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André Coeuroy (Traducteur)Joseph Rovan (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070762132
350 pages
Gallimard (28/03/2001)
3.86/5   102 notes
Résumé :
Effi Briest est le dernier roman de l'écrivain allemand Theodor. Fontane (1819-1898).

Effi Briest, jeune femme adultère, brisée par une société d'hommes, est la victime d'un monde soumis aux lois des conventions morales.
Dans la Prusse dévergondée par l'argent, le destin de cette femme n'est que résignation et mélancolie.

Ce roman, considéré comme le chef d'œuvre de Fontane, est aussi l'un des chefs-d'oeuvre de l'école réalist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Effi Briest
Traduction : André Coeuroy
Préface : Joseph Rovan


Si le premier roman publié de Theodor Fontane se distinguait, paraît-il, par sa mièvrerie et par tout un ensemble de défauts dont le peu de stature des personnages et le style plat, "Effi Briest", l'un de ses derniers, constitue à l'opposé une vraie merveille de construction et de réalisme. A l'époque de sa parution, c'est-à-dire en 1894, le monde littéraire européen et américain était encore sous le choc du Naturalisme, que Zola, son créateur, avait pourtant baptisé ainsi près de trente ans auparavant. Fontane, comme tout un chacun à cette époque, a lu l'épopée des Rougon-Macquart - le roman "Nana" est même évoqué dans "Effi Briest". Mais les excès du Naturalisme ne sont pas pour lui. Il va simplement lui emprunter le regard sévère qu'il porte sur la société et, en en gommant la tendance au paroxysme, l'adapter à la raideur et aux conventions prussiennes. On en revient au réalisme, la base même du Naturalisme.

"Effi Briest" ressemble à un cours d'eau serpentant, avec douceur et tranquillité, à travers la Marche du Brandebourg et la Poméranie. Au début, ce modeste ruisseau est d'une clarté chantante. Mais, au fur et à mesure que l'héroïne avance dans sa découverte de la vie, des sentiments amoureux et de leurs conséquences, il se fait de plus en plus sombre avant, dans sa dernière partie, de retourner peu à peu à sa pureté originelle. Quand on évoque ce livre, on pense souvent à la "Mme Bovary" de Flaubert. Mais restons attentifs. L'univers dans lequel évolue la malheureuse Emma est beaucoup plus noir et peint d'un trait plus chargé, qui, avec un personnage comme Homais, peut même prétendre à la caricature. A se demander, après avoir lu le roman de Fontane, si Flaubert était si "réaliste" que ça ... Ou si sa recherche frénétique du mot juste ne relevait pas d'un désir profond d'éradiquer en lui les velléités flamboyantes et baroques qui font la grandeur et la faiblesse de "Salammbô."

Si réalisme il y a, celui de Flaubert est en tous cas marqué - nul ne pourra le nier - au coin d'un pessimisme puissant, qu'explique le caractère de l'homme. Celui de Fontane au contraire refuse de faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre. Pour le premier, le monde ne peut être sauvé (en vaut-il la peine, d'ailleurs ?), pour le second, on ne perd rien à essayer ... Quoi qu'il en soit, le Français et le Prussien se rejoignent en ceci que tous deux prennent fait et cause pour leur héroïne - Flaubert avec certainement plus d'agressivité.

L'héroïne de Fontane n'a que dix-sept ans quand elle épouse un ancien soupirant de sa mère, le baron von Innstetten, de vingt-et-un ans son aîné. J'aimerais pouvoir vous dire que cette différence d'âge, la rapidité avec laquelle se nouent les fiançailles - vingt-quatre heures - le fait aussi que le baron, jeune homme, ait courtisé la mère d'Effi, causent problème à un moment ou à un autre. Mais non : c'est admis dans les moeurs. Or, Effi est une jeune fille docile, élevée dans l'idée de faire un "bon" mariage, si possible avec un fonctionnaire impérial doté d'un bel avenir - et c'est le cas de son prétendant, qu'on voit déjà finir ministre. Elle l'épouse donc et le suit en Poméranie, dans une petite ville de province.

C'est un début banal, pour une histoire banale. La suite, bien sûr, c'est la liaison adultère entre Effi et le capitaine von Crampas. Une liaison aussi passionnée que secrète, à laquelle met fin la mutation de von Innstetten à Berlin. Puis vient la découverte, par le mari, de quelques billets doux conservés par la sentimentale Effi dans sa boîte à ouvrage et alors, le drame éclate ...

