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Fabrice Mundzik (Autre)
EAN : 9782490426393
384 pages
Flatland (07/12/2023)
3.89/5   9 notes
Résumé :

Ce livre est une réédition du roman de Gaston de Pawlowski, publié pour la première fois, par chapitre dans les numéros de "Comoedia" en 1911 et 1912 et paru dans son intégralité fin 1912. Il se présente comme un roman d’anticipation au carrefour de la fantaisie mathématique et de la réflexion morale. L’extraordinaire enthousiasme que suscite à l’époque la question de la quatri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le voyage au pays de la quatrième dimension date de plus d'un siècle. Il a fait l'objet d'une nouvelle édition de Flatland Editeur, en référence à l'ouvrage éponyme d'Edwin A. Abbott qui imaginait la manière dont seraient racontées les aventures de personnages vivant dans un monde à deux dimensions. Avec Gaston de Pawlowski, nous sommes cette fois invités à voyager non dans le temps mais dans la quatrième dimension, qui rend vaine toute notion d'espace-temps. Les aventures qui surviennent dans ce cadre sont essentiellement conceptuelles. Détachées les unes des autres, car elles surviennent toutes avant de mourir d'incompatibilité avec la vie de la troisième dimension qui persiste, elles peuvent se lire indépendamment à partir du chapitre du Léviathan. Les chapitres précédents constituent en effet une forme de justification de la manière dont l'introduction de l'idée de la quatrième dimension donnera forme aux spéculations délicieuses qui suivront. Ainsi, pour la première fois peut-être de ma vie, j'ai réussi à suivre entièrement l'intrigue d'un roman de science-fiction.


La quatrième dimension, selon Gaston de Pawlowski, ne saurait être considérée « comme une quatrième mesure ajoutée aux trois autres, mais plutôt comme une façon platonicienne d'entendre l'univers, sans qu'il soit besoin pour cela de se brouiller avec Aristote, comme une méthode d'évasion permettant de comprendre les choses sous leur aspect éternel et immuable et de se libérer du mouvement en quantité pour ne plus atteindre que la seule qualité des faits ». Elle devient ainsi le prétexte servant à décrire la tendance des collectivités humaines à se fondre dans l'indifférenciation totalitaire, au lieu que l'homme cherche individuellement à tendre vers cette idée d'une transcendance qui lui parviendrait comme reflet de la quatrième dimension. Que ferait l'homme s'il parvenait à instrumentaliser dans le monde de la troisième dimension les caractéristiques propres à la quatrième dimension ? Gaston de Pawlowski s'en amuse. L'homme, évidemment, ne saurait jamais faire un usage rationnel des moyens exceptionnels qui lui seraient accordés à cette occasion. Il en ferait des usages comiques – car Pawlowski ne semble pas foncièrement pessimiste mais plutôt adepte de la modération : ni idéaliste forcené du progrès, ni idéaliste en sens inverse de l'effondrement humain, il serait plus proche de Lacan disant que l'homme n'a jamais rien réussi, pas même à se détruire. Croyant accéder quelques fois à l'immortalité des dieux, à l'ubiquité ou à la pleine jouissance sensorielle, l'homme finit par se rétamer et à réintégrer sa condition originelle avec un peu plus de modestie qu'à l'origine. Les aventures de la quatrième dimension sont donc salutaires pour tout idéaliste matérialiste, ou pour tout matérialiste idéaliste, pour tout homme en somme ignorant que le corps et l'esprit, ou la chair et l'imaginaire, vont de pair, et qui croirait sérieusement que l'intelligence artificielle ou les instruments du transhumanisme pourraient prochainement offrir à l'humanité de sérieuses perspectives de progrès. Oui, ces aventures sont jubilatoires au plus haut point.


L'édition du texte proposée par le Flatland Editeur est plus complète que la version libre d'accès qu'il est possible de trouver sur Internet. Elle s'accompagne d'une préface substantielle de l'auteur et de textes d'écrivains qui en furent proches et qui s'inspirèrent du Voyage dans la quatrième dimension pour imaginer d'autres aventures comico-spirituelles. le texte est accompagné des illustrations de Léonard Sarluis (et de la critique impitoyable émise à son égard par Gus Bofa, dans les appendices).


