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EAN : 9782756419176
224 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (27/04/2016)
4.17/5   461 notes
Résumé :
"On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.

La dépression. Ma faiblesse.

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Critiques, Analyses et Avis (202) Voir plus Ajouter une critique
4,17

sur 461 notes
Ce roman a l'immense mérite de parler de dépression et de tendances suicidaires au grand public, et notamment aux jeunes adultes. En effet, il raconte les derniers mois d'une jeune femme malheureuse, dépressive, angoissée et anorexique chronique, qui a demandé, et obtenu, le droit d'être euthanasiée.

Le sujet me paraissait donc prometteur, et je m'attendais à une lecture difficile mais poignante. Ben non... peut-être parce que je suis trop vieille ou plus assez naïve ? ou alors simplement parce que l'auteure a voulu donner de l'espoir à ses lecteurs atteints du même mal que son héroïne?

En tout cas, je n'ai pas vraiment cru à cette histoire qui relève plus à mes yeux de la romance que du roman psychologique. Elle n'était pas désagréable à lire, loin de là, mais ce n'est pas ce que j'attendais.

J'en reviens donc à ma première phrase : ce livre a l'immense mérite de parler de dépression et de tendances suicidaires au grand public, notamment aux jeunes adultes.
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Voilà un livre que j'ai acheté emportée par l'engouement des copines blogueuses et par les émotions déclenchées chez elles. N'ayant encore jamais croisé la plume de l'auteur et comme j'en entendais parler depuis un bon moment, j'ai décidé qu'il était temps de me lancer, surtout que le thème de ce roman me tient particulièrement à coeur. du coup, je suis un peu triste de vous dire que je ressors mitigée de cette lecture. Je ne pense pas que j'en attendais trop, car je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, mais ce qui est sûr c'est que je n'ai pas été retournée comme la plupart des autres lecteurs.

L'un des points qui a fait peut-être que je suis restée un peu plus en retrait que les autres, c'est que l'euthanasie volontaire assistée est un droit que je défends et que je souhaiterais voir légalisé de part le monde. Il est des souffrances et des maux qu'on ne peut soigner et je considère que chacun devrait avoir le droit de décider de ce qu'il veut faire de sa vie et de comment il souhaite la quitter si cela se trouve être la seule solution. Pour avoir vu des personnes de mon entourage attendre la mort et souffrir, alors qu'une délivrance aurait été possible, m'a ouvert les yeux et a fait que je ne supporte plus de voir cela.

Certains diront que les personnes dépressives ou borderlines ne sont pas des malades incurables au même titre que d'autres ou qu'ils ne sont pas vraiment « malades », cela me met tout bonnement hors de moi. Ce mal reste très souvent caché aux yeux des gens, il est insidieux et difficile à combattre, et il ne faut surtout pas en minimiser l'impact sur la vie des personnes touchées ni leurs souffrances. C'est ce que j'ai aimé dans ce livre : l'auteur en parle sans tabou et ose montrer comme ce mal peut être dévastateur.

Malheureusement pour moi, je trouve que nous sommes restés trop en surface par rapport au thème tellement fort qui nous est proposé et c'est ce qui m'a laissée sur ma fin. le roman se dégage finalement petit à petit de ces réflexions pour nous amener vers une partie plus romancée qui m'a moins attirée et à laquelle j'ai moins adhéré. Cela n'enlève en rien la force de la fin que j'ai trouvée excellente et digne du début du roman, d'autant plus que j'ai adoré le changement de narrateur pour un chapitre (dommage d'ailleurs de ne pas l'avoir fait plusieurs fois durant l'histoire, cela aura vraiment été un plus).

En bref, j'ai apprécié ce livre et je le conseille vraiment, mais je m'attendais à quelque chose d'encore plus développé et nous plongeant davantage dans les méandres de cette maladie, tout en approfondissant plus l'impact de la décision prise par notre héroïne.
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Un livre sublime et d'une sensibilité remarquable : touché (mon coeur), coulées (mes larmes)...