Six ans après, alors qu'il y a pour ainsi dire prescription, parce que le baron a des principes et tient à les faire respecter. Résultat : une vie gâchée, humiliée - renvoyée au néant.

L'intrigue, comme on le voit, est simple, pour ne pas dire classique. Les personnages s'incarnent lentement mais sûrement sans que l'auteur éprouve le besoin d'approfondir leurs états d'âme (Fontane suggère, il ne dit pas). Pour calmer les bien-pensants, il joue avec habileté avec la culpabilité qui mine la malheureuse Effi et la mène à sa perte - laquelle est aussi, à ses yeux comme pour ceux qui l'observent, sa rédemption. Mais au-delà, le lecteur ne manque pas de saisir la critique sévère portée sur une société capable non seulement de marier une innocente de dix-sept ans à un homme qui pourrait être son père, mais aussi de proposer ce genre d'unions comme LE modèle parfait. le sacrifice que fait Innstetten de sa femme au nom des principes édictés par la société et pour conserver son rang, est aussi appelé au banc des accusés. Fontane n'oublie pas enfin de blâmer les parents d'Effi qui, en un premier temps, se refusent à donner asile à leur fille désormais divorcée : eux non plus ne veulent pas perdre leur rang et voir se détourner d'eux leurs amis. Ce n'est que lorsque la Mort est là, lorsqu'elle s'installe, bien décidée à ne pas repartir sans Effi, que les von Briest acceptent de reprendre leur fille.

Cet acte d'humanité, pour tardif qu'il soit, permet à l'auteur de poser une ultime question : ces parents pourtant affectueux et pour qui Effi avait tant d'amour ne sont-ils pas les premiers coupables de tout ce gâchis ? La question résonne d'autant plus juste que c'est celle qui, justement, semblait avoir en cette histoire un aussi grand amour des principes que le baron von Innstetten, la mère d'Effi, qui finit par l'exprimer devant la tombe de sa fille.

En fait, "Effi Briest" est l'histoire d'une jeune fille que ses parents eux-mêmes préférèrent immoler sur l'autel des conventions et des règles édictées par la bonne société prussienne. Avec un tel programme et les circonstances atténuantes que l'auteur prête (de très bon coeur) à son héroïne - en particulier la note terrible par laquelle il signale que "Innstetten n'était pas un amant" - on comprend que le livre ait paru subversif à nombre de ses contemporains. ;o)
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Effi Briest est une jolie jeune fille sans histoire qui mène une vie tranquille et choyée avec ses parents, dans la grande maison bourgeoise de Hohen-Cremmen, petit village situé en Prusse. Lorsque le baron Geert von Innstetten demande la main d'Effi, au tout début du roman, la famille entière est enthousiaste.

La jeune Effi découvre peu à peu son époux, un homme cultivé bien plus âgé qu'elle, tandis qu'elle s'efforce de se complaire dans sa nouvelle vie à Kessin. La maison n'est pas telle qu'elle l'espérait, et la noblesse locale que le couple fréquente est quelque peu ennuyeuse et peu accommodante, mais la jeune femme insouciante et fantasque parvient à trouver un fragile équilibre.

La naissance d'une petite fille ne permet pas de gommer les grandes différences qui planent au-dessus du couple, et la jeune Effi finit par tomber dans les bras d'un séduisant militaire, Crampas, avec qui elle entretient une brève liaison. Effi et Innstetten finissent par s'établir à Berlin, où la jeune femme espère bien oublier cette folle aventure. Ce ne sera pas le cas, évidemment et elle devra payer un prix bien élevé pour son adultère...

C'est le troisième roman réaliste que je devais lire pour l'un de mes cours de Licence, après Nana de Zola et Tess d'Urberville de Thomas Hardy. Une liaison coupable examinée et relatée d'une manière fort différente de l'écrivain français et de l'anglais, plus mélancolique. Détail amusant, Effie lit Nana, à une période où elle fréquente une femme de moeurs un peu plus libres que le reste de son entourage.

Dans ce roman, Fontane insiste particulièrement sur le poids des conventions sociales, le fardeau imposé à une jeune épouse. Effie est très jeune lorsqu'elle épouse le Baron, 17 ans ! Comment reprocher un manque de maturité à une jeune fille de cet âge, à peine sortie de l'enfance (sentiment très bien retranscrit au début du roman, lorsqu'Effi s'amuse avec ses jeunes camarades). Sa liaison n'est peut-être pas excusable pour autant, mais Fontane sait si bien décrire les petites incompréhensions, les déceptions, l'ennui et les angoisses que je serai bien en peine de juger cette pauvre Effie, surtout face à un mari aimant certes, mais souvent distant, inattentif, un peu trop accaparé par sa fonction et un brin paternaliste, toutes choses qui peuvent rebuter une jeune fille.

