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EAN : 9782226443762
256 pages
Albin Michel (30/10/2019)
3.52/5   68 notes
Résumé :
On l’appelle le Voyageur.
Il a quitté une cité de canalisations et de barbelés, un cauchemar de bruit permanent et de pollution qui n’a de cesse de dévorer la forêt.
Sous la canopée, il s’est découvert un pouvoir, celui de se téléporter d’arbre en arbre.
Épuisé, il finit par atteindre un village peuplé par les descendants de la déesse Dana, une communauté menacée par les Fomoires, anciennement appelés “géants de la mer”. Là, il rencontre Sylve, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,52

sur 68 notes
Décidément, cette année, l'imaginaire se met au vert.
Après Vorrh de Brian Catling et Semiosis de Sue Burke, nouvelle excursion en forêt avec Rivages de Gauthier Guillemin, troisième auteur français du catalogue Albin Michel Imaginaire et découverte des dernières Imaginales lors du traditionnel speed-dating auteurs-éditeurs.
Après dix ans passés en Guyane, voilà donc le Voyageur de retour en terres françaises sur les traces d'un univers fantasy atypique loin du fracas des armes et des batailles épiques.

Promenons-nous dans les bois
Vous qui aimez la fantasy barbare, abandonnez tout espoir !
Rivages donne le ton dès la magnifique couverture d'Aurélien Police, il ne sera point ici question de combats homériques ou d'équipées fantastiques mais d'une plongée poétique et philosophique en compagnie d'un étrange héros surnommé le Voyageur dont on sait bien peu de choses si ce n'est qu'il vient de la Cité et qu'il appartient à la race humaine.
Cette fameuse Cité, amas de métal et de gris, place l'homme dans la condition de l'arroseur-arrosé, calfeutré dans ses cités-forteresses et luttant pied à pied contre une forêt gigantesque appelée le Dômaine, descendante vigoureuse et revancharde des contrées verdoyantes d'antan jadis massacrées par les hommes.
Au gris de l'univers humain s'oppose le vert du Dômaine, une immense forêt à priori sauvage et hostile où décide de s'enfuir notre héros en manque de nouveaux horizons, meurtri par la condition technicienne et cartésienne de son peuple acculé.
Très tôt, le Voyageur se découvre un don des plus incongrus : celui de se téléporter par l'intermédiaire de certains arbres, comme si la forêt, non contente de l'accueillir, lui révélait peu à peu son véritable potentiel.
À cette surprise de taille s'en ajoute une seconde : le Dômaine n'est pas une contrée hostile à la vie et renferme, au contraire, grand nombre de races que l'on croyait perdu tels que les Fomoires et les Ondines.
C'est dans l'un des villages de ces derniers, descendants des mythiques Tuatha dé Dana, que trouve refuge notre explorateur, piégé par le charme surnaturel de Sylve, herboriste particulièrement renommée parmi les siens.
Petit à petit, le Voyageur va apprendre la tortueuse histoire de son monde et des êtres qui le peuplent alors que les Fomoires que l'on pensait définitivement perdus dans les Limbes ne reviennent remettre en question le fragile équilibre du Dômaine.

Fantasy utopique
Vous l'aurez compris, Rivages offre peut-être un voyage vers l'inconnu mais il offre surtout une réflexion sur notre propre monde désespérant de grisaille.
Si l'on pense parfois à une histoire post-apocalyptique qui ne dirait pas son nom, Gauthier Guillemin lui nous assure d'une chose : les hommes ont voulu détruire la Nature et se l'approprier…avant le retour de bâton et leur triste enfermement dans des villes métalliques aussi froides que leurs âmes. Au-delà de cette métaphore convenue, l'auteur nous interroge sur notre relation au règne végétal et animal ainsi que le rapport entre cette sensibilité naturelle et nos croyances religieuses et philosophiques. le fait de s'éloigner de la Nature et de la pluralité de ses aspects engendre-t-il un repli sur soi et la croyance en un Dieu unique et égoïste ?
À La Cité, très brièvement esquissée, et à l'histoire de l'hégémonie puis de la chute de la civilisation humaine s'oppose la survie du peuple Ondin, dont Sylve, l'autre héroïne de Rivages, forme avec le Voyageur un écho savoureux d'Aragorn et Arwen du Seigneur des Anneaux, influence ouvertement assumée par le récit. En harmonie avec la Nature, organisé comme une communauté autonome privilégiant la décision collégiale et la sagesse sur le rapport de force et la technologie, le village des Ondins forme une simili-utopie que Gauthier Guillemin explore longuement à la fois sur le plan social, politique et humain. L'intégration du Voyageur dans cette communauté propose également une autre vision idéaliste intéressante, celle d'un peuple capable d'intégrer un étranger avec ses forces et ses faiblesses pour en faire un atout pour les autres et sans jamais le presser de révéler d'où il vient. Puisque l'histoire est un bien précieux, elle s'offre en cadeau et ne se quémande pas futilement. Car c'est un fait bien établi dans l'imaginaire de l'auteur français, le pouvoir passe par les mots et forge les hommes au moins autant que le(s) voyage(s).