Voici un livre de science-fiction comme je les aime, présentant la science comme pure fiction, rappelant la fiction comme condition et épreuve de notre réalité et visionnaire quant aux aspects de notre quotidien que nous sommes trop impatients, ou trop nostalgiques, pour voir tels qu'ils existent dans leur plus simple forme.
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Je connaissais ce titre et son auteur de longue date, mais sans jamais avoir eu l'occasion de le lire... Et je l'ai redécouvert à l'occasion du feuilletage de la collection presque entièrement numérisée de la revue La Vie Mystérieuse(voir ci-dessous.). L'idée m'a donc pris de vouloir le lire. Mais peut-on encore le trouver facilement ? Il a été publié à cinq reprises. Il devrait donc être assez facile à trouver sur le marché de l'occasion. Malheureusement, les prix aperçus sur différents sites coupent l'envie. Même les rééditions en fac-similé sont assez cher. En ebook gratuit alors ? (Il n'y en a pas non plus de payant.) Bah ! Mis à part un scan en fac-similé sur archive.org et le texte en ligne sur wikisource... bourré de coquilles. Hum ! Qu'à cela ne tienne ! je vais faire ma propre édition papier à partir de ces deux-là.

Une dernière chose avant de vous parler du contenu : ce livre de 368 pages, me coûte 15 € frais de port inclus. Et c'est une vrai réédition, pas un reprint(reprint qui frôle parfois la mauvaise photocopie.).

Ce livre est surprenant. Ce n'est pas un roman au sens où nous l'entendons couramment. le narrateur ne nous raconte pas la vie de quelques personnages plus ou moins vraisemblables, pris dans des événements qui les dépassent parfois, non, il nous présente plutôt un abrégé de l'histoire du futur ; un futur improbable à souhait.

Tout cela nous vaut quelques passages remarquables et c'est l'occasion pour l'auteur de nous faire passer un message sur sa philosophie et sa perception de son époque. Il nous raconte avec verve un futur qui n'arrivera jamais, tel qu'il est raconté, pour mieux faire passer son idée de l'évolution de la société qui l'entoure.

1912. Dans deux ans la guerre va ravagé l'Europe. Elle est déjà dans l'air. Mais Pawlowski ne nous en parle pas. Son histoire du futur ne fait référence à aucune guerre, mais nous parle beaucoup de société, de science, de technologie, autres grandes préoccupations de son époque. Un petit mot de la théorie de la relativité, un autre des travaux du Dr le Bon, etc. Mais aussi un petit tour vers les travaux de spiritisme très en vogue à l'époque.

