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EAN : 9782844852632
96 pages
Allia (23/01/2008)
4.07/5   14 notes
Résumé :
“Et le vieux monde, comme un chien esseulé / La queue serrée, derrière lui se tient.”
Dans une grande hallucination, Alexandre Blok rédige Douze entre le 8 et le 28 janvier 1918. La publication de ce texte provoque une vraie tempête. Peu d’écrivains ont osé faire aussi vite de la Révolution le thème central d’une œuvre littéraire. Dans les rues de Petrograd, les murs sont placardés d’affiches où figure un vers du poème : “Marquez le pas révolutionnaire !” Re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Editions Allia - Traduction d'Olivier Kachler
...
De la poésie à scander en haut d'un rocher, ou sur les épaules d'une statue, même si l'on est pas révolutionnaire pour un sou.

La traduction semble cette fois à la hauteur, bien que l'ombre d'André Markowicz plane encore au-dessus d'elle, telle une menace récente et implacable, présente à chaque fois que l'on parle de littérature classique russe… Et ce n'est pas prêt de s'arrêter, alors que l'on évoquera bientôt Pouchkine et Boulgakov… Les pro- et les anti- pourront fourbir leurs armes... ici, on préfère ne pas choisir son camp… en tout cas pour le moment…

Blok va jusqu'à nier le caractère politique de ces vers dans une note postérieure complétant cette édition, démontrant le caractère submersible par son environnement de l'intention d'auteur, voire qu'il puisse carrément se méprendre sur son oeuvre, (les) Douze étant bel et bien l'un des poèmes les plus représentatifs de cette littérature en pleine prise avec son Histoire, ou quand une oeuvre acquière une dimension à son corps défendant… rimes de barricades… vers de guerre civile…

On remarquera, en passant, que la précieuse(*) critique et auteure « colimasson »
— (*) dans le sens de sa valeur pour nous tous, n'ayant pas la chance d'en apprécier le reste, si vous m'autorisez cette délicate muflerie —
n'aime pas vraiment la poésie, et son principe de sens créé par trop de chemins détournés ( elle met Houellebecq à part… dont j'ignorai jusqu'alors la fibre poétique… ça ne doit pas être triste… ou bien si, en fait… ), alors qu'elle omet les nuages soufrés produits par Ezra Pound
Alexandra, si tu passes par hasard par là…

Pour le reste, une magnifique petite édition incluant astucieusement les dessins originaux d'Annenkov… en version plastifiée, « retiré des collections » de la bibliothèque municipale de Vanves, c'est encore mieux… portée en poche alors que l'on part irriguer…
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Entre 8 et le 28 janvier 1918 Blok écrit avec une certaine rage « Les Douze » en douze Strophes.
Douze hommes, des Bolcheviks, avancent dans un rythme saccadé et aux sons des fusils qui pétaradent, « Trakh-tararakh-takh-takh-takh takh ! » comme une chevauchée ils partent à l'assaut. Les mots claquent de sonorités révolutionnaires, le rythme s'emballe, la cadence s'accélère les éléments se déchainent comme se déchaine la révolution.

« le vent rôde, la neige voltige,
Douze hommes marchent.

Fusils et bretelles noires...
Partout des feux, des feux, des feux...

Cigarette aux dents, casquettes aplaties,
L'as de carreau ferait bien sur leur dos !

Liberté, liberté,
Eh, eh, sans croix !
Tra-ta-ta !
Il fait froid, camarades, froid. »
Les Bolcheviks en ont fait des douze leur étendard.