Poète en voyage(s)
Cela n'échappera à personne, Gauthier Guillemin aime la poésie. Ouvrant la plupart des chapitres, les citations de Charles Baudelaire, Gérard de Nerval ou encore Blaise Cendrars ne sont pas là uniquement pour faire belles. Outre leur rapport avec le texte, elle rappelle au lecteur distrait par la beauté du paysage que la poésie et le Verbe offrent une dimension supplémentaire à l'intellect, le faisant sortir de son carcan rationnel et lui permettant l'abstraction et l'émerveillement. Ce n'est pas un hasard si le peuple de Sylve disserte fréquemment sur la poésie et son utilité pour le monde.
Ce qui manque cruellement aux hommes, semble dire Gauthier Guillemin, c'est la capacité à s'émerveiller et à mettre en mots les splendeurs du monde qui les entourent. le sage est donc bien celui qui s'étonne de tout et l'histoire du Voyageur reflète tout particulièrement cet étonnement perpétuel nécessaire à la préservation de l'environnement.
Point plus contestable, le nature-writing de Rivages ainsi que la référence à Rousseau et son mythe du bon sauvage s'intriquent avec l'expérience de Voyageur parmi le peuple Ondin pour affirmer que le salut de l'homme réside dans le retour à un état antérieur plus proche du village que de la ville. Problème, l'oppression extérieure ne semble pas disparaître et le tribut à payer demeure, même envers la Nature elle-même.
Finalement, Rivages porte son message le plus fort dans son titre même, une quête des origines qui confine à l'infini, un appel du grand large impossible à assouvir et que tout être vivant semble pourtant chercher à l'horizon, là où l'avenir et le passé se rejoignent encore et encore.

Premier roman subtil et poétique, Rivages brasse autant de thématiques que d'horizons imaginaires. Fantasy philosophique où le Voyageur se confond avec le conteur, l'histoire de Gauthier Guillemin envoûte le lecteur pour l'emmener dans un pays meilleur en quête d'ailleurs.
Lien : https://justaword.fr/rivages..
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Un conte philosophique un peu niais, un Damasio écolo-poète !

Il était une fois, une ville d'une contrée lointaine luttait contre un oppresseur vert et hostile, le Dômaine. le Voyageur, un citadin fatigué, usé par la vie, décide d'en finir et prend la route de cette nature tyrannique. A son grand étonnement, la Mort ne vient pas, mais bien au contraire, lui ouvre en grand ses bois. le Voyageur va découvrir un monde qu'il n'osait imaginer. ou plutôt, un monde imaginé.

On ne va pas faire durer le suspense plus longtemps, ce roman n'est pas du tout ma came : le respect de la nature, vivre en symbiose avec elle, tout cela est bien beau, mais fleure trop le fameux "C'était mieux avant". J'avais l'impression d'être devant un Science vs Nature, le Bien contre le Mal. D'un retour à la terre, je préfère celui d'un Manu Larcenet, plus rigolo et beaucoup plus nuancé quand aux représentations des citadins et/ou des culs-terreux.
Le style est clairement à l'opposé de mes choix littéraires, chaque chapitre s'ouvre en effet par un extrait de grands poètes et nous sommes beaucoup dans l'introspection et contemplation.
L'histoire d'amour qui ne manque malheureusement pas d'arriver tient plus du prince qui vient délivrer la pauvre princesse.

C'est dommage, car l'idée générale était bonne, l'ode à l'imaginaire, aux histoires, contes et mythes amènent un plus incontestable mais j'ai trouvé que l'auteur n'allait pas assez loin dans sa logique.
J'ai aussi bien aimé ce village gaulois ondins avec son côté anarchiste, où chacun se voit attribuer un rôle en fonction de ses compétences, mais doit participer à la vie et aux charges de la vie communautaire.

