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EAN : 9782072833403
288 pages
Gallimard (29/08/2019)
3.96/5   34 notes
Résumé :
Le roman ressemble au théâtre puisqu’ils sont tous les deux pareils à la vie. Le monde entier est une scène, dit Shakespeare, et nous y sommes tous des acteurs. Depuis la nuit des temps, tous les soirs, les mêmes fables se répètent pour le plaisir du public. À tour de rôle, on reconnaît la sienne en n’importe laquelle des histoires qui se jouent sous nos yeux. La morale, amère, en est toujours la même : dépossédé enfin de tout ce qui fut à lui, chacun, au bout du co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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-Roman qui aurait pu être un essai philosophique, mais qui est écrit et présenté comme une
pièce de théâtre sur laquelle plane l'ombre de Shakespeare...
-1954
-une scène de théâtre, un vieil homme assis vu de dos; lui faisant face un peintre devant une
grande toile.
-Ph.Forest démontre que les évènements de la vie se renouvellent toujours de la même
manière pour les individus, la manière de les raconter diffère seulement, et ce à travers les
siècles, comme toute pièce de théâtre.
-la seule chose importante qui reste lorsque tout et dit et répété, c'est le chagrin que chaque
individu ressent et qu'il est impossible de partager.
Ce livre exigeant mais très beau raconte donc la création d'un portrait de W.Churchill : il a
80ans et va se retirer dans son domaine de Chartwell, le gouvernement anglais va lui offrir à
Westminster ce portrait commandé à un peintre à la mode de l'époque Graham Sutherland.
Une relative complicité va s'établir entre les 2 hommes, jusqu'à parler de leur immense
malheur intime: ils ont tous deux perdu un jeune enfant (Ph. Forest également).
Le Vieux Iion s'épanche, raconte ses échecs, ses victoires, ses regrets.
Pendant ce temps, le peintre produira un tableau dégradant aux yeux de son modèle et il
sera même réputé "infamant", il aura d'ailleurs conscience de trahir l'homme qui lui fait
face. Il épouse l'art à la mode à cette époque, et puis il sera grassement payé...
Le portrait revenu à Chartwell a probablement été brûlé par Mme Churchill, mais il en reste
une photo que le lecteur trouvera facilement sur Internet.
Ce livre est écrit comme une pièce de théâtre , un prologue remplace la préface, puis les
actes et les scènes se succèdent , comme différents chapitres.
"Mais si le monde est une scène, si nous y sommes tous des comédiens, y tenant notre place
jusqu'à ce que s'éteignent les dernières chandelles et que s'achève ce conte plein de bruit et
de fureur qu'un idiot raconte et en quoi consiste l'existence humaine, la seule manière juste
qui soit de montrer la vie consiste sans doute à lui donner-ou plutôt-; à lui restituerl'apparence
vraie, chaotique, incohérente et somptueusement insensée qui est ainsi la
sienne."
Il n'est pas facile d'entrer dans ce roman, l'adaptation se fait lentement, mais ensuite le
charme agit , et voilà le genre de livre qui ne s'oublie pas facilement.
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Je reste roi de mes chagrins nous conte, à la manière d'une pièce de théâtre en 4 actes, l'histoire de la rencontre entre Winston Churchill et Graham Sutherland. Ce dernier doit faire le portrait de l'illustre premier ministre anglais pour ses 80 ans. Un dialogue se noue entre ces deux personnages, même si c'est Churchill qui à un quasi monopole de la parole.

Je connaissais l'histoire de ce tableau ainsi que son funeste sort. Et récemment c'est dans la série The Crown que j'ai revu l'histoire de ce tableau, tout comme l'auteur. Et c'est pour cela que j'ai eu envie de lire ce livre. Je ne m'attendais pas à cette forme mais, tout compte fait, cela lui convient très bien. Après cela n'apporte pas plus d'éléments sur la relation entre ces deux hommes ou ce qu'ils ont pu se dire, ce ne sont que des suppositions, mais j'ai aimé m'immerger dans ce dialogue a deux voix.

