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EAN : 9782072953385
512 pages
Gallimard (06/10/2022)
4/5   2 notes
Résumé :
Dans l’Europe d’Ancien Régime la pauvreté est endémique. Elle est tout à la fois un risque conjoncturel (auquel on répond par la culture des terres communes, la pluriactivité de toute une famille mise au travail, les engagements de biens au mont-de-piété contre de microcrédits ou la migration saisonnière de métier), un état structurel (auquel on espère échapper par les déménagements constants, la contrebande et le vagabondage, l’illégalité et la mendicité) et une ex... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Si la pauvreté est définie aujourd'hui comme un seuil économique, elle apparaît dans les sociétés préindustrielles comme un risque, celui par exemple de ne pas travailler. «Un homme n'est pas pauvre parce qu'il n'a rien, explique Montesquieu, mais parce qu'il ne travaille pas.» Dans cette somme consacrée à la pauvreté dans l'Europe du XVIIIe siècle, Laurence Fontaine s'efforce d'approcher la pauvreté en étudiant non pas le groupe social des pauvres ou des mendiants mais en partant des individus et de leur capacité d'action, faisant ainsi sienne une approche proposée par des économistes comme Amartya Sen. Elle s'appuie ainsi sur de nombreuses biographies d'individus et de familles, accordant une place particulière aux femmes, afin de reconstituer leur parcours de vie et leur capacité à faire des choix, souvent sous contrainte. Ces expériences lui permettent d'approcher les multiples stratégies mobilisées pour survivre : la pluriactivité indispensable pour compenser un salariat précaire, les déplacements fréquents pour trouver des secours mais aussi pour fuir les éventuelles poursuites policières, le recours à la prostitution.

Extrait de ,Libération

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Laurence Fontaine est une historienne française.
Directrice de recherche au CNRS, elle est spécialisée dans l'histoire de l'Europe préindustrielle.
Elle n'a rien à voir avec l'auteur des romans indiqués dans la bibliographie
Par contre c'est bien elle qui a ecrit le livre sur l'histoire des colporteurs...
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D'après un ensemble de mémoires inédits sur la pauvreté et ses moyens de l'abolir, Laurence Fontaine explore différentes thématiques telles que les appréciaient les hommes du XVIII° siècle. Un texte fondateur sur un sujet peu exploré par les historiens contemporains
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Contrairement à aujourd'hui, les salaires ne sont, dans l'Europe préindustrielle, qu'un élément des revenus et nullement structurant tant ils peuvent varier. Globalement, ils sont calculés en fonction d'un « minimum vital » dans lequel la part de l'alimentation représente parfois plus des trois quarts de la somme considérée. Il en résulte que les maîtres cherchent à les diminuer quand le prix des denrées baisse. À Genève, le salaire est fixé par les autorités urbaines et elles ne manquent jamais de le diminuer quand la conjoncture est bonne. Le salaire varie aussi avec les saisons dans les métiers du bâtiment et de l'agriculture : les longues journées du printemps et de l'été valent quelques sols de plus qui cessent d'être versés dès que les jours raccourcissent. En outre, pour éviter de payer plus pendant la bonne saison, les employeurs diminuent les temps de repos ou suppriment un repas, allongeant d'autant la journée de travail. À Beauvais, quand le prix du pain double, triple ou quadruple, les employeurs baissent les salaires de 10 à 20 % pour compenser la cherté de la laine et le marasme du commerce, ce que les ouvriers acceptent plutôt que de souffrir le chômage. Cette volonté de payer les salaires les plus bas vient certes de la volonté des manufacturiers de maximiser le profit, comme Adam Smith l'avait relevé, mais elle s'appuie également sur un profond mépris habillé d'une condamnation morale des ouvriers : en 1754, Mayeuvre, le directeur de la chambre de commerce de Lyon, affirme qu'augmenter les salaires « C'est rendre l'ouvrier plus indépendant qu'il ne l'est déjà, le mettre à même de se faire surpayer la façon, lui fournir par là le moyen de se livrer à la débauche et de ralentir son travail ». Ce mépris, qui rejaillit directement sur le montant du salaire, est également visible dans la manière dont celui-ci est fixé pour les jeunes migrantes allant travailler dans l'industrie lyonnaise : la promesse de salaire a tendance à être plus élevée si c'est le père qui la présente que si c'est la mère veuve et cette différence est également à mettre en rapport avec les violences que les servantes subissent quand elles se présentent seules chez leur ancien maître pour réclamer leurs gages
