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Bernard Chartreux (Traducteur)Eberhard Spreng (Traducteur)Jean-Pierre Vincent (Traducteur)Jean-Christophe Bailly (Préfacier, etc.)
EAN : 9782851813183
77 pages
L'Arche (13/06/1997)
3.81/5   67 notes
Résumé :
Nouvelle traduction et nouvel agencement du texte de Woyzeck d’après la version manuscrite définitive de la fameuse pièce de Büchner. Jérôme Thélot justifie ses choix et ses intentions de traducteur dans une postface qui aide à mieux comprendre les enjeux linguistique et littéraire de ce texte majeur.

Notre édition s’adresse à ceux qui ne connaissent pas encore l’œuvre de Büchner mais aussi à ceux qui veulent approfondir la pièce en renouant avec ses ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Woyzeck est la toute dernière pièce de Georg Büchner. On peut même considérer qu'elle est encore inachevée. Certes, tous ou presque tous les ingrédients y sont, mais il y manque la dernière main, une sorte de liant, que la mort rapide de son auteur due au typhus l'empêcha d'y mettre.

Woyzeck est l'histoire presque réelle inspirée d'un véritable Johann Christian Woyzeck, mais remaniée et combinée avec celle de deux ou trois autres cas de meurtriers pour lesquels, comme pour Woyzeck, la question de la santé mentale et donc la responsabilité dans les actes pouvait être mise en doute.

Il n'est pas fou ce Woyzeck, pas fou au sens commun, mais légèrement dérangé à certains moments, ça oui, sûrement. Toute la question est de savoir si dérangement il y a au moment des actes et si la personne est responsable, notamment à l'heure d'un éventuel jugement. Cette question reste toujours d'actualité et est régulièrement débattue et ré-amendée dans les textes de loi.

L'environnement social et le niveau de pauvreté sont également des éléments à prendre en considération et c'est ce que n'oublie pas de nous faire sentir Büchner.

De plus, un peu à la manière d'une Virginia Woolf quelques décennies plus tard, l'auteur nous interpelle sur la responsabilité des médecins, qui semblent plus soucieux d'étudier le cas, de l'analyser en tant que patient et de le comprendre scientifiquement parlant plutôt que de lui venir en aide et d'éprouver une quelconque empathie en tant qu'être humain doué de sensibilité et d'un psychisme.

Le contexte est tout à fait contemporain de la période d'écriture, c'est-à-dire les années 1830, dans les petites villes de garnison, voire des villes assez importantes de province, celles du genre où Georg Büchner avait lui-même l'habitude de séjourner.

On rencontre donc le soldat Woyzeck, brave type mais un peu dérangé, qui croit parfois entendre des voix sous terre, qui partage son temps entre les tâches subalternes auxquelles il est affecté dans sa garnison et à aller tenir compagnie à la jolie Marie, femme de vertu ambiguë qui lui a donné un fils.

Pour améliorer son quotidien (et surtout celui de Marie qu'il entretient), Woyzeck a accepté moyennant quelques dédommagements d'être le cobaye d'un docteur qui effectue des expériences nutritionnelles sur lui et en étudie les effets physiques ou psychiques.

Pendant ce temps, Marie fait de l'oeil à un beau tambour-major à la virilité irréprochable...

Cette pièce est intéressante mais souffre à mon sens de son inachèvement. Pas d'acte ni de scène, seulement des tableaux, qui rendent l'action très discontinue et parfois un peu difficile à suivre. Certaines précisions essentielles sont malheureusement manquantes et même si l'auteur avait eu l'intention de créer des discontinuités, il aurait probablement pris soin d'apporter telle ou telle précision, voire, peut-être d'écrire certaines scènes ou certains tableaux supplémentaires car bien que la fin puisse paraître acceptable et correcte en l'état (c'est-à-dire une fin ouverte) je doute qu'il aurait borné son propos à cela.

Donc une bonne pièce en devenir mais qui ne deviendra jamais à mes yeux une bonne pièce tout court faute d'avoir été parachevée de la main de son brillant auteur avec les intentions qui étaient les siennes. Mais ce n'est bien sûr qu'un avis, c'est-à-dire pas grand-chose.
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Déprimante vie de Woyzeck, qui ne mange que des fayots, se soumettant aux expérimentations du Docteur pour gagner trois sous de plus par jour, pour Marie. Le docteur est content et va même l'augmenter, les symptômes qu'il observe le ravissent, il diagnostique avec enthousiasme une "magnifique aberratio mentalis partialis du deuxième type, nettement caractérisée".
Est-ce une conséquence de son alimentation? Woyzeck voit une fournaise au-dessus de la ville, une grande flamme déchirer le ciel, quelque chose s'écrouler dans un fracas de trompettes, il entend souvent une voix terrible "quand le soleil est au midi et que le monde a l'air de s'en aller en flammes" et le silence aussi -"Tout est silence, comme si le monde était mort."
Pauvre Woyzeck, la belle Marie, c'est tout ce qu'il a au monde, mais la belle Marie s'amuse avec le tambour-major.
Nourrie aux fayots et aux humiliations, l'humanité de notre soldat cocu n'est pas des plus reluisantes - "il s'agit évidemment d'un stade de transition entre l'homme et la bête", dit le docteur.

