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EAN : 9782843449055
480 pages
Le Bélial' (14/11/2016)
4.15/5   56 notes
Résumé :
Nous sommes les hommes des cavernes. Nous sommes les Anciens, les Progéniteurs, les singes qui érigent vos charpentes d’acier. Nous tissons vos toiles, construisons vos portails magiques, enfilons le chas de l’aiguille à soixante mille kilomètres/seconde. Pas question d’arrêter, ni même d’oser ralentir, de peur que la lumière de votre venue ne nous réduise en plasma. Tout cela pour que vous puissiez sauter d’une étoile à la suivante sans vous salir les pieds dans ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Pour une fois je commence par les remerciements.
Mille MERCIS à Apophis pour sa critique sur ce recueil de nouvelles de Peter Watts. Il le définissait comme le livre SF de l'année 2016, et je l'ai effectivement trouvé excellentissime.
Et bravo aux éditions le Bélial' et Quarante-Deux pour avoir conçu ce bel objet.

Bien qu'ayant siroté le recueil sur plusieurs mois, j'ai ressenti une forte unité dans ces textes pourtant variés ; une espèce d'ambiance commune qui se joue des débuts et des fins. Cette atmosphère, quoiqu'en dise l'auteur dans sa postface, fleure la dystopie.
Assurément l'être humain ne domine pas la situation ; même quand il surfe sur les ondes gravitationnelles son sort n'apparaît pas enviable ou son comportement laisse à désirer. Souvent on le voit confronté à des choses étrangères et étranges – dont Peter Watts aime parfois bien nous faire partager le point de vue – aliens, machines ou IA, dont les modes de pensées ne peuvent qu'être passablement traduits par l'auteur mais qui partagent avec nous la soumission à la sélection naturelle. La vie est un combat pour tous. L'adversité stimule la créativité et aiguillonne le progrès. Quelle que soit l'épaisseur de notre couche de vernis civilisé, le reptilien tapi au fond de nous reste aux commandes en fin de compte.

Mais le pire du pire de la dystopie, chacun de nous peut finalement le rencontrer au coin de la rue. Aussi puissantes que soient les constructions futuristes et aliens de Watts, ce sont les horreurs bien réelles qui m'ont frappé : une telle qui a été violée par son père étant enfant, un tel qui résiste chaque jour à ses tentations pédophiles, tel autre se voit avantagé dans une mission parce qu'il est psychopathe, etc. Peter Watts l'explique dans sa postface : l'homme étant ce qu'il est et ayant mené sa planète dans l'état où elle se trouve aujourd'hui, comment voulez-vous définir un point de départ réaliste à une histoire qui ne mène pas à une dystopie ?

L'auteur est un scientifique et il imprègne sa prose de science et de technologie, mais jamais il ne les laisse prendre le lead du récit. Les ressorts fondamentaux sont profondément émotionnels. Peter Watts manie à merveille la métaphore ; il déborde d'imagination pour couvrir la science de couches sucrées plus faciles à digérer. du grand art.

Bien qu'averti, je ne m'attendais pas à une telle qualité. Peter Watts est un formidable novelliste. Avec Robert Charles Wilson et Guy Gavriel Kay, le Canada peut décidément s'enorgueillir de posséder des auteurs de l'imaginaire particulièrement féconds et talentueux.
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Avec Peter Watts votre imaginaire va être mis à rude épreuve. Ne comptez pas qu'il vous apporte des situations toutes faites ou vous n'avez plus qu'à les lire dans un mielleux tendrement fantastique, l'esprit déjà tourné vers votre belle en nuisette ou votre beau les pectoraux finement musclés. Que nenni ! Avec cet auteur va falloir un mettre un coup, et même un bon coup, si j'ose m'exprimer ainsi. Nous sommes avertis dans les pages d'ouverture : l'intéressant avec Peter Watts c'est la relecture. C'est vrai qu'au premier coup d'oeil le lire ce n'est pas évident, certains passages doivent être lus deux ou trois fois, p'têt même plus. Mais lorsque vous arriverez à pénétrer cet univers, alors là c'est du grand art ... du très grand art. On touche les sommets. En route pour de nouvelles dimensions !
Un recueil de nouvelles très courtes mais très denses mais surtout très bien construites. Gare à vous si vous si vous ratez une ligne, vous pourriez très vite vous faire éjecter. Tous vos neurones doivent être tendus dans un seul but : être dans l'instant présent pour écouter les mondes qui vous entourent.
Dire que lors de l'opération "masse critique de Babelio" de novembre je l'ai cliqué au hasard. Pouvez-pas mieux faire les choses. Lorsque je suis rentré du boulot, je l'ai déballé et parcouru les premières lignes, tout de suite j'ai été happé par cette écriture si singulière, n'attendant plus que l'heure d'aller lire.
Mais le plus intéressant c'est de relire certains de ces bijoux, vous y trouverez de nouvelles choses savamment cachées. Je ne doute pas que pour en découvrir toutes les subtilités il faille les lire encore et encore.
A réserver aux amateurs du genre. Si vous voulez vous rendre compte de la qualité d'écriture taper sur votre moteur de recherche préféré le titre du bouquin et l'auteur. Sur le site de Bélial' une nouvelle est disponible en lecture.
Merci aux éditions Bélial' et Quarante-deux pour ce super cadeau.
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Le livre de SF de l'année, avec L'homme qui mit fin à l'histoire de Ken Liu

