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EAN : 9782707323835
Editions de Minuit (06/03/2014)
3.03/5   137 notes
Résumé :

Avant de mourir à l'hôpital militaire de Montauban, Louis m'a révélé l'existence de sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace.

Il savait seulement qu'elle avait passé des années en asile psychiatrique et qu'on lui avait retiré la garde de son enfant. Il m'a alors demandé de la retrouver.

Et j'ai promis. Sans illusion. Mais j'ai promis. Et c'est bien par elle que tout a commencé
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,03

sur 137 notes
Sous le titre assez moyen de « La fille de mon meilleur ami » se cache l'un de ces petits bouquins qui se dégustent comme des cafés serrés. de ceux qui, d'un seul trait, vous gorgent d'arômes subtils, à la fois toniques et délicats.
Equilibre entre force et finesse, dosage impeccable entre ce qui est dit et ce qui est sous-jacent, entre ce qui s'exprime et ce qui se sent et une note finale qui laisse en bouche comme une petite touche d'amertume.

Ristretto donc que ce texte bref, dont le charme persiste dans le temps, nous laissant apprécier tout le talent d'un auteur qui va à l'essentiel, qui évite les longues digressions et affectionne particulièrement les formats courts des novelas.
Avec justesse et modération, Yves Ravey fait de l'art dans du peu.
Et avec presque rien, une poignée de personnages, un cadre de banlieue, des phrases écrémées et un style sans détour, l'auteur nous projette dans ce qui se présente au départ comme une gentille historiette mais se révèle bien vite un bel objet littéraire aux formes effilées, très séduisant dans sa limpidité, plus grave qu'il n'y paraît de prime abord.

Ainsi le récit se dévide comme une évidence, l'air de ne pas y toucher, porteur toutefois d'une fatalité qui sourd presque de manière nonchalante, distillant goutte à goutte une atmosphère de roman noir avec cette simplicité élégante et faussement distante qui lui donne toute sa suavité.
Fausse simplicité, fausse désinvolture, Yves Ravey ne s'encombre pas de superflu et chaque mot tombe pile là où il le faut, net, juste, d'une imparable efficacité.
Des phrases courtes sans aspérité, concises, lisses et précises, sur une écriture lucide, factuelle et sans bla-bla.
Cela peut sembler simple, ça ne l'est que pour mieux nous prendre dans les filets d'un univers en demi-teinte, un peu gris, un peu glauque, un peu banlieusard, un peu provincial, un peu cynique, le genre d'histoires courues d'avance à la chute aussi infaillible qu'inéluctable.

Et c'est ainsi, avec une assurance tranquille, au gré d'une mécanique toute efficace dans sa placidité, que l'on accompagne William Bonnet, d'abord gentiment compatissant par la promesse qu'il a faite à un ami militaire décédé de veiller sur Mathilde, sa fille plus ou moins dérangée, puis peu à peu intrigué par le profil de ce personnage qui se révèle à nous en homme moins charitable et honnête que ce qu'il nous avait semblé au départ. Ainsi, que fait-il avec plusieurs fausses cartes de visite et d'identité ? C'est néanmoins un homme qui tient ses promesses. Et lorsqu'à sa sortie de l'hôpital psychiatrique où elle fait régulièrement de longs séjours, Mathilde lui demande de l'emmener voir le fils qu'elle a eu avec Anthony, son ex-mari, et que la justice lui a enlevé, William, bien que se doutant que cette requête sera source d'ennuis et par fidélité à la parole donnée, finit par céder et accepte d'accompagner la jeune femme.

L'enfant vit chez son père maintenant remarié dans une bourgade de province.
Connaissant le caractère imprévisible de Mathilde, William s'emploie à repérer les lieux, rôde, enquête, s'attarde…
Et lorsqu'il rencontre la belle Sheila aux yeux verts, la nouvelle femme d'Anthony…et quand il remarque à quel point ce dernier, trésorier du syndicat et collecteur de la caisse de solidarité des usines Rhône-Poulenc, semble attaché à son petit cartable de cuir….l'idée ne tarde pas à germer qu'il y aurait peut-être un bon coup à se faire dans cette petite ville de banlieue en plein piquet de grève, une occasion à saisir…Oui, il se pourrait bien qu'il touche le gros lot…
« Attention William, sais-tu bien où tu mets les pieds ? » a-t-on alors envie de lui conseiller. « As-tu pensé à Mathilde ? »
Mathilde et ses crises inattendues, Mathilde et son esprit en capilotade…belle et sauvage Mathilde…déroutante, déconcertante, surprenante Mathilde… avec elle, on ne sait jamais comment les choses vont tourner…