En fait, le baron se dévoile plus tard, après la disgrâce d'Effi. On s'aperçoit que son bonheur et celui d'Effie comptent moins que les apparences et l'opinion de la société. de plus, sa manière tout à fait méprisable de modeler leur petite fille Annie, qu'Effie ne reverra que très brièvement, rend Innstetten encore plus détestable. Mais il n'est rien d'autre que le reflet de cette noblesse Prussienne, de cette société hypocrite et étouffante que dénonce Fontane.

Cette lecture m'a permis de découvrir cet écrivain Allemand qui m'était, mais alors, complètement inconnu je dois l'avouer. Effi Briest a été écrit en 1894 et a fait l'objet de plusieurs adaptations ciné et tv.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Ayant lu il y a peu, une oeuvre majeure de la littérature espagnole du XIXè :"La Régente" de Léopold Alas (dit Clarin), je suis tombée sur ce titre du prussien Theodor Fontane :"Effi Briest" que je viens de terminer.

"Effi Briest" est considéré comme le chef d'oeuvre de Fontane et je suis d'accord.
Car il faut situer cette oeuvre dans le contexte littéraire européen du XIXè: elle s'inscrit dans une série de publications autour de l'adultère féminin, sujet tabou pour l'époque au sein la bourgeoisie où l'homme pouvait mener librement un adultère (c'était même un gage de puissance économique), mais pas la femme.

Ainsi, une série très intéressante de livres a commencé à faire son apparition en Europe avec peut être "Emma Bovary" de Flaubert en premier, publié le 12 avril de 1857. "Anna Karenine" du russe Tolstoi ne fit son apparition que en 1877, dix ans après et ainsi de suite, je ne vais pas les citer tous.

"Effi Briest" fut écrit entre 1889 et 1994, ce serait peut être le dernier livre sur le sujet dans cette série. Je dis bien la série parce que il y a moult similitudes entre ces publications, mais aussi quelques différences bien nettes tenant au lieu de l'action, je pense.
Pour revenir à "Effi Briest", c'est un très beau roman, écrit de façon élégante par un écrivain chevronné qui restera très elliptique(à la façon de Flaubert) pour nous décrire la "chute" d'Effi Briest. Il excelle dans l'art de la causerie élégante, et il me fait penser à Sandor Márai en cela.

Le titre du livre est le nom de l'héroïne (inspiré d'un personnage réel, la baronne Elisabeth von Ardenne), Effi aura un "mariage arrangé" à dix-sept ans avec le baron Geert von Instetten, un haut fonctionnaire prussien et un très beau parti. Très vite la pétulante Effi va s'amouracher du beau commandant von Crampas et va se llier avec lui dans une relation qui va la perdre.
Le mari est un homme de principes et de grande rigueur protestante et il se doit de provoquer en duel l'amant de sa femme, même s'il pense que cela ne sert à rien. C'est la règle de l'époque et de son milieu.
A partir du duel, Effi Briest est mise au bain de la société y compris par ses parents qui ne peuvent plus l'accueillir au sein de la maison familiale.

Il y a dans ce beau roman l'affrontement de la société prussienne et l'émergence d'une société "bismarckienne", plus moderne. L'écrivain Fontane s'érige en accusateur de cette société prussienne qui est la sienne et qui représente toutes les valeurs auxquelles il croit: il le fait de façon satirique et assez elliptique, ce qui ajoute de l'élégance au récit.
Un livre majeur, je comprends qu'il fasse partie du programme des lycéens allemands.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Emma, Anna, Effi. Trois héroïnes en quatre lettres, trois incarnations de la femme adultère... 

Effi Briest n'est pas une petite bourgeoise comme l'héroïne de l'ermite De Croisset. Elle est la fille unique d'une famille d'ancienne - quoique modeste, noblesse du Mecklembourg. Sa vie est, pour elle aussi, d'une paisible monotonie, et son caractère n'est pas moins porté au romanesque que son illustre devancière. Elle se marie, fort jeune, avec un hobereau prussien devenu un haut fonctionnaire embourgeoisé. Ce mari carriériste la délaisse pour le service de Bismarck, la livrant à ses peurs et à son ennui, dans une demeure qu'on dit hantée. La chose n'est pas explicitement décrite, mais la trop sensible Effi se donne, par désoeuvrement et sans amour, à un vulgaire homme à femmes, le commandant Crampas. le mari outragé règle toute l'affaire avec retard et usure, dans l'esprit et le sens de l'honneur dévoyés d'une société prussienne aux moeurs étriquées. 