Les vieilles étiquettes du genre prennent de plus en plus de plomb dans l'aile. Jadis, c'était simple, il y avait la SFFF : science-fiction, fantasy et fantastique. Désormais, tout fout le camp ! Nous voici en face d'une fantasy post apocalyptique doublée d'une utopie. L'avenir est au métissage, et c'est très bien ainsi. Et comme le dit la formule, qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.
Cependant, on peut mélanger les genres, littéraires, mais pas les codes : Monsieur est du genre taiseux, il veut bien écouter l'histoire des autres, mais ne laisse rien filtrer de son passé, c'est un mâle alpha, la plus belle Ondine, Sylve, un croisement entre Cyclope de X-men et Méduse, ne peut que tomber folle amoureuse, même si elle sait qu'un jour, son homme repartira !
J'avais parfois l'impression que l'auteur ajoutait des événements, personnages, sans trop s'en occuper par la suite.

Rivages était un one shot qui s'est transformé en diptyque, La fin des étiages paraitra chez le même éditeur au printemps 2020, sans moi comme lecteur.

Critique réalisée dans le cadre d'un service de presse.
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Troisième auteur français édité par Albin Michel Imaginaire après Franck Ferric (« Le chant mortel du soleil ») et Jean-Michel Ré (« La fleur de Dieu »), Gauthier Guillemin fait son entrée sur la scène de l'imaginaire français avec « Rivages », première partie d'un diptyque dont la suite (« La fin des étiages ») devrait paraître en avril de cette année. L'ouvrage met en scène un monde qui nous est étranger mais qu'on pourrait tout à fait imaginer être le notre d'ici plusieurs décennies. Là-bas, la forêt a décidé de reprendre ses droits après les trop nombreux dégâts que lui ont infligé les hommes. Terrés dans leurs cités, ces derniers en sont réduits à lutter contre les assauts incessants de cette entité désormais hostile et baptisée « le Domaine ». C'est dans ce contexte qu'on fait la rencontre du « Voyageur » (on ne connaîtra jamais son véritable nom), un homme qui prend soudainement la décision de quitter la cité dans laquelle il a toujours vécu pour s'aventurer dans la forêt. La transition est rude, mais le Voyageur s'adapte rapidement et se découvre même un pouvoir étonnant : celui de se téléporter d'arbre en arbre. Après plusieurs rencontres éphémères avec certains des habitants du Domaine, notre héros finit par découvrir un village paisible peuplé d'ondins. Là, il tombe amoureux d'une belle ondine pour qui il va accepter de renoncer momentanément à ses pérégrinations, et se fascine pour les contes et légendes de ce peuple déraciné en quête de leur terre d'origine.

Voilà pour les bases de l'intrigue… et l'histoire n'ira pas beaucoup plus loin. le nombre de péripéties est en effet très limité et, en dépit d'un début prometteur et du cadre enchanteur dans lequel se déroule le récit, on peine à se passionner pour le voyage trop morne de cet homme dont on ne sait rien. Il en va de même des autres personnages auxquels on a du mal à s'attacher compte tenu du trop peu d'informations que l'auteur nous fournit à leur sujet. J'ai également éprouvé des difficultés à croire en l'histoire d'amour entre le Voyageur et l'ondine puisque celle-ci commence de manière trop soudaine : ils se voient, échangent leur nom, et les voilà en couple ! Les relations entre le héros et les autres villageois sont malheureusement du même acabit, si bien qu'on a du mal à éprouver de l'empathie lorsque l'un d'eux se retrouve confronté à un événement dramatique. J'ai également eu un peu de mal avec le style que j'ai trouvé parfois trop en décalage (on ne s'attend pas dans un tel cadre à entendre les personnages lancer des « super ! », « c'est clair ! » ou « tu veux un câlin ? »…), ou alors trop pompeux. La poésie occupe aussi une place importante dans le récit, mais je n'y ai pas été sensible, même si je comprends tout à fait que d'autres lecteurs se laissent prendre au charme.

