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EAN : 9782246771111
372 pages
Grasset (25/08/2010)
3.45/5   38 notes
Résumé :

Au milieu des années soixante, entre Boulogne et Paris, un enfant s’ennuie. Il est curieux, versatile, vibrant, timide. Il passe ses journées à lire et ses nuits à scruter les étoiles, sous le regard ironique de Pierre et Philippe, ses brillants aînés.Mai 68 : Paris se soulève, le garçon de douze ans rejoint la Sorbonne et l’Odéon. Il abandonne son prénom pour devenir Arnulf lȁ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Mon avis sur ce livre est très partagé. J'ai lu avec plaisir toute la partie autobiographique concernant l'enfance de Claude Arnaud et de ses frères. J'ai été très sensible à l'évocation de la Corse, et de Bastia. Mais je me suis ennuyée en découvrant toute la partie post-soixante- huitarde du livre. La bi-sexualité de l'auteur, ses prises de drogues, ses engagements politiques ne me concernent pas. Je trouve que tout cela alourdit le texte. Ce personnage "parasite" et marginal ne me plaît pas. Je ne me reconnais pas dans cet homme ni dans cette période. C'est la lutte d'un enfant gâté contre la société, la lutte d'un petit bourgeois oisif des beaux quartiers. Je trouve qu'il y a là quelque chose de surfait d'idéaliste. Quelque chose de vain... bien loin de la vraie vie, tout simplement parce que je n'ai pas vécu les années 70 de la même manière ni dans la même banlieue et que je ne me reconnais pas dans cette jeunesse dorée qui voulait refaire le monde.
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Pour des raisons personnelles, ce titre avait attiré mon attention quand j'ai découvert cet écrivain dans une émission télévisée.
C'est un récit d'inspiration auto-biographique, celui d'une quête d'identité.

Famille de la petite bourgeoisie parisienne, père ancien militaire qui a connu des guerres et porte des secrets dont il ne parle jamais, assez peu sympathique tel que décrit, et autoritaire, mère pas très présente, et très vite malade ( elle est morte d'une leucémie). Quatre garçons, les deux aînés très brillants, Claude, donc, et un petit frère. Il en reste deux.
Claude Arnaud est dans la période de préadolescence quand survient mai 68 , période qui a engendré tant de remises en cause à tous niveaux pour les jeunes.
Les trois garçons vont s'engouffrer dans tout ce qui leur est désormais offert, dans une liberté dont ils poussent les bornes autant qu'ils le peuvent. le père est très vite dépassé dans ses tentatives de reprise de l'éducation de ses trois aînés.. On sent toutefois, au cours du récit, à quel point il a pu nuire, avant, à la construction des aînés.

Il y a en fait, pour moi, deux parties dans ce livre.

Cette quête identitaire ( politique, sexuelle , addictions diverses etc), très, très longue, et là j'ai éprouvé la même impression qu'en lisant le livre de Mathieu Lindon, Ce qu'aimer veut dire, un beau titre aussi. Un ennui profond. Qui il rencontre, avec qui il couche, etc, je m'en contrefous. Je crois vraiment que c'est moi qui ai vraiment du mal à compatir aux états d'âmes des soixante-huitards.
Juste une remarque, l'auteur, dans des entretiens lus depuis, proclame une certaine mixité sociale. Et bien.. j'ai quand même retrouvé dans les deux livres les mêmes noms, la même bande.
Mixité sociale peut-être dans les ébats, la drogue, et les aventures. Mais après.. pas vraiment. On reste quand même cantonné à un certain milieu, et l'auteur reconnait aussi que s'ils ont pu se permettre tout cela, c'est qu'ils n'avaient aucune inquiétude financière, ni d'avenir. L'époque n'était pas la même.. Didier Eribon dans le magnifique Retour à Reims racontait très bien d'ailleurs que ce qui lui avait posé le plus de problèmes en quittant la province , ce n'était pas du tout ses préférences sexuelles, mais bien ses origines sociales.