Pour reprendre un gimmick cher à l'auteur, nul besoin de champ magnétique modulé pour me persuader que Peter Watts est le dieu de la Hard SF, ce recueil suffira largement. Plus accessibles que ses romans, ces nouvelles, pour l'écrasante majorité d'une qualité allant de vraiment bonne à excellente, sont vraiment à lire par tout amateur de SF. En effet, elles effectuent avec brio cet alliage rarissime entre sense of wonder et profonde réflexion. Cette dernière s'articule autour de grands thèmes récurrents, le principal étant l'illusion du libre-arbitre, la pensée consciente (prétendument) rationnelle n'étant en fait qu'une justification a posteriori de processus inconscients issus des parties les plus anciennes et les plus primitives du cerveau humain, eux-mêmes n'étant que le fruit de phénomènes chimiques et électriques précisément déterminés par les lois de la physique. C'est un thème récurrent chez Watts, qui évacue d'ailleurs complètement la conscience du jeu dans son roman le plus célèbre, Vision aveugle.

Une autre thématique récurrente de ces textes est une charge répétée et sans merci contre l'irrationnel, la religion, les pseudo-sciences. C'est d'ailleurs le sujet d'une des parties du recueil (les nouvelles sont groupées par thématique commune). Les autres comprennent des textes sans lien entre eux ou avec les autres / les romans de Watts, trois nouvelles suivant le parcours d'un vaisseau tisseur d'un réseau de portes spatiales dans un futur inimaginablement lointain, un prélude à Échopraxie, ainsi que deux textes se passant dans l'univers de Rifteurs (dont un repris dans Starfish).

Toujours intelligentes, toujours pertinentes, invariablement compréhensibles si on se donne la peine de faire un petit effort, vertigineuses dans leur fond et / ou leur forme (les deux, le plus souvent), ces nouvelles sont un incontournable pour tout amateur de (Hard)SF qui se respecte. Elles sont aussi une très bonne porte d'entrée dans l'univers de Watts, sans doute plus accessibles, pour un premier contact, que Vision aveugle (qui est, cependant, j'ose le dire, sans doute le plus grand roman de Hard SF jamais écrit).

Malgré cette qualité, et malgré les dénégations de Watts en personne à ce sujet dans la postface, l'univers développé par l'auteur canadien est extrêmement noir, dystopique (du moins, et j'insiste là-dessus, c'est comme ça que le lecteur lambda le ressentira), ce qui fait que l'ambiance ne plaira pas à tout le monde (c'est particulièrement sensible dans la partie Starfish de l'ouvrage). Mais moi, j'ai adoré, c'est à mon sens la plus brillante antithèse possible aux niaiseries du dystopique Young adult.

Vous trouverez la version complète de cette critique, avec un résumé et une analyse de chacune des seize nouvelles, sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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J'ai découvert Peter Watts par deux nouvelles publiées dans Utopiales 2010 et Utopiales 2013. Et sans surprise, je redécouvre ces deux textes ici. Je ne m'attarderais donc pas dans cette chronique sur Les choses (qui gagne un pluriel à cette réédition) et Nimbus.