« Rivages » est un roman poétique et contemplatif qui plonge le lecteur dans une ambiance très particulière qui m'a, hélas, laissée de marbre.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Lorsque le voyageur rencontre Sylve, son périple s’arrête. Épuisé, affamé, L’homme entre dans la cité, au milieu de la forêt, habitée par les descendants de la déesse Dana.
Afin de se faire accepter par la communauté, celui ci devra mettre ses services et son don de transplantation sylvestre à contribution.
Nature, magie et communauté inconnue,ce roman est un voyage au cœur de l’inconnue

Rivages de Gauthier Guillemin
Premier roman de l'auteur, grosse erreur de le comparer au seigneur des anneaux de Tolkien... l'atmosphère se mets lentement en place. Pour un roman qui est assez court, cela est assez dur de rentrer dans l'ambiance et de se sentir rassasié sur notre faim livresque. Lorsque j'ai refermé le livre j'ai été déçu que cela se termine car beaucoup de choses ont été passé rapidement sous le tapis comme le peuple des Fomoires, qui après quelques apparitions furtives, on voit leur cas se régler en deux-trois chapitres.
Malgré cela la plume de l'auteur est intéressante et mérite d'être suivie.
Avec quelques corrections pour les prochains romans, G. Guillemin a de l'avenir dans l'univers de la fantaisie
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Avant-propos

En premier lieu, je remercie Gilles Dumay des Éditions Albin Michel Imaginaire pour l'envoi de ce service presse ! Il est vrai que j'avais envie depuis longtemps de lire ce roman, mais comme beaucoup, je suis submergée par ma wishlist ^^

D'abord pensé comme un one-shot, Rivages s'avère être le premier tome de la duologie de Gauthier Guillemin. À l'heure où je rédige cette chronique, je n'ai pas encore commencé à lire le suivant, La fin des étiages, pourtant, je suis bien contente que ce second opus existe car, pour moi, il demeure des éléments dans Rivages qui n'ont pas été développés.

Attention, cette chronique va vous donner envie de voyager !

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Inclassable

Dans un premier temps, Rivages, premier roman de Gauthier Guillemin, intrigue : à quel genre littéraire appartient-t-il ? Il présente des éléments de dystopie, de fantasy, peut-être de fantasy post-apocalyptique, une touche de writing nature, de réalisme magique, avec des aspects philosophiques et poétique. le début nous plonge dans une scène qui introduit à l'idée de ce que sera le point central du récit, le voyage. Pourtant le premier chapitre contrebalance en nous plongeant non plus dans la Forêt et les questionnements, mais dans la ville humaine, véritable enfer d'acier grignotant lentement la sylve.

Nous ne savons pas à quelle époque se situe le texte, aussi songeons-nous tantôt à une dystopie ou à une fantasy post-apocalyptique, bien que l'important ne soit pas à chercher une case. En effet, j'ai trouvé que cette incertitude participait aux réflexions qui vont nous traverser au fur et à mesure du récit. Alors, au final, que Rivages se passe dans un futur proche où lointain, les questionnements sont les mêmes. D'autant plus que le roman invite au voyage, physique comme intérieur. En ce sens, et compte tenu de l'ambiance, de la narration, de l'intrigue, cet ouvrage s'apparente pour moi à un conte, un conte sur la nature, l'impermanence et les correspondances.

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Point de départ

Ainsi donc le récit démarre réellement, car chronologiquement, dans la Cité, la ville humaine grise, polluée, qui a vampirisé ses habitants. Ces derniers n'ont plus de lien avec la Nature, des ouvriers/esclaves ont le plus dur du labeur, à savoir agrandir la Cité surpeuplée. Pour cela, ils doivent grignoter la Sylve, celle-ci a repris ses droits : elle est devenue hargneuse et mangeuse d'hommes. C'est dans ce décor que nous rencontrons le personnage principal du récit, qui se fera appeler le Voyageur. Poussé par une force intérieure, quasi mystique, il décide de quitter la Cité et de gagner la Forêt, territoire nommé le Domaîne.

Entre le prologue et le premier chapitre, l'auteur établit d'emblée un jeu de miroir, plus qu'une dualité. La nature, le détachement envers elle en est un premier exemple.

Ainsi, le point de départ est un départ, celui du Voyageur qui quitte la Cité pour gagner le Domaîne, voir le monde hors des remparts de l'enfer. Comme un ultime élan, une ultime liberté. Alors que son identité a été diluée, mâchée par la Cité, lui veut s'extraire de ce carcan néfaste, comme pour respirer pour la première fois. Les quelques pas que lui laissera faire le Domaîne avant de lui envoyer ses prédateurs (animaux ou végétaux), lui seront suffisants. Retour à la Nature/au berceau ou suicide ? Il n'y a pas de pensée macabre, juste cet élan pour respirer, pour voir le monde au moins une fois.