La deuxième partie est beaucoup plus intéressante, c'est l'analyse , en quelque sorte. Et les constats. Car il manque à l'arrivée deux frères à l'appel. Un suicide après de nombreux séjours en hôpital psychiatrique pour l'aîné, une mort soi-disant accidentelle mais très suspecte de suicide pour le deuxième.
Il a l'honnêteté de ne pas tirer de conclusions , ce n'est pas possible, il y a eu bien sûr combinaison de facteurs à l'origine de ces drames.
Et il a aussi l'intelligence dans sa réflexion sur lui-même, de retenir ce que d'avoir vécu ce qu'il a vécu lui a apporté dans sa propre construction.
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Le livre de Claude Arnaud est une autobiographie courageuse, très complète, qui se veut aussi un témoignage de la France sociale des années 60 à 90.
Cette lecture a été difficile à cause du style assez lourd, de l'accumulation de références et du climat très oppressant.
Certes, le récit est une mine considérable (références littéraires, cinématographiques; évènements sociaux comme mai 68, prise d'otage d'un cadre de chez Renault, le meurtre de Bruay en Artois, l'occupation de Lipp puis la révolution culturelle en Chine et la révolte des khmers rouges au Cambodge).

On y trouve "une hémorragie de noms propres qui s'écoulent de ma bouche", dit le narrateur.

On y croise Lacan, Barthes, Frédéric Mitterand, Sartre, on évoque Gide.

J'ai erré avec Arnulf (autre personnalité du narrateur) dans les bas-fonds et milieux artistiques parisiens, parmi les homosexuels et les travestis évoquant la période de liberté sexuelle et de la drogue des années 70.

Le lecteur est anéanti par toute cette noirceur (drogue, homosexualité, errance physique et mentale) et ces malheurs (cancer de la mère, folie du fils aîné, suicide...)

Mais qu'est-ce qui a pu conduire cette famille bourgeoise dans cette impasse?

Est-ce la consanguinité corse, la rigidité d'un père ancien militaire, trop de littérature et d'intelligence, mai 68?

" L'intelligence est souvent la clef de la vie, parfois sa pire ennemie."

Je pense que ce livre a aujourd'hui une résonance particulière par l'évocation de mai 68. Les trois frères, étudiants en 68, ont suivi de près ce mouvement social et ont ensuite abandonné leurs études. Des années après, ils s'interrogent:

"Je veux sortir du cercle "enchanté" de ma génération pour me faire un point de vue déjà plus personnel."

"Je m'éloigne de ces va-t-en guerre, moi qui connaît enfin un vrai malheur."

L'auteur ne pense pas qu'un mai 68 soit encore possible.

"Chacun a trop réellement peur de la misère pour s'offrir le luxe de tout renverser."

Ces propos n'engagent que l'auteur mais peuvent donner à réfléchir en la période actuelle.

En résumé, j'ai trouvé ce livre très riche et très intéressant tant du point de vue du témoignage social que du point de vue de l'histoire familiale. Mais j'ai souvent décroché devant cet étalage de références et les évocations trop nombreuses de personnalités.

Un contenu intéressant mais une forme difficile.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Mon avis :
Je reste assez ambivalente sur ce livre, j'ai aimé, je me suis laissé porter par l'histoire bien que j'ai eu du mal parfois à m'accrocher. le style épuré de l'auteur rend la lecture parfois ardue et certaines parties du récit, qui semble autobiographique, m'ont surprises et déstabilisées, probablement parce que l'univers décrit ne correspondait pas du tout au mien. J'ai trouvé que le couple parental était assez stéréotypé, avec un père très père fouettard et une mère assez distante de ses enfants. Je crois en fait que ce qui m'a gêné c'est la dimension de critique sociale de la bourgeoisie qui est sous-jacente en permanence dans ce roman tout en restant masquée derrière les relations parents-enfants ou alors les relations de la fratrie.
Par contre, j'ai aimé ce portrait des succès et des échecs des années soixante-dix et quatre-vingt, avec le militantisme en toile de fond.
Je crois que je suis tout simplement trop jeune pour avoir vécu ces années-là sous le même éclairage que l'auteur et que c'est cette expérience qui m'a fait défaut pour apprécier complètement ce livre malgré tout très bien écrit et réussi. Un tel récit concernant les années quatre-vingt et quatre-vingt dix m'aurait surement plus parlé.
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Qu'as-tu fait de tes frères? C'est la question qui hante tout ce récit dont l'intérêt ne tient pas uniquement au regroupement de souvenirs personnels et politiques mais aussi au constat d'un désastre familial qu'il est tentant d'attribuer à la rigueur éducative du père. La mère meurt d'un cancer au moment où ses fils ont le plus besoin de son influence apaisante. Pierre, l'aîné, qui se destinait à un brillant avenir, arrête brusquement ses études, se clochardise et se retrouve enfermé dans sa folie à l'hôpital où il finit par se défenestrer. Philippe le second, également très doué, se replie sur lui-même et revient de son service militaire dans un état déplorable. Lui-même, ne se sortira de ces années de fureur et d'excès qu'en redécouvrant la littérature et le plaisir d'écrire. Il commence par des biographies: Chamfort, Cocteau, puis par un essai très remarqué: «Qui dit je en nous» , enfin viennent les romans .

