AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782818048368
240 pages
P.O.L. (22/08/2019)
3.08/5   36 notes
Résumé :
Ce roman doit autant à l’imagination qu’à une reconstitution familiale et historique. Christine Montalbetti part sur les traces de son arrière-arrière-grand-père, botaniste au Jardin des Plantes de Paris dès l’âge de neuf ans. Elle s’adresse directement à lui dans une complicité littéraire étonnante. Son nom ? Poisson. « Un nom idéal pour un ancêtre, puisqu’il paraît que c’est du poisson que nous venons ».

Jules Poisson est né en 1833. Il verra le mon... >Voir plus
Que lire après Mon ancêtre PoissonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,08

sur 36 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
L'arrière-arrière-grand-père de l'auteur est Jules Poisson : engagé à neuf ans, en 1842, comme jardinier au Jardin des Plantes, il devient un botaniste autodidacte, à l'origine de nombreuses conférences et publications. II décède en 1919, jusqu'au bout passionné par son métier. Christine Montalbetti est partie sur ses traces, explorant scrupuleusement le moindre indice susceptible de l'éclairer sur la vie de son aïeul : état civil et lieux qu'il a fréquentés, photographies, récits et légendes familiales, articles et ouvrages archivés, lui ont permis de le faire revivre le temps d'un livre, où elle s'adresse à lui affectueusement, par-delà les générations qui les séparent.


Il ne s'agit pas ici d'un roman, mais d'une reconstitution fidèle de ce qu'a pu être la vie de Jules : bien peu d'éléments finalement subsistent pour comprendre cet homme, aussi, le récit avance par recoupement d'hypothèses, exploitant les faits connus pour les enrichir de leur contexte, de la guerre de 1870 à celle de 1914-18, des incidents climatiques aux nouvelles grandes inventions de l'époque… le résultat est l'impression mélancolique et touchante d'une ombre entraperçue au travers de la brume du temps, d'un fantôme à demi-effacé qui resurgit par petites touches pour mieux se dérober derrière son aura de mystère.


Si le travail de documentation est rigoureux, l'écriture est sensible, jolie et maîtrisée, et confère à l'ouvrage charme et élégance. Presque plus que le souvenir de Jules, c'est la relation de l'auteur à son ancêtre qui émeut ici, par sa fierté respectueuse et presque timide, par sa relation au temps, à la vie et à la mort, et par la question de la filiation et de la transmission posée avec émotion.


C'est pourtant cette même intimité entre l'écrivain et son ascendant qui finit en quelque sorte par provoquer un sentiment d'exclusion chez le lecteur, pour qui il est difficile de partager durablement le même niveau d'intérêt et d'attendrissement à l'égard d'un homme, certes intéressant, mais sur lequel il n'apprendra en définitive qu'assez peu de choses.