En bref : Si vous voulez un roman d'intrigue, laissez tomer. Si voulez un roman avec un héros (ou une héroïne) super-sexy, laissez tomber. Des Vaisseaux spatiaux, des aventures époustouflantes, des conquêtes militaires, de la magie, de la hard-science, etc. laissez tomber. Mais si vous aimez les livres qui, sous couvert de fiction, vous amène sans vous contraindre à réfléchir sur notre époque et sur l'évolution de nos sociétés, ce livre est peut-être pour vous. En tout cas, moi, je ne regrette pas mon achat. Pour finir, je reprendrai à mon compte un extrait de l'article que lui a consacré A.D. de Beaumont : On lit le volume ; on le fait lire. Et il y aura tout profit : bien des gens y pourront apprendre comme on manie la belle langue française, lorsque l'on est son amant fidèle et qu'on l'a bien muguetée ! Je ne sais ce qui doit être plus admiré, dans ce livre, de la faculté de réalisation inventive ou du style souple, clair, pur, coloré ! Un Edgard Poe incorporé dans un Michelet et dont un Voltaire conduirait la main !
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Ce voyage est devenu un classique de la SF.
Au cours de cette étonnante randonnée, nous voyons l'humanité passer de la tyrannie collective, du léviathan à la la dictature des savants absolus, avant de parvenir à l'âge de l'Aigle d'or.
Nous voyons l'espèce humaine en lutte avec des "homuncules" martiens et tenter de se défaire des maux engendrés par la dissociation de la matière. Paru en 1912 ce livre est un roman riche et dense où la Science-Fiction moderne effectue ses premiers pas mais qui est étonnamment moderne et qui n'a pris de rides que celles de la patine qui rend une oeuvre intemporelle.
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Le texte de cet ouvrage est du domaine public depuis l'année dernière. On peut donc le lire en toute légalité en téléchargeant le fichier pdf qui est pointé dans le lien en bas de page (enfin j'espère qu'il s'y trouve). Je ne l'ai pas encore lu. Je suis en train de le faire. C'est donc une critique hautement prématurée mais comme je suis sur le sujet, je traite l'information pendant qu'elle est chaude. Si je me suis intéressé à ce texte, c'est qu'il est cité par Marcel Duchamp comme une lecture qui aurait précédée (pas nécessairement motivée) la création de son Grand Verre - ses propos sont cités par Luc Ferry dans Homo aestheticus : L'invention du goût à l'âge démocratique. L'information est aussi disponible dans l'ouvrage de Marc Dachy consacré aux dadaïsmes. Depuis 1902, le monde de la culture parisienne semble baigner dans ces idées qui ont été popularisées par Henri Poincaré dans son livre La Science et l'Hypothèse - même Matisse l'aurait lu, il en reste des traces : il se serait exclamé qu'il ne s'agissait que de vulgarisations . Des idées que l'on pourrait qualifier de "branchées" comme on dirait aujourd'hui, dans l'air du temps, et plutôt nouvelles, voir futuristes. Ces deux livres - et l'interview de Duchamp - sont des preuves bien plus solides de l'influence importante des avancées scientifiques en géométrie, mathématiques - un petit peu en physique : Poincaré énonce des intuitions qui ne sont pas si loin que cela des articles révolutionnaires qu'Einstein publiera trois an plus tard. Pour ma part, je suis convaincu que ces idées ont pesé dans la genèse du cubisme (et d'autres expressions artistiques d'avant-garde). Bien plus que la simple vision d'un vague masque primitif entrevu furtivement par Braque ou Picasso chez Matisse comme l'aurait écrit un journaliste de l'époque.
Lien : https://www.google.com/url?s..
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Voyage au Pays de la Quatrième Dimension est un livre un peu OVNI, qui raconte un "voyage" de l'auteur dans un imaginaire spatio-temporel prétexte à déployer ses talents de conteur. Ce pourrait être une histoire d'un avenir parallèle, où les histoires se passent en simultané, mais avec une chronologie. Oui, ce que j'écris est un peu absurde, mais le postulat de l'auteur est sur-réaliste alors, pourquoi pas?
Il est un peu complexe de décrire ce livre, qui se compose d'histoires en courts chapitres empilés les uns sur les autres, racontant des choses et d'autres sans une réelle intrigue. Car ce n'est pas vraiment un roman proprement dit, c'est plus une sorte d'essai moraliste et philosophique, où on croise aussi des choses mathématiques assez abstraites. Ce n'est pas une lecture aisée, ni abordable pour tout le monde, c'est certain. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dedans, et je me demande d'ailleurs si j'y suis jamais vraiment entré, tant les circonvolutions de départ perdent le lecteur. L'introduction, assez lourdingue, n'aide clairement pas.
L'ouvrage est cependant intéressant à découvrir, ne serait-ce que pour les amateurs de textes étranges et sortant de l'ordinaire. Il témoigne d'une vogue littéraire aujourd'hui totalement sortie de l'imaginaire, qu'était le concept de "4e dimension".

