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EAN : 9782362801884
128 pages
Editions Thierry Marchaisse (05/10/2017)
4.32/5   11 notes
Résumé :
Le harcèlement des femmes dans les transports en commun, et tout particulièrement des très jeunes filles, est une réalité quotidienne largement taboue au Japon.

On appelle « tchikan » ces prédateurs et leur forme d'agression sexuelle par attouchement. Ce sont des hommes ordinaires, de tout âge, des salaryman en costume cravate, qui opèrent dans la foule compacte aux heures de pointe. Personne ne les voit ou ne veut les voir, et les familles, tout comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Tchikan, en dépit de sa couverture très colorée, n'est pas un sympathique roman sur la vie des collégiennes au Japon. A travers son propre vécu, l'auteure montre la réalité des petites filles nippones qui doivent prendre seules le train pour aller à l'école : être la proie sans défense de sales pervers qui profitent des rames bondées pour toucher et caresser des enfants, glisser leurs pattes sous leurs jupe et culotte.

Le Japon est très réputé pour sa très faible criminalité. Les élèves vont donc à l'école seuls dès le primaire. Et dès le primaire les petites filles peuvent subir au quotidien les attouchements sexuels des "chikan" (que l'auteure écrit avec un t devant pour rajouter son dégoût), les pervers des transports en commun. Si le mot n'est pas dit dans le texte, il n'en reste pas moins que ces types, salarymen, souvent la cinquantaine, marié et père de famille, certainement bien sous tout autre rapport, sont des pédophiles.

Et que faire contre ces salopards? Kumi a essayé d'en parler à sa professeur... rien. A sa mère... celle-ci l'a grondée sur son habitude de coquetterie (mettre un joli ruban pour sa queue de cheval ou des soquettes avec une mignonne broderie...). Quand une autre gamine arrive au collège, sa jupe tachée de sperme, elle est moquée et devient pour son professeur cause de troubles. Les chikan existent, pas moyen de les fuir. Vous imaginez cette petite fille de douze ans qui comprend d'un coup qu'elle est seule avec ce dégoût, cette peur et la hantise au ventre chaque jour en allant prendre le train et même cette culpabilité induite par sa propre mère? Qu'elle devra subir ça encore des années parce qu'en parler ne sert à rien. Tabou, pas beau! Et qu'une fois grande, elle travaillera un peu le temps de trouver un mari avant de s'arrêter pour se consacrer à son époux et des enfants, comme encore la majorité des Japonaises, en imaginant que son mari est devenu lui aussi un de ces chikan qui ont traumatisé et sali son enfance.

La lecture de la boîte noire de Ito Shiori m'avait déjà beaucoup remuée sur le tabou autour des victimes de viol au Japon. Là je me sens bouillir de colère et l'envie d'entrer dans les pages pour choper ces sales types et m'occuper de cette partie qui les démange tant à coups de talon.
Le témoignage de Kumi est très fort et cru dans sa réalité sans fard, et assorti de ses propres dessins. A partir de son master, elle a choisi d'émigrer car il lui était devenu impossible de vivre dans un Japon où des hommes abusent au vu et au su de tous (car d'autres voyageurs se rendent compte mais se taisent), en toute impunité. Mon coeur se serre en pensant à tout ce qu'elle a subi, ainsi que des milliers d'autres fillettes, réifiées en objet sexuel disponible aux pulsions de ces pervers. Et que la seule solution pour elle de s'en sortir fut de fuir son pays.
Tchikan est d'une lecture perturbante et très difficilement moralement. Âmes lectrices sensibles... du courage!
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Ce livre est perturbant. Je pensais avoir tout vu et tout entendu sur les gros pervers japonais, mais ce livre fait m'a fait l'effet d'une claque. Pourquoi ?
L'auteure du livre est Japonaise. Elle vit en France depuis une dizaine d'années et maîtrise parfaitement notre langue. Elle raconte le traumatisme qu'elle a vécu à l'âge de 12 ans lorsqu'elle se rend pour la première fois au collège et qu'elle doit prendre le train toute seule pendant les heures de pointes.
Sans même avoir été au Japon, on a tous dans notre inconscient collectif l'image de ces Japonais salarymen poussés par des agents de la compagnie ferroviaire dans les trains pour y être entassés.
Mais ce qu'on ne sait pas, c'est ce qui s'y passe une fois à l'intérieur.

Les tchikan sont ces pervers qui s'attaquent aux jeunes filles, les caressent, les pénètrent et vont même jusqu'à les harceler en profitant de l'effet de cette foule dense et compacte pour se livrer à ces agissements en toute impunité.