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Au coeur de la Forêt

Le Voyageur avance donc dans le Domaîne, cette immense forêt dite prédatrice. Il avance, contemplatif de cette végétation inconnue. Il avance et les heures passent, puis les jours, jusqu'à ce qu'il en perde le compte. Où sont les dangers de la Sylve ? Les animaux prédateurs ? J'ai pensé aux mensonges des hommes à propos du Domaîne ; en le diabolisant, ils en restent coupés, comme si l'ère de l'harmonie avec la Nature était révolue, tabou même. Pourtant, le Voyageur ressent autre chose : pour lui, la Forêt l'accueille, comme si de là venait l'élan qu'il a eu de quitter la Cité.

Il avance et il tâtonne, s'attachant en hauteur, sur une branche d'arbre, pour dormir, commençant à s'alimenter avec des racines et autres végétaux qu'il trouve. C'est une transition qui s'avère douloureuse, une adaptation qui occupe les pensées du Voyageur. En même temps, la magie commence à opérer : le protagoniste se découvre une capacité, un don, et il va commencer à croiser des êtres quasiment humains, mais différents, certains ayant par exemple des branchies dans le cou, parlent d'autres langues. Il va être considéré avec indifférence, parfois il paraît même invisible, mais d'autres fois, il parvient à échanger sommairement, interrogeant alors ses interlocuteurs sur la Forêt, les autres peuples qui la peuplent, la magie.

Un jour, le Voyageur arrive aux abords d'une ville et y reste, chez la belle Sylve qui l'a choisi pour compagnon.

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Réalisme magique : entre Nature et mythologies

Le Voyageur se retrouve ainsi dans la ville des Ondins, qui se réclament descendants de la déesse Dana. Enthousiasmé par l'imprégnation magique du quotidien et des mythes de ce peuple, il questionne sans cesse Sylve. Comme lui, nous apprenons des bribes de mythes plutôt que de l'Histoire. Car les Ondins sont en exil depuis très longtemps, chassés par les hommes, alors qu'ils avaient précédemment battus les Fomoires. Dans les grandes lignes, nous découvrons la succession de plusieurs peuples, civilisations. D'autres êtres, humanoïdes, sont évoqués ou entraperçus dans le récit.

Alors que le Voyageur émerveillé comme un enfant, toute cette magie et ces mythologies demeurent toutefois au stade du réalisme magique. Nous voyons surtout que les Ondins et autres habitants de la ville possèdent des connaissances en botanique et en alchimie, des savoirs ancestraux qu'ils ont enseignés aux hommes. Sylve est d'ailleurs reconnue pour ses préparations de plantes etc, et le don de son compagnon va se révéler utile pour la cueillette mais aussi pour la ville. En fait, la magie du récit ne fait qu'un avec la Nature, ses symboles et ses correspondances. Les runes ou encore les glyphes sont utilisés, l'on parle des arbres et de certains végétaux comme d'êtres sentients, les années sont comptées en fonction du cycle lunaire. Et bien sûr, le fait de se rattacher généalogiquement à une déesse appartient au registre mythologique.

Mais alors, que signifie appartenir à une lignée divine pour un peuple ? Les Ondins évoquent régulièrement la mer et les rivages. La mer car leurs ancêtres sont nés là ; rivages pour le berceau de leurs origines. Or, ils ont oublié où se trouvait la mer, d'ailleurs, ils ne savent même pas si elle existe toujours. Alors leurs origines, les bases de leur identité culturelle est réduite à peau de chagrin, de mythologique, elle passe aisément à chimérique. Est-ce donc plus une croyance qu'une réalité ?

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La quête en jeux de miroir

Dans Rivages, les voyages riment avec respiration, fantasmes, rêves éveillés, odyssées rêvées, cartes imaginaires, contemplation. le tout ne se montre pas moins généreusement saupoudré de réflexions, comme les étoiles parsèment les ciels nocturnes. le voyage est physique comme intérieur, il nous change, affûte notre observation, élargit nos limites comme les frontières. Voyager pour quel but ? se fixer et faire ses racines ? Rien ne sera sûr dans ce récit. Car si la quête solidifie l'identité, celle du Voyageur comme des Ondins est délétère. le Voyageur n'a pas de nom, d'ailleurs, à part la couleur de ses yeux, nous ne savons rien de son apparence. Quant aux Ondins : quelle est la place de l'identité culturelle alors que l'on a perdu le rivage de ses origines, les traces de son passé, et que l'on vit en exil ?