Effi Briest, classique de la littérature allemande, est le chef-d'oeuvre d'un auteur trop peu connu de ce côté-ci du Rhin. Clairement, dans sa traduction, ça n'atteint pas aux sublimités de Madame Bovary.  La description de la vie quotidienne, des particularismes des vainqueurs de Sedan et des paysages de la Prusse n'est pas sans intérêt toutefois. 
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J'ai longtemps laissé ce roman sur mon étagère ‘à lire' car je pensais que c'était un roman naturaliste déprimant, typique de la fin du 19e siècle. Vous savez, avec des personnages définis par leurs origines, sous une immense pression sociale et sans gloire perdus dans leur destin prédéterminé. Mais quand je suis finalement entré dedans, cela ressemblait à un roman de société léger, à la Jane Austen, y compris le père et la mère du personnage principal qui se chamaillaient. Bien sûr, cela s'est avéré également incorrect : ce roman est en effet l'histoire d'une chute, se concentrant sur la jeune femme Effi, descendante d'une famille de la noblesse inférieure de la Prusse de Bismarck (cette dernière a également une certaine pertinence pour ce livre). Et la pression sociale est bel et bien là, en particulier dans l'expérience du mari d'Effi, Geert von Instetten, qui l'exprime avec justesse après le tournant central et dramatique de l'histoire : « Partout où les hommes vivent ensemble, quelque chose a été établi qui est juste là, et c'est un code à qui nous nous sommes habitués à tout juger par nous-mêmes ainsi que par les autres. Et s'y opposer est inacceptable ; la société vous méprise pour cela, et à la fin vous vous méprisez, vous n'en pouvez plus et vous pointez un pistolet sur la tempe. » Fontane a pimenté son histoire d'éléments gothiques (l'homme de Chine qui fait office de croque-mitaine, la forêt sombre, etc.). Et le drame d'Effi rappelle forcément Emma Bovary et Anna Karénine. Seulement, avec cette comparaison, il me reste un sentiment un peu ambigu : le personnage Effi colle un peu trop à la surface pour moi ; Fontane semble suggérer que son adultère est purement causé par l'ennui, confirmant ainsi l'image d'une fille gâtée qui est tombée parce qu'elle s'est mariée trop jeune, purement par convention et non par amour. En revanche, son mari, le "parfait" mais ennuyeux von Instetten, semble être un peu plus nuancé. Ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, ce sont les conversations entre le père et la mère d'Effi. Chacun à leur manière, ils savent parfaitement mettre le doigt sur la plaie. Mais à la fin, ils doivent aussi avouer leur impuissance, car les vicissitudes de la vie leur semblent « un sujet trop vaste ».
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... - " ... Mais alors, [dit Wüllersdorf], "si tel est votre point de vue, si vous me dites : "J'aime tellement cette femme que je puis tout lui pardonner", et si nous ajoutons que tout cela remonte à une époque tellement lointaine que cela semble s'être passé sur une autre planète, s'il en est ainsi, Innstetten, je vous le demande, à quoi bon [ce duel] ?

- Parce qu'il le faut cependant. J'y ai mûrement réfléchi. L'homme n'est pas un isolé ; il appartient à un ensemble, et il faut prendre constamment en considération cet ensemble, nous dépendons absolument de lui. S'il s'agissait de vivre dans la solitude, je pourrais laisser aller les choses, je porterais mon fardeau, mon vrai bonheur serait évanoui, mais il en est tant qui vivent sans ce vrai bonheur ! je devrais faire comme eux - et je le pourrais. On n'a pas besoin d'être heureux, personne n'a droit au bonheur et il n'est pas nécessaire de rayer de l'univers celui qui vous vole votre bonheur. On peut le laisser courir, si on veut continuer à vivre hors du monde. Mais la vie en commun avec les hommes a formé quelque chose qui existe et d'après les prescriptions de quoi nous sommes habitués à tout juger, les autres et nous-mêmes. S'insurger là contre est impossible ; la société nous mépriserait, nous nous mépriserions nous-mêmes, nous ne pourrions le supporter et nous nous enverrions une balle dans la tête. Pardonnez-moi de vous faire un sermon qui, finalement, ne dit rien d'autre que ce que chacun s'est dit déjà cent fois à lui-même. Mais qui trouverait à dire du nouveau ? Ainsi donc, encore une fois, il ne s'agit pas de haine ni de rien d'analogue, et ce n'est pas pour une question de bonheur volé que je voudrais tacher de sang mes mains ; mais il s'agit, si vous voulez, de ce quelque chose de social et de tyrannique qui ne s'inquiète ni du charme, ni de l'amour, ni de savoir s'il y a prescription. Je n'ai pas le choix. Il le faut. ... "[...]
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[...] ... - "Eh bien, Effi, tu ne dis rien. Tu n'es pas rayonnante, tu n'as pas envie de rire. [Ton fiancé] dont les lettres ont toujours tant de verve et d'intérêt, sans jamais prendre un ton paternel.

