Causerie au coin du feu avec
Alix de Saint-André et
Pierre Desproges pour le champagne.
Elle est une auteure qui se situe dans l'article et le grand reportage journalistique de chez « Elle » qu'elle assume avec beaucoup humour ce qui en fait quelqu'un de très plaisant et de très intéressant en ce qui concerne sa connaissance du milieu littéraire microcosme essentiellement parisien, huppé et confidentiel (blop)
Avec ce livre elle nous livre une rétrospective du siècle dernier (et avant) sur ces objets littéraires que sont
Malraux,
Proust accessoirement
Chateaubriand et Rousseau (pour la fessée), quatre types qui « volent haut » et sur son vécu du conflit en Bosnie-Herzégovine, la gestation de son roman a priori sur la famille
Malraux dont elle sympathise avec la fille et la panthéonisation de
Malraux.
Une journaliste qui a la foi et qui l'assume avec humour , mauvaise foi et sainteté
Un ouvrage qui commence comme une critique des « grands hommes » qui vire assez subtilement en demi teinte à un exutoire vers un éloge du féminisme littéraire.
Thuriféraire de
Malraux, Homme de droite à «
anti mémoires » on l' illumine de plusieurs point de vues le sien, celui de Sophie de Vilmorin son « infirmière et secrétaire » et ultime amante ensuite de moindre façon mais déterminant celui de sa fille à titre posthume
Thuriféraire de
Proust, mondain pseudo aristocratique Homme au sept tomes de testaments (
Malraux est l'antinomie littéraire du (petit) Marcel, c'est Céleste, qui en parle le mieux :femme de ménage (Marcel, je dois changer les draps !) /cuisinière ( compote et oeufs brouillés ratés) /gouvernante /confidente ( cancans du Ritz)/gratte- papier( pour les becquets)/...
Thuriféraire de
Chateaubriand, type sympa monarchiste ne dépareille pas du lot, Homme à mémoires
Et Rousseau… avec lui c'est pas le grand amour ... trop populacier, Homme à « confessions »
Alix survole donc ce siècle avec beaucoup de professionnalisme, d'élégance et de hauteur, donc de féminisme, modéré toutefois de respect pour des grandes bourgeoises catholiques bien nées et vernissées conformes à l'esprit de l'époque la belle oui c'est le grand écart mais bon... et d'un peu trop esprit saint! On ne descend jamais en dessous du panthéon, brillant et feutré : âmes roturière s'abstenir (blop)
Elle dépeint cette intelligentsia parisienne qui est la sienne , montre les filiations subtiles des uns et des autres et qui se cooptent, rattache sans cesse les faits, les acteurs, entre eux par des liens pratiquement familiaux et donc merveilleux microcosme, gotha inaltérable et bien né qui repose essentiellement sur l'intelligence dont la féminine. Relie les grands hommes entre eux pour mieux les opposer et disserte sur le sexe de anges car elle y croit.
On part des « ex grands hommes extérieurs » indéracinables pour descendre aux « grands hommes intérieurs » qu'on égratigne allègrement avant d' arriver enfin à la « femme actuelle» (Sophie et elle-même ) dans toute sa splendeur (blop)
« Déshabiller saint Pierre pour habiller sainte Paule» c'est l'exercice auquel s'est livré Alix de Saint -André, bonne catholique de droite malgré le fait que cela soit un péché « d ‘envie » celui d'orgueil n'étant pas dans son caractère .
Une curiosité, bien renseignée, c'est hype mais quand même un peu exalté par la copine Sophie et puis ici on comprend difficilement la reprise des mises en exergue des egos de ces « grands hommes » qui tous veulent veulent être « le dernier des nôtres » On a du mal a comprendre si en fin de compte ce sont des « grands hommes » ou pas mais on apprend vite qu'«
il n'y a pas de grandes personnes » (tournure impersonnelle) et si c'est
Malraux qui le dit et le curé!
On n'a pas échappé à la « madeleine » ( mais avec le thé) mais heureusement il y a les anges et saint -Augustin « Je me suis tourné vers moi-même et je me suis dit: Mais toi qui es-tu? Et j'ai répondu un homme. » Une grande personne?
(« Et blop » fait
Pierre Desproges : imaginez un bouchon de champagne qui saute ... et du bon Alix n'est pas du genre à boire du tord-boyaux)