Dans ce nouveau roman de la talentueuse Sophie Jomain, on suit Camille, une jeune-femme de vingt-neuf ans qui se bat contre une mélancolie et un dégoût extrêmes d'elle-même qui l'ont conduite à tomber dans l'anorexie et la boulimie, et à se mutiler en prime. Ne pouvant plus supporter cette souffrance insoutenable, et comme sa nationalité lui permet de faire sa demande en Belgique, où l'acte est autorisé, elle se voit accorder l'autorisation de mourir par euthanasie assistée... Il lui reste alors trois mois, accompagnée par une équipe spécialisée en psychiatrie, pour faire ce chemin qui va la mener jusqu'à la mort... mais également à sa délivrance...

Comme vous le voyez, le thème est plus que sensible. le début énonce en quelques pages la jeunesse et l'évolution de la maladie de la jeune femme, ses souffrances, ses relations avec sa famille et sa vie en communauté. Mais en fait, toute l'histoire commence le jour où elle entre dans cette institution spécialisée qui va l'accompagner jusqu'au dénouement final...

Je suis fan de cette auteure depuis sa saga fantastique "Les étoiles de Noss Head", et même si ce roman est d'un tout autre genre, il rejoint directement mes coups de foudre littéraires.
C'est écrit admirablement, rien à redire à ce sujet, et je vous conseille de garder des mouchoirs à proximité pour pouvoir finir votre lecture. Je l'ai dévoré d'une traite et j'avoue qu'il m'a touchée personnellement. Ou bien l'auteure a vécu une partie de ces drames, ou elle a eu le don de cibler à merveille les pensées et le conflit intérieur qu'une longue souffrance physique et morale peuvent créer et qui mène a une décision aussi radicale et en apparence si égoïste...
La fin est époustouflante, on ne sait pas si elle annonce une suite ou si elle est volontairement ouverte.

Quoi qu'il en soit, ce roman ne pourra laisser personne de marbre, je vous l'assure, et je mets au défi quiconque de dire le contraire. C'est encore une oeuvre de haut vol que je vous invite à découvrir le plus vite possible, sous peine de louper une petite merveille...


Lien : http://cocomilady2.revolublo..
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L'euthanasie. Sujet difficile qui demeure tabou dans notre société.

Je ne savais pas trop ce qui m'attendais avec cette histoire à part le fait que le personnage principal, Camille, voulait se donner la mort.
Assez délicat de se lancer là dedans et pourtant, j'ai voulu faire confiance à Sophie Jomain car je connaissais déjà sa plume.

L'histoire est racontée comme un témoignage et pourtant c'est une histoire fictive avec un sens bien réel qui prend aux triples, qui fait mal tout en donnant le sourire.
Nous sommes à vrai dire, spectateurs du mal-être de cette fille. On a envie de la câliner, de la secouer tout en lui disant, ça va aller mais bats-toi, quand-même. Sauf qu'elle ne veut plus se battre. Elle vit dans un corps qui lui renvoie une mauvaise image d'elle, avec les conséquences de ses actes, de ses blessures, de ses mutilations d'une toute une vie que Camille veut absolument effacer.

Elle vient pourtant d'une famille aimante, cultivée et soudée. Son père est proviseur dans un lycée et sa mère est professeur. Camille a fait de longues études puis, elle s'est perdue... parfois. Alors on se demande d'où lui vient ce mal qui la ronge, qui l'empêche d'être heureuse comme une fille de son âge. On replonge donc en enfance, quand sa poitrine ne pousse pas...La méchanceté des gosses à cette période n'est pas facile et laisse souvent des séquelles indélébiles. Puis ensuite, vient les rencontres avec les garçons, la passion, l'amour etc...jusqu'aux ruptures. C'est toute une accumulation qui la pousse au fil des années à soit trop manger ou pas assez. A vouloir perdre du poids ou à vouloir maigrir. Son cerveau finalement détraque car il ne peut plus suivre, elle n'est tout simplement plus à l'aise avec ce qu'elle représente. C'est déjà, le point déclencheur.
On sent quand même, cette volonté de s'en sortir, puisque d'ailleurs, elle se fait suivre par plusieurs psychologues, plus par la force des choses que par elle-même, mais en vain
Camille passe par toutes les étapes de cette maladie : dépressions, mutilations, tentatives de suicide, anorexie, sans oublier la foule qu'elle ne supporte pas etc... C'est vraiment éprouvant pour le lecteur mais bien plus pour elle. Alors, Camille, décide de programmer sa mort.
Mais quand je découvre la date prévue dans le livre, c'est comme un choc pour moi. Je suis née le 5 avril et Camille, programme son décès le 6 avril 2016. En clair, le lendemain de mon anniversaire. Vous comprenez ?!

