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EAN : 9782226215260
217 pages
Albin Michel (05/01/2011)
3/5   23 notes
Résumé :
La femme de Mathieu le quitte, il perd son chien, ferme sa librairie et prend sa retraite…

Pour trouver la force de continuer à vivre, Mathieu se réfugie dans une vie d’ermite, sur une éminence isolée aux confins de la Creuse, dans une nature immobile, avec la seule compagnie des bêtes, dont Io, une génisse.

Mais voilà qu’un couple de randonneurs fait halte dans sa thébaïde…
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un revigorant coup de coeur !
Je ne connaissais pas cet auteur que j'ai découvert par hasard en lisant sur le net que son histoire se situait dans la Creuse, un département et des paysages que je fréquente depuis mon enfance.
Ce livre aurait pu paraître aux excellentes éditions Gallmeister adepte du “nature writing".
(http://www.gallmeister.fr/accueil)
Ce courant littéraire américain est un melting pot d'hommages à la nature et de récits autobiographiques. En résumé, "ma vie dans les grands espaces".
On pense alors, pêle-mêle, à Henri David Thoreau, Jack London, Jim Harrison et aussitôt à "La route" de Cormac Mc Carthy ou bien au film de Sean Penn "Into the Wild", adapté du roman "Voyage au bout de la solitude", écrit par Jon Krakauer en 1996, et relatant l'histoire réelle de Christopher McCandless.
Très souvent, le "nature writing" revendique le label "Ecologie politique".

le titre fait référence au mythe d'Arcadie, région montagneuse de la Grèce ancienne, terre mythique de la paix et du bonheur.
Ce roman remémore la lecture du magnifique “Suzanne et le Pacifique” de Giraudoux.
On pense également à Robinson Crusoé... avec la Creuse comme une île ?
Matthieu, libraire à Paris plaque tout car tout lui échappe: son meilleur ami le chien qui meurt, sa femme qui le quitte...
Il se retrouve dans la Creuse dans une maison de famille abandonnée. Sans télévision, sans journaux... avec seulement 3 livres : l'Illiade d'Homère, les Géorgiques de Virgile, et Malone Meurt de Beckett. Il va fabriquer son pain, cultiver son jardin, adopter une vache et faire de rares mais magnifiques rencontres dépeintes avec beaucoup de sensibilité.
L'auteur fait souvent référence aux mythes grecs et à la peinture et l'écriture de Chevrier est très sensuelle, au pinceau... picturale.

Un très très beau roman que je recommande avec enthousiasme !

4ème de couverture
Mathieu part à la retraite : il ferme sa librairie, sa femme le quitte, il perd son chien… Où et comment trouver la force de continuer à vivre ? Peut-être dans une vie d'ermite, sur une éminence isolée des confins de la Creuse. Dans ce dernier refuge, il n'aspire qu'à s'effacer dans une nature immobile, avec la seule compagnie des bêtes, suivi pas à pas par Io, une génisse. Mais la civilisation se rappelle à Mathieu quand un couple de randonneurs fait halte dans sa thébaïde. L'homme, archéologue amateur, cherche des vestiges médiévaux. La femme n'est pas sans charme, et inspire à Mathieu un désir violent. Ses velléités de solitude et de renoncement sont compromises. Un drame se prépare, dont Io, l'animal tutélaire, sera la victime sacrificielle.

La première phrase
«Il avait un chien. C'était un petit chien, un cocker, parce qu'il est déraisonnable d'avoir un chien à Paris et qu'il compensait cette déraison par un animal de petite taille. Il s'appelait Cassius parce qu'il était né l'année des C.»
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Sa femme l'a quitté, sa librairie est fermée, Matthieu n'a plus aucune attache à Paris.
Il décide de partir en Creuse dans une maison isolée ayant appartenu à un vieil oncle qui a fini sa vie comme un véritable ermite.
Lui-même veut s'affranchir de tous les liens qui le relient encore à la civilisation.