Ce livre m'a au final paru davantage écrit pour le plaisir de son auteur que celui de son lecteur : tandis que l'une creuse avec émotion à la recherche de ses racines, l'autre peine à empêcher l'ennui de s'installer, malgré toute la finesse et l'intelligence de l'écriture.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          704
Gentiment horripilant. Christine Montalbetti s'est passionnée pour son ancêtre Mr Poisson dont le patronyme, comme elle ne cesse de le rappeler, sied à qui s'intéresse à Mère Nature. Plutôt que de s'atteler à une biographie académique, Christine Montalbetti choisit une formule hybride, entre investigation et dialogue intime. On y gagne en originalité, on y perd en clarté. Elle installe une fausse complicité avec le lecteur, vite exclu de ce dialogue entre l'autrice et son aïeul, de cet entre-soi prétentieux, de cette quête personnelle qui parvient à nous émouvoir seulement dans les toutes dernières pages. L'usage des parenthèses est insupportable. Les interrogations sont systématiques. On se noie en conjectures, en hypothèses, on tourne autour du pot. On s'ennuie ferme. J'ai eu l'impression d'assister à une restauration de tableau, hésitante et laborieuse. Ce qui est perceptible chez Christine Montalbetti, c'est l'angoisse de l'ordinaire, la peur de découvrir que son ancêtre n'a finalement rien d'exceptionnel et qu'il ne pourra être le héros idéalisé de son roman. D'ailleurs, elle digresse souvent pour pallier la banalité du savant autodidacte. Elle a beau entretenir un suspense autour de quelques anecdotes croustillantes (l'anthropophagie présumée, p200, l'a beaucoup impressionnée semble-t-il), le récit reste inégal. Heureusement, ce Mr Poisson a travaillé au Muséum National d'Histoire naturelle, cela permet à Christine Montalbetti de dérouler des listes de plantes et d'animaux, d'en évoquer les moeurs et les comportements, de noircir des pages... Les seuls moments dignes d'intérêt touchent à l'histoire de Paris au 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Ils donnent lieu à de très beaux passages sur les hivers rigoureux, le siège de la capitale, la commune ou les conséquences de la première guerre mondiale. Des passages où l'ancêtre Poisson joue les témoins discrets. Son meilleur rôle.
Bilan : 🔪
Commenter  J’apprécie          302
Christine Montalbetti part à la recherche de son ancêtre Jules Poisson.
Cet homme était botaniste au jardin des plantes en 1871.
C'est l'occasion pour elle de faire des recherches, consulter les registres
d'état civil, lire des manuscrits. Il reste beaucoup d'énigmes non résolues
et de nombreuses questions lui viennent à l'esprit.
Cela donne envie de s'intéresser à la généalogie et se poser des questions
sur ce que faisaient nos ancêtres à un moment donné, sur ce qu'ils
pensaient, s'ils ont vécu tel ou tel évènement, telle ou telle tempête.
En conclusion ce livre n'est pas un coup de coeur mais c'est tout de même
une lecture sympathique.
Commenter  J’apprécie          161
L'auteure part à la recherche de son arrière-arrière grand-père, Jules Poisson, le botaniste du Muséum d'histoire naturelle. C'est bien loin, elles sont rares les traces qu'il lui a laissées : des actes d'État civil bien sûr, comme tout un chacun, des lettres archivées au Muséum et des articles dans une revue scientifique. Elle fait revivre tout cela, et, comme la trame est bien large, on a parfois l'impression qu'elle "meuble", qu'elle tente de combler les lacunes en jouant de son imagination. Mais n'est-ce pas le rôle de la romancière ?
Le livre est sensible malgré un style parfois un peu lourd et redondant.
Commenter  J’apprécie          120
L'étiquette de roman est accolée à ce livre sans que l'on sache pourquoi. Cela s'expliquerait-il par la liberté que se donne l'auteure de recréer la vie de son arrière-arrière-grand-père, Jules Poisson ? Par son habileté à remplir les trous que laissent les rares éléments biographiques rassemblés sur ce botaniste du Jardin des Plantes de Paris qui exerça son activité dans la seconde moitié du XIXe siècle ? Christine Montalbetti confie à son cher Jules dont elle évoque l'enfance : « Et voici le premier roman que je me fais, je vais vite en besogne, tu vois, le père mort et la mère à trimer, et toi ton maigre salaire à lui apporter. » D'où ce récit très bavard et qui utilise la plus insignifiante des informations collectées pour partir dans des développements interminables. Je l'avoue, l'ouvrage m'a paru assez indigeste, je ne suis pas parvenue à suivre l'écrivaine dans ses émois quand on lui confie les lunettes de Jules, ou quand elle retrouve sa date de naissance. Elle tente de nous tenir en haleine en retenant le plus longtemps possible deux anecdotes concernant l'ancêtre et que l'on racontait dans les réunions familiales mais, là encore, mon intérêt n'a pas bondi devant la confidence enfin lâchée.
Christine Montalbetti, avec beaucoup de pudeur, livre à la toute fin, les motifs de son exploration généalogique : hélas, l'apaisement qu'elle y trouve peut être soporifique pour le lecteur.
Commenter  J’apprécie          60


