AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques sur le theme : famille (79)
Classer par :   Date   Les plus appréciées

Judy, portée disparue

Lecture jeune, n°123 - Kim a neuf ans lorsque Judy, sa petite soeur, disparaît au coin d'une rue sous ses yeux. Huit ans plus tard, la jeune femme survit : aux réunions de l'association « Enfants disparus » organisées par ses parents, aux séances de psychothérapie, aux regards curieux, mais surtout à la culpabilité. Si Judy n'est plus là, c'est de sa faute. Elle devait la surveiller mais l'a laissée s'éloigner, son ballon en forme de coeur pendu au bout du bras. de plus, elle a lancé la police sur une fausse piste : il n'y a jamais eu de camionnette rouge… Pourtant Kim refuse de se résigner, de croire à la mort de Judy et s'enferme dans un espoir démentiel. Un roman poignant sur l'espoir et le deuil impossible. Sans jamais tomber dans un pathos excessif, Anne Cassidy nous fait entrer dans un foyer meurtri qui tente de se reconstruire. Comment survivre à la disparition d'un enfant ? le lecteur se laisse prendre à ce thriller psychologique au rythme haletant. Il accompagne Kim dans sa folie, dans ses recherches au bout du monde, jusqu'au dénouement du récit, d'un réalisme aussi bouleversant qu'inquiétant. Amélie Mondésir
Commenter  J’apprécie          00
Le cahier de Leïla : De l'Algérie à Billancourt

Lecture jeune, n°123 - 1963 : par le biais d'un journal qu'elle tient depuis son arrivée en France à Boulogne-Billancourt, Leïla nous raconte la vie de son père Bilal, travailleur algérien, parti seul comme tant d'autres avant de faire venir sa famille en France. Pour l'heure, les sentiments sont à la déception : arrivée avec sa mère et ses frères et soeurs dans l'espoir d'une vie plus facile, Leïla et sa famille partagent un logement d'une pièce avec des voisins de leur village d'origine. La fillette nous fait part de ses difficultés à « s'adapter » à la couleur locale (femmes sans foulard sur la tête, école pour les enfants) par des allers-retours avec son monde de référence, mais aussi du désir d'investir sa nouvelle vie. Elle raconte le désarroi de sa mère Fatma, qui refuse de faire à manger tant qu'elle n'aura pas quitté cette chambre de misère, l'arrivée de son père qui réussit à ressouder la famille. le calme revient et les belles aquarelles de Ronan Badel nous montrent la vie qui s'installe peu à peu, l'apprentissage du français par Fatma, l'importance des livres pour Leïla. C'est un beau travail de porter à la connaissance d'un jeune public ce que fut l'immigration, alors que l'on parle d'identité nationale et d'immigration contrôlée. le ton proche et juste de la fillette, le regard interrogateur qu'elle porte sur l'amitié réelle mais difficile avec Claire et celui subi par sa famille, nous confortent dans la nécessaire prise en compte de l'altérité au quotidien, et la vigilance sans faille à adopter pour préserver cette richesse humaine. Note : Un dossier d'archives photographiques et documentaires complète la démarche historique des auteurs. le cahier de Leïla paraît dans une collection de « docu-fictions » publiée par Autrement jeunesse sur l'histoire de l'immigration en France, en collaboration avec la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Autre titre paru : le rêve de Jacek, de la Pologne aux corons du Nord, de Valentine Goby et OlivierTallec. Michelle Charbonnier
Commenter  J’apprécie          00
Ta photo dans le journal

Lecture jeune, n°123 - Ce roman est un huis clos au cours duquel nous suivons le cheminement psychologique d'une jeune vacancière envoyée à la campagne après la guerre. Laure vit pendant deux mois chez les Pinsart, qui ne cessent de dénigrer leur fille, simple d'esprit, et accueillent également Pierrot, enfant de l'Assistance. Malgré ce cadre suranné, le lecteur se laisse prendre par un récit où règnent tensions, conflits, jalousie et oppression. le texte est parsemé d'indices, subtilement distillés, qui permettent de ressentir le mal-être crescendo de Laure et de Pierrot au sein d'une famille déséquilibrée. L'émotion est au rendez-vous page après page, le ton juste et sincère touche profondément le lecteur. On retrouve les thèmes chers à Marie Brantôme tels que l'indifférence de la mère, la ruine d'une famille, le contexte d'après-guerre, déjà présents dans Avec tout ce qu'on a fait pour toi (Seuil, 1995). Un regret cependant : l'illustration enfantine de la couverture risque de rebuter les adolescents. Anabel Jouineau
Commenter  J’apprécie          00
Faire et défaire

