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EAN : 9781020904646
260 pages
Les liens qui libèrent (04/01/2017)
3.95/5   10 notes
Résumé :
Dans le clair-obscur des crises politiques naissent les monstres. Les meurtres de masse de DAESH nous aveuglent sur leur signification politique.  Ils naissent du vide culturel d'un monde politique sans esprit, d'un monde où les techniques sont devenues folles, d'un monde qui se nourrit des surenchères de la haine et du désespoir. Ils sont les rejetons d'un monde en décomposition culturelle…
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voici un essai magistral qui fait appel à l'esprit de Gramsci, de Keynes, de Simone Weil, de Freud, de Marx, de Hanna Arendt et qui cite Aragon, Jaurès, Tolstoï, Camus, Sartre, Bourdieu, Bernard Maris... Ce n'est pas rien !
L'esprit de la France est convoqué et tellement présent dans ce livre qui dénonce des élites au pouvoir ayant tout fait pour évacuer cet esprit, préférant cajoler les marchés afin, en échange, d'en conserver leurs privilèges, préférant l'oubli du passé, la remise en cause de toutes les grandes conquêtes sociales, agitant la haine et répandant la peur, préparant ainsi la possible arrivée des monstres nihilistes qui se chargeraient de remplir le vide laissé béant… le peuple n'est pas écouté mais mesuré de façon technocratique par des sondages d'opinion qui ne représentent que les sentiments du moment « faute d'entendre sa parole et de la prendre en considération ».

Roland Gori, professeur en psychopathologie a écrit de nombreux livres dont les titres donnent une idée du fil conducteur de cet auteur érudit :
La dignité de penser : livre où il pose cette question : « est-ce qu'on voudrait priver le peuple de penser ? »
La fabrique des imposteurs : avec cette question : est-ce qu'on chercherait à tromper les gens afin d'arriver au pouvoir ? L'imposteur est comme un poisson dans l'eau. Il fait prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l'apparence et à la réputation plutôt qu'au travail et à la probité. L'imposteur vit à crédit, au crédit de l'Autre. Je pense immédiatement à des gouvernants d'hier... et d'aujourd'hui. Et l'imposteur suprême est dans l'ombre qui a bien vu le créneau possible...
L'individu ingouvernable : individualisme développé à l'extrême depuis des décennies ?

Des citations qui on fait date dans l'histoire :
« La religion est l'esprit d'un monde sans esprit, elle est l'opium du peuple » Marx
« L'effet des consolations que la religion apporte à l'homme peut être mis en parallèle avec celui des narcotiques » Freud
« La crise c'est lorsque le vieux monde est en train de mourir et que le nouveau monde tarde à naître. Dans ce clair-obscur naissent les monstres » Gramsci
« Nous serions capables d'éteindre le soleil et les étoiles parce qu'il ne nous verse pas de dividendes » John Keynes
« L'art est une forme de l'activité humaine consistant, pour un homme, à transmettre à autrui ses sentiments, consciemment et volontairement, par le moyen de certains signes extérieurs… Il est un moyen d'union entre les hommes, les rassemblant dans un même sentiment, et, par-là, indispensable pour la vie de l'humanité, et pour son progrès dans la voie du bonheur » Tolstoï

Roland Gori nous dit : ne laissons pas éteindre les étoiles. Donnons du sens collectif à ce que chacun de nous fait. La fin de cet essai est consacrée à l'art dans son sens large, englobant l'artisanat, qui avec l'éducation, la culture, « l'information non industrialisée » peut constituer une voie de sortie de crise car redonnant une symbolique. Il ajoute ne tardons pas car le temps presse… L'art fait l'homme alors que la machine seule peut avilir l'homme. La citation de Tolstoï montre que du côté de l'art (non réduit au spectacle) se trouve l'humanité si on souhaite progrès et bonheur. Mais attention les hommes peuvent par facilité se trouver des chefs charismatiques et les suivre sur les chemins nihilistes bloqués sur les traditions et la particularité supposée du clan, « fondé sur les racines géographiques, raciales et historiques ».

« Il nous faut un discours vrai, le feu sacré du politique, un récit qui enthousiasme et donne envie de se battre autant que de rêver, de s'aimer autant que de s'opposer sans se détruire. Ces catégories de l'attente nouent cette dimension du sacré que partagent la religion, la politique, le soin et l'art » Roland Gori
Notes avis bibliofeel septembre 2019, Roland Gori, Un monde sans esprit

