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EAN : 9782021403954
160 pages
Seuil (08/11/2018)
3.97/5   73 notes
Résumé :
Dans l'imaginaire européen, quelques animaux jouent un rôle plus important que les autres et forment une sorte de « bestiaire central ».
Le loup en fait partie et en est même une des vedettes. Il occupe déjà cette place dans les mythologies antiques, à l'exemple de la louve romaine, qui a nourri Romulus et Rémus, du loup Fenrir, destructeur du panthéon nordique, et des nombreuses histoires de dévorations, de métamorphoses et de loups-garous. Ces derniers son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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L'HOMME QUI A VU LE LOUP !

"L'homme est un loup pour l'homme", "se tenir à la queue leu leu", "avoir une faim de loup", "crier au loup", "les loups ne se mangent pas entre eux", "se jeter dans la gueule du loup", "avoir vu le loup", "faire entrer le loup dans la bergerie", etc, etc, etc.

Nombre de nos expressions courantes, de maximes plus ou moins encore employées, d'adages définitifs ont pour point commun ce fameux loup. Ces dictons ont presque tous en commun de donner du «canis lupus», selon sa taxonomie latine, une image plus que négative : Méchant, constamment affamé, rusé, lâche, maléfique et lubrique (surtout s'agissant de la louve, bien évidemment...). En un mot : diabolique !

C'est tout l'art du grand historien médiéviste, spécialiste des couleurs, de l'histoire de la héraldique ainsi que des bestiaires du Moyen-Âge, Michel Pastoureau, de nous expliquer, de nous conter, d'illustrer avec sapience mais avec une certaine simplicité, l'histoire si particulière qui lie les hommes - précisons : dans le monde occidental. L'auteur explique la raison de ce resserrement en introduction - à cet animal parfois énigmatique, jadis compagnon des Dieux (chez les Grecs, les Romains, les anciens Nordiques et les Celtes, en particulier), devenu au fil du temps et en très grande part par la volonté de l'Église catholique, un animal effrayant et maudit.

C'est ainsi qu'en une douzaine de brefs chapitres, débutant comme il se doit par nos antiquités communes (bien que certaines méconnues du grand public), l'ancien chartiste, auteur et historien prolifique que l'on connait tout particulièrement pour, entre autres, le petit livre des couleurs (qui n'est qu'un très rapide condensé d'ouvrages ultérieurs très riches et très documentés publiés aux éditions Seuil comme le présent ouvrage), son récent et captivant le roi tué par un cochon : Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?", consacré à un autre mal aimé de nos bestiaires ou encore le roboratif et passionnant L'Ours : histoire d'un roi déchu, c'est ainsi, donc, qu'il fait le tour de l'histoire culturelle, légendaire, fabuliste, sociale, religieuse et même fantastique de ce canidé mal aimé.

L'ouvrage se lit, indubitablement, avec grand plaisir. Et même si la couverture est assez décevante comparativement à la richesse des illustrations disponibles, l'iconographie retenue dans le corps de l'ouvrage est très judicieuse, relativement originale - elle entremêle des dessins, peintures, extraits de bestiaires diversement connus, voire parfois totalement inconnus - et éclairante quant à la vision des hommes d'avant-hier, d'hier et d'aujourd'hui sur le loup.
On pourra toutefois reprocher aux légendes de n'être, la plupart du temps, que des synthèses de ce que l'on retrouve de manière à peine plus développé dans le corps du texte, sans rien lui apporter de particulier. (Une erreur impardonnable pour un ouvrage de ce type est d'ailleurs liée à l'iconographie : la nationalité américaine y est attribuée au célèbre auteur, britannique, du Livre de la Jungle, Rudyard Kipling.)

Mais la principale faiblesse de cet ouvrage réside sans doute dans sa brièveté : 12 chapitres d'une dizaine de pages chaque, avec une iconographie très riche, cela laisse somme toute assez peu de place au texte, d'autant qu'il couvre pas moins de 2 500 ans d'histoire et de mythologies. Et si l'on y découvre beaucoup de choses, l'ensemble, à force de vulgarisation, reste un peu trop en surface de notre point de vue. Les lecteurs des précédents ouvrages de Michel Pastoureau risquent de rester, de ce point de vue, sur leur faim... de loup ! On regrettera sans doute la rapidité du chapitre consacré au loup dans les contes tandis que celui consacré à la fameuse "bête du Gévaudan" fait fort bien le tour de la question. Idem quant à l'animal dans la conscience et la culture depuis, pour aller vite, le début du XXème siècle à nos jours : Michel Pastoureau n'est décidément pas un spécialiste de l'histoire immédiate et cette ultime partie pourra sembler un peu légère à d'aucun, tandis que les chapitres consacrés aux rapports entre Saints et loup ou encore aux loups dans les bestiaires profanes sont absolument passionnants.