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1954, Churchill, le lion rugissant, approche les quatre-vingt ans. le Parlement anglais, qui souhaite célébrer en grande pompe cet anniversaire, lui offre à cette occasion un portrait réalisé par un peintre renommé de l'époque. Les longues séances de pose sont l'occasion de discussions entre les deux hommes. Discussions lors desquelles les masques tombent. Loin de son image d'ogre tonitruant et impertinent, Churchill nous apparaît ici en vieux fauve, déclinant, au seuil de sa vie, un homme âgé qui se retourne sur son passé avec amertume et lucidité.
Nous en apprenons à cette occasion plus sur la vie de cet homme mondialement connu mais qui cache aussi ses zones d'ombre, son « black dog » comme il l'appelle. La mort en bas âge d'une de ses filles est ainsi un événement peu connu, mais qui semble l'avoir profondément marqué. Churchill nous apparaît dans le roman assez mélancolique et sombre, vulnérable, ce qui est très loin de son image habituelle. Mais, comme il le dit lui-même dans le texte, la vie est une scène et nous y sommes tous des comédiens, jouant notre rôle, donnant le change, sauvegardant les apparences.
La métaphore théâtrale est en effet omniprésente dans le roman, que ce soit à travers le découpage en actes et en scènes, ou à travers les très fréquentes références à Shakespeare. L'auteur nous offre finalement ici une réflexion philosophique et poétique sur la vie, et le pouvoir des apparences. Il le fait à travers le personnage de Churchill, mais il aurait pu s'agir de n'importe quel homme vieillissant, se retournant sur son passé. le fait que Churchill ne soit nommé que très tardivement dans le roman laisse en effet planer le doute sur l'identité du narrateur, lui donnant une dimension universelle, même si ce début de texte qui laisse le lecteur dans le flou peut être un peu déstabilisant quand on commence la lecture et si on ne connaît pas à l'avance le sujet du roman.
De sa plume puissante, poétique, élégante, Philippe Forest nous propose un roman finalement assez mélancolique sur un homme au seuil de sa vie qui s'interroge sur lui-même, son passé et ce qui restera de lui. Un livre émouvant, qui laisse entrevoir l'humanité et la fragilité de ce personnage souvent dépeint comme un monstre sacré, inébranlable, sans failles.
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Je modère ci-après mon enthousiasme de peur que, trouvant dithyrambique mon commentaire, vous ne profitiez pas de ce roman. Je vais donc tenter de rester mesuré.
Vous souvenez-vous du "Vieil homme et la mer", ce roman où l'action se résume à fort peu d'événements, si ce n'est un combat "d'homme à homme" ? Dans « Je reste roi de mes chagrins » de Philippe Forest, ne vous attendez pas à plus d'action ni à des rebondissements. L'histoire pourrait se résumer ainsi : un vieil et très célèbre homme politique, au faîte de sa gloire, pose devant un peintre --controversé mais reconnu-- chargé de faire son portrait. Il suffit de ce peu de matière pour que l'écrivain nous offre une fort belle oeuvre.
Tout le savoir-faire de Philippe Forest est de développer sous forme d'une pièce de théâtre le dialogue entre les deux protagonistes. Par théâtre, il faut entendre prologue, actes et intermèdes ainsi qu'épilogue, complétés, pour faire bonne mesure, avec un avant lever et un après tomber de rideau ; l'auteur-metteur en scène précise le jeu des acteurs, les contributions possibles du souffleur, le travail des concepteurs et opérateurs du décor, de l'éclairage et jusqu'au deus ex maquina moderne d'une projection sur écran ; de plus, de temps à autre, il livre en aparté aux spectateurs-lecteurs ses propres commentaires sur le jeu qu'il anime et va parfois jusqu'à écarter un épisode qu'il aurait pu introduire mais auquel il nous explique pourquoi il a renoncé. Vous devinez le risque : celui d'avoir affaire à un script technique très détaillé. Mais non, confortablement installé dans votre fauteuil, vous êtes bel et bien au théâtre et, emporté par une langue toujours aussi somptueuse et métaphorique, vous découvrez cette histoire qui s'inscrit (comme toutes les autres) au sein de "celle que l'humanité se raconte à elle-même depuis qu'elle est".