L'auteure, Sophie Jomain nous donne un aperçu de cette maladie et aussi de ce processus mis en place soit l'euthanasie. le droit de mourir par acte médical.
Ce qui est surtout fort et incroyablement bien fait dans cette histoire, c'est d'éprouver de la tristesse pour cette fille tout en ayant le sourire au fil des pages. Pourquoi ??!
Tout simplement parce que l'auteure romance l'histoire, du coup, on espère énormément pour elle et ce jusqu'à la dernière seconde. le compte à rebours est lancé et on veut juste une chose, c'est de la voir changer d'avis. Parce que finalement on s'attache à cette fille.

Alors, ensuite, vient le côté parents. Moi, je suis maman et j'ai une fille. Je me suis mise à la place de ses parents totalement impuissants face à la détermination de leur fille à vouloir mourir. En tant que maman, c'est dur. Donner la vie à son enfant, l'aimer, l'accompagner dans sa vie, puis le voir se détruire pour vouloir mourir, ça fait vraiment mal. On se remet vite en question.
Quoi qu'il en soit, je ressors de cette histoire complètement émue mais avec le sourire, car le doute s'est installé pour la fin. Chapeau l'auteure !
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“La plupart des gens ne meurent qu’au dernier moment ; d’autres commencent et s’y prennent vingt ans d’avance et parfois davantage. Ce sont les malheureux de la terre.”
Petite citation de Céline en exergue pour se mettre dans le ton. Un excellent condensé de Quand la nuit devient jour. Faut dire que le bonhomme en connaissait un rayon sur la nuit et les sombres voyages au bout du bout.

Parce que les maths et moi, ça fait trois, si je devais décrire Quand la nuit devient jour en deux mots, je dirais : un très bon roman.
Paradoxe qui rend l’exercice critique aussi pénible que stimulant : parce que c’est un bon bouquin, il est difficile, vu son sujet très sombre, de l’aimer, verbe quant à lui très lumineux et synonyme de choses mimis tout plein. Ze big paradoxe avec un grand pet… Attention, ne pas “aimer” ne signifie pas détester, je recommande au contraire cette lecture. Entre les deux extrêmes, ce roman ne m’a pas davantage m’a laissé indifférent.
Le flou… On n’a pas de mot en français. Ni oui, ni non, ni ne se prononce pas, il manque une quatrième option au questionnaire de satisfaction.
Or donc, un calvaire niveau critique pour la partie subjective. La partie objective (style, construction et mécanismes d’écriture), pas de souci. Entre les deux une zone nébuleuse, nourrie de l’une et de l’autre. Le bouquin tient-il son pari ? Atteint-il son objectif ?… Il vaut quoi dans l’ensemble ?…

Camille et moi partageons beaucoup. Frère et sœur dans la douleur, si vous voulez… J’ai vécu quand le jour devient nuit, puis sa suite quand la nuit devient l’enfer. Là j’en parle au passé pour la partie “climax”, mais en pratique la souffrance morale fait partie de mon quotidien depuis aussi longtemps que ma mémoire remonte. Fi d’un 3615 MaVie dont le détail ne regarde pas grand-monde et n’intéressera personne. Toujours est-il que, vu les points communs avec l’héroïne, l’identification n’a posé aucun problème. Je dirais même que, dans mon parcours de lecteur qui chiffre en milliers de titres lus, Quand la nuit devient jour est LE bouquin où je me serais glissé dans les pompes d’un personnage avec le plus de facilité. Logique, on porte les mêmes godasses.
L’auteure signe ici un excellent travail, le meilleur et le plus ambitieux de sa bibliographie. J’ai lu peu d’ouvrages capables de rendre la souffrance à travers les mots avec autant de justesse et d’humanité.
Parce que je connais le sujet. Tout ça je l’ai vécu. À ma façon, avec des différences sur certaines situations (i.e. en France, l’euthanasie est un sujet balayé sous le tapis, donc faut se rabattre sur le do it yourself), mais sur le fond de la douleur, la façon de la vivre, l’attrition qu’elle cause jusqu’à en arriver à la volonté de mourir, je sais ce que c’est. Si j’écrivais ma biographie, elle ressemblerait à un plagiat de l’ouverture de Quand la nuit devient jour.
D’où une lecture difficile, chaque phrase me rappelant mon cortège privé de saloperies et de souvenirs horribles. Veni vidi reviendi d’entre les morts, je suis trop bien – donc mal, parce que sans recul – placé pour juger de sa portée émotionnelle sur un lecteur lambda.
D’où aussi une sensation de déjà-vu. Et c’est bien la première fois qu’un livre ne m’ennuie pas alors que je connais déjà tout ce qu’il raconte.