Lecture jeune, n°122 - En dix nouvelles, Mathis esquisse ici le portrait d'un adolescent comme les autres, fan de science-fiction et de foot, mais qui n'hésite pas à donner un coup de main à son père maçon le samedi. Démolir une cheminée, installer une salle de bain, monter un mur brique après brique : la tâche est rude mais gratifiante. D'un chantier à l'autre, Thomas découvre le plaisir du travail bien fait et le sens du service, mais surtout son père sous un autre jour : un homme qui inspire le respect, exigeant avec lui-même comme avec son fils, patient, généreux, attentionné avec les personnes âgées. Il expérimente également le monde des adultes et ses petits travers, un vieil homme qui boit en cachette de sa femme, un bûcheron qui détourne du bois coupé, et se sent de plus en plus décalé par rapport à ses copains de lycée. Ce recueil de nouvelles d'inspiration autobiographique dépeint avec réalisme et authenticité le monde des travailleurs manuels : le poids des parpaings sur les épaules, la poussière sur les visages, la brûlure des paumes de main, tout sonne juste, y compris les dialogues bourrus. C'est surtout un beau témoignage d'amour d'un fils pour son père, d'une pudeur rare. Nouvelle collection : Faire et défaire paraît chez Thierry Magnier dans la collection « Nouvelles » dirigée par Mikaël Ollivier, qui souhaite réhabiliter le genre de la nouvelle et attirer les lecteurs qu'impressionnent les gros pavés. Tous les registres y sont représentés, du polar à la SF en passant par le roman intimiste ou fantastique. Trois autres titres sont parus dans cette collection : Scènes de crime, de Brigitte Aubert, Avec la langue, d'Adam Bagdasarian et La revanche de l'ombre rouge, de Jean Molla. ndlr Anne Lanchon
Commenter  J’apprécie          00
Contours du jour qui vient

Lecture jeune, n°121 - La voix qui nous happe est celle de Musango. Dans un long monologue intérieur, elle s'adresse à sa mère qui l'a chassée, l'accusant d'être un esprit malin, source de son malheur. Jetée à la rue, enlevée et revendue, la petite fille côtoiera pendant trois années le désespoir en servant des femmes recluses en partance pour l'Europe. Làbas, elles devront se vendre pour rembourser la dette du voyage : ces femmes, dit-on, vont « faire l'Europe »… Musango s'enfuit. Elle veut revoir sa mère et tenter de comprendre. En ville, elle retrouve les proxénètes sous les traits d'hommes d'église qui manipulent leurs fidèles. le récit s'organise autour de quatre mouvements, quatre étapes du parcours intérieur de Musango vers l'affirmation de soi. « Je veux toujours écrire une chanson », confie l'auteur. La musicalité est effectivement bien là. Au fil de l'histoire, alors que Musango pose ses choix et développe son individualité, le rythme de l'écriture ralentit, s'apaise. La densité étouffante du monologue du « Prélude » cède la place aux dialogues. L'espoir s'installe. L'Afrique nous apparaît à travers le regard d'une enfant de douze ans, confrontée à la violence et à la haine. Ceux qu'elle rencontre ne semblent avoir d'autres alternatives que partir en Europe ou rejoindre des groupes religieux sectaires aliénants. « Ici on ne croit pas vraiment. On mise. On tente le coup (…) ce peuple qui ne peut croire en rien, puisqu'il ne croit pas en lui. Tout doit venir d'ailleurs, d'en haut, d'en bas, peu importe, pourvu que ce ne soit pas de l'intérieur ». Ce que dénonce l'auteur, par le personnage de la mère notamment, c'est « une conscience de soi très dégradée ». Musango, elle, s'affirme et dessine les Contours du jour qui vient. Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie          00
Grand Frère