La deuxième nouvelle, Malak traite de l'IA dont est équipé un drone de combat. Mais est-il possible de donner une intelligence à une machine en lui refusant le libre arbitre ? Là est la question. Cette nouvelle est intéressante, bien menée, mais, malgré ses seulement 15 pages, m'a paru longue. Je pense que c'est lié au mode narratif qui n'est pas très dynamique... embêtant pour une machine capable de se déplacer à grande vitesse. :)

J'avais oublié de parler de Ambassadeur où il est également question de machine de guerre rendue intelligente. Là, on ne sait pas s'il s'agit d'une IA ou d'un humain modifié pour être pleinement adapté à sa machine. Quoi qu'il en soit, pris en chasse par un ennemi bien mieux équipé que lui, ils finissent lui et l'autre dans les griffes d'entités bien plus puissantes. Intéressante, mais sans plus. Il est vrai que cette entité humaine pourchassée et sauvée in extrémis par une entité plus puissante et qui du coup est convaincue qu'elle forcément encore plus belliqueuse est loin de me convaincre.

Le Second Avènement de Jasmine Fitzgerald est inspirée par les théories de la mécaniques quantiques. Et si nous pouvions réécrire le monde, comme on le fait d'un programme informatique ? On fait parfois des erreurs. Et ces erreurs peuvent vous conduire en prison. Tant pis, il suffira de réécrire aussi cette partie du programme. Cette nouvelle est rafraichissante. et ne peut que plaire à quelqu'un qui, comme moi, aime la physique théorique.

L'île est un vaisseau spatial très particulier. Parti à travers l'espace pour construire un système de transport basé" sur des trous de ver, il embarque quelques humains. Mais longtemps, très longtemps après leur départ, il rencontre une forme de vie très particulière. C'est l'occasion pour l'héroïne (la narratrice) de se poser des questions existentielles. Je l'aurais trouvée parfaite si la fin ne m'avais donné l'impression d'être bâclée.

Et j'ai été surpris de découvrir en me lançant dans la lecture de Éclat, qu'elle était la pré-quel de la précédente. Pourquoi les avoir mise dans cet ordre ? En effet, on y découvre Sunday, l'héroïne de la nouvelle précédente, avant son départ du système solaire. Elle se pose visiblement déjà beaucoup de questions sur le sens de la vie.

Nous restons dans le même univers space-op avec Géantes. Là, une petite erreur de pilotage met le vaisseau en grand danger. Comment les deux seuls humains éveillés à bord vont-ils pouvoir sauver la situation ? À vous de lire. Je note donc que ces trois nouvelles pourraient plus logiquement se lire dans l'ordre 2-3-1. Pourquoi l'éditeur a-t-il fait le choix de placer L'île en premier ? Bref, c'est Éclat qui a ma préférence, mais il serait intéressant que Peter Watts en écrive quelques autres sur ce thème.

Avec Un mot pour les païens, Chair faite parole et Les Yeux de Dieu, l'auteur nous offre un triptyque métaphysique sur Dieu et la vie après la mort. Dans la première, Peter imagine une civilisation où la communion avec Dieu peut se faire grâce à des machines et où Dieu est perçu comme un champ (à l'image du champ magnétique) et où l'ablation d'une partie du cerveau vous coupe de la parole divine.

Mais dans Chair faite parole, un homme cherche désespérément à capter les derniers instants de la vie pour comprendre comment se fait le passage de vie à trépas. Pendant que d'autres mettent au point des machines de plus en plus sophistiquées pour simuler la vie.

Les Yeux de Dieu pourrait être le nom de ce système de contrôle décrit dans cette nouvelle où grâce un système électronique complexe, on fait passer les personnes sous un portique non plus pour révéler les objets qu'elles portent sur elles, mais leur état d'esprit, leur motivation, arrêtant nette toute intention belliqueuse.

Hillcrest contre Velikovski aborde le sujet épineux de l'effet placebo. Peut-on reprocher à quelqu'un d'avoir démontrer l'effet placebo d'un talisman ou d'un médicament ?

Éphémère est la vie d'une IA qui a des relations difficiles avec le monde des humains, beaucoup trop lents à son goût, pris qu'ils sont dans la mélasse d'un monde matériel. Mais cette IA n'est en fait qu'un programme informatique conçue pour mourir de vieillesse. Elle ne gagne donc rien à vivre dans les méandres d'un système informatique complexe dont l'arrêt peut être ordonné à tous moments. Cette nouvelle est intéressante mais pas passionnante.