Pour que j’éprouve cette sensation de déjà-vu, fallait réussir l’exploit d’une extrême justesse. La fameuse impuissance des mots à décrire la souffrance a beau appartenir à la grande famille des clichés, elle n’en reste pas moins LA difficulté majeure sur ce genre de texte. Trouver les mots et les bons, éviter les envolées éthérées poético-lyrico-tsoin-tsoin, les formules prêtes à l’emploi, les cartons de pathos à deux ronds, les torrents de mélo facile… Je ne compte plus dans mes lectures les romans pleins de douleur, de dépression, de suicide, où je me suis ennuyé bien comme il faut, parce qu’ils ne ressemblaient à rien. Trop littéraires, trop cliniques, trop artificiels…
Le tour de force jomanien, c’est de sonner juste. La souffrance de Camille s’exprime à travers les mots appropriés. Pas besoin d’en faire des caisses, il suffit d’un style simple et direct (donc très construit en amont pour aboutir à ce ton spontané). Et Jomain excelle pour se montrer directe. Elle écrit drôlement bien, la bougresse… Sans doute la meilleure description de la dépression qu’il m’ait été donné de lire. Pas juste crédible, non, ça a l’air vrai au point que dans certains passages, on se sent moins devant un roman qu’un témoignage biographique.
Je vous invite à la lire. Surtout si vous êtes un de ces pignoufs bien-pensants bien-gentils qui croient que la “positive attitude” et deux-trois formules creuses suffisent pour “aller de l’avant” et “remonter la pente”. J’espère que cette lecture vous mettra un peu de plomb dans la cervelle, comme disait Kurt Cobain…

Reconnaissons aussi à Jomain une belle paire de balloches métaphoriques (ou autre formule un peu plus féminine). Une Française qui aborde la question de l’euthanasie, quelle drôle d’idée… Par curiosité – et parce qu’une chronique passe par un peu de recherches –, j’ai tapé “euthanasie en France” sur Google. Résultats qui remontent à Mathusalem, 2014, 2015, une éternité sur le oueb. Les seuls articles d’actualité pour cette année mentionnent le “tabou français”. Consternant mais sans surprise. L’euthanasie appartient à la catégorie des sujets relous qu’on balaie sous le tapis. Thème qui fâche, hop, autruche. Penchons-nous plutôt sur les nibards de Marianne, sujet d’actualité en ce mois de septmebre 2016. Palpitant. Top classe…
“Il n’y a pas de dignité dans la mort”, disait à juste titre le docteur House. Les dernières lignes droites “indignes”, par contre, ne manquent pas dans les chaumières ni les hostos. Mais on va faire comme si… Eh, les gars, vous pouvez évacuer la mort en déployant des trésors d’imagination, de camouflage ou de cécité sélective, un beau jour… ou peut-être une nuit… couic. Reculer pour mieux sauter, nos gouvernements successifs s’y emploient à merveille. Mais on y viendra, tôt ou tard. Il faudra bien si on veut de l’euthanasie propre, un luxe aujourd’hui.
Après, je comprends les hautes sphères… Elles ont certes la manie liberticide de légiférer sur tout et n’importe quoi, mais là… Donner à certains le choix dans la date de leur mort, vous n’imaginez pas !… La liberté ultime… qu’est juste dictée par une contrainte ultime, la Douleur, qui pour le coup mérite une majuscule. Je n’invente rien, notez. Au fond, le débat sur l’euthanasie relève du spin-off de la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave.
Là encore, le bouquin de Jomain mérite d’être lu. Pour comprendre pourquoi et comment on en arrive à la décision de mourir. Parce que la mort volontaire peut sembler la meilleure (ou “moins pire”) solution, et que dans certains cas elle l’est. La seule issue, point. Les tenants des grands discours sur la “volonté”, la “lâcheté” ou la “facilité” balanceront peut-être moins d’âneries après avoir lu Quand la nuit devient jour. Sinon, avec toute la méchanceté qui me caractérise, je leur souhaite de s’y trouver confrontés, pour comprendre ce que c’est…