Mais ne boudons pas notre plaisir : l'ouvrage est très agréable, plein d'enseignement et s'avère être un bel hommage à ce mal-aimé de nos bestiaires européens, bien que cette situation n'a de cesse de s'améliorer depuis le début du XXème siècle.

On notera aussi que Michel Pastoureau y règle quelques comptes avec, d'une part, les zoologues et autres éthologues auxquels il ne conteste évidemment pas les observations liées aux loups CONTEMPORAINS (et qui vivent dans un monde qui n'a strictement rien à voir avec celui du Moyen-Âge ni de l'Ancien-Régime ou même des débuts de l'ère industrielle) mais il se porte définitivement en faux quant à l'assertion définitive et universelle selon laquelle les loups n'auraient jamais attaqué ni tué d'êtres humains : toutes les recherches historiques ( recoupement d'archives, témoignages, faits historiques avérés, etc) démontrent qu'en certaines époques (famines, mini périodes glaciaires, chute démographique, etc) ces superbes canidés se sont bel et bien attaqué à l'homme pour s'en nourrir (On en retrouve même des traces dans certains récits méconnus de Jack London, lequel a pourtant tant fait pour rendre à cet animal la place d'honneur qu'il mérite), sans être pour autant contaminés par la rage, ce terrible fléau.

L'autre petit règlement de compte est lié aux contes populaires et à leur interprétation par les psychiatres, Bruno Bettelheim en tête. Michel Pastoureau lui reproche en particulier des raccourcis, de rapprochements liés essentiellement à la sexualité qui ne peuvent fonctionner que pour notre époque contemporaine, car presque tout dans ce que ces contes tâchent de dire n'a de ses que selon des critères sociaux et culturels assez récents et sont relèveraient donc de l'anachronisme parfait quant aux époques de leur création et de leur propagation, Petit chaperon rouge en tête. Chacun se fera bien entendu sa propre opinion. Quant à votre humble chroniqueur, il pense que toute vérité se situe souvent dans les entre-deux, les intelligentes synthèses, que nul n'en est l'entier et définitif défenseur... tout comme il est vrai que les apports des historiens de ces quelques dernières décennies sont bien souvent oubliés, pour ne pas dire méprisés par nombre d'autres sciences sociales ayant plus l'attention des médias et des modes. Mais c'est là un autre débat que Michel Pastoureau ne fait qu'effleurer, juste le temps de remettre certaines choses à leur place.

Ne crions donc pas au loup : "Le loup, une histoire culturelle" est un livre fort agréable à feuilleter et à lire et il ravira, sans aucun doute, la majorité de ses lecteurs, même sans être aucunement historien ni spécialiste de Canis Lupus, mais tout simplement un lecteur attentif et curieux.

Loup, y es-tu...?
Définitivement, ici : OUI !
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Histoire de la symbolique du loup en Europe, de la préhistoire à nos jours : mythologies gréco-romaine, gauloise et celtique ; fables (d'Esope à La Fontaine) ; catholicisme et figure diabolique de la bête ; loup-garou ; contes et légendes populaires ; littérature jeunesse et cinéma contemporains ; marketing ; peur persistante face à la réintroduction de l'animal dans certaines zones...
Parce que « comme au Moyen Age et sous l'Ancien régime, le loup est un animal qui déclenche les passions. »

D'ailleurs, je peux le dire, - I - L♥VE - L♥UP - : j'adore les histoires de loup(s), de celles pour enfants aux coups de gueule de José Bové, en passant par la mystérieuse Bête du Gévaudan, peut-être la première histoire de meurtres pervers en série médiatisée.
Et j'aime beaucoup les ouvrages de Michel Pastoureau, sur les couleurs et sur les animaux : ils présentent un excellent mélange accessible à tous d'Histoire de l'art et des civilisations - oeuvres à l'appui.

Ce 'beau livre' compte 150 pages, mais il y a beaucoup moins à lire :
- d'abord parce qu'il est abondamment et très joliment illustré
- ensuite parce qu'il est à la fois synthétique et répétitif (les légendes des images reprennent souvent mot pour mot le texte développé sur la même page)
- et puis parce que j'ai reçu un exemplaire 'loupé', qui m'a fait rater quelques pages du chapitre 'Le loup des bestiaires' (grande pensée aussi compatissante que rigolarde pour un ami breton 😉😘... mea culpa, homo homini lupus, les hyènes se marrent mais le car à Vannes passe sans louvoyer, etc.).

