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EAN : 9782020975353
156 pages
Seuil (20/08/2009)
3.19/5   67 notes
Résumé :
Myléna en avait assez. Je n'ai pas attendu qu'elle me largue c'est moi qui suis parti. Au bord de l'océan, pour en finir. Quand j'ai repris pied sur le rivage, j'étais déssoûlé, nu comme une bête et ne possédais plus rien. Passé un rideau de pins, on voyait des vignes. J'y ai trouvé un emploi d'ouvrier agricole. Franckne m'a rien épargné, avec lui on ne prend guère de gants. Les mains deviennent comme des pelotes d'aiguilles. J'ai continué à boire. J'ai appris cepen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime le style d'Eric Holder, non pas parce que c'est ma belle-mère qui me l'a fait découvrir, mais parce que l'écriture y est fluide et que dans les messages qu'il nous fait passer, chacun peut s'y reconnaître. J'aime l'écriture d'Eric Holder car celle-ci y est entraînante et envoûtante. J'aime les romans d'Eric Holder car ils s'attardent sur des personnages en fouillant dans leurs plus noirs secrets, fouillant au tréfonds de leur âme, même dans la partie la plus obscure. Je n'aime pas Eric Holder car il laisse son lecteur comme ça, sans explication à part entière au moment du dénouement final, ce qui explique ma note mitigée concernant cet ouvrage.

Ici, le lecteur découvre un personnage extrêmement attachant mais qui est loin d'être l'homme idéal. Anciennement écrivain, il se lance d'abord dans la scierie puis en rencontrant Franck, il devient réellement un ouvrier à part entière, se plongeant dorénavant dans l'univers agricole et viticole en particulier. C'est le comble pour cet homme dont la femme, Myléna, vient de lui dire qu'elle ne pouvait plus concevoir la vie avec lui à cause de son addiction à l'alcool (certes, en travaillant dans les vignes, ce n'est pas pour autant qu'il va faire lui-même son vin mais cela l'empêchera-t-il d'en consommer pour autant ? Rien n'est moins sûr). Lui qui n'est plus capable d'écrire ne serait-ce qu'un chapitre, lui dont la femme risque de ne jamais lui pardonner, lui dont les enfants (mêmes si ils son grands) risquent de ne pas être fiers de leur père, arrivera-t-il à se reconstruire ?

Un livre sur l'alcoolisme certes mais cela est valable pour n'importe quelle addiction quelle qu'elle soit et qui souvent gâche le monde de celui qui en est dépendant, un livre sur l'amour (celui des autres mais aussi celui de soi), un livre sur le travail des mains, un livre sur la vie quoi ! A découvrir !
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Bella Ciao
C'est le titre qui m'a fait choisir ce livre !
J'entends ce chant de révolte Italien, d'engagement qui me fait vibrer et m'émeut !
J'entre dans cette histoire :
Je suis dans le Médoc, ça me va, j'aime ce vin et cette région.
Le cadre : la vigne, ses rythmes, ses lumières mais surtout le travail de la vigne.
Le narrateur est un écrivain face à une page blanche, traversant des périodes de naufrage dans l'alcool
Incapable d'écrire plus d'une phrase correcte.
Le matin du quatorze juillet Mylena lui assène un :
"j'en ai assez".
Après plus de trente ans de vie commune et deux enfants, elle met son homme à la porte.
Il la comprend et fuit !
Il a tout perdu !
C'est l'histoire de cet homme qui décide de remonter la pente (et baisser sa quantité d'alcool).
Il va se reconvertir dans des métiers manuels à la scierie puis à la vigne, embauché par Franck, un forcené brutal.
Ce sera son chemin de rédemption !
Ce travail pénible qui maltraite son corps, crevasse ses mains va lui permettre de retrouver sa dignité, le ramener à lui même.
La reconquête : il veut retrouver celle qu'il aime et qu'il a perdue.
Il veut revoir ses enfants sa fille Lise et son fils Isaac.

Je suis mitigée sur le ressenti de ce livre !
C'est une écriture minimaliste, sobre, très épurée
et de fait je me suis sentie à distance dans cet univers, un peu en dehors, à l'écart des émotions.
L'intérêt s'est relâché parfois et les personnages manquaient de profondeur.
J'avais envie de bousculer ce narrateur humilié par Franck, son patron. Il subissait !

J'étais au deux tiers du récit lorsqu'arrive un moment de grâce : une lettre bouleversante adressée à sa fille !
Un autre moment de délectation : le face à face avec Franck ("son mauvais patron").
J'ai dû arriver à la fin de ce roman, pour saisir la force de cette écriture : Une écriture puissante, de celles qui disent tout en peu de mots mais qui marquent l'âme et le coeur !
De cette humanité indispensable à cette réalité !