En parallèle, les fables des peuples s'étant succédé sur le territoire évoqué montre l'impermanence, cette impermanence marque l'évolution, tels les cycles de la Nature, encore une fois. Dans ce conte onirique, ce sont toutes ces correspondances et jeux de miroir qui s'opèrent à différentes échelles. Et ces jeux de miroir, le Voyageur les utilise grâce à son don, au point que ses pérégrinations semblent le mener depuis le départ à voir la mer, métaphoriquement par la Forêt de symboles, mais peut-être davantage.

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En bref : pour son premier roman, Gauthier Guillemin nous propose une oeuvre inclassable, un conte onirique, une respiration sur le voyage teinté de réalisme magique et de mythologies. Nous suivons le Voyageur, qui quitte la Cité, ville-vampire et polluée, pour le Domaîne, ce territoire-prédateur pour les êtres humains, la Nature ayant repris ses droits. Mais plutôt que se faire dévorer, le protagoniste va se découvrir un don et poser bagages dans la ville des Ondins. Ce peuple se prétend descendant de la déesse Dana. Mythologies et nature tissent un réalisme magique enveloppant, mais attisent sans cesse la curiosité du Voyageur qui s'intéresse particulièrement à la mer, berceau des origines des Ondins. Existe-t-elle toujours ?

Je suis contente que Rivages soit le premier opus d'une duologie : La fin des étiages m'attend !

Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
23 octobre 2019
Le roman est court et se lit donc plutôt vite. Et pourtant, on n’a l’impression une fois au bout de n’être jamais vraiment entré dedans. Plusieurs éléments nous distraient rapidement, comme ces chapeaux de chapitre intempestifs ou, bien plus gênant, le style de l’auteur, inutilement chargé.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le Voyageur expliqua qu’après avoir soumis toute la création, les humains l’oublièrent peu à peu et se retirèrent dans des cités de fer et d’acier. L’humanité s’illusionna et crut faire de l’or avec de la boue, alors que seuls les poètes en ont le pouvoir.
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La forêt n'abrite pas que de simples arbres, tous dressés côte à côte en un agencement dont la cohérence ne peut qu'échapper à l'esprit humain. Elle se compose d'une multitude d'individus, tous différents, certains s'entraident, échangent des informations, protègent les baliveaux, utilisent leurs armées - fourmis, oiseaux - pour se protéger, parfois même s'échangent des nutriments. Mais la coopération se transforme quelque fois en compétition âpre et sans pitié. Lutte pour l'accès à l'eau, corps à corps pour de l'espace, course vers la lumière.
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L’humanité avait résolument tourné le dos à la magie, aux analogies et aux correspondances entre le cosmos et le vivant. Les hommes s’entêtèrent et érigèrent en vérité ultime une technique qui avalait goulûment la création, et, dans un fracas mécanique, les foreuses puisèrent toujours plus profond, extrayant des diamants et de l’or noir d’une terre à l’agonie, fractionnant la roche même pour inonder les sols de boue étouffantes, arrosant ensuite les forêts de pluies acides.
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- En même temps, il y a de la poésie à se savoir entre mythe et réalité, souffla le Voyageur, les yeux embués par l'alcool. Entre mythe et réalité, répéta-t-il, entre terre et mer. Le rivage, n'est-ce pas le lieu où les vagues mouvantes se brisent et se meurent sur la terre ferme ? Et cette eau battante ne transforme-t-elle pas la côte qu'elle érode ? Quoi qu'on en dise, vous êtes le peuple des rivages : peut-être issus d'un mythe, je ne sais pas. Mais il est certain que vous transformez notre réel.
- C'est pour cela que je l'ai épousé ! s'exclama Sylve. Je me suis trouvé un poète et un philosophe ! Tu as raison, et peut-être qu'un jour nous emmènerons ce réel qui nous entoure jusqu'aux rivages bénis qui nous ont vus arriver.
- Cet alcool a des vertus que je ne lui connaissais pas ! s'exclama Dùmcrèt en riant. Allons nous amuser !
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Le Voyageur expliqua qu'après avoir soumis toute la création, les humains l'oublièrent peu à peu et se retirèrent dans des cités de fer et d'acier. L'humanité s'illusionna et crut faire de l'or avec de la boue, alors que seuls les poètes en ont le pouvoir. De ses forteresses de verre et de béton, elle dirigeait le monde et craignait ses semblables.
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Videos de Gauthier Guillemin (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gauthier Guillemin
A l'occasion du salon "Les Utopiales" à Nantes, rencontre avec Gauthier Guillemin autour de son ouvrage "Rivages" aux éditions Albin Michel.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2365683/gauthier-guillemin-rivages
Notes de musique : Youtube Audio Library
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