Lien : https://clesbibliofeel.home...
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Il est bien rare à notre époque de voir penser l'individu par un Individu. Cela fait profondément du bien d'entendre ce que par peur d'être seuls face à un monde lobotomisé par le Dieu argent, et en manque de projet de civilisation, nous sommes trop peu à affirmer. Nous cédons à la faciliter que nous vend la société d'apparences et de spectacle c'est pour cela qu'une parole construite, cultivée et intelligente est aujourd'hui salutaire à tous:
Avant-hier, avec des idéologies politiques totalitaires, hier avec le règne d'une "religion du marché", nous voilà aujourd'hui contraints, avec les terrorismes qui se réclament de dieu, de devoir sortir du "Silence religieux" et de devoir répondre à ce besoin de spiritualité, à ce désir de fictions auxquelles nous pourrions croire et qui s'expriment bien souvent par des "formules d'émotion" qui mettent les masses en mouvements ou les soumettent au pouvoir politique.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Ces fictions à l'origine des religions comme de la politique et de la culture répondent au besoin de croyance et au désir de sacrer des humains. Lorsque l'univers entier sombre dans la nudité crue des instruments, dans "le romantisme" des chiffres et de l'efficacité, que se passe-t-il ? Quand la politique, elle-même, répudie les illusions religieuses ou culturelles qui la nourrissent et la légitiment, que devient ce besoin de croyance conjurant l'angoisse de vivre et de mourir? Lorsque l'univers est désenchanté à l'extrême, invitant à une consommation d'instant successif, incitant jusqu'à la corruption de toutes les valeurs, à la jouissance hédoniste et à l'affrontement de tous contre tous, que deviennent ce besoin de croire et ce désir de sacré.
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Il y'a notamment parmi les multiples causes des terrorismes et des mouvements régressifs actuels une carence évidente de récits collectifs émancipateurs capables de répondre aux besoins humains d'espérer dans l'avenir. Ce déficit narratif est un des facteurs favorisant l'émergence des terrorismes qui, pour monstrueux et absurdes qu'ils nous paraissent, exploitent le fonds de commerce d'une perte de promesse dans l'avenir.
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Ce n'est plus un peuple, ce n'est plus une foule, c'est une masse liquide et anonyme, "une masse mentale" individualisée, à laquelle les industries du spectacle font croire que, individus isolés, ils sont ensemble. Nous sommes désormais grâce à la société du spectacle, seul ensemble quel que soit le lieu où nous nous trouvons.
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"Il n'y a pas de vie valable sans projection sur l'avenir, sans promesse de murissement et de progrès. Vivre contre un mûr, c'est la vie des chiens." (citant) Albert Camus "Ni victimes ni bourreaux, le siècle de la peur" 1946
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Les constructions disent la vérité de celui qui les fabrique, de son paysage mental et affectif, plus que de la réalité dont elles prétendent rendre compte. Elles sont des fictions vraies plutôt qu'exactes.
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Vidéo de Roland Gori
Né en 1953 à Fort-de-France, prix Goncourt en 1992 pour « Texaco », Patrick Chamoiseau est l'auteur d'une oeuvre narrative et théorique majeure où se mêlent imaginaire foisonnant et conscience politique. Les enjeux de la littérature contemporaine sont aussi au coeur de sa réflexion. Dans son dernier ouvrage « le Conteur, la Nuit et le Panier », il nous convie dans son atelier d'écrivain, observe les mystères de la création en mettant en lumière l'épaisse matière qui constitue l'oralité du conteur créole.
Au cours de ce grand entretien, Patrick Chamoiseau nous emmène à la Martinique, terreau fertile de son oeuvre, île où s'est inscrit en lui, très jeune, l'écartèlement entre le créole et la langue française, mais aussi tout le tragique de cette terre de souffrances qui porte l'histoire douloureuse des esclaves. Il revient sur ses lectures d'enfance, sa fascination pour les livres et les bibliothèques, son goût pour l'histoire, et s'attarde aussi sur des passions qu'on lui connaît moins : le dessin, la bande dessinée et la science-fiction. Il convoque, bien sûr, quelques-unes des grandes figures littéraires et intellectuelles qui le portent, Rabelais, Victor Segalen, Aimé Césaire et Édouard Glissant.
Patrick Chamoiseau dialogue avec le psychanalyste Roland Gori avec qui il évoque une autre forme d'esclavagisme, celle de notre société capitaliste dominée par un langage numérique, dont l'art et le conte pourrait être la porte de sortie. C'est la comédienne Yasmina Ho-You-Fat qui fait entendre sur la scène du conservatoire les textes de ce grand écrivain penseur de notre monde, que nous sommes heureux d'accueillir.
Un grand entretien animé par Gladys Marivat et enregistré en public le 29 mai 2022 au conservatoire Pierre Barbizet, à Marseille, lors de la sixième édition du festival Oh les beaux jours !
À lire : « le Conteur, la Nuit et le Panier », Seuil, 2021. « Manifestes », avec Édouard Glissant, éditions de la Découverte, 2021. « Frères migrants », Seuil, 2017. « Texaco », Gallimard, 1992. À écouter : « Baudelaire jazz. Méditations poétiques et musicales avec Raphaël Imbert », Seuil, 2022.
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ20
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