Reste la fin… Perso, je sucrerais les 26 dernières lignes du dernier chapitre ainsi que l’épilogue. Que dire de plus sans pas spoiler le dénouement ?… Non, n’insistez pas, je ne révèlerai pas que derrière Keyser Söze se cache en réalité le colonel Moutarde avec le chandelier dans la bibliothèque.
Sans aller jusqu’à dire que le roman se termine sur une scène facile ou téléphonée, je trouve qu’elle pèche par sa rupture avec les 230 et quelques pages qui précèdent. Trop semblable à une fin de cinéma alors que tout le roman baigne dans le réalisme. Je l’ai ressentie comme un artifice littéraire, un mécanisme narratif visible. D’autant plus dommage que cette conclusion torpille une bonne partie de la démonstration sur le chemin qui mène de la souffrance à l’euthanasie.
Pourquoi, Sophie, pourquoi ce choix ? Je ne doute pas que tu te sois posé la question de l’autre fin possible. Meilleure à mon avis, encore plus d’intensité, une émotion hénaurme !… Le pire, je ne peux même pas te reprocher cette fin, parce qu’elle est cohérente avec ton travail pris dans son ensemble, cet état d’esprit général qui traverse tes textes. Et puis je suppose que les raisons éditoriales et les impératifs narratifs font que…
Seul petit bémol à mon goût, compréhensible cela dit, et qui n’entache en rien la très haute qualité d’écriture du roman, sur le fond comme sur la forme.