Lecture jeune, n°121 - En danger moral, Dag est placé dans une nouvelle famille d'accueil qui lui fait place avec une spontanéité, une confiance et une empathie remarquables. Son professeur de norvégien lui confie une caméra pour filmer la fin de l'année scolaire. Mieux encore : Dag tombe amoureux d'une fille paumée elle aussi et qui le comprend. Il finit par trouver « la lumière » grâce à cet environnement et à sa volonté de lutter contre ses peurs. Il se débarrasse enfin de son sentiment de culpabilité, lié à sa responsabilité dans l'incendie qui causa la mort du fils de sa précédente famille d'accueil. Un roman réaliste, très juste, très fort, bien construit et bien traduit. le drame de Dag transparaît au travers de non-dits, de comparaisons et de métaphores inattendues, qui vont de Shakespeare aux séries télévisées, en passant par la mythologie ! Nouvelle collection : Grand frère paraît chez Panama dans une nouvelle collection de fiction destinée aux 13-16 ans, qui comporte en majorité des auteurs étrangers. ndlr Gilberte Mantoux
Commenter  J’apprécie          00
Secrets - L'écharde, Tome 1

Lecture jeune, n°121 - Mai 1968. Anabelle et Hélène, deux soeurs à la fois complices et rivales affrontent douloureusement le suicide de leur père. Rien ne laissait envisager cette tragédie. Mais quand Annabelle accompagne à l'hôpital l'ami d'Hélène blessé après un affrontement avec des policiers, une infirmière lui révèle qu'elle a accouché une jeune femme à Drancy sous l'Occupation, qui pourrait être sa véritable mère. L'écharde offre en deux volets un récit intimiste avec des personnages féminins remarquables dans leur complexité psychologique et leur sensibilité. Les flash-backs entre la France des années 40 et celle des années 60 enrichissent l'album qui se regarde comme un vieux livre de photos. Au service de ce scénario, le graphisme d'une grande qualité se passe parfois de texte. de magnifiques gros plans recentrent l'histoire dans le tumulte de 68 autour d'un seul destin : celui d'une étudiante en recherche d'identité et de vérité. Un vrai moment d'émotions. Nouvelle série : le scénariste Franck Giroud aborde dans sa nouvelle série « Secrets » des événements historiques ayant marqué des familles sur plusieurs générations : le génocide juif avec L'écharde, la Russie de Staline avec le serpent sous la glace, illustré par Milan Jovanovic (2006), la Commune avec L'écorché, illustré par Ruben Pellejero et la colonisation britannique en Inde avec Samsara, illustré par Michel Faure. Ces deux derniers titres paraîtront en août. ndlr Valérie Médiano
Commenter  J’apprécie          00
Contours du jour qui vient

Lecture jeune, n°121 - Amour et haine sont pareillement mis à l'honneur dans ce superbe livre qui nous fait partager tout le paradoxe de l'Afrique noire. Par le biais de Musango, mal aimée et malgré tout si vivante, nous découvrons la tragédie des populations africaines dévastées par les guerres et incapables de s'occuper de leurs enfants. La jeune narratrice nous bouleverse par l'amour indéfectible qu'elle porte à sa cruelle génitrice et par la capacité qu'elle a d'avancer malgré l'adversité et la cruauté des siens. Il s'agit d'un chant d'amour, d'un chant de résilience et de pardon. Quelle belle écriture pour dire l'indicible et l'innommable ! Léonora Miano a su conquérir la sensibilité des lycéens, elle a conquis la mienne par la parole universelle de cette enfant et sa posture de reine. Contours du jour qui vient a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2006. Les jeunes lecteurs avaient déjà couronné en 2000 un romancier africain, Ahmadou Kourouma pour son roman Allah n'est pas obligé (Seuil, 2000) sur la thématique des enfants soldats. ndlr Michelle Charbonnier
Commenter  J’apprécie          00
Contours du jour qui vient

Lecture jeune, n°121 - Quelque part aujourd'hui en Afrique, une ancienne colonie française se remet difficilement de la guerre. La vie d'une femme s'effondre à la mort de son compagnon dont elle a une petite fille, Musango, qu'elle chasse pour avoir apporté le malheur dans sa vie. le roman raconte l'aventure poignante de la fillette livrée à elle-même. Autour d'elle gravitent les figures attachantes d'une humanité qui, même dévoyée, reste battante. le roman affiche une structure musicale optimiste en prenant appui sur un cri qui revient comme une vague « Et toi, mère, qu'as-tu fait de mon souvenir ? ». Les deux premières parties liquident le passé empoisonné dans un retour en arrière. L'interlude central évoque la rencontre symbolique du personnage avec la vieille dame apaisée qu'elle sera un jour. Les deux dernières parties reprennent une chronologie normale et affrontent le présent et l'avenir. le propos du récit est double : rendre compte d'une souffrance privée et montrer à quel point celle-ci est intriquée dans la souffrance politique d'un peuple asservi longtemps par la colonisation. L'auteur dénonce la faute collective qui consiste à fuir dans la religion ou le rêve d'aller en France, au lieu de compter sur ses forces et d'affronter l'avenir. La narratrice voit tout du haut de ses douze ans. Mais elle se fait l'écho des idées de l'auteur, au point que sa crédibilité de narratrice enfant est mise à mal. Journal, récit, lettre, le livre est tout cela à la fois. Roman d'apprentissage, puisque l'héroïne finit par trouver sa voie, roman d'apprentissage politique, dont le message est clair : c'est en s'appuyant sur les forces de ceux qui ne se replient pas sur eux-mêmes que ce pays peut survivre. La narration au présent donne au texte la proximité d'une confession et d'un reportage : peu de descriptions, des faits rapportés au plus près à partir de phrases courtes. le texte brûlant s'appuie sur tous les signes visibles de l'émotion en évitant les dangers du voyeurisme. Ce livre attachant fait confiance à la nature humaine et à ses capacités à rebondir. Il devrait toucher des adolescents et les sensibiliser à l'urgence de la question africaine. Nicole Wells
Commenter  J’apprécie          00
Un nom pour un autre