Lecture atypique, qui ne se laisse pas forcément apprivoiser, mais qui vaut le coup de s'y arrêter.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
C’est par le travail (matériel ou moral, sportif ou spéculatif) librement accompli en dehors de toute nécessité immédiate que l’homme s’élève au-dessus de sa condition physique et atteint l’œuvre d’art splendidement inutile, c’est par cette réduction des frais généraux, par cette organisation coopérative plus économique, que l’Etat légitime son existence et ses droits.
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[…] et si cette guerre nous fait horreur, ce n’est point qu’elle marque, comme on l’a faussement prétendu, une régression vers l’animalité, mais bien, au contraire, les terrifiants progrès d’une croyance en un animal supérieur à l’homme dans l’échelle des êtres, en cet animal Etat que nous avions appelé le Léviathan, du nom que lui donna Hobbes, son premier inventeur.
Il est évident, en effet, que la guerre moderne ne répond plus à un besoin de sélection naturelle entre les individus et qu’elle n’a plus rien de ces grands vents d’automne qui, dans la nature, cassent les branches mortes et balayent les feuilles jaunies pour le plus grand bien de l’arbre. Il ne s’agit plus de laisser survivre le plus fort et encore moins le plus intelligent, mais, bien au contraire, de le tuer et d’assurer la survie aux éléments physiquement et moralement tarés qui composent les cellules d’un animal inférieur et monstrueux que l’on appelle l’Etat.
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Mais, direz-vous peut-être, cette quatrième dimension, cette inconnue inaccessible de toute équation humaine, ce mobile universel, cet absolu auquel nous devons tout le relatif, ce juge de toutes nos pensées, ce subconscient éternel auquel s’alimente obscurément notre conscience, ce créateur qui cherche à se réaliser dans sa créature, mais nous le connaissons depuis que l’humanité balbutia ses premiers mots ! Ce côté éternel des choses, c’est Dieu !
Eh bien ! non, c’est tout le contraire, et c’est pour cela qu’il nous faut prendre un nouveau symbole qui diffère de l’idée de Dieu comme en mathématiques le calcul intégral, qui remonte des infiniment petits aux quantités finies, s’oppose au calcul différentiel qui descend des grandeurs finies à leurs infiniment petits.
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Manifeste antinaturaliste, car rien d’humain n’existe en dehors de l’artificiel, Credo passionné en l’unique et entière puissance créatrice de l’Idée, ce livre fut, à l’origine, une tentative d’évasion de la certitude bourgeoise, une protestation révoltée contre la tyrannie scientifique du moment. Ce fut surtout comme un essai de roman dont le personnage principal ne serait plus un être humain, mais une Idée, roman où les péripéties se trouveraient dans la Pensée et les aventures dans les modifications de son caractère.
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L’ÂME SILENCIEUSE

Moi qui suis parvenu depuis quelque temps déjà au pays de la quatrième dimension, j'éprouve, au moment d'écrire mes souvenirs anticipés, une peine étrange à les traduire en langue vulgaire.
Le vocabulaire est en effet conçu d'après les données de l'espace à trois dimensions. Il n'existe pas de mots capables de définir exactement les impressions bizarres que l'on ressent lorsque l'on s'élève pour toujours au-dessus du monde des sensations habituelles. La vision de la quatrième dimension nous découvre des horizons absolument nouveaux. Elle complète notre compréhension du monde; elle permet de réaliser la synthèse définitive de nos connaissances; elle les justifie toutes, même lorsqu'elles paraissent contradictoires, et l'on comprend que ce soit là une idée totale que des expressions partielles ne sauraient contenir. Du fait que l'on énonce une idée au moyen des mots en usage, on la limite par là même au préjugé de l'espace à trois dimensions. Or, si nous savons que les trois dimensions géométriques : largeur, hauteur et profondeur peuvent toujours être contenues dans une idée, ces trois dimensions, par contre, ne peuvent jamais suffire à construire intégralement une qualité, que ce soit une courbe dans l'espace ou un raisonnement de l'esprit. Et de cette différence non mesurable par des quantités, que faute de mieux nous appelons quatrième dimension, de cette différence entre le contenant et le contenu, entre l'idée et la matière, entre l'art et la science, ni les chiffres, ni les mots construits à trois dimensions ne peuvent rendre compte.
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Video de Gaston de Pawlowski (1) Voir plusAjouter une vidéo

Gaston de Pawlowski : Inventions nouvelles, dernières nouveautés
Dans un salon de la fondation Deutsch de la Meurthe, à la Cité internationale universitaire de Paris, Olivier Barrot présente le livre "Inventions nouvelles et dernières nouveautés" de Gaston de PAWLOWSKI publié aux editions de la finitude. L'oeuvre de Gaston de PAWLOWSKI, datant des années1900, comme celle d'Alphonse Allais ou deTristan Bernard est classée dans la catégorie délaissée...
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