Ce livre m'a passionnée. Il m'a fait vivre toute une décennie française parmi les plus marquantes du siècle. Claude Arnaud ne traîne pas et ne cache pas grand chose de ses exploits, de ses joies, de ses espoirs et de ses déconvenues. Il a été un témoin de premier ordre, toujours au premier rang dans l'action mais le recul des années passées le rend critique sur les utopies de cette époque.
Si ses souvenirs sont restés vifs et précis, ses analyses m'ont semblé assagies et pertinentes. Un beau travail d'évocation, toute une époque qui revit.
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Une Caravelle d'Air France nous dépose à Marseille-Marignane où un Bréguet Deux-Ponts s'apprête à décoller pour la Corse, mais je préfère l'avion à hélice, un coucou qui vole si bas que je vois tout des côtes camarguaises, avec leurs rizières et leurs salines, puis des courants de la mer qui convergent vers l'île. En survolant la Giraglia, j'ai l'impression de toucher des yeux ce caillou couvert de myrrhe et de lentisque. Les hublots deviennent autant de masques qui grossissent les contreforts du cap Corse, un index tendu vers le golfe de Gênes.
Une forte odeur de maquis me gagne à l'aéroport de Bastia-Poretta, quelque chose d'âpre et d'entêtant qui fait battre mon coeur et me confirme que je suis corse, aussi.
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... J'ai sept ans, nous partons visiter le paquebot Liberté au Havre, j'arbore fièrement le blazer à écusson royal qu'elle vient de m'acheter chez Mamby, je bondis en découvrant la salle des machines. Enfin ensemble! Je tire sur son tailleur de laine pour l'entraîner vers la salle de bal, je nous imagine déjà gagner la haute mer...
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En fermant les yeux pour mieux percevoir l'écoulement du fleuve, je prends soudain conscience de notre chance. Nous ne travaillons pas, n'obéissons à
personne. Un mécanisme invisible semble assurer notre ravitaillement et nourriture et en essence, en musique et en H. J'ai l'impression que la terre tourne et que l'humanité s'agite pour nous éviter toute forme de souffrance. Je ne pense plus aux malheurs du monde, ni aux victimes asiatiques des idées que je partageais un an plus tôt. Je suis à nouveau innocent.
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Pierre n'oublie sa condition de jeune adulte que l'été, en jouant au ping-pong, au badminton ou à saute-mouton, sur les plages de Lavasina, de Miomo ou de Toga, à la sortie nord de Bastia. Alors il redevient l'enfant préféré de Hubert et Marie-Paule, l'espoir de la Reconstruction, teint hâlé et cheveux noirs de jais.
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Nous croyions avoir l'éternité devant nous, dans les années 70. Nous étions convaincus d'être nés jeunes et joyeux, comme nos parents étaient nés vieux et soumis. Notre âge était notre essence, notre désinvolture allait nous préserver contre toute dégradation. "On n'est pas contre les vieux, mais contre ce qui les a fait vieillir!"criions-nous, certains que cette honte nous serait épargnée. Le temps s'est plu à prouver que nous appartenions à la même espèce que nos " vieux". Certains d'entre nous ont trois fois quatorze ans, d'autres deux fois vingt-sept ans, les derniers ont beaucoup plus que leur âge, plus personne n'est jeune.
Ma génération s'est pensée en bloc, il n'y avait de place que pour les collectifs, les communes et les groupes. La solidarité était censée faire taire les intérêts privés, l'ambition, la jalousie. Qui aurait osé dire que le nuage stupéfiant où nous voguions n'était pas la " vraie vie"? Comment deviner que notre sentiment d'irréalité devait aussi aux privilèges que nous avions reçus en naissant, dans un pays que l'histoire et la géographie avaient gâté, dans une ville partout enviée?
Comme les héros de Voleurs de Mishima, nous avions perdu " la mesure propre à évaluer le réel".
Le destin s'est chargé de dissoudre ce noyau d'âge. Projetant les individus à des années -lumière l'un de l'autre, il a creusé les distances entre ces particules autrefois soudées. Il a couvert de succès et d'or les plus doués ou les plus âpres, a relégué dans l'obscurité et la routine la plupart. Il n'a accordé le bonheur qu'à quelques élus, condamnant les autres à des vies de famille bancales ou à un célibat perpétuel. Nous disions en toute occasion " nous": il n'est plus resté que des monades disant "je".
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