Dernier plaisir :
je comprends pourquoi le titre de ce roman !
Una mattina mi son svegliato
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
Una mattina mi son svegliato
Ho trovato l'invasore

"l'envahisseur oblige au combat"

"le vrai rival de soi n'est pas un autre "

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Eric Holder né en 1960, est un écrivain sensible et délicat, il raconte avec légèreté et grâce la vie quotidienne des sentiments. Son roman « Bella ciao » retrace le ressenti d'un homme d'une cinquantaine d'années qui se noie non pas dans la mer ou l'océan mais dans une autre dimension liquide. Son épouse le quitte après une vie hantée par ce fléau qu'elle ne veut plus endurer.
La richesse de ce récit tient au fait que l'on se trouve vraiment dans la peau de celui qui prend un mauvais chemin, qui fait des dégâts autour de lui, qui pourtant n'a pas de telles intentions. Aucun jugement n'émerge de cette écriture simple, souvent imagée, on retrouve beaucoup de métaphores.
J'ai aimé la délicatesse de l'auteur à évoquer un sujet grave en toute simplicité et transparence avec des mots justes, sensibles.
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Le narrateur est un écrivain dont la plume est desséchée par l'alcool qu'il ingurgite depuis 30 ans, addiction qui n'est plus vivable comme le lui signifie sa femme.
Il erre pauvre hère, même pour sa noyade l'eau n'a pas voulu de lui, alors il va essayer de s'ancrer dans la terre, par de multiples petits boulots très physiques. Il a besoin de sentir son corps lui faire mal pour se sentir un tout petit peu vivant.
La gestuelle devient très importante dans son quotidien, cela lui redonne un peu de fierté, il est épaulé par diverses personnes, qui vont lui procurer de quoi survivre.
« Les paumes éclatées laissaient apparaître par endroits la chair à vif. Leur dos était quadrillé de cicatrices. A l'extrémité des doigts boudinés, ayant doublé de volume, certains ongles étaient devenus noirs, l'un d'entre eux attendait de chuter. »
Un long chemin avec lui-même commence, ponctué de visites à celle qui lui a dit :
« Je ne veux pas revivre ce que j'ai déjà vécu. Je n'en ai plus la force, tu comprends ? »
Ainsi défile sous les yeux du lecteur, une galerie de portraits croqués au sein du village, dans ce lieu qu'est le bistrot, mélange des genres et diffuseur de rumeurs, des paysages de vignes et de dur labeur.
La vie est comme un cep de vigne, noueuse et branchue et prend des formes tortueuses.
Ce livre peut paraitre sombre comme un ciel d'orage au-dessus de l'océan, mais cette noirceur est régulièrement déchirée par des éclairs de vie, car le narrateur sait observer, engranger des moments de fulgurance qui lui permettent de se raccrocher aux branches de la vie.
L'écriture est à la fois âpre, rude, fine, ciselé, poétique toujours et d'une belle humanité.
Humanité d'un regard qui transperce les apparences, qui déshabille les convenances.
Un coquillage poli par les marées.
Et encore et toujours en filigrane cet amour des livres.
« Les livres sont des drôles d'objets magiques, des boîtes à récupérer des coïncidences. »
Eric Holder est parti bien trop tôt et comme l'a écrit Jérôme Garcin il savait si bien parler des « gens de peu ». Ne le quittons pas, pour cela lisons et relisons ses livres, comme l'on savoure un plat ou un vin : en gourmet.
Et je vous souhaite lecteur d'aller votre chemin vers « Une seule femme possède en même temps le derrière arrogant d'une adolescente, l'épanouissement irradiant des maternités heureuses, les pattes d'oie, au coin des yeux, de qui a tellement aimé rire. La sienne, si l'on a eu la chance de la rencontrer tôt. »
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 1er février 2019.
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C'est Vincent Delerm le premier qui m'avait donné envie de lire cet auteur. Mais cela fait déjà quelques années et je n'avais jamais franchi le pas. Et puis, finalement, en lisant quelques blogs, l'idée m'est revenue et que je me suis lancé. Ce premier essai fut plutôt concluant.
Dans Bella Ciao, Eric Holder nous parle d'un écrivain en panne d'écriture et alcoolique qui se retrouve un jour (après des années de patience quand même) face à un ultimatum posé par sa femme : il devra choisir entre elle et la bouteille. Se sentant incapable de mettre fin à son vice, il préfère mettre fin à sa vie et part vers l'Océan pour se noyer. Ce qu'il ne réussira pas.
Pourtant, ce suicide raté sera le point de départ d'une remise en question totale : le narrateur ne rentre pas chez sa femme, s'installe dans une maison que des anglais lui demandent de garder pendant l'hiver, puis trouve un travail. Un travail physique, chez un viticulteur besogneux et sans aucune pitité pour ses employés.
