencontrer le confort et la lumière des quartiers rupins et les taudis, la violence et la misère des districts de l'est de la cité. A cet égard, la dénonciation des conditions de vie des allumettières dans l'incipit du roman est particulièrement éclairante. Finalement, Moatti n'est pas loin de proposer une relecture sociale de l'affaire et on ne peut que l'en féliciter et saluer la pertinence de son raisonnement entre deux nausées et trois cris de terreurs.
Au delà de proposer une solution possible à l'énigme, il rachète donc ce Londres là et ses acteurs. Il était temps!
Et donner un visage à Jack, qui ne soit ni royal, ni aristocrate, quand même quoi: bravo!

"Retour à Whitechapel" se révèle donc un excellent roman d'atmosphère, captivant, sombre, très bien mené; un thriller historique passionnant et auquel la quête d'Amelia donne ce rien d'émotion qui manque au style, un peu froid, de l'auteur.

Si seulement Abberline...

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C'est la critique enthousiaste de L'Aléthiomètre qui m'a fait découvrir ce roman et je dois dire qu'à mon tour, je n'ai pas du tout été déçue car cette lecture s'est révélée être un véritable coup de coeur!

En 1941, Amelia Pritlowe est infirmière, à Londres et subit de plein fouet les bombardements allemands. Son père, qui vient de mourir, lui a laissé une lettre dans laquelle il lui révèle ses origines. Elle est la fille de Mary Jane Kelly, la dernière victime atrocement massacrée par Jack l'Eventreur, en novembre 1888. Amélie décide alors d'intégrer une société de Ripperologues afin d'enquêter sur le meurtre de sa mère et découvrir l'identité de son assassin.

On sent dès les premières pages que Michel Moatti est un passionné, qu'il possède les connaissances sur cette enquête et sur l'époque mais aussi que son travail est exhaustif et minutieux. Bien qu'il s'agisse d'un roman (et donc d'une fiction), j'ai beaucoup apprécié qu'il l'agrémente de sources réelles comme un plan du quartier de Whitechapel ou des sources historiques provenant soit des journaux contemporains, soit des archives de la police avec les rapports d'autopsie ou des archives judiciaires avec les témoignages des différentes personnes présentes sur place, etc... Il pousse même le vice en citant la cote des archives afin que le lecteur, s'il lui prend l'envie de pousser ses recherches, puisse les retrouver facilement.

Dit comme cela, on pourrait croire que le récit est ennuyeux et rébarbatif. En réalité, il n'en est rien car Michel Moatti possède une véritable plume qui rend l'ensemble très attractif, fluide et dynamique en alternant ses différents supports (extraits du journal fictif d'Amélia Pritlowe, récits des dernières heures des victimes de Jack l'Eventreur et réappropriation des sources de l'époque victorienne citées plus haut). Sa connaissance des années 1880 est telle qu'en tant que lectrice, je n'ai absolument eu aucun mal à m'immiscer dans les quartiers malfamés de l'East End et de ressentir la misère qui régnait alors dans ce quartier : alcoolisme, maladie, prostitution, bas salaire, conditions de vie misérable, faim, froid, etc...

Enfin, Michel Moatti propose dans son roman une nouvelle théorie sur l'identité de Jack l'Eventreur : non seulement, il distille ses arguments dans son roman mais il les reprend également à la fin, dans son postface (je vous conseille de la lire car elle est vraiment très intéressante). Pour ma part, je reste relativement dubitative : s'il est vrai que je n'adhére absolument pas à la thèse du complot royal (certains auraient évoqué le médecin de la Reine Victoria (qui avait plus de 70 ans!) ou le Prince héritier) et de la Franc-maçonnerie, je ne suis pas non plus d'accord avec la proposition de Michel Moatti bien que certains arguments soient tout à fait crédibles. Pour moi, Jack l'Eventreur possédait des connaissances anatomique et chirurgicale et je pense qu'il faudrait davantage creuser dans cette direction.