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Mais outre que cet accès au marché est sans cesse combattu par les marchands établis, comme par les autorités en mal de ressources financières, les employeurs cherchent à stabiliser la main-d'œuvre en l'empêchant d'abandonner le travail à sa convenance. L'exemple de la Normandie est, à ce sujet, très éclairant. Dans les villes, les fabricants avaient obtenu que l'ouvrier ne puisse quitter son maître sans un billet de congé et cette pratique est officialisée et généralisée par une loi du 2 janvier 1749 : l'ouvrier ne peut quitter son maître qu'avec l'accord de ce dernier, une fois terminé le travail pour lequel il a été embauché, et après un délai de préavis.
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Avec le soldat la dette se noue des l'engagement pour s´eteindre le plus souvent par sa mort. Des livres de comptes des compagnies sont tenus par le capitaine et comportent une page par soldat sur laquelle est inscrite toutes ses dépenses avec les compensations périodiques qu'il verse avec sa solde. Plus des deux tiers des soldats sont continuellement en dette car s’ajoutent, aux dépenses vestimentaires et aux frais quotidiens, les impondérables qu'occasionne la maladie. Le soldat Valentin Taisch, d'une compagnie grisonne aux Pays-Bas, après dix-sept années de service se trouvait encore endetté en 1790 pour un veston et une paire de pantalon achetés peu avant. Tombé malade, il meurt l'année suivante. Toutefois, parce que l'entrepreneur a pris à son compte ses habits, il lui reste un petit quelque chose:
il a pu léguer son « meilleur chapeau » à un compagnon d'armes de son village. ° Ainsi, l'émigration militaire, officiellement temporaire, tend souvent à devenir viagère : c'est le rengagement qui scelle à vie le destin du soldat. En réalité, il ne choisit pas de rempiler mais y est contraint par son endettement auprès de son employeur. Une des grandes raisons de la désertion n'est pas tant la vie militaire que le soldat fuit mais son endettement.
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La régulation est partout le prétexte à l'exclusion des plus fragiles de ces marchés. Elle est la conjonction de trois phénomènes: la lutte des marchands établis qui veulent se débarrasser de ce petit commerce concurrent; l'Etat qui saisit toutes les possibilités pour lever de nouvelles taxes et l'apparition de nouvelles normes d'hygiène qui obligent les marchands à des investissements que, faute de capitaux suffisants, les femmes ne peuvent faire.
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De plus, les fileuses embauchées par un entrepreneur n'ont pas le droit d'en changer, même si un autre employeur leur offre un meilleur salaire. Dans les villes où les métiers du textile ne sont pas encadrés, ces règlements empêchent les fileurs et les fileuses de profiter du marché pour améliorer leur salaire.
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Videos de Laurence Fontaine (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laurence Fontaine
Interview de Laurence Fontaine, à propos de son thriller "The Life Game" (éditions Aconitum), et de sa nouvelle "Chautauqua" (recueil USA Dream). Émission La Vie des Livres du 29 mars 2017 - Radio Plus Douvrin. - le blog de Laurence Fontaine : http://diaphane10.over-blog.com/ - le site du recueil USA Dream : https://eurodream62.wixsite.com/usadream - La page Facebook de la Vie des Livres : https://www.facebook.com/laviedeslivres62
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