Epuisant, humiliant, cet emploi permet pourtant à l'écrivain de progresser sur le chemin qu'il sait devoir parcourir. Face aux tâches éprouvantes qu'il doit mener (et qui lui endommagent d'abord les mains : tout un symbole chez un écrivain) mais aussi face à la nature dans laquelle il évolue, lorsqu'il lui faut replanter des pieds de vigne ou relever les fils de fer qui la tiennent, le narrateur devient peu à peu un autre. Peut-être pas celui que sa femme attend, mais déjà plus vraiment celui qu'il a fui le jour où il s'est jeté à l'eau.
Cette progression est l'occasion pour Eric Holder de nous offrir de très beaux passages sur la relation de l'homme à la nature, sur les liens fragilisés entre un père alcoolique et ses enfants, et sur la façon (l'une des façons) de tenter de les reconstruire quand les enfants sont adultes et que les bonnes résolutions semblent enfin pouvoir être tenues. Mais les plus belles phrases qu'écrit l'auteur, ce sont celles auxquelles il confie le rôle de témoigner de l'amour. Mais pas n'importe quel amour : l'amour durable, celui qui traverse les années et s'en nourrit, qui encaisse les déceptions et tente de les surpasser, puis qui ose mettre le feu à tout ce monde commun, parce qu'il n'y a plus rien d'autre à faire et parce qu'il faut agir avant que les déceptions elles-mêmes se chargent de tout détruire. Ce même amour qui finalement, guide le narrateur tout au long de son parcours de renouveau.
Bella ciao est donc avant tout un roman d'amour, de l'amour courageux et bâtisseur.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
"Souvent je me demande à quoi vous pensez, les gars. Il faut tout vous dire. Et encore ! Quand vous comprenez...
- On ne me parle pas comme ça.
Ma voix m'étonna. Elle sonnait glacée, métallique, ainsi qu'à l'époque où l'on ne me marchait pas sur les pieds. Franck aussi en fut frappé. Il ôta ses lunettes et me fixa, les sourcils remontés jusqu'au front.
- Pardon ?
- Pas bonjour ni comment ça va. Pas une poignée de main. Tu déboules en criant, tu m'insultes...
- Quelle insulte ?
Ses yeux en s'agrandissant donnaient envie de rire.
- L'insulte commence où finit le respect le plus élémentaire!
- Hé, bon sang ! Comment veux-tu que je te parle ?
Comme à un client, comme à un copain, ou alors... comme à une femme ?
- Je ne veux plus subir la façon dont tu me traites. Je me demande qui peut, d'ailleurs, à part des adolescents qui n'ont rien connu d'autre. S'il n'y avait que ta vulgarité, mais tu es fêlé, malade. tu ne penses qu'à humilier les gens. Ne me regarde pas comme si tu allais me bouffer. C'est la première fois qu'on te le dit ?
J'aurais bien aimé apprendre la vigne, continuai-je. A la tailler, à conduire des tracteurs, à élaborer le vin.
Oui je crois que ça m'aurait plu, de changer de métier.
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Franck mesure un mètre soixante-six. On n'ose imaginer le chef- d'oeuvre qu'aurait produit la nature si elle avait été plus magnanime, car ses cheveux sont d'un noir de jais sur lequel ricoche la lumière, et les muscles, moulés sans un pouce de graisse, courent sous sa peau comme ceux des chevaux. Sa petite taille, donc, ses longs cils veloutés, ses pommettes qui rougissent facilement, ses lèvres enflées de ragazzo inciteraient à la baisoter.
Sa raideur l'en défend, son autorité le protège.
Où qu'il déboule, serait-ce chez des intimes, un frisson de crainte parcourt l'assistance.
Chacun cherche à part soi une bêtise à se reprocher.
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Penché au-dessus du guidon, les yeux embués par ces larmes qui avaient tendance, depuis quelque temps, à couler trop souvent, je revoyais l’après-midi où elle était apparue,avec son petit short blanc, ses jambes scandinaves, sa chevelure aussi fascinante, aussi compliquée que la ramure d’un chêne. Je l’avais regardée d’en bas, persuadé qu’elle était trop bien pour moi. Qu’est-ce qu’elle m’avait aimé, pourtant…
Misérable salopiaud, quel gâchis.
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Nous avions expérimenté ensemble que deux individus dont les chemins auraient dû être divergents, qui n'ont en partage ni l'âge, ni l'instruction, ni les goûts, éprouvent parfois l'envie de se serrer dans les bras, tant ils se comprennent et s'estiment. Nous ne nous étions jamais serré que les mains, avec un peu de gêne, au moment de nous dire bonjour.
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"Un soir, il me prend par le bras pour que j'admire le soleil couchant au-dessus de Marlène, qui pointille le vallon alentour. On dirait que la brume la recouvre d'une soie, avec des plis sur le côté. Franck pose une main sur mon épaule.
_Il y a certainement de beaux spectacles dans le monde. Je n'en sais rien, je n'ai pas beaucoup voyagé. Mais celui-là, u vois, pour moi, c'est le plus beau. (Un temps...) Je m'y ressource, pour ainsi dire...Je viens, je me sens bien."
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