Ce que l'on nommerait un choix de "décroissance" est plutôt pour lui une manière d'oser exister seul, loin des autres, dans une solitude choisie.
Les mois s'écoulent ainsi, entre la maison, les travaux des champs et sa vache, Io.
Une jeune femme du pays, violoniste, tente de nouer quelques liens avec lui.
Un voisin passe chaque jour à la même heure lui dire quelques mots.
Un couple de randonneurs fatigués s'arrête chez lui.
Comment faire coexister son choix de vie et sa relation aux autres ?


Le sujet est intéressant à une période de retour à la campagne et aux "vraies valeurs" .
Le narrateur met en avant le choix presque philosophique de pouvoir vivre seul, avec juste la compagnie de quelques livres.
Peux-on vivre seul, est-on plus libre quand on est seul ?
Les péripéties montreront que ce choix n'est pas facile à assumer sur le long terme.
Le ton utilisé est souvent ironique, parfois désespéré, comme si le narrateur se regardait lui-même essayer de vivre en ermite.

L'ensemble donne un livre attachant, avec parfois un peu trop de références à l'Antiquité et de mots compliqués (l'occasion d'ouvrir le dictionnaire...).
Sur un sujet similaire, le départ de Paris vers la campagne, lire le magnifique "Bonheur fantôme" d'Anne Percin.

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Matthieu perd tout, sa femme, sa librairie, son chien et même les investissements pour sa retraite. Il décide de ne pas en rester là avec cette vie décevante mais d'en changer, de partir, d'aller en décroissance. Il se remémore un personnage familial, oncle Gerbault, ermite presque sauvage qui vivait dans la Creuse. Il fuit dans la masure et l'univers de cet homme. Une fuite mais aussi une reconstruction de l'homme... ou déconstruction pour ne pas "revenir au monde", devenir rien.

Ainsi nous suivons Matthieu vers les origines archaïques de l'homme et dans son labeur de perdre toute son humanité. le prétexte n'est pas la conscience écologique mais bien le fait de devenir transparent, inutile, inconsistant, sans envie ni passion, juste en survivance.
(...)
Il délaisse ses relations, se ferme à la sensualité et cherche juste à revenir aux intuitions, aux astuces de survie en terrain vierge et naturel. (...) Ce n'est pas un retour pour la nature, mais bien une envie de disparaitre, de succomber à la solitude de la nature (et non celle de la ville, des marins). L'humanité fuie est tout de même présente, brutalement éprouvée par "l'imbécilité" de l'enfant attardé et aveugle, Francis, une part d'homme, atrophié physiquement, comme lui le devient mentalement et intellectuellement.

Oui mais il a beau faire, sa culture littéraire le suit. Celle-là même qui sert de trame à sa décroissance: Virgile, Homère ou Beckett le stimulent, l'entourent, le confortent pour au final lui indiquer le mur.
L'entrée en nature est picturale et culturelle. Bien-sûr les animaux offrent une leçon de chose sur la vie et la mort, les plantes deviennent sources de cours de botanique. Mais la nostalgie de l'enfance, de cette part de ruralité, est devenue aussi intellectualisée, confortée par des lectures d'adolescent (Lodon, Curwood). Et la nature n'est plus, elle a perdu son côté sauvage. Même la compagnie d'une vache, ruminant des campagnes profondes, ne lui apporte qu'un semblant de sens à cette nouvelle (non-)vie. Sa démarche de décroissance découle d'une réflexion philosophique emprunte de toutes les références mythologiques aimées par Matthieu: la génisse est Io, princesse Héra changée en vache par Zeus.

Et puis les femmes reviennent dans ce silence des mots, des sensations humaines. Sonia puis Paule. La pensée de Matthieu s'enlisait, laissant la temporalité s'échapper. Les regrets des douceurs sensuelles sont là mais aussi cette invitation à réinventer un univers, comme si toute cette démarche était une erreur: des sonorités à retrouver, une musique intérieure faite d'improvisations gutturales; puis une sensation tactile, passionnelle.

L'avis complet en suivant le lien
Lien : http://1pageluechaquesoir.bl..
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Est-ce nécessaire à l'homme de se retirer, de faire retraite quand rien ne va, est-ce bon pour l'homme de dégraisser sa vie, de limiter ses désirs de s'approcher d'une vie d'ermite ?
A lire JM Chevrier je crois que oui.