Alors fonctionnera, fonctionnera pas, le plan de William Bonnet ? On a envie d'y croire, on n'y croit guère, on attend la chute, la tuile sur le coin de la gueule, tout en s'attachant à ce type pas trop comme il faut mais terriblement sympathique. La mécanique se met en place, le suspense s'installe avec le tranquille savoir-faire de l'auteur et nous, on boit ça d'un trait, café serré, corsé, ristretto…
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Montauban (on n'devrait jamais quitter Montauban !), Louis se meurt, il à une fille qu'il faudra retrouver, protéger…
On s'attend à voir débarquer Lino Ventura, comme dans « Les tontons flingueurs ». Mais non, il ne s'agit pas d'un remake…
Louis est mort. Et William lui à fait la promesse de retrouver Mathilde, sa fille dont il a perdu la trace…

« La fille de mon meilleur ami », mon septième Ravey ; et le plaisir est toujours au rendez-vous. le style, d'abord, concis, sec même, adouci par ces dialogues en style indirect ; ensuite une intrigue dont même le plus futé des lecteurs ne pourra pas imaginer le développement ; et enfin, une fin inattendue…
Un petit bouquin qui ne manque pas de rappeler un des thèmes favoris de Paul Guimard : le grain de sable qui vient faire dérailler ce qu'on croyait acquis. Mais pourquoi cette idiote de Mathilde s'est elle crue obligée de dire qu'elle ne connaissait pas ce cartable, là, dans le coffre ?
Bref, il y a de nombreux autres Ravey et je me mets immédiatement en recherche.
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Louis va mourir.
Il appelle William son meilleur ami pour se libérer d'un secret.
Louis lui apprendra l'existence de sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace et lui demande de veiller sur elle.
William promet, ce ne sera pourtant pas une mince affaire, d'autant plus que lui-même est loin d'être un personnage des plus clairs.
Mathilde est divorcée, elle est passée par la psychiatrie et une vie dissolue à la suite desquelles Roméo, son fils, lui a été retire
La situation plus que trouble des protagonistes va générer un road movie tissé d'évènements complètement déjantés qui malgré le fond dramatique prête parfois à sourire.
Par une écriture rapide, concise épargnant les détails inutiles, Yves Ravey nous tient constamment en haleine dans un parcours à grande vitesse.

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Entrez dans un livre de Yves Ravey c'est ne pas savoir où l'on va. Même si dès le début l'histoire est en place. Les personnages prennent forme peu à peu .
Le héros, William est sans illusion sur l'issue de cette histoire.
William a promis de retrouver Mathilde, qui a été internée et n'a pas vu son fils depuis des années. Il va provoquer cette rencontre, interdite par la loi.
William n'est pas tout blanc. Lui aussi il a une histoire, mais tout va s'arranger et là il se fait des illusions
Tout est décrit, détaillé avec minutie. Personnages, lieux, dialogues...
Et portant on ne sait pas grand chose au final...
Un livre dense malgré ses 156 pages.qui nous balade, là où l'auteur le veut.

J'aime l'écriture d'Yves Ravey depuis que je l'ai découvert avec Le Drap.
Chacun de ses livres est une découverte. On peut s'y ennuyer..Moi je suis bluffée à chaque fois.
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Alors, je dirai que ce roman est bien un roman de Yves Ravey !

J'avais précédemment lu mon premier Yves Ravey, Adultère et spécifiais qu'il faudrait lire plusieurs Yves Ravey pour percevoir ou s'assurer de l'idée générale de ses romans. Et bien, après ce deuxième, La fille de mon meilleur ami, je dirais que en effet j'ai déjà une idée plus précise de ce que l'auteur souhaite partager avec nous.

Vous pourriez reprendre mon retour sur le précédent roman, il s'applique à nouveau.
Dans un format court, avec des phrases incisives sans superflu, ce roman décrit des gens des plus ordinaires dans des situations ordinaires essayant de s'en sortir avec des solutions un peu moins ordinaires mais tellement représentatives de ce qu'ils sont. Ecrit à la première personne, dans un lexique trivial sans s'attarder sur les émotions ou les détails mais en distillant parfois certains sans véritable intérêt, une couleur, une forme, le type de cocktail, l'auteur donne bien le ton, une banale histoire.
C'est une tranche de vie dans une banlieue provinciale dans un décor de seconde zone.

Un étrange duo s'est formé entre Mathilde et William de l'âge de son père, depuis que ce dernier a promis à son meilleur ami mourant de retrouver et veiller sur sa fille. Une mission dont William s'acquitte même s'il a fallu d'abord la trouver, le père l'ayant perdu de vue, puis la suivre au gré de ses décisions.
Cet étrange duo va donc débarquer dans une ville éloignée de chez eux pour tenter de prendre contact avec le fils de Mathilde dont la garde lui a été retirée.

L'auteur arrive judicieusement à mettre en place au fur et à mesure du récit tous les éléments qui font que oui c'est certain la bombe va exploser. Ce qui est astucieux est que justement le lecteur le perçoit, sent s'alourdir l'atmosphère qui ne tend que vers une catastrophe inexorable. La force de ces récits ne se trouve donc pas dans les effets de surprise ou de rebondissements mais dans les pièces qui s'ajoutent les unes aux autres pour atteindre le sommet dramatique avec le jeu de savoir laquelle sera la dernière et fera tout basculer.