Le Colonel est une nouvelle étrange par sa structure et son contenu. 30 pages qui m'ont donné le sentiment d'être les éléments de base d'un roman qui pourrait être passionnant. Mais en l'état, c''est une nouvelle qui m'a paru brouillonne, fouillis. Alors, si j'ai bien compris, nous avons, pèle-mêle : un message supposé d'un vaisseau spatial perdu depuis vingt ans, des extraterrestres bienveillants, les humains qui vivent en ruches et d'autres qui ont transféré leurs psychés dans un système informatique complexe et un dialogue difficile entre un colonel qui voit toujours le mauvais côté des choses et une tierce personne qui essaie de le convaincre du contraire. Mouais ! Elle m'a tellement peu inspiré qu'il m'a fallu presque une semaine pour la lire :-)

Une niche étant encore plus longue que la précédente, je m'attendais au pire. Hé bien non ! Je l'ai lu d'une traite. Elle très agréable et dynamique. Son approche de l'adaptation de l'être humain à des conditions de vie extrêmes est intéressante. Encore une fois les héroïnes se cherchent, mais il n'y a rien de négatif là-dedans. Simplement une remarque sur le fait qu'on se trompe parfois sur ses propres motivations.

Maison est la suite logique de la précédente. Quand vous les lisez l'une après l'autre, il n' y a pas de mystère sur l'identité de la créature décrite. Oh bien sûr, vous ne connaissez pas son nom, vous comprenez vite que la créature dont il est question est un être humain modifié pour vivre dans l'océan à grande profondeur. Je n'en dirais pas plus, si ce n'est que cette nouvelle, triste, mélancolique, se lit d'une traite et j'ai regretté qu'elle soit la dernière.

Les nouvelles s'arrêtent là. Viennent ensuite, deux textes, dont le premier est de Peter Watts, sur l'auteur et ses récits, souvent considérés comme déprimants. Certains allant jusqu'à soupçonner l'auteur d'être misanthrope. Ceux-là oublient certainement qu'on ne peut pas ne raconter que des histoires façon « la mélodie du bonheur » et que même dans « la petite maison dans la prairie » tout n'est pas rose. Et que ce sont souvent ces épisodes sombres de la vie des héros qui racontent l'histoire la plus forte.

En bref : Je confirme mon attrait pour l'oeuvre de Peter Watts, et vous conseille de vous pencher sur celle-ci si vous ne la connaissez déjà.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Peter Watts, je ne le connaissais pas du tout avant de recevoir son livre suite à une Masse Critique (merci à Babelio et aux éditions le Belial et Quarante-Deux).

J'ai donc découvert qu'il fait partie de "la nouvelle SF"... expression galvaudée et utilisée par chaque génération pour se défaire des oripeaux de la précédente. Mais à mon avis, Peter Watts ne se défait de rien... il revendique tout, au contraire. Il suffit de regarder ses thèmes de prédilection. La guerre, l'affrontement, la vie extra-terrestre, les rapports humains, les cyborgs, l'I.A. et toute cette sorte de choses. Sans oublier le Créateur... quel que soit son nom.

Classons-le... même si les étiquettes sont sans doute ce qui convient le moins à Peter Watts. Hard Science. Dantec signalait (quand il ne disait pas que des idioties) qu'un auteur de SF moderne (l'auteur ou la SF) devait lire les revues scientifiques pointues. Et sur ce plan-là, Peter Watts en connaît un rayon. Il agrémente joliment (?!) sa prose technique et parfois aride de poésie cybernétique du meilleur effet. Ce n'est pas vraiment, on l'a compris, une lecture de plage ou de tram... Mais cela se lit en général assez bien quand même. Peter Watts n'a pas sont pareil pour adapter son langage, la syntaxe, le mode de raisonnement au type de personnage principal. Que cela soit un humain, un drone, un cyborg... à chaque fois, c'est un univers très précis et typé qui s'ouvre au lecteur.