Lecture jeune, n°121 - Boston, fin des années soixante. Ashoke et Ashima Ganguli, un jeune couple d'immigrés indiens, donnent naissance à leur premier enfant. Comme le veut la tradition, la grand-mère d'Ashima choisira son prénom. Mais les jours passent et le courrier n'arrive pas. Sommés par l'administration américaine de lui trouver un prénom, les parents le baptisent Gogol, en hommage à l'auteur russe et en écho à une histoire douloureuse, longtemps tue par Ashoke. Gogol grandit comme un jeune Américain. Peu à peu ce prénom l'embarrasse, tout comme lui pèsent la culture de ses parents, leurs traditions et leurs attentes. Ce très beau roman d'apprentissage dit la difficulté à être et à se construire dans une double culture. le récit, qui se déroule de 1968 à 2000, nous permet d'accompagner intimement Gogol-Nikhil et d'appréhender les conflits et les doutes qui l'envahissent face à son identité. On est touché par l'évocation des relations entre un fils et ses parents, qu'il ne parvient pas toujours à aimer et comprendre. L'auteur pose en filigrane la question de l'intégration dans une Amérique sûre d'elle. Ce destin trouvera un écho certain auprès de nombreux jeunes lecteurs. Mise en réseau : Sur une thématique proche on pourra voir le film de Ken Loach, Just a kiss, qui met en scène la communauté pakistanaise à Glasgow. ndlr Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie          00
Plus un mot

Lecture jeune, n°121 - Depuis qu'il a été accusé d'avoir tué sa demi-soeur, Branwell s'est enfermé dans un mutisme que personne ne parvient à rompre. Tentative de meurtre ou chute accidentelle ? le bébé est plongé dans un coma sur l'issue duquel les médecins ne se prononcent pas. Persuadé de l'innocence de son meilleur ami, Connor se rend chaque jour au centre de détention des mineurs et tente de rétablir la communication avec Branwell, grâce à un jeu de cartes. Deux témoins pourraient aussi être coupables : Vivian, la baby-sitter et son petit ami, Morris. le dénouement ne révèlera pas de coup de théâtre. le lecteur est pourtant tenu en haleine grâce à une écriture efficace. L'amitié indéfectible qui unit les adolescents, la complicité et la compréhension de la soeur de Connor, qui elle aussi a mal vécu le remariage de ses parents, ces thématiques concerneront un large lectorat. L'environnement familial est ici décrit avec beaucoup de justesse. Cécile Robin-Lapeyre
Commenter  J’apprécie          00
S.

Lecture jeune, n°121 - Gipi consacre son dernier ouvrage à son père décédé. Comment parvient-il à évoquer cet homme, que nous dit-il de lui et de leur relation ? Il compose un voyage au fil de ses propres souvenirs et d'histoires racontées par son père. Ainsi le lecteur est-il transporté de la Seconde Guerre mondiale vécue par les parents de Gipi à l'enfance de l'auteur. Une fois encore, l'artiste italien nous livre avec talent une histoire, celle de son père. La raconter semble être une façon pour lui de revivre et de comprendre la relation qui fut la leur. Il interroge par ailleurs les notions de mémoire et de transmission : qu'est-ce que le souvenir ? Les instants racontés sont-ils les instants vécus ? Il installe peu à peu le lecteur dans une forme d'incertitude nécessaire à son propos. L'ouvrage se distingue des précédents par une narration totalement éclatée. Pas de repères ici, on passe d'une époque à l'autre, d'un souvenir à l'autre au gré des mots et des sensations. La poésie et la force de l'écriture en sont renforcées. La gamme chromatique se fait aussi plus douce et chaleureuse qu'à l'accoutumée : « J'ai souhaité des couleurs accueillantes pour les personnages », explique l'artiste. S. est un ouvrage intime et exigeant, dont la réflexion tend à l'abstraction. Il est à proposer à de très bons lecteurs. Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie          00
Lignes de faille