En conclusion, Retour à Whitechapel est l'un des meilleurs romans que j'ai pu lire jusqu'à présent sur le sujet : il est exhaustif, prenant et passionnant. Je le conseille donc à tous ceux qui veulent en apprendre davantage sur cette affaire sordide ou qui s'intéressent aux années 1880, à Londres.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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critiques presse (2)
LePoint
07 mars 2013
le docteur Michel Moatti a pisté le plus célèbre tueur en série de l'histoire durant des mois à Londres. Il en a extrait une théorie, montée en polar dans son livre Retour à Whitechapel.
Lire la critique sur le site : LePoint
LesEchos
05 février 2013
Michel Moatti est persuadé d'avoir résolu l'énigme. Pendant trois ans, il a épluché la presse de l'époque, les dossiers de Scotland Yard, les rapports médicaux légaux, les jurys d'enquête. Pour nous mener jusqu'au nom du (des ?) coupable(s), il a choisi la voie du roman.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne sommes pas anglais, nous ne croyons pas aux fantômes et, pourtant, Jack l’Éventreur nous parle. La sauvagerie de ses crimes, le caractère fulgurant de sa « carrière » – il n’a officiellement sévi que quelques mois, d’août à novembre 1888, laissant derrière lui cinq victimes –, l’énigme intacte de son identité, font de cet être réel, un mythe. Incapable de mettre un nom sur l’ombre qui martyrise des prostituées dans le quartier le plus pauvre de Londres, la presse déchaînée et l’opinion publique convoquèrent à l’époque leurs usual suspects, toujours les mêmes : les symboles des bas-fonds et des hautes sphères de leur temps. En l’espèce, des immigrés juifs miséreux, des marginaux, ainsi que des membres du premier cercle de la reine Victoria, dont le chirurgien de la souveraine et même, un peu plus tard, l’un de ses petits-fils. Lorsqu’à la fin du XXe siècle éclata, en Belgique, l’affaire Dutroux, le réflexe de répulsion fut tel qu’on imagina que le pédophile de province avait, forcément, des liens avec Bruxelles et la famille royale. Rien ne change : on refuse de croire à l’évidence simple qu’un homme seul, à condition d’être mentalement détraqué, est capable de fabriquer de l’horreur brute, donc on invente des fables pour se rassurer et, au bout du compte, on se fait encore plus peur en imaginant que la couronne guide la main du monstre. Que le pouvoir perçoit une nouvelle taxe, une gabelle de chair et de sang.

Extrait de la préface Stéphane DURAND-SOUFFLAND, chroniqueur judiciaire au Figaro.
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Le Shoreditch Town Hall exposait toute sa luxuriance baroque de dorures et de pierres dans le crachin glacé de l’automne. Si l’on conçoit que ce bâtiment, fierté de l’Empire et vitrine de sa puissance, tout en piliers, clochetons, ogives et chapiteaux, n’était qu’à quelques centaines de mètres de Dorset Street et de ses misères, on comprend définitivement ce que Londres, en 1888, crachait au visage de tous : le monde est binaire. Aux uns les splendeurs éternelles du marbre et les hauteurs aériennes des symboles, comme ce « Plus de lumière, plus de pouvoir ! » qui servait de devise à l’édifice. Aux autres, la boue des caniveaux, toutes les pestes du malheur, et la mort.
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Douze visages d'horreur firent face aux hommes de la police et aux mandataires des fabriques. Douze visages mangés par l'acide, décomposés par le cancer, ravagés par la maladie du phosphore.

Les mâchoires de certaines apparaissaient à travers la chair nécrosée des joues, révélant l'émail jauni de dents putréfiées.

D'autres n'avaient plus de lèvres, et des gencives gonflées, boursouflées, rouges comme des sections fraîches de betterave, pointaient vers l'avant, à la manière de monstrueuses figures de proue. L'une d'entre elles, qui tenait le centre du rang, avait un œil exsangue, déplacé vers le milieu du visage, empiétant sur un nez absent et sur l'orbite voisine.

Sa lèvre relevée ne laissait pas, comme d'autres, deviner des dents pourries ou des chairs nécrosées. Elle n'avait plus rien dans la cavité buccale, juste une langue grise, comme celle des animaux que l'on vend aux étals du marché de Spitalfields, qui tournait dans sa bouche morte.

[Ouvrières ayant travaillé dans des fabriques d'allumettes : le phosphore, c'est pas bon !]
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Ce que les machines de guerre et les engins de mort avaient réussi à faire souvent à très longue distance et de manière plus ou moins anonyme, un homme l’avait anticipé, dans la paix nocturne d’un logis, en face à face avec une femme désarmée et terrorisée.
Il avait usé de la mort et de la souffrance comme d’un art, et utilisé la chair et le corps d’une femme comme la pâte de modelage d’une œuvre diabolique et monstrueuse.
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Joe Barnett était une sorte de gros garçon à l'allure pataude. Malgré ses trente ans révolus, des joues rondes, un poil jaune et des rouflaquettes de cocher peu fournies l'empêchaient d'avoir tout à fait l'air d'un homme adulte.

Il gardait cet aspect d'adolescent attardé, que ses yeux bleus très clairs, presque transparents, renforçaient. Pourtant, ce regard, lorsqu'on le croisait, faisait frémir. On avait l'impression qu'il contenait un fonds inépuisable de rage qui ne demandait qu'à se libérer.

Ce matin du 12 novembre, Joe Barnett était justement plein de rage en se présentant devant le jury de Shoreditch, pour témoigner sur l'assassinat de sa dernière compagne, Mary Kelly.

Il se vit soudain debout devant une assemblée d'hommes en gilets et redingotes, tous la mine très imprégnée de leur mission, fronçant également les sourcils pour mieux dévisager celui qui faisait figure, dès l'ouverture de cette audition, de suspect idéal.

Joe Barnett sentit la culpabilité sourdre de lui comme le suc d'un fruit mûr à l'instant même où le coroner le regarda fixement.

Nom de Dieu, pensa-t-il, ils vont me resservir cette histoire de carreau cassé, et l'une ou l'autre des putains de Miller's Court va se mettre à raconter qu'elle m'a entendu cent fois crier et menacer du monde dans Spitalfields.

Son pas résonna comme un coup de fusil dans une cathédrale quand il approcha des jurés tapis près du coroner comme des canetons autour de leur mère.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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