Mais le pire, c'est lorsqu'elle raconte que cela devient " le simple quotidien" de ces gamines qui pour la plupart d'entres elles ne connaissent pas encore ce qu'est le sexe. Vous imaginez le scandale si l'on apprenait qu'une élève de primaire a été retrouvée la jupe pleine de sperme en arrivant à l'école le matin en France ? Et bien, au Japon, c'est la routine.... de vrais détraqués (si l'on en doutait encore).

Des hommes de 60 ans qui vont jusqu'à proposer des sommes folles à des enfants pour avoir des relations sexuelles avec eux en les suivant une fois sortis du train. On comprend à quel point l'auteure en a souffert.

Dans un pays où se plaindre, manifester sa colère est vu comme une forme de déshonneur, il est d'autant plus difficile de tirer la sirène d'alarme.
Ne pas voir, ne pas entendre, ne rien dire. C'est plus sûr.

Un petit livre qui ne laisse pas indifférent. La couverture est très jolie. Elle y a incorporé des dessins comme aiment le faire les enfants. Comme si sa vie s'était brusquement interrompue ce jour où elle a été la proie de son premier tchikan.
Un témoignage sur un phénomène de société qui ne désemplit pas et trouve même son business dans l'industrie du porno.

Le récit de Kumi m'a touché. La détresse avec laquelle elle s'est heurtée à l'indifférence des gens et de sa famille également.


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Bouleversant, déroutant et émouvant, tel est le récit de Kumi Sasaki qui est un écho à l'actualité.

Kumi est une japonaise vivant en France depuis plusieurs années. le fait qu'elle vive à l'étranger n'est pas anodin puisqu'elle a choisi de s'exiler pour sa propre sécurité. Et tout est résumé par le titre "tchikan", soit "pervers" en japonais. La référence de l'écriture de "tchikan" au lieu de "chikan" est voulu : Kumi veut nous faire ressentir l'oppression qu'elle vit face aux pervers.

Avant toute chose, si vous êtes sensible, je vous déconseille de lire ce récit d'une traite comme je l'ai fait car il peut être terrifiant et vous saisit d'un sentiment de vertige.

Kumi Sasaki nous explique ce qu'elle n'a jamais dit complètement à ses parents : sa rencontre avec des pervers dans le train bondé qu'elle empreinte quotidiennement. Elle a juste 12 ans quand son chemin croise celui d'un pervers. Un premier qui lui fait réaliser qu'elle est une proie sexuelle. Dès lors, Kumi porte un autre regard sur cette ligne de train, la Yamanote, très utilisée à Tokyo, il lui est impossible d'y échapper. Mais en fait, il s'agit bien plus qu'un simple pervers, les situations sont de véritables agressions sexuelles, voire de viols. Car il s'agit bien de cela. Même si Kumi a essayé d'alerter des adultes, sa mère et son institutrice, ces dernières n'ont rien fait. Au contraire, sa mère lui a reproché son comportement ! Bien entendu, ce reproche a blessé Kumi qui n'a trouvé refuge qu'auprès de l'une de ses camarades de classe qui vivait la même chose.

Kumi raconte plusieurs épisodes sur ces pervers du train puis, traite un autre "type" de pervers : les "stalkers". Des salariés d'entreprises, souvent d'âge moyen, abordent les jeunes filles, avec plus ou moins d'insistance. Kumi est soulagée que celui qui l'a abordée ne soit pas aller plus loin que lui parler et la suivre dans la rue.

Puis Kumi termine son récit par sa fuite du Japon pour la France pour ne plus avoir à subir ces agissements et la lecture de celui-ci par sa famille. Celle-ci a été horrifiée par ce que Kumi a vécu, ses parents ne pensaient pas que les agissements des pervers étaient aussi répétitifs et aussi intimes.

Ce constat oppressant nous laisse sur des questions, si on ne connait pas la société japonaise. Ces pervers et harceleurs sont bien connus, plusieurs médias font des articles soit sur les scandales ou pour de la prévention. Toutefois, les lois ne changent que peu à peu, ainsi que le poids de la parole d'un enfant, de surcroit, une femme. Par exemple, les constructeurs de téléphones portables sont dans l'obligation de laisser le son lorsqu'on prend une photo car beaucoup de pervers en profiter dans les trains pour prendre sous les robes des filles. Ou encore, la création de wagons spéciaux pour les femmes comme Kumi l'expliquait.

Cette place sur l'explication de la société japonaise est ce qui manque à ce témoignage pour comprendre tout les enjeux au Japon. Toutefois, cela n'enlève rien au bouleversement qui nous traverse en lisant l'histoire de Kumi.

Merci aux éditions Thierry Marchaisse et à Babelio pour cette découverte.
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Imaginez… vous avez à peine 12 ans, vous prenez les transports en commun seule tous les matins et tous les soirs pour vous rendre à l'école et un beau jour vous découvrez l'existence des « tchikan », ces hommes qui aiment se mêler à la foule aux heures de pointe pour se coller aux jeunes filles… et qui n'hésitent pas à laisser promener leurs doigts. Burk, hein ? C'est ce qu'a vécu Kumi Sasaki, l'auteure de ce très joli livre-objet. Ça se passe dans le pays « le plus sûr du monde », le Japon, et c'est un énorme tabou.