Matthieu est libraire, mais pas libraire du tout venant, libraire spécialisé, il ne vend que des livres de botaniques anciens pour bibliophiles. Mais vous savez comment va la vie, quand quelque chose tourne mal, tout s'enchaîne.
Un contôle fiscal, un divorce qui le laisse sur la paille, sa librairie qu'il doit fermer, la mort de son chien, Matthieu doit redonner une direction à sa vie.
Un vieil oncle a autrefois vécu seul après la guerre, dans une masure au fond de la Creuse. Il rachète la maison et décide de vivre en retrait, loin des autres, seul avec le silence, pas de journaux, une radio qui crachote et trois livres. Pas de voisins sauf un vieil homme qui tient en laisse son fils très handicapé, le père et le fils semblent tout droit sortis d'une pièce de Beckett !
Puisqu'on parle de Beckett, notre héros n'a emporté avec lui que trois livres Homère, Virgile et Samuel Beckett.
Retour à la vie simple : Matthieu coupe son bois, fait son pain, à le temps de méditer, d'observer la nature, de vagabonder, c'est Thoreau à Walden. Il va même jusqu'à acheter une compagne à quatre pattes, une chatte ? non vous n'y êtes pas du tout ! une vache, en souvenir de son enfance et d'un tableau qui représente pour lui « une lointaine Arcadie »
Trop beau pour durer ? Un couple de randonneur épuisé fait halte chez lui, fini la solitude absolue, la vie parfois vous réserve bien des surprises.

c'est un roman délicieux, de craignez pas l'érudition de l'auteur, certainement latiniste et amateur de mythologie dans sa jeunesse, il sait la faire légère et je parie que vous aurez envie d'ouvrir Virgile et l'Iliade, il a un vrai talent pour dessiner la nature avec des mots. J'ai aimé son regard décalé sur le sacro saint animal de compagnie.
Je suis certaine que vous aimerez sa vache et la façon dont il vous en parle.
Un texte plein de poésie, de mélancolie, un chant bucolique et une fin inattendue. Un livre fin et sensible.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Enfin ! Ce livre est un grand roman. Tout est au service d'une histoire héroïque : vivre loin des hommes. Obstinément, pour éviter de sombrer tout à fait et d'en mourir, Matthieu va se construire un univers au fond de la Creuse, avec ses références, ses déceptions, son courage, il va changer le cours de sa vie. Tout y est, une écriture limpide au service d'une belle histoire (et pas l'inverse), de la subtilité dans les émotions, les réflexions sur la vie/les hommes, de la clairvoyance dans les rapports humains, un peu de détresse. le livre nous dit qu'il n'y a pas de changement sans au préalable de grand naufrage, avec les restes, notre héros construit un monde frustre et ... lumineux.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Cette évocation, dans la candeur passéiste de l'école de Brive, flattait l'imaginaire en faisant fi de l'inconfort, des duretés sournoises et du terrible écho de soi-même pour celui qui vit seul. Cette vie demandait probablement un esprit frustre, sans souci de culture, et s'adressait à un personnage que la guerre avait si malmené dans sa chair que cette rudesse lui paraissait douce parce qu'elle était le fruit d'un ordre naturel du monde.
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"Jour après jour, il entrait en solitude. A condition de respecter un emploi du temps précis, rythmé par un travail physique et répétitif, son isolement ne pesait plus comme une contrainte. Il regrettait parfois de ne pouvoir user de la prière. Sa discipline corporelle se serait trouvée renforcée par un élan divin et il enviait la règle monastique qui alterne travail manuel et méditation spirituelle. Il avait le jardin, il lui manquait les laudes".

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Un prénom ne sert qu'à répondre et je n'ai plus à répondre de rien à personne.
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Videos de Jean-Marie Chevrier (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Chevrier
Jean-Marie Chevrier Auteur et lecteur. Madame, Albin Michel, 2014 ; le Dernier des Baptiste, Albin Michel, 2016 ; La Compagnie d'Ulysse, Albin Michel 2017. Membre du comité littéraire des Recontres 2021.
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