critiques presse (1)
Bibliobs
19 novembre 2019
Impossible de quitter ce roman sans éprouver la même mélancolie. Car la romancière de « l’Origine de l’homme » et de « Trouville Casino » enquête moins sur son ancêtre lunaire et panthéiste qu’elle ne s’ingénie à le faire revenir parmi nous, dans ce jardin des Plantes qui défie le temps sous un vent léger et dans une prose florissante.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
L'automne arrive. Les feuilles commencent de sécher sur les arbres et de se racornir, et puis quand plus rien ne les retient, elles se décrochent, elles renoncent. Toi, cette agonie des feuilles, ça fait un bail que tu la vois se reproduire, c'est ton soixante-dix-huitième automne. Mais cette fois, est-ce qu'elles ne te tiennent pas un bien triste discours ? Tu en as vu tomber pourtant, tu en as piétiné, de ces feuilles rougeaudes, et tu continues, cette année-là. Ça volette autour de toi, ça chute des branches, et dans les allées le vent parfois les soulève, les déplace, comme le font aussi tes pas. Ça craquette, c'est le bruit que ça fait, de marcher dans l'automne, au milieu de tout ce dépouillement progressif ; et je ne sais pas si c'est une chose à laquelle on s'habitue, toute cette nature qui se délite à vue, ou si au contraire, une fois que son propre pas est devenu plus lent, son propre corps plus dolent, il n'y a pas un affolement croissant à voir ce désastre se reproduire.
Commenter  J’apprécie          90
Quand tu te penches au-dessus d'une fleur, que se passe-t-il en toi ? Tu recenses les éléments botaniques qui la composent, tu la vérifies dans le vent frais, tu l'examines comme la sage-femme compte les doigts du nouveau-né. Moi qui, posant les yeux sur les plantes, suis généralement incapable de les nommer (est-ce que tu m'en voudrais pour ça ?), moi qui suis devant la nature non pas à court de phrases (ça non, tu me verrais, chaque fois que je prends le train, sortir mon carnet pour décrire les paysages; tu serais étonné de l'effet que ça me fait, les boules de gui dans les baies d'arbres, la vivacité du colza, ce jaune inouï qui tranche parmi le patchwork des champs et de prés - j'utilise souvent le mot patchwork, quand je regarde la campagne depuis les trains)
Commenter  J’apprécie          70
Je prête parfois à mes personnages cette sensation folle que toutes les conversations qui se sont tenues dans la pièce où ils se trouvent se sont déposées sur les murs, une impression presque fantastique, souvent liée chez eux à un malaise : d'un coup, c'est comme s'il y avait là un fond de vrai. Imaginez quelqu'un qui trouverait un jour le moyen de les réactiver, ces conversations incrustées dans la chair des papiers peints, dans la fine couche de poussière des murs, et a fortiori, peut-être, dans les pièces où il y a des cheminées, à cause de la suie, je veux dire. Un brouhaha, un palimpseste dans lequel on distinguerait parfois une phrase prononcée plus fort que les autres, à moins qu'on découvre même une façon, ces conversations successives, de les décolle les unes des autres, d'en extraire chaque strate, chaque couche, de sorte qu'on pourrait les réécouter une à une, savoir que tel jour ce sont tels propos qui se sont tenus.
Commenter  J’apprécie          40
Quand je pense à ton fils, et à combien ça m'a hantée, cette histoire du fils prodigue, je me dis qu'il vaut mieux peut-être que l'écriture des romans endosse seule cette charge des histoires confuses qu'on porte en soi sans savoir d'où elles viennent. Le roman avance dans la brume, il charrie tout ce qu'il peut prendre dans son cours, rivière étrange, fleuve gros d'alluvions (...); il brasse en les déplaçant ces traumatismes dont on hérite sans bien les comprendre, il les rejoue, il les magnifie à sa façon, il les exalte, il vous permet d'y rejouer les vôtres.
Commenter  J’apprécie          50
Le roman avance dans la brume, il charrie tout ce qu’il peut prendre dans son cours, rivière étrange, fleuve gros d’alluvions (parfois aussi il se fait ruisseau douillet, allons, et distille son humour consolateur) ; il brasse en les déplaçant tous ces traumatismes dont on hérite sans bien les comprendre, il les rejoue, il les magnifie à sa façon, il les exalte, il vous permet d’y rejouer les vôtres (ces histoires de famille qui nous hantent de mille façons étranges, comme si elles avaient innervé nos gènes, muettes, opaques, actives, sournoises et souterraines, travaillant notre chair, et dont il faudrait arriver à se dire que ce ne sont pas les nôtres), ce n’est pas de tout repos, mais ça nous rassemble.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Christine Montalbetti (44) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christine Montalbetti
Avec Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti & Martin Rueff Table ronde animée par Alastair Duncan Projection du film d'Alain Fleischer
Claude Simon, prix Nobel de Littérature 1985, est plus que jamais présent dans la littérature d'aujourd'hui. Ses thèmes – la sensation, la nature, la mémoire, l'Histoire… – et sa manière profondément originale d'écrire « à base de vécu » rencontrent les préoccupations de nombreux écrivains contemporains.
L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde.
« Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle
À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.
+ Lire la suite
autres livres classés : botaniqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (94) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..