La première fois qu'elle a été confrontée à l'un de ces harceleurs, elle a cru faire erreur. On se dit que ce n'est pas possible, que l'on doit se faire des films. Comment ça pourrait se produire, là, au milieu d'une rame bondée alors que personne ne semble rien remarquer ? Et pourtant, ça se reproduit quotidiennement. Alors elle essaie d'en parler, à sa mère d'abord, aux copines ensuite. Mais tout ce qui touche à la sexualité au Japon, on n'en parle pas… ce n'est pas pour rien qu'elle n'avait jamais été mise en garde contre les Tchikan auparavant.

Ces petites filles d'à peine 12 ans se retrouvent donc seules dans leur désarroi, livrées à elles-mêmes. Comment vont-elles réagir ? Certaines cèdent et finiront par être payées pour leurs services, d'autres gardent le silence et font comme si de rien n'était…

Ce livre est touchant, intéressant, sensible. L'objet lui-même est également une pépite, la couverture est travaillée et délicate tandis que de jolis dessins agrémentent le texte. Véritable plaisir !

Un énorme merci à Babelio et aux Editions Thierry Marchaisse pour l'envoi de ce livre, et mes plus plates excuses pour le retard de publication, la technologie (et les fêtes) a fait des siennes !
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Livre est très bien écrit, il est aussi très bien illustré. Ce livre a, d'abord, pour objectif d'informer sur le phénomène des « tchikans » ; pervers qui pratiquent des attouchements sur les enfants et adolescentes dans les transports en commun de Tokyo. Kumi S. est très critique envers les media japonais. Elle les accuse d'organiser le « Enjo-Kosai », relations tarifées entre un homme adulte et une enfant ou une adolescente. Ce livre a, ensuite, pour objectif de changer les choses notamment l'impunité dont jouissent les tchikans.
Je reprocherai juste la référence à André Gide comme auteur de livres d'amour. En effet, ce dernier reste un pédophile et un pervers. Je conseillerai à Kumi Sasak de lire "Le ramier" ou son « Journal » .
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- T'es tellement mignonne...! J'ai envie de toi! Tu comprends? J'ai envie de jouir en toi! J'ai envie d'avoir un enfant de toi! Tu comprends?

Sous la pluie, en pleine rue, en plein coeur d'un des quartiers résidentiels les plus chics de Tokyo, voilà un employé en costume cravate, la cinquantaine, marié, peut-être même père de famille, d'apparence tout ce qu'il y a de plus sérieuse, qui crie ça à une collégienne de douze ans. Est-ce que c'est un cauchemar?

Non, tout est vrai, et les gouttes de pluie qui dégoulinent le long de mon parapluie sont là pour me le rappeler froidement. Ce n'est pas Totoro qui est debout à côté de moi, c'est un pervers sexuel qui gesticule et à qui je ne dois surtout pas montrer que j'ai terriblement peur et que mes genoux commencent à trembler.
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- Je t'ai suivi parce que t'es mignonne.

Il essaie de parler comme un teenager, mais cet homme à l'âge de mon père! Un bon gros père de famille qui suit une petite fille de douze ans qu'il a vue dans le train tout simplement parce qu'elle est《mignonne》... c'est déjà presque un crime, non? Sans pudeur ni discrétion, en plus! Je n'arrive pas à le croire.
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Ensuite, il met sa main sur ma jupe juste en bas des fesses, relève ma jupe très discrètement avec ses doigts puis touche ma cuisse gauche sous la jupe. – Ces gestes, j’apprendrai désormais que c’est la marque des tchikan, comme s’ils apprenaient tous ensemble dans une même école spécialisée les techniques qu’ils appliquent ensuite avec constance à chacune de leurs victimes.
 
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Presque rien n’a changé depuis cette époque, n’est-ce-pas ? Alors, si ce court récit pouvait aider ne serait-ce que l’une de ces collégiennes à ne pa s souffrir comme j’ai souffert, s’il pouvait éveiller ne serait-ce qu’une conscience face à l’absurde anomalie que constitue l’impunité dont jouissent toujours les tchikans, je pourrais dire qu’il n’a pas été complétement inutile.
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Et si on se plonge maintenant dans ce dernier article, qui traite évidemment de manière déguisé de Enjo-Kosai, que peut-on lire au beau milieu d’une page, bien mis en évidence comme si c’était finalement le cœur même, non pas seulement de l’article, mais de tout l’hebdomadaire ? –des exemples d’annonces tarifaires récentes pour enjo Kosai.
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