- Je ne l'admettrais pas. Il a son âge et j'ai ma jeunesse. Je le menacerais du doigt et je lui dirais : "Geert, songe à ce qui vaut le mieux."

- Et alors, il te répondrait : "Ce que tu as, c'est cela qui vaut le mieux." Car il n'a pas seulement de la délicatesse et du savoir-vivre, mais il est juste compréhensif et il sait très bien ce que jeunesse veut dire. Il s'en imprègne, il s'y adapte, et s'il reste le même dans le mariage, vous serez un ménage modèle.

- Je le crois aussi, maman. Mais - j'ai presque honte à le dire - je ne suis pas très en faveur de ce qu'on appelle un ménage modèle.

- C'est tout-à-fait toi. Mais, dis-moi - en faveur de quoi es-tu au fond ?

- Je suis ... eh ! bien, je suis pour l'égalité et naturellement aussi pour la tendresse et pour l'amour. Et si l'amour et la tendresse ne sont pas possibles, parce que, comme dit papa, l'amour, c'est "des histoires" (ce que je ne crois pas, d'ailleurs) eh bien alors, je suis pour la richesse et pour une maison chic, très chic, où le prince Frédéric-Charles viendrait chasser l'élan ou le coq de bruyère, où l'Empereur ferait avancer sa voiture avec un mot aimable pour les dames et pour les enfants. Et quand nous serons à Berlin, alors je serais pour les bals de la Cour et les galas à l'Opéra, toujours tout contre la grande loge centrale.

- Est-ce que tu dis cela uniquement par orgueil et par caprice ?

- Non, maman, c'est très sérieux. D'abord il y a l'amour, mais, tout de suite après, la gloire et les honneurs, ensuite les distractions - toujours quelque chose de nouveau, qui me fasse rire ou pleurer. Ce que je ne puis supporter, c'est l'ennui." ... [...]
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" [...] Quand on va jusqu'au bout des choses, on exagère et on récolte le ridicule. Pas de doute. Mais où cela commence-t-il ? Où est la limite ? Au bout de dix ans, le duel s'impose encore, c'est ce qu'on appelle l'honneur, mais au bout de onze ans, peut-être dix et demi, cela devient absurde. La limite, la limite ! Y est-elle ? L'avais-je déjà franchie ? Quand je revois son dernier regard, résigné, et souriant dans sa misère, je sais qu'il voulait dire : "Instetten, toujours à cheval sur un principe... Vous pouviez m'épargner cela, et à vous-même aussi." Et il avait peut-être raison. C'est ce que me dit à peu près ma conscience. Oui, si j'avais été animé d'une haine mortelle, si j'avais eu un profond désir de vengeance... La vengeance c'est pas belle, mais c'est quelque chose d'humain, elle a un droit naturel. Mais tout cela n'a été qu'une histoire montée de toutes pièces, une demi-comédie, pour l'amour d'une idée."
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" Si éveillée qu'elle soit, si pleine de tempérament et presque de passion, ou peut-être même à cause de cela, elle n'est pas de celles qui sont préoccupées par l'amour ou au moins par ce qui mérite ce nom. Elle en parle, et même avec force et une certaine conviction, mais en somme simplement parce qu'elle a lu quelque part que l'amour est ce qu'il y a de plus grand, de plus beau, de plus magnifique. Peut-être ne fait-elle que répéter les paroles d'une sentimentale comme Hulda. Mais en elle cela ne correspond pas à grand-chose. Il est possible que cela vienne un jour, Dieu nous en garde, mais elle n'en est pas encore là. "
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"Tout ce qui doit nous faire plaisir est lié au temps et aux circonstances, et ce qui aujourd'hui représente un bonheur est sans valeur demain."
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