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EAN : 9782259213011
196 pages
Plon (01/01/2011)
4.33/5   12 notes
Résumé :
Antonin, parisien de 19 ans, arrive à L., le village où vécut sa grand-mère, sans savoir réellement ce qu’il est venu y chercher. S’ensuit un jeu de provocations avec les villageois, qui se transforme peu à peu en une épreuve pour sa propre survie.
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Ce roman est celui d'un dérangé.
Ce roman est dérangeant.
Ce roman est l'histoire d'un dérangé qui dérange tout autant le lecteur que les habitants d'un village de la France profonde où il débarque à l'âge de dix-neuf ans et huit mois.

Antonin se considère comme un raté, à partir du jour où il échoue à ses examens. N'envisageant plus d'avenir, il se débarrasse, sans en avertir ses parents, de l'appartement que ces derniers ont mis à sa disposition pour la poursuite de ses études, et part, muni d'une grosse somme d'argent liquide, habiter la maison en ruines où a vécu sa grand-mère.

Antonin le détaché, qui a quelque chose de l'Etranger de Camus, dépense alors sans compter, tente sans grand effort de se faire adopter, suscite à la fois la jalousie, la convoitise et l'hostilité des villageois et des villageoises, qui lui en veulent de pouvoir jeter l'argent par liasses et de se jouer des contraintes morales, sociales et économiques du lieu.

Car Antonin roule en voiture de sport, joue, oisif, toutes fenêtres ouvertes, sur son piano neuf, attire les femmes «à cause du parfum de sexe et de mort qui se dégage de sa peau», se laisse séduire par celles qui se disputent la jeunesse de son corps et en nourrissent leurs propres envies d'amour ou de dépravation, entretient plusieurs liaisons, dont une, équivoque, avec une fillette disgracieuse et délurée qui ne le quitte plus depuis qu'il l'a rencontrée le jour de son arrivée au village.

Car Antonin boit, se drogue, et, au fil d'une démarche provocatrice et auto-destructrice, invite dans la vieille maison du bourg borné un ami homosexuel avec qui il repousse au plus loin les limites de la débauche et de l'excès.

Au terme de cette dérive volontaire, au cours de laquelle, tel L'homme à la cervelle d'or, il se dévore lui-même jour après jour, Antonin, ruiné, est capturé et condamné à mort par son rival Hugo. Il réussit in extremis à s'extirper du tombeau où ce dernier l'a enterré vivant.

Il quitte alors discrètement le village de ses ancêtres, et retourne «de l'autre côté».

Ce départ, qui clôt le roman, s'annonce comme une seconde naissance, celle d'un Antonin peut-être définitivement dépouillé, comme le Vieil Homme de la tradition, de ses «Pensées sauvages».

Toute l'histoire étant racontée du point de vue du personnage, le lecteur vit de bout en bout l'étrangeté d'Antonin, partage intimement sa crise existentielle, ressent sa chute, éprouve son mal-être et vit son malaise.

Voilà un roman fort, d'où le lecteur sort en remerciant Marc Durin-Valois de l'avoir à ce point dérangé!