Quoi qu'il en soit, je me suis régalée, même si l'auteur m'a un poil contrariée en réfutant les thèses psy sur l'interprétation du célèbre 'Petit Chaperon rouge' (Bruno Bettelheim, Anne-Marie Garat...). Sans rancune ! Et de toute façon, ça n'a guère ébranlé mes convictions sur la dimension sexuelle de ce conte.

• Merci à Babelio, merci aux éditions du Seuil ! 🐺
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Le grand historien des couleurs qu'est Michel Pastroureau nous livre un ouvrage savant et savoureux qui nous explique pourquoi l'homme est parfois un loup pour l'homme et aussi un loup pour le loup.

Les rapports particulièrement ambigus que nous pouvons entretenir avec cet animal, entre terreur et fascination sans ici livrés dans le détail, et le loup occupe une place centrale dans les mythes de l'enfance, en hantant les cauchemars d'enfants depuis des générations à générations.

"On ne peut pas être "pour" ou "contre" le loup, c'est aussi absurde que d'être "pour" ou "contre" les orages et la foudre. le loup est là, c'est tout. Nous devons faire avec."
Un travail très documenté, très érudit, superbement illustré ou la Louve de Romus et Romulus cotoie le loup de Tex Avery et la bête du Guévédan..

Et forcément, maintenant on attend les autres manuels de Pastoureaux sur le coq ou le cheval prochainement annoncés..après les couleurs, l'immense Michel Pastoureau montre qu'il a tout pour devenir le spécialiste des animaux.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Loup y es-tu? M'entends-tu?

Ou bien "qui craint le Grand Méchant Loup"?

Des chansons enfantines pour se moquer du fauve qui a terrorisé les campagnes, un vieux truc pour conjurer les angoisses venues du fond des âges. Car le loup n'est pas seulement ce sauvage cousin de nos chiens domestiques. Il est chargé d'une symbolique ambiguë, nous menaçant à la fois de nous dévorer tout crus au coin d'un bois; mais capable aussi de nourrir de son lait des bébés abandonnés par des humains sans pitié.

Depuis les années 30, le loup avait fini par disparaître du paysage. Il fait un retour fracassant, bien que sa présence soit discrète et qu'on estime que seulement 400 individus vivent sur notre territoire, contre 1500 en Espagne ou en Italie.

Honni dans les régions d'élevage, béni par les partisans de sa protection, le loup fait bel et bien partie de notre patrimoine culturel, comme Notre-Dame ou les arènes de Nîmes. Il figure dans la littérature médiévale, dans les Fables, dans la peinture et dans la Légende des Saints.
Il habite toujours dans un coin de notre imaginaire, à côté des fées, des sorcières, des ogres et des Géants.

Qu'importe la perte de quelques moutons. Qu'importe que jamais vous ne vous trouviez nez à nez avec lui. le loup transporte avec lui nos derniers vestiges de sauvagerie animale, il fait de crocs, de griffes et de poils rudes, de longs hurlements sous les étoiles, de tanières où se blotissent les louvetaux querelleurs, il galope dans la neige et traverse la nuit nos villages déserts, il vient troubler le sommeil des bambins craintifs avec ses yeux brillants et ses longues pattes noires.

Les statistiques nous apprennent que des centaines de personnes sont mordues chaque année par des chiens, et qu'il y a eu 33 décès au cours des 20 dernières années. Logiquement, nous devrions avoir peur des morsures de chiens, qui sont présents par millions dans nos villes et villages.