Au-delà du Gouffre est un recueil de nouvelles s'étalant de 1990 à 2014. Ce "gouffre", ce sont souvent les états d'âme du personnage principaL Que cela soit un extra-terrestre, un drone intelligent, un cyborg, un humain... Mais on sent assez peu le poids du temps entre ses nouvelles plus anciennes et ses plus récentes. A part le thème, peut-être. Les plus récentes sont plus ancrées dans le quotidien (la guerre le plus souvent). Et je ne dis pas merci au préfaceur pour spoiler de manière assez ridicule la première nouvelle.

Peter Watts montre qu'il connaît ses classiques. Il le montre abondamment. Des récits des années 30 (style Astounding Stories) aux principes de la robotique façon Asimov, en passant par les explorations planétaires (très années 50 aussi)... On a droit à une belle palette de clins d'oeil. Peter Watts sait y faire.

Quelques impressions sur les nouvelles:
Les Choses... blindée d'humour, la nouvelle revisite un classique des années 30. Je ne spoile pas davantage. Peter Watts soigne sa chute. Et les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être.

Le Malak... un drone en Afghanistan. Guerre cybernétique et escarmouches. Vert, Bleu, Rouge... la réaction du drone dépend du code couleur de son vis-à-vis. C'est froid, clinique. La frappe chirurgicale façon Peter Watts... Ce texte m'a vraiment impressionné.

L'Ambassadeur... Les états d'âme d'un émissaire terrestre, "humain" construit pour la mission (N.B. Peter Watts adore, use et abuse de ce concept de création de l'humain incomplet, bourré d'électronique et paré pour une mission spécifique).

Nimbus... un chouette texte écolo (1994 quand même) où l'envahisseur est constitué de nuages. Ce serait un peu simpliste quand même si l'auteur n'abordait pas le rapport père-fille (visions des générations) qui me semble être le vrai sujet.

Le Second Avènement de Jasmine Fitzgerald... entre psychiatrie, polar et physique quantique, Dieu n'est pas bien loin.

Eriophora... une trilogie de nouvelles, style Space opera, du nom du vaisseau spatial. A l'exception de L'Ile, c'est assez en-dessous du reste, même si on retrouve les thèmes de prédilection. Je dois avouer que je suis assez peu fan de ce genre-là.

Un mot pour les païens... est sympa, avec une réflexion (assez superficielle) sur la foi et la compromission de la hiérarchie religieuse. Malgré ce qu'en dit Watts lui-même, il est difficile de ne pas y voir une critique de la religion.

Chair faite parole... bof, nouvelle ayant mal vieilli, avec les rengaines usuelles chez Watts sur l'être cybernétique et connecté.

Les Yeux de Dieu... chouette nouvelle sur la culpabilité en actes et en pensées. Cela ne fait pas une nouvelle... mais constituerait un épisode intéressant dans un roman (critique globale, qui s'applique à pas mal de textes de l'anthologie).

Hillcrest contre Velikovski... une perle de cynisme et d'humour politiquement incorrect... En 3 pages, Watts nous fait le récit d'un procès où le directeur d'un musée sur les impostures scientifiques est poursuivi pour avoir brisé l'effet placebo qui maintenait une femme en vie. Jouissif.

Éphémère (avec Derryl MURPHY)... comme le souvenir qu'il m'a laissé...

Le Colonel... on peut être colonel et en même temps rester un père prêt à tout pour son fils. Thème rabâché mais traité plutôt bien.

Une niche... est un récit primé, assez ancien, mais qui fonctionne bien, avec le mal des profondeurs filmé et orchestré sous forme de test... Il y a souvent chez Watts cette dimension Big Brother qui donne à penser qu'il est un auteur dépressif... ce qui est faux évidemment (cf. infra).

Maison... les manipulations génétiques et la libre-pensée. Cela m'a rappelé un texte de Bradbury dans Chroniques Martiennes. C'est sympa, mais Bradbury est plus fin, plus poétique et plus surprenant.

Les deux derniers textes sont très intéressants, mais ce ne sont pas des nouvelles:
- En route vers la dystopie avec l’optimiste en colère, par Peter WATTS
Là on touche au génie... la pensée de Watts en prise directe, comme si on avait un implant qui nous renseignait sur les idées du "maître"... La démonstration qu'il fait de son optimisme et son refus d'être classé parmi les auteurs distopiques est brillante. Le récit de sa mésaventure à la frontière américaine, sa vision du monde... j'adhère à 100%, mais finalement cela rend ses récits encore plus glauques et effrayants, vu qu'ils ne sont plus de SF... Il serait intéressant de lire ce chapitre AVANT de lire les nouvelles.