Patryck Froissart
St Paul, le 11 mai 2011

Lien : http://proesie.kazeo.com/
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Je viens de lire le dernier roman de Marc-Durin Valois, Les Pensées sauvages, et j'ai été sensible au récit intérieur du jeune Antonin, qui cherche à fuir l'inanité de son existence de lycéen en prépa parisienne dans cette vieille maison ariégeoise, au coeur de l'été brûlant, tout comme Rimbaud est venu hurler son mal de vivre dans la maison de Roche, quand il écrit Une Saison en Enfer, en 1871. Trop brillant, trop lucide, trop jeune, la question du sens de sa vie hante Antonin, son rapport avec les autres est biaisé par sa difficulté à vivre. Seul, incroyablement seul, le microcosme rural dans lequel il se retrouve est menaçant, inquiétant, les femmes ne sont là que pour lui donner l'illusion, sans cesse déçue, d'une communion possible des âmes et des corps, l'amitié envisagée est piégée par des discours où la passion domine et fausse la communication. Toute sensation physique est extrême, exacerbée et pervertie par son mal-être Mais il fait son chemin, Antonin, il vit à fond son odyssée intérieure, va jusqu'au bout de son malaise, comme il va jusqu'au bout de la sonate de Litz qu'il joue sur le vieux piano de la maison, et finit, comme Rimbaud, par être « rendu au sol » et revenir au monde réel, différent, définitivement. Une expérience narcissique obligatoire pour renaître à la vie, laisser les pensées sauvages s'exprimer pour grandir et mûrir, la crise exacerbée de l'éternel adolescent qui revient aux sources pour y découvrir une vérité, voyage auquel chacun de nous aspire à un moment de sa vie, voilà ce que ce roman raconte, dans un style à la fois naturel et patient, qui rend compte avec justesse des replis internes de la pensée … sauvage, d'un être dans la tourmente.
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Dès les premières pages l'écriture nous happe et cela jusqu'à la fin. Pour autant, au fil des pages surgit un malaise qui ne s'estompe pas refermant le livre. Un adolescent de 19 ans désoeuvré rate pour la deuxième fois son entrée à Normale en calant devant la question "A quoi sert une vie ?". le ton est donné et ainsi débute une errance faite de drogues, de sexe et de doutes dont le terme serait : se dissoudre en devenant adulte ou mourir. L'auteur dissèque un groupe humain, met les chairs à vif et nous laisse contempler. Il scrute cette génération terrorisée qui s'éternise dans un état transitoire. Une sorte de purgatoire d'où jaillit le doute et l'angoisse. Ce chemin chaotique et violent l'est d'autant plus que comme dans les films de Pasolini, Antonin, le personnage principal, va croiser une famille et nouer avec chacun des membres une relation passionnelle. Quelques invraisemblances dans l'histoire amoindrissent son impact comme le fait qu'Antonin, le personnage principal, vende l'appartement parisien de ses parents en quelques jours, perçoive l'intégralité de la somme en liquide et que son absence de 5 mois n'inquiète en rien ses parents. Un livre à lire en écoutant la Sonate en Si de Listz qui en accompagne chaque page.
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L'auteur a reconté sur France Info que pratiquement tous les protagonistes du livre sont réels. L'histoire serait très proche de la réalité. Un film serait en préparation.
Les remarques de Choucane sont dans ce contexte complètement étranges. C'est à se demander si on a lu le même livre. Antonin, ne vend pas son studio en "quelques jours" (!) comme elle a crû comprendre, mais bien en deux mois entre le 24 avril (p 31) et moment où il réalise l'opération, le 31 juin (p17). Durin-Valois raconte d'ailleurs sur Myboox comment il a travaillé avec un notaire pour vérifier les délais de la vente et le paiement en liquide. Même erreur de Choucane concernant le temps que le héros de 19 ans, passe sans donner signe de vie à ses parents. Ce n'est pas "5 mois" mais à peine 3 mois 1/2, soit entre la mi-juin (page 34) et le tout début octobre (p179). Ce silence d'un enfant majeur, qui atteint 20 ans, n'a rien de particulièrement impressionnant....
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VALEURS ACTUELLES/Les pensées sauvages par Stéphanie Leclair de Marco:
À le voir, tout en douceur, qui croirait que cet écrivain, déjà lauréat d'une dizaine de prix littéraires, remue des pensées aussi sombres sous son grand front ? Antonin, son héros de 19 ans, ressemble à celui de Pasolini dans Théorème : même séduction vénéneuse, même goût pour la destruction et la mort. Pour l'amour charnel aussi. Sans oublier la drogue. Ce roman, qui conte la descente en lui-même d'un être tentant de se distinguer des autres, se lit avec plaisir grâce à une écriture poétique, d'une rare justesse d'évocation. La maison rouge et la campagne ariégeoise où se déroule l'action restent en mémoire. On se prend à désirer que ce jeune homme pathétique mais sympathique réussisse à se tirer du guêpier où il s'est fourré. Il a aussi quelque chose du personnage interprété par Alain Delon dans la Piscine...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'auteur a reconté sur France Info que pratiquement tous les protagonistes du livre seraient réels. L'histoire serait donc très proche de la réalité. Un film serait en préparation.
Les remarques de Chouchane sont dans ce contexte complètement étranges. C'est à se demander si on a lu le même livre. Antonin, ne vend pas son studio en "quelques jours" (!) comme elle a crû comprendre, mais bien en deux mois entre le 24 avril (p 31) et moment où il réalise l'opération, le 31 juin (p17). Durin-Valois raconte d'ailleurs sur Myboox comment il a travaillé avec un notaire pour vérifier les délais de la vente et le paiement en liquide.
Même erreur de Choucane concernant le temps que le héros de 19 ans, passe sans donner signe de vie à ses parents. Ce n'est pas "5 mois" mais à peine 3 mois 1/2, soit entre la mi-juin (page 34) et le tout début octobre (p179). Ce silence d'un enfant majeur, qui atteint 20 ans, n'a rien de particulièrement impressionnant...ou irréaliste.
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Je voulais constater par moi-même qu'au terme d'un travail acharné de trois ans, je n'avais réussi à accoucher que d'un vide. J'ai cherché mon nom sur le panneau. Je ne l'ai pas trouvé. Quoique prévenu, je me suis cogné le front à cette absence. Je sais désormais que rien ne détruit un être avec plus de lumineuse simplicité que lorsque son nom manque sur une liste.
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Elle vouait à cette famille l'aversion que l'on porte à ceux auxquels la chance paraît toujours sourire quand la poisse vous étouffe. On abomine ses bienfaiteurs, c'est bien humain.
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Personne ne la maltraitait mais on lui témoignait une indifférence si implacable qu'elle se sentait parfois emplie de creux et d'air.
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Vidéo de Marc Durin-Valois
La dernière nuit de Claude Eatherly de Marc Durin-Valois .Voir l'émission : http://www.web-tv-culture.com/la-derniere-nuit-de-claude-eatherly-de-marc-durin-valois-408.htmlLe 6 août 1945, Claude Eatherley survole Hiroshima pour ouvrir la voie au bombardier atomique Enola Gay. 5 ans plus tard, le pilote n'est plus que l'ombre de lui-même entre soif de notoriété et culpabilité.« La dernière nuit de Claude Eatherley », le nouveau roman de Marc Durin Valois.Après « L'Empire des solitudes », « Chamelle » et « Les pensées sauvages », le nouveau roman de Marc Durin Valois, « La dernière nuit de Claude Eatherley » aux éditions Plon.Marc Durin Valois est sur WTC.
+ Lire la suite
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