Lecture jeune, n°120 - Histoire, mémoire et secret sont au coeur du roman de Nancy Huston. Histoire personnelle, familiale, mondiale, sans oublier celle que le lecteur est invité à reconstituer, s'entrechoquent et se répondent ici. Pour quelle signification ? L'auteure parle-t-elle de l'intime et de la construction de soi, ou davantage du politique ? de tout cela à la fois. Ces lignes de faille évoquent ces influences multiples, sociales, politiques et culturelles, que nous recevons comme autant de chocs, à partir desquelles nous devons nous construire. le récit nous semble éminemment politique aussi. Nancy Huston prend ici position. le regard très dur, sans tendresse aucune, qu'elle porte sur Sol, enfant américain vivant en 2004, apparaît comme une critique directe des Etats-Unis. Mais ce sont bien les personnages qui portent et articulent ce récit : des mères et leurs quatre enfants. le point de vue est celui de ces « petits », et de ce fait singulier. Les voix de Nancy Huston sonnent parfaitement justes. Ce ne sont pas celles d'enfants de six ans, mais bien celles de l'Enfance, dans toute sa beauté, sa violence et son sérieux. En raison de ces entrées multiples, on conseillera cet ouvrage à des lecteurs curieux, disposant déjà d'une bonne culture littéraire. L'inventivité de la narration, la maîtrise de l'écriture et la vivacité du ton achèveront de les convaincre. Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie          00
La fille du docteur Baudoin

Lecture jeune, n°120 - Comme toujours, lorsqu'elle aborde un sujet de société (les méfaits de la mode, les dangers des sectes…), Marie-Aude Murail sait s'y prendre pour nous en présenter tous les aspects, avec une précision quasi-documentaire, qui n'a d'égale que la finesse de son analyse psychologique. On appréciera également l'humour féroce, un brin caricatural, avec lequel l'auteur dépeint deux conceptions opposées du métier de généraliste : celle du docteur Baudoin, désabusé et cynique, et celle du docteur Chasseloup, Saint Bernard dans l'âme. Dommage que la fin ternisse la réussite de l'ensemble : on ne croit pas un instant à cette histoire d'amour entre une adolescente branchée, et ce jeune médecin certes très humain, mais complètement ringard. Anne Lanchon
Commenter  J’apprécie          00
Oreille d'homme

Lecture jeune, n°120 - Les éditions du Rouergue publient un troisième texte de Bart Moeyaert, auteur encore trop peu connu en France. Au fils des parutions, la singularité de son univers et la force de son écriture s'imposent. Ce récit, d'une extrême densité et tension, est une nouvelle plongée au coeur des relations familiales. La scène d'ouverture est une fête à l'occasion d'une naissance. Oncles et tantes, cousins et cousines sont réunis, mais très vite les relations dégénèrent « à cause du passé ». Les portes claquent, les remarques perfides fusent. Même les jeux les plus anodins tournent mal. « Jouer à la famille » devient l'occasion pour les enfants de brutaliser une cousine, et de la soumettre à leurs propres modèles. Dans ce récit d'enfance, les adultes semblent hors champ. Leurs paroles et leurs gestes sont rapportés, leurs mains frappent et leurs voix ordonnent. La narratrice ne comprend pas leur monde, complexe, triste, étroit. Mais elle saisit parfaitement le caractère inéluctable de la reproduction des situations : « On avait aussi envie de se disputer, histoire de pouvoir se réconcilier comme nos parents le faisaient ». le style est concis, direct et vif, il ne s'embarrasse pas de détours, à l'image des constats des enfants. Cette écriture très visuelle sert un propos parfaitement maîtrisé qui peut glacer ! Nous posons néanmoins une limite, celle de l'âge des protagonistes qui sont de très jeunes enfants. L'identification sera difficile pour le lecteur adolescent. Gageons alors qu'il puisse prendre le recul nécessaire et entendre la voix de l'enfance. Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie          00



{* *}