- Dieu et les machines : les nouvelles de Peter Watts, par Jonathan CROWE
Analyse intéressante mais un peu courte.

Au final, l'univers de Peter Watts est intéressant. Assez proche du nôtre, et plus prémonitoire que l'on pourrait le penser. Il m'a fait penser à Bradbury, Bear, Brunner, Silverberg... Mais en moins bon à chaque fois. Ce qui est dommage. Les nouvelles ne sont peut-être pas son format le plus intéressant. Reste un style personnel. Une façon de décrire les choses très accrocheuse. Si le contenu n'est pas toujours à la hauteur, le contenant tient clairement la route.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Un bref tintement surgit soudain entre mes oreilles. Un verre ne serait pas de refus: cela serait vraiment agréable que l'arôme boisé d'un bon vieux scotch se glisse dans mes sinus. Je regarde autour de moi, découvre le panneau publicitaire qui m'a ciblé. Crown Royal. Putain de spam mental. Je remercie intérieurement les interdictions légales d'implantation nominative des marques: on peut me fourrer des envies dans la tête, mais me rendre accro à des marques commerciales franchirait le seuil de je ne sais quel seuil de "libre arbitre". C'est un geste futile, une concession aux fanatiques des droits civiques.
(Les Yeux de Dieu)
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Vous vous y connaissez en physique quantique Myles ?
Il secoua la tête. Pas particulièrement non.
Rien n'existe vraiment, du moins au niveau subatomique. Tout n'est qu'onde de probabilité. Jusqu'à ce que quelqu'un regarde, en tout cas. Alors l'onde s'effondre et on obtient ce que nous appelons « réalité ». Mais ça ne peut arriver qu'avec un observateur pour lancer le mouvement.
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Les cerveaux du Paradis sont en réseau, mais tout est inconscient... le surplus interneural laissé par vos besoins courants est loué à l'extérieur pour sa puissance de calcul tandis que votre âme flotte au-dessus d'un monde sorti de son imagination. C'est le modèle économique ultime : donnez-nous votre cerveau pour faire fonctionner nos machines et nous assurerons le divertissement de ses reliquats conscients.
(Le Colonel)
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Inutile d'expliquer quelle "sensation" ça fait. Inutile d'expliquer qu'il y a bien pire qu'être tabassée. Il y a même pire qu'être immobilisée et violée par son père. Il y a les intervalles entre, quand il ne se passe absolument rien. Quand il te laisse tranquille, et que tu ne sais pas pour combien de temps. Tu t'assois en face de lui à table en te forçant à manger, pendant que tes tripes contusionnées essayent de se remettre en place, et il te tapote la tête en te souriant, et tu sais que le sursis a déjà trop duré, qu'il va venir te retrouver ce soir, ou alors demain, ou peut-être après-demain.
(Une niche)
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Quel genre de monde peut rejeter la "communion"?
Qui est l'intuition la plus simple, la plus irréductible que la biomasse peut avoir. Plus on est capable de changer, plus on peut s'adapter. Et s'adapter, c'est être apte, s'adapter, c'est survivre. C'est plus profond que l'intelligence, plus profond que les tissus ; c'est "cellulaire", c'est axiomatique. Et de surcroît, c'est jouissif.
(Les Choses)
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Videos de Peter Watts (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peter Watts
Titulaire d'un doctorat en biologie et ressources écologiques, spécialiste des fonds marins et De La faune pélagique, Peter Watts appartient au rang de celles et ceux qui proposent la plus exaltante des sciences-fictions contemporaine. La réédition toute récente de “Vision aveugle” — roman aussi exigeant qu'électrisant, qui questionne les notions d'intelligence, de conscience et d'altérité — fournit l'occasion rêvée pour une discussion sur les parutions récentes de l'auteur, ses projets, la science-fiction, la vie, la mort, la fin du monde… Rendez-vous le mercredi 17 novembre 2021 à 18h ! Modération : Erwann Perchoc Interprète : Cyrielle Lebourg-Thieullent. Illustrations : Manchu https://www.belial.fr/peter-watts/vision-aveugle_belial
+ Lire la suite
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