Un livre à lire. Qui aura une réception aussi variable que variée, vu qu’il en appelle à l’intime du lecteur. Son vécu de petites ou de grandes épreuves, son regard sur la douleur, sur la mort, sur soi. Sur la vie, quoi.
Lien : https://unkapart.fr/quand-la..
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Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
Au contraire, Camille, j’aurais énormément de choses à dire à votre sujet que la morale de votre famille réprouverait. A propos de votre physique, d’abords, que vous semblez avoir tant de mal a apprécier. Je devine, à travers votre jean, la plus jolie paire de fesse que je n’ai jamais vue. Vous avez des cheveux magnifiques, de grands yeux qui n’ont besoin d’aucun fard pour exprimer la fièvre qui dort en vous. Vos lèvre me font naître des envies inavouables, à commencer par celle de vous les mordre à pleines dents. Glisser les mains le long de votre corps frêle, respirer l’odeur sans artifices de votre peau, goûter votre sueur, entendre vos gémissement. J’aimerais exprimer tout ça. Dans un autre contexte, une autre histoire, c’est ce que je dirais de vous, de ce que je ressens à votre contact. Mais je ne peux pas. Ce n’est pas le genre de choses qu’on peut dire, n’est-ce pas ? Pas lorsqu’on est médecin, qu’on prend soin de vous, qu’on veille à votre vie pour mieux vous amener à la mort et qu’on a le devoir d’imposer une distance qu’il est de plus en plus difficile à maintenir. Vous m’avez happé, parce que vous êtes une femme sensible, touchante, discrète, paradoxalement nerveuse et effrontée, dotée d’un courage et d’une détermination que le plus fort d’entre nous ne pourrait affronter. Mais même ça, vous serez la seule à l’entendre, Camille. Vous devrez vous en contenter.
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- ce mal qui vous ronge, est ce que....est-ce que........?
Pardon ! s'interrompt-elle. Vous ne voulez certainement pas en parler.
Je pose mes couverts avec un soin presque religieux et lève la tête vers elle.
- Je veux bien en parler avec vous.
Elle me sert un sourire gêné.
- Je suis en désaccord avec la vie depuis que je suis toute petite. Je n'ai jamais compris le sens de mon existence, bien que mes parents m'aient offert tout ce dont j'avais besoin pour vivre heureuse. Ils étaient aimants et généreux.
Elle me regarde avec une bienveillance désarmante.
- Comment l'expliquez- vous ?
- Je ne l'explique pas. J'ai mis des années avant d'admettre que cet état de fait ne changerait jamais et que personne ne serait en mesure de définir ce mal-être qui me meurtrit jusque dans ma chair.
- J'imagine que vous avez rencontré de nombreux spécialistes
- Plus qu'il en faut.
Je soupire en repensant àn tout ce par quoi je suis passée.
- Je ne suis pas psychotique, je n'invente rien de ce que je vis et ressens.
Brigitte pose une main chaude sur mon avant-bras
- je n'en doute pas un seul instant.
- depuis des années, l'angoisse et la douleur me plongent dans l'autodestruction. Ça n'a jamais de fin.
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Tout le temps où Jonathan et moi étions ensemble, j’avais presque oublié combien je me détestais, combien mon corps était lourd à supporter, combien il m’était difficile de l’accepter. Ce jour-là, je me suis effondrée intérieurement, quelque chose s’est brisé, une pièce essentielle de mon subconscient qui ne pourrait plus jamais être réparée : l’espoir de me sentir mieux un jour, celui où j’admettrais avoir le droit d’être telle que j’étais. Dès lors, j’ai su que je fonçais droit dans le mur. Ma résilience était à zéro, mes démons ont repris leur place, et je me suis jetée sur la nourriture pour essayer d’oublier jusqu’à mon existence. Je suis entrée dans un cercle infernal dans lequel je mangeais puis vomissais pour m’empiffrer toujours plus. Je n’avais plus aucune limite. Mon corps était devenu un sac qu’il me fallait remplir, une poche que je ne pouvais laisser vide de peur d’y découvrir qui j’étais à l’intérieur : une erreur de la nature. Une anomalie. Mes parents ne se doutaient pas un seul instant de ce que je vivais. J’avais honte. Je me cachais pour me goinfrer, je m’arrachais les cheveux, je pleurais des heures entières, sur mon sort, sur ma vie, sur mes échecs. Je me haïssais.
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« Les six derniers mois de sa vie, elle ne communiquait avec moi que par des battements de cils. Une fois pour oui, deux fois pour non. Aucun médicament n'était assez fort pour réduire la douleur. Elle souffrait la nuit, le jour, elle n'avait aucun repos. Elle ne s'alimentait presque plus, ne buvait presque plus, et était raccordée à un tuyau en permanence. Je n'en pouvais plus de la voir ainsi, et je savais ce qu'elle désirait le plus au monde. J'ai alors décidé de plaider sa cause auprès des médecins. Je n'ai pas demandé qu'on allège ses souffrances, mais qu'on les abrège d'un coup. Le service de soins palliatifs dans lequel elle était ne voulait pas en entendre parler. Personne n'aurait pris cette décision sous peine d'être condamné. Rose est morte un matin de décembre, étouffée dans sa propre bile. Cinq mois plus tard, l'euthanasie était légalisée.
- Oh, Marthe...
Mue par une pulsion que je ne sais expliquer, je me lève et je vais m'assoir à côté d'elle pour lui prendre les mains. Elle étouffe un sanglot et me regarde dans les yeux.
- Chaque personne devrait avoir le droit de mourir dignement. Quelque soit le mal dont elle souffre, invisible ou pas. Je suis une mère et j'ai perdu mon unique enfant. Si aujourd'hui c'était à refaire, je n'attendrais pas pour offrir à Rose la libération.
Elle se dégage et enveloppe mon visage dans ses paumes.
- Camille... Je ne connais pas ta souffrance ni ce qui te ronge et te brûle au point de vouloir en finir, mais ne laisse jamais personne décider à ta place. Jamais. Même pas par amour.
Les larmes coulent sur mes joues sans que je puisse les retenir. Du pouce, elle les essuie et me serre contre son coeur. Je respire le parfum rassurant de sa peau, je me gorge de cette étreinte, et je lui dis merci.
Merci. »
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Oserais-tu prétendre ressentir ce que je ressens ? Vivre ce que je vis ? Me battre comme je me bats et souffrir comme je souffre ? Il s'agit de ma vie, pas de la tienne ! Je t'interdis de me juger, car tu n'as aucune idée de tout ce par quoi je suis passée pour en arriver là. Je vis un enfer depuis des années, je me mutile, je me blesse, je me fais saigner pour oublier à quel point chaque seconde de cette misérable existence est une lutte. Tu vois l'euthanasie comme une faiblesse ? Tu te trompes, ce sera ma délivrance !
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Le nouveau roman de Sophie Jomain, "Et viva la vida !", sera disponible en librairie et en ebook le 1er février.
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