Mais il est bien connu que le chien est le meilleur ami de l'homme et que c' est du loup qu'il faut se méfier. Martine L a bien dit:" quand c'est flou,y'a un loup!"
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On n'ira pas jusqu'à dire que c'est loupé (ah ah)
Mais on peut pudiquement affirmer que Michel Pastoureau nous a habitué à mieux.
Peut-être le choix du loup, personnage emblématique de la culture européenne y est-il pour quelque chose. le lecteur n'entre pas dans ce livre sans avoir quelque idée sur ce qu'il va y trouver. Et s'il a lu la monographie de Pastoureau sur la couleur rouge, il peut sauter, si j'ose dire, sinon le petit chaperon, du moins le chapitre du même nom.
Mais peut-être aussi certains chapitres sont-ils objectivement bien légers. le dernier, notamment, est franchement ridicule. Que l'auteur nous raconte quels albums il feuillette avec ses petits-enfants, pourquoi pas, mais ce serait sympa de nous livrer une mise en perspective ou ne serait-ce qu'un début d'analyse.
Le plus gênant demeure les règlements de compte qui émaillent le texte. Ah mais, Pastoureau ne rigole ni ne transige avec les contempteurs de l'Histoire. Les éthologues en prennent pour leur grade, qui affirment que le loup ne s'attaque pas à l'homme. Ou ceux qui hiérarchiseraient sciences dures et sciences humaines alors que les connaissances ne sont qu'un moment de l'histoire culturelle (affirmation que je trouve d'ailleurs pertinente si on la présente avec suffisamment de nuances). Mais c'est surtout ce malheureux Bettelheim qui se fait renvoyer à ses chères études, avec le même mépris dont Pastoureau se plaint d'être lui-même victime...
Toutefois, on ne saurait oublier que les illustrations sont somptueuses (à propos, c'est quoi cette couverture ? Il ne veut pas qu'on l'achète, son bouquin?), et les commentaires généralement érudits et pertinents; aussi serait-il dommage de se priver de cette excursion lupine.
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critiques presse (6)
Bibliobs
10 janvier 2019
Après l'ours, Michel Pastoureau entreprend une monographie illustrée de ce prédateur qui ne fait pas le bonheur des éleveurs d'agneaux.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
10 janvier 2019
L'historien des couleurs et des animaux nous propose une promenade au fil des siècles sur les traces d'un animal qui fascine toujours autant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Culturebox
18 décembre 2018
Tantôt féroce et redouté, tantôt protecteur, la figure du loup s'est peu à peu adoucie, faisant de l'animal un personnage attachant, et omniprésent dans la littérature jeunesse. Un livre à la fois savant et divertissant, richement illustré et documenté, qui nous en apprend beaucoup sur le grand méchant loup.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Liberation
17 décembre 2018
Michel Pastoureau n’est pas seulement l’historien des couleurs, il est aussi celui des animaux. C’était même le sujet de sa thèse en 1972 : le Bestiaire héraldique médiéval. Après l’ours, il s’attaque au loup.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
10 décembre 2018
De l'héraldique médiévale au Petit Chaperon rouge illustré par le grand Arthur Rackham, en passant par un chapitre consacré à la Bête du Gévaudan, les images impeccablement sélectionnées font délicieusement frémir. Ajoutons que l'équilibre texte/image de cet ouvrage à taille humaine est parfait. Il se lit et il se regarde. Et, en le refermant, on se surprendrait presque à aimer les loups...
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
26 novembre 2018
De l’Antiquité à nos jours, l’historien Michel Pastoureau piste ce personnage central du bestiaire culturel, dans un superbe livre à la riche iconographie.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Cette mise en scène d'un loup [NB : Ysengrin] qui fait rire au lieu de faire peur ne constitue peut-être pas tant un exutoire, comme on pourrait le croire au premier abord, que le reflet d'une certaine réalité. Il semble bien que l'on ait moins peur du loup dans les campagnes des XIIè et XiIIè siècles qu'avant l'an mille, du moins en Europe occidentale. La peur du loup ne sera de retour qu'à la fin du Moyen Âge et, surtout, à l'époque moderne, où elle deviendra une angoisse permanente dans la vie des campagnes. Cette peur est en effet liée au périodes de crises (climatiques, agricoles, sociales), pas aux moments de prospérité économique ni d'essor démographique. Ce n'est pas un hasard si l'histoire de la Bête du Gévaudan trouve sa place dans la France du XVIIIè siècle et non au cœur du Moyen-Âge. À l'époque féodale, dans les campagnes françaises, on a surtout peur du Diable, du dragon, de la mesnie Hellequin ou des revenants, mais on n'a plus guère peur du loup. Cette accalmie, hélas ! ne durera pas ; cette peur reviendra avec force moins de deux siècles plus tard.
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Dans l'univers des emblèmes et des symboles, c'est surtout notre époque contemporaine qui revalorise le loup en laissant de côté la plupart de ses aspects négatifs pour ne retenir que sa puissance, sa résistance, sa ténacité, son audace et même son invincibilité. Il est ainsi présent sur les maillots des sportifs, qu'il soit emblème d'équipes ou de club ou bien logo de tel ou tel sponsor. Il l'est également sur les insignes du scoutisme, cousins bâtards des insignes militaires et échos lointains au Livre de la jungle de Rudyard Kipling (1894). Toutefois, de nos jours, ce sont essentiellement les logos commerciaux qui sollicitent le loup, souvent réduit, comme en héraldique, à sa tête seule, représentée de face et dont les yeux semblent jeter des flammes. Il symbolise - du moins si l'on en croit le verbiage racoleur des spécialistes du marketing et de la publicité - «l'énergie, l'appétit de liberté, la vivacité d'esprit, la confiance en nos instincts ainsi qu'une forte intelligence et la capacité de gérer des questions importantes collectivement, de manière stratégique et avec tact». Comment des entreprises sérieuses et ambitieuses sont-elles prêtes à payer des sommes folles pour se voir proposer comme logo une très banale tête de loup accompagnée d'un tel discours de pacotille ? Cela reste un mystère.
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La médecine du loup