En lisant ce poème polyphonique où les voix se mêlent et s'interpellent, on sent combien le texte est heurté, combien les sonorités des mots sont importantes. Il faut le lire à voix haute, et regretter de ne pas pouvoir le lire en russe !
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C'est la Révolution, c'est la tempête, c'est le chaos. Douze soldats rouges avancent dans la nuit, dans la neige qui voltige. le Christ marche en tête, «d'une tendre démarche d'aile sur l'ouragan». Une folle énergie dans ces vers écrits en 1918, un rythme des plus puissants, un tourbillon qui nous emporte.
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Quand je me suis décidée à relire «Les douze» je pensais l'avoir lu en français mais visiblement je l'avais lu dans l'original, et du coup, je me suis attelée à une relecture dans l'original. Avec une certaine appréhension car cela faisait bien des années que je n'avais lu un ouvrage entier dans l'original. Certes c'est un texte court, mais c'est de la poésie, pas de la langue ordinaire. Heureusement j'avais copieusement annoté mon exemplaire, ce qui m'a évité tout recours à un dictionnaire !
Alexandre Blok a écrit son poème au plus près de la Révolution, pendant qu'elle était en cours. Il cherchait à « être adéquat avec la sonorité de l'époque » et on peut sans hésiter constater qu'il y a réussi : le rythme est syncopé, plein de ruptures, de dissonances, pour nous plonger au coeur de la tempête révolutionnaire. Il y a un côté dionysiaque dans le déchaînement anarchique des 12 gardes rouges. Les mots aussi partent dans tous les sens entre slogans, formules de prière, injures, bribes d'odes solennels… C'est un déchaînement de forces élémentaires comme le vent et la tempête de neige, c'est la mort d'une civilisation, mais avec l'image mystérieuse d'un Christ invisible qui chemine avec un drapeau rouge devant les 12 assassins on peut y voir une possibilité de subordination du désordre révolutionnaire à une nouvelle organisation, de l'espoir, une promesse de naissance d'une nouvelle culture. Ce poème a provoqué l'isolement de son auteur, incompris de la plupart de ses contemporains, il a déplu à la majorité des partisans de la Révolution comme à la majorité de ses adversaires. Les uns y voyant une caricature des Gardes Rouges, les autres une caricature choquante du Christ. Malgré cette énigmatique image christique ce qui reste d'essentiel ce sont des tableaux très concrets et saisissants de naturel qui font de ce texte un poème majeur de la Révolution russe. Blok s'est éloigné des bolchéviques en fait dès le remplacement des volontaires de la Garde Rouge par l'Armée Rouge des ouvriers et paysans avec service militaire obligatoire et encadrement par des commissaires politiques courant 1918, c'est à dire très peu de temps après la publication du poème. En 1920 Alexandre Blok nota sur un exemplaire de son propre poème : « On verra bien ce que le temps en fera. Peut-être toute politique est si sale qu'une seule goutte altère le poème et gâte tout le reste ; peut-être qu'elle n'en détruira pas la signification ; peut-être, finalement — qui sait ! — s'avérera-t-elle le ferment grâce auquel on lira Les Douze dans un temps qui ne sera plus le nôtre. »
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Pour ce poème d'Alexandre Blok, comme pour 90% des poèmes en général (sauf ceux de Houellebecq), c'est toujours le même problème. Pourquoi le mec a-t-il voulu se la jouer occulte ? Franchement, ça n'attise pas le désir. « Douze » a été pertinent pendant environ un an, lors de la révolution russe. Pas besoin de notice d'assemblage au cours de cette période. « Douze », il paraît, aurait également permis à la poésie russe de se moderniser. Autant dire que nous n'aurons pas accès à ce qu'on nous certifie être rythme dément, structure versifiée tourmentée, vivacité et musicalité ronflante. Il faudra y croire. le travail de traduction n'est pas mauvais mais enfin, ça ne vaut sans doute rien de l'original. Un siècle plus tard et dans un autre pays, « Douze » ne veut à peu près rien dire.


Ce que je préfère dans ce poème, c'est ce qu'Alexandre Blok lui-même en dit : « Ceux qui voient dans Douze des vers politiques, ou bien sont complètement aveugles à l'art, ou bien sont dans la boue politique jusqu'au cou, ou alors ils sont en proie à une grande fureur, qu'ils aiment ou qu'ils rejettent le poème ». Voilà qui me réconforte car moi, justement, j'ai rien compris de politique là-dedans. Mais le problème, c'est que j'ai pas vu grand-chose d'artistique non plus et ça, le Blok semble ne pas avoir conçu le cas de figure. En attente d'une traduction peut-être plus vivace, je laisse mon intérêt pour Blok en suspens…
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[Notes de Blok sur Douze]

On verra bien ce que le temps en fera. Peut-être toute politique est si sale qu'une seule goutte altère le poème et gâte tout le reste ; peut-être qu'elle n'en détruira pas la signification ; peut-être, finalement - qui sait ! - s'avérera-t-elle le ferment grâce auquel on lira Les Douze dans un temps qui ne sera plus le nôtre.
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[Blok]

La fin de Douze ne me plaît pas non plus. Je l’aurais voulue différente. Quand j’eus terminé e poème, je fus moi-même surpris : pourquoi le Christ ? Mais plus je regardais, plus nettement j’apercevais le Christ. Alors, j’ai noté : oui, malheureusement, le Christ.
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[Notes de Blok sur Douze]

Ceux qui voient dans Douze des vers politiques, ou bien sont complètement aveugles à l’art, ou bien sont dans la boue politique jusqu’au cou, ou alors ils sont en proie à une grande fureur, qu’ils aiment ou qu’ils rejettent le poème.
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Lui, dans sa capote de soldat,
Avec sa tête d’idiot,
Sa moustache noire, il la tortille et la tortille,
Et comme ça s’entortille
Et comme ça t’embobine…
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Les uns prenaient ce poème pour une satire de la révolution, les autres pour un poème à sa gloire.

[Maïakovski]
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Videos de Alexandre Blok (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Blok
Alexandre BLOK – Florilège lu des 'Cantiques de la belle dame' (France Culture, 2003) Une compilation des émissions « Poésie sur Parole », diffusée du 5 au 9 mai 2003 sur France Culture. Lecture : Christophe Brault. Référence des poèmes lus : 'Cantiques de la belle dame' (traduction : Jean-Louis Backès.
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