Je pense vraiment que Yves Ravey, au travers de ces différents romans, souhaite nous dépeindre le côté pathétique de l'être humain. Sur ces deux romans, aucun personnage n'en rattrape un autre, oh non, ils sont tous plus pathétiques les uns que les autres.
L'auteur souhaite nous mettre bien devant les yeux le côté immuable de la bêtise humaine. Certains, beaucoup, essayent de changer, se débattent avec eux-mêmes, mais rien n'y fait, à la première embûche, la facilité les pousse à agir comme ils l'ont toujours fait. Tels les sables mouvants, plus ils se débattent, plus leur bêtise les englue et les avale.

Mais justement, tout ce noir dans un format de nouvelle, c'est ce qui fait que lire du Yves Ravey est si agréable si vous n'êtes pas trop fleur bleue !
Bien sûr, selon la règle scientifique, il faudrait avoir lu au moins un autre roman de Yves Ravey pour pouvoir confirmer cette hypothèse. Ce que je vais bien évidemment faire !

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critiques presse (5)
Bibliobs
09 juin 2014
L'écriture, d'une blancheur tout étudiée, entortille vicieusement le lecteur, notamment par un usage expert des dialogues qui savent instiller une tension inattendue: il suffit qu'un gendarme vienne interroger le couple, de manière on ne peut plus réglementaire, et l'on se prend à trembler pour eux
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
19 mars 2014
L'écriture d'Yves Ravey, limpide et discrète, est redoutablement efficace pour servir un récit obscur et déroutant. La performance tient autant de l'écriture que de la construction romanesque, et notamment du choix du narrateur.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Telerama
12 mars 2014
Un songe tout à la fois ironique, cruel et anxieux, épousant la forme du roman noir, celle aussi d'une représentation donnée par un théâtre d'ombres – dont Yves Ravey est le marionnettiste virtuose.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
10 mars 2014
On ne se penchera jamais assez sur les admirables petits romans d'Yves Ravey, parfaits croisements entre Simenon et le nouveau roman. Après les excellents Enlèvement avec rançon et Un notaire peu ordinaire, l'écrivain bisontin livre avec La Fille de mon meilleur ami une intrigue policière à l'écriture sèche, qui peut à tout moment prendre une direction inattendue.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
10 mars 2014
C’est un style qui plante le décor par ce qu’il décrit, mais aussi par la manière dont il le décrit : un fond de tableau linguistiquement neutre, lisse, dans lequel tout, au premier plan comme au second, par le détail, va pouvoir se dérégler en ironie : des poux espiègles semblent sortir de la chevelure de madame Bovary.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La serveuse a quitté le bar et s'est approchée. J'ai commandé un milk-shake. J'ai dit à Sheila que les milk-shakes, dans cette ville – peut-être, elle, elle ne le savait pas, mais moi, j'étais au courant – étaient excellents, avec beaucoup de crème chantilly, particulièrement ceux à la framboise, ça valait le coup de venir ici, ne serait-ce que pour goûter. Elle m'a demandé si j'étais dans mon état normal, ou si j'avais bu, parce que c'est assez rare, quelqu'un qui vient vous parler de milk-shake à la framboise à 10 heures du matin. Ceux à la vanille sont bons aussi, ai-je poursuivi en ignorant sa remarque.
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Elle m'a demandé si je regrettais la promesse faite à son père. Elle me connaissait si bien ! Et elle le savait : Je m'en voulais d'avoir accepté. J'ai répondu : C'est pas le moment, Mathilde, de me casser les pieds avec tes questions ! Elle s'est penchée vers moi. J'ai frissonné : Tu sais que je ne regrette jamais rien, Mathilde.
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Si vous voulez vraiment la garantie que votre mari ne saura jamais... ça ne vous coûtera rien, Sheila. A vous, ça ne coûtera rien. Votre mari... c'est le trésorier de la section locale du syndicat, il s'occupe bien de la caisse d'indemnisation des grévistes ? Elle a dit oui. J'ai poursuivi : le syndicat redistribue les salaires manquants... Il en vient de tout le pays. Or, vous ne le savez certainement pas, mais je suis à court.
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Je suis arrivé un soir d'orage, après plusieurs heures de route, à l'hôpital militaire de Montauban, la lettre de Louis dans la poche. Il voulait me voir, me parler, m'avait-il écrit de sa plume fatiguée. Louis était mon meilleur ami.Nous nous étions connus en Afrique, dix ans auparavant, et nous ne nous étions jamais perdus de vue.
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Ce n'est peut-être pas le moment de se faire remarquer, non ? C'est complètement idiot de voler une paire de lunettes de soleil. Imagine, Mathilde...! Tu veux te retrouver au poste de police...? En train d'expliquer ton intention de revoir ton fils contre la décision du juge... ! ? Mais Mathilde ne voyait pas le rapport entre ces lunettes et son fils.
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