Le roman et le théâtre racontent la vie.. Il y a du Shakespeare dans ce récit : le dramatique n'est pas loin, mais, heureusement, de temps à autre, la comédie nous gratifie d'une détente.
On le sait, Philippe Forest ne peut pas de pas parler du deuil ni du désir. Mais il le fait chaque fois sous une forme renouvelée et, progressivement, de plus en plus subtile. Il est également littéralement fasciné par le miroir, par l'image qu'il renvoie et par ce qu'il y a derrière le tain ou derrière la toile. Est-il possible de représenter le réel ? Avec des mots ? Par la peinture ?
Ce qui est singulier chez Forest, selon moi, c'est cette perpétuelle interrogation que ses écrits portent sur eux-mêmes, sur leur tentative de représenter le monde. Comme Proust, il écrit en s'interrogeant sur l'écriture. Leurs romans se livrent en quelque sorte à leur propre introspection…
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Ce n'est pas en trébuchant sur une histoire qui trainait à terre mais en regardant la série The crown qu'a germé chez Philippe Forest l'idée de ce roman qui relate le dialogue imaginaire entre Churchill et son portraitiste Graham Sutherland. Et ce n'est pas anodin ... L'un comme l'autre ont perdu un enfant en bas âge ... Tout comme l'auteur lui-même. Alors bien sûr, outre le récit, Philippe Forest nous livre ses réflexions sur la vie, la mort, le temps qui passe...
Passons maintenant à la forme où le théâtre est omniprésent. le roman n'est pas découpé en chapitres mais en actes et en scène sans omettre prologue et choeurs. Shakespeare nous accompagne tout au long de ce périple lui qui a également perdu un jeune enfant.
It all makes sense.
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critiques presse (1)
LeMonde
10 octobre 2019
En 1954, le peintre Graham Sutherland réalise un portrait de Winston Churchill. Le romancier s’immisce dans cette rencontre, sur laquelle plane le souvenir des enfants morts.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Tout le secret d’un tableau réussi réside dans la faculté à laquelle l’œil et la main parviennent parfois lorsqu’il leur arrive d’imposer ensemble un ordre relatif et cependant irréfutable à ce chaos. Mais - et là se situe la difficulté - en lui conservant toutes ses caractéristiques de chaos.
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De toute éternité,la même pièce se joue,même si elle ne cesse de varier vaguement selon l’interprétation qu’on en offre. Parmi toutes les versions qui se succèdent sur la scène,nul ne sait vraiment qui est la bonne. La pièce ne commence ni ne finit,elle n’existe que sous la forme continuellement changeante que lui confère le moment où elle se donne et à la seule faveur duquel elle existe.
Commenter  J’apprécie          80
Une bonne histoire se signale précisément par la faculté qu’elle a de faire signe à celui qui la découvre et qui, sans l’avoir prévu, se retrouve soudainement happé. Au point, très vite, de ne plus parvenir à faire la part entre ce qui vient d’elle et ce qui vient de soi.
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Les histoires sont plus vieilles que les hommes qui les vivent, plus vieilles que ceux qui les racontent. Elles les précèdent. Elles les attendent. Elles leur survivent. Une fois qu'ils ont disparu, elle continuent sans eux. Jusqu'à ce que d'autres s'en viennent, qui prennent leur relève et qui, à leur tour, remplissent les rôles que les premiers avaient d'abord crus à eux.
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Des spectres, rien que des spectres. Certainement. Déjà morts ou encore à naître. Prisonniers provisoires de la scène sur laquelle ils traînent leur âme en peine, ils ressassent le vieux chagrin qui leur brisa le cœur, ils retardent autant qu'ils le peuvent le moment de boire au fleuve dont l'eau leur fera tout oublier des existences que leur passé leur offrit comme de celles que l'avenir leur réserve. Ils ont eu tant de vies qu'ils ne savent plus de laquelle dire qu'elle fut la leur.
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Videos de Philippe Forest (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Forest
Tout a-t-il déjà été dit en littérature ? L'écrivain est-il condamné à se répéter ? Et comment réinventer la littérature après Balzac, Baudelaire ou encore Proust ? Pour répondre à ces questions, Guillaume Erner reçoit l'essayiste et romancier Philippe Forest.
#litterature #culture #livres ___________ Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
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