De l'Antiquité jusqu'au XVIIIe siècle, le loup est l'une des vedettes de la pharmacopée animale. Toutes les parties de son anatomie passent pour avoir des vertus médicamenteuses. Sa graisse et son fiel protègent de tous les maux ; son foie séché et réduit en poudre guérit à peu près tout ; ses excréments placés sur les yeux améliorent la vue ; porter ses intestins en guise de ceinture soulage "les flux de ventre" ; manger son coeur donne du courage ; cuisiner un bout de sa verge procure virilité et fertilité. La plupart des recettes proposées visent non seulement à guérir tel ou tel mal, mais aussi à acquérir les qualités propres du loup : souplesse, vélocité, endurance, courage, vigueur sexuelle et vue aiguisée. (p. 53)

4 - Le loup des bestiaires
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• Le loup, un animal qui exacerbe les passions.
La réintroduction et la protection du loup dans certaines régions de France ont engendré de violentes polémiques et manifestations. Elles opposent d'un côté les bergers et les chasseurs, et de l'autre les écologistes et les défenseurs des écosystèmes. De part et d'autre, les positions semblent déraisonnables : reprocher au loup de manger des brebis est absurde ; introduire artificiellement des loups dans des campagnes d'où ils ont disparu depuis plus d'un siècle l'est tout autant. Mais celle du gouvernement l'est plus encore : il encourage la réintroduction de l'espèce tout en autorisant l'abattage annuel d'un certain pourcentage d'animaux.
Le loup : un fauve qui rend fou !
(p. 148)
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Différentes superstitions associent le loup au Diable et au sabbat.
[On l'a vu] à propos du Moyen Age, mais l'époque moderne y ajoute son discours propre. Ainsi une légende qui explique que sitôt créé par le Diable, le loup a violemment mordu ce dernier au bas de la jambe et l'a rendu boiteux. Ce faisant, Satan a rejoint tout un cortège de créatures et personnages boiteux ou ne marchant pas droit qui, depuis l'Antiquité, étaient considérés comme inquiétants, coupables ou malfaisants : Héphaïstos, Dionysos, Jason, Oedipe, Renart et même Jacob, 'celui qui a lutté avec Dieu'. Tout boiteux a toujours inspiré la crainte et le rejet. Au XVIIIe siècle encore, plusieurs ordres monastiques et religieux refusent l'entrée à des individus boiteux, comme ils le refusent aux bâtards, aux borgnes, aux bègues, aux bougres* et aux bossus.

* variante de 'bogre' signifiant 'hérétique' au XIe siècle, puis 'débauché' au XIIe siècle, lui-même issu du latin 'Bulgarus' ('bulgare')
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Videos de Michel Pastoureau (49) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Pastoureau
Rencontrer Michel Pastoureau, c'est être frappé en premier par son regard amusé et malicieux. L'historien, diplômé de l'école des chartes, est archiviste paléographe, spécialiste de la symbolique des couleurs, des animaux, d'héraldique. Il a reçu de nombreuses aides du CNL, notamment pour son livre « Symboles du moyen-âge : animaux, végétaux, couleurs, objets » en 2012, des aides à la traduction pour ses ouvrages sur les histoires des couleurs « Noir », « Bleu », « Vert », « Rouge », « Jaune », en 2014, 2016, 2018, et en 2020, ainsi qu' une bourse de création relative à l'histoire du nuancier sur les cartographies de couleurs et d'imaginaires. Sa curiosité est sans limite, son raisonnement implacable, le grand entretien avec Michel Pastoureau dans Son Livre, c'est parti.
Michel Pastoureau est professeur à la Sorbonne et à l'école pratique des Hautes Etudes où il est titulaire de la chaire d'Histoire de la symbolique occidentale. Il a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Medicis essai en 2010 pour son ouvrage « La couleur de nos souvenirs » paru aux éditions du Seuil, mais aussi, le Prix Broquette-Gonin (histoire) de l'Académie française pour l'ouvrage La vie quotidienne en France et en Angleterre au temps des chevaliers de la Table ronde (1977).
Passionnant !
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