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EAN : 9782363923059
704 pages
Les Editions Ovadia (30/10/2018)
3/5   3 notes
Résumé :
Depuis sa création au mois de mars 2004, le blog Stalker sous-titré Dissection du cadavre de la littérature a acquis une réelle audience en raison de l'exigence des travaux qui y sont publiés, point tous de l'auteur d'ailleurs, mais aussi du ton polémique de certains des articles qui y paraissent. Cette zone où les belles découvertes et les grandes surprises abondent tout autant que les dangers est devenue au fil des ans et d'un travail acharné une espèce de bibliot... >Voir plus
Que lire après Le temps des livres est passéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Juan Asensio , après des études universitaires, est un auto-proclamé critique et un créateur de blog : il pense que la " littérature " - concept déjà creux - est morte , et qu'il ausculte son " cadavre " , c'est dégoûtant mais c'est surtout faux , au delà de " la littérature " , un grand livre ne meurt jamais car il est éternel et son sens n'est pas pourissable par perspective temporelle, de plus on empêche les grands écrivains de se faire connaître depuis maintenant bien longtemps à travers nottamment les éditeurs , ce que Asensio concernant une prétendue mort de la littérature n'a pas l'air de savoir.

( toit en écrivant lui même terriblement mal et laidement des phrases qui n'ont strictement aucun sens à part un pastiche vulgaire et odieux d'un bloy imaginaire et caricatural lui même enlacé de façon schizophrène par une pseudo-prose d'hypokhâgne ou surnagent insultes , hystérie , immaturité et satanisme , particulièrement celui de la destruction du sens )

Dans un récente vidéo you tube il promeut Augustin Trapenard et Cécile Coulon comme d'odieuses ordures alors qu'il est tout aussi ordurier qu'eux ; on pourrait même imaginer qu'ils se soit répartis les rôles Trapenard et Asensio , car Augustin Trapenard est tellement mauvais , à gauche , à la grande librairie , qu'il est évident pour qui connaît le théâtre qu'il en fait sataniquement exprès de dire n'importe quoi , et qu'au fond Juan Asensio est l'augustin Trapenard de la droite réactionnaire en miroir d'Augustin comme caricature de droite face à une caricature de gauche ... gargouilles de gauche et gargouilles de droite qui sataniquement détruisent la langue et dissuadent leurs victimes de lire.

Moi quand je voyais de par la fenêtre au lycée camille-saint-saens des gargouilles , j'avais envie de m'asseoir dessus 🤣

Asensio a tort sur la mort de la littérature voici pourquoi :

Source : mon best-seller.com

" - Les grandes maisons d'édition, piégées, recalent les chefs d'oeuvre de la littérature française.

Un roman, ça se prépare. On se dit qu'en barbouillant le papier avec vigueur, exigence et constance, notre
plume finira bien par décharger de l'honnête littérature. Et puisque les maisons d'édition sont porteuses d'une haute tradition d'intégrité littéraire, elles ne manqueront pas d'assurer la publication des oeuvres les plus méritantes. "

Quant à ceux qui paressent à l'ouvrage, qui se répandent en négligences, et bien leur sort ne fait pas de mystère : ils goûteront au très fignolé sens de la formule des éditeurs : « en dépit d'indéniables qualités, votre roman ne satisfait pas à la ligne éditoriale de notre maison ».

Le talent d'un auteur suffit il à faire vendre un livre

Hélas, il ne suffit pas d'être bon. Ni même excellent. En témoigne une suite de camouflets éditoriaux que d'aucuns considéreront comme un authentique scandale, d'autres comme une édifiante facétie : Victor Hugo, Duras, Maupassant et Rimbaud, auteurs illustres s'il en est, ont tout récemment essuyé, de la part des éditeurs, de cinglantes et systématiques fins de non-recevoir. Je m'explique. Au cours du siècle dernier, les grands éditeurs reçurent sous forme de manuscrits des « chefs-d'oeuvres » consacrés. En vue de jeter le discrédit sur les grandes maisons, journalistes et libraires, à grand renfort de pseudonymes et de titres nouveaux, travestirent lesdits ouvrages.

Que croyez-vous qu'il arriva ? Victor Hugo déchaîna l'indifférence. Sur vingt maisons d'édition qui eurent à juger de son oeuvre, on n'en trouva qu'une pour féliciter le grand homme. Arthur Rimbaud ? Récusé sans pitié pour manque d'originalité. En 1992, Le Figaro démontra même que Marguerite Duras rebutait jusqu'à son propre éditeur. Nombre de prix Goncourt, il y a peu mis à l'épreuve, connurent semblable sentence. Mais il y a pis : l'année dernière, Michel Houellebecq et ses Particules élémentaires, célébrés dans le monde entier, furent snobés avec un panache exemplaire. Mais comment s'en étonner ? Céline, Proust et Rimbaud n'avaient-ils déploré, en leurs temps, les aléas d'une édition erratique ?

Renouveler sa manière d'écrire pour se conformer à l'époque ?

On pourrait certes objecter que ce sont là des vieilleries, qu'il incombe aux écrivains de renouveler leur art, d'embrasser l'air du temps, etc. Rien n'est moins vrai. Je ne sache pas, toutefois, que les prix Goncourt du second XXème siècle se déchiffrent comme des hiéroglyphes d'un autre âge... Ils n'en furent pas moins balayés. Et quand bien même un ouvrage paraîtrait désuet au regard de sa forme, cela suffirait-il à lui ôter toute espèce d'originalité ?

Est-ce l'éditeur qui fait la littérature ?

Chaque année, Grasset reçoit près de cinq mille manuscrits pour n'en retenir qu'un seul. Est-ce à dire que le cortège des réprouvés soit frappé de médiocrité ? Certainement pas. Les grandes maisons répugnent à la prise de risque et ne s'y livrent qu'exceptionnellement. Parfois pour le meilleur, c'est indéniable. Mais l'essentiel de leurs décisions se fonde non point sur la qualité intrinsèque d'un écrit, mais bien davantage sur la sécurité commerciale qu'elles infèrent de celui-ci. Ainsi, en surcroît des grands manuscrits que l'Homme publia mais que L Histoire ne retint pas, on peine à se figurer le nombre de ceux qui passèrent aux oubliettes. Aussi peut-on déplorer à bon droit les propos récents du ministre de la culture, tenus devant les éditeurs réunis en assemblée, et que l'on voudrait croire dictés par les circonstances : « c'est l'éditeur qui fait la littérature ».

Business et Culture : le couple infernal.

Sans en cautionner les dérives, on ne saurait pourtant vouer les grands éditeurs aux gémonies : le profit n'est-il pas la condition, sinon de la croissance, du moins de la survie de ces institutions qui entretiennent, bon an mal an, la flamme de la littérature ? Mais sans doute serait-il temps de lever le voile de l'hypocrisie : si chaleureux que soit le terme de « maison » - on se croirait presque au coin du feu - il ne reflète aucunement l'esprit quelque peu affairiste de tels établissements. Les Anglais, eux, ne s'y sont pas trompés : ils évoquent des « sociétés » dont l'activité, si l'on s'en réfère à la célèbre Encyclopaedia Britannica de 1911, ne sont pas autre chose qu'une « purely commercial affair ». Mais bon, ils on écrit la même chose de la Reine d'Angleterre... "

Arthur Deming


- Mort fausse de la littérature qui renvoie , aussi , à la théorie plus large de la mort de l'art, théorie massacrée par Marc Edouard Nabe dans une interview " la vie de l'art " :

" - Alors justement sur la mort de l'art à mon avis ce qui moi m'a