Une oeuvre forte, très sombre, cruelle, belle de ce rythme saccadé qui aurait sans doute été différent si Büchner avait pu achever sa pièce, d'un mélange troublant entre quelque chose d'assez poétique, le réalisme du fait divers et une dureté désespérée.
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Qui est Woyzeck? Un fou, un malheureux, un simple jouet du destin? Toutes ces réponses? Victime de la méchanceté du monde, il n'est qu'un pion dans ce système d'exploitation. On y voit la déshumanisation à son meilleur. Tous ses malheurs le poussent au meurtre. Meurtre qu'il ne comprend peut-être pas lui-même. Est-ce une affirmation de soi? Une pure folie? Un crime passionnel? Comment trouver l'amour quand l'on ne connait que la méchanceté? Sa démence semble éclairée par une étrange lueur mystique. On y voit la critique d'un système arrogant qui se nourrit des petites gens. Une sublime critique sociale. Woyzeck a aussi une obsession pour les motifs religieux. Peut-être tue-t-il pour rétablir l'ordre détruite par le péché de Marie, pour faire justice? Est-il le bras du Dieu Vengeur? C'est une pièce qui suggère énormément et qui offre peu de réponses. Pièce qui me trouble encore...
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Il est surprenant d'apprendre que cette pièce fût écrite en 1836. Il y a tant de modernité dans son sujet et sa structure. Il est vrai que Georg Büchner n'a pas pu achever son drame, mais les manuscrits qu'il a laissé à la postérité n'ont pas souffert de l'empreinte du temps, contrairement aux pièces de Victor Hugo, par exemple. L'histoire de ce pauvre bougre de Woyzeck est sidérante, vive et terrible. La version proposée par les Editions Christian Bourgois tente de retranscrire au mieux les particularités langagières des classes populaires, comme s'adresser à un interlocuteur en employant la troisième personne au lieu de la deuxième. Elle tente aussi d'être la plus complète possible en croisant les divers manuscrits du dramaturge.
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Woyzeck, le "pauvre bougre", l'aliéné, cet homme dénué de bon sens et de raison est le résultat d'une société folle : entre ce docteur passif/agressif qui use Woyzeck comme un pantin, lui parlant comme un demeuré et le gavant de fayots; Marie, femme dont on ne sait pas si elle est sa compagne où juste une femme à qui il verse sa pension; le Tambour-major; le Capitaine.....
Woyzeck est le portrait même de la noirceur de l'âme qui peut résider en chaque homme, car face à l'humiliation, le rejet, la violence, l'homme peut sombrer et rejeter toute morale.
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critiques presse (1)
Lexpress
30 juillet 2014
Cela tient en deux minces volumes et on serait (presque) prêt à échanger tout ce que l'on a lu depuis dix ans contre ceux-ci.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
LE JUIF : Vous le prenez ou vous ne le prenez pas ?
WOYZECK : Le couteau, combien il coûte ?
LE JUIF : Complet, bien droit. Vous voulez vous couper le cou avec, c'est ça ? Je vous le fais aussi bon marché qu'à un autre, vous avez droit à une mort bon marché, mais quand même pas gratis. Alors ? Vous aurez une mort économique.

Tableau 20.
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LE CAPITAINE : Un honnête homme est reconnaissant et aime sa vie, un honnête homme n'a pas de courage, une crapule en a, du courage ! Je suis allé à la guerre seulement pour me fortifier dans mon amour de la vie... mais de là au courage, comment peut-on avoir une pareille idée, grotesque ! grotesque !

Tableau 12.
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MARGRETH : Vos yeux sont encore tout brillants.
MARIE : Et alors ? Portez vos yeux chez le Juif pour qu'il les astique, peut-être qu'ils brilleraient encore et qu'on pourrait les vendre pour deux boutons.
MARGRETH : Quoi ? Qu'est-ce que vous... Madame la pucelle, moi, je suis une honnête femme, mais vous, vos yeux passeraient à travers sept culottes de peau.
MARIE : Charogne !

Tableau 2.
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WOYZECK : La vertu ! Je ne sais pas encore ce que c'est. Voyez-vous, nous les petites gens, on n'a pas de vertu, c'est la nature qui nous pousse, mais si j'étais un monsieur avec un chapeau, une montre, une redingote, si j'avais appris à bien parler, alors j'aimerais bien être vertueux. Mais je suis un pauvre diable.

Tableau 9.
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WOYZECK : Pauvres gens que nous sommes. Voyez-vous, mon capitaine, l'argent, toujours l'argent. Celui qui n'a pas d'argent, qu'il essaie un peu de s'en remettre à la morale en ce monde. On est aussi de chair et de sang. Nous autres, on est malheureux dans ce monde et dans l'autre, je crois que si on allait au ciel on devrait aider à fabriquer le tonnerre.

Tableau 9.
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Videos de Georg Büchner (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georg Büchner
La pièce du dramaturge allemand Georg Büchner fait son entrée au répertoire de la Comédie Française ! Et avec Simon Delétang à la mise en scène, "La Mort de Danton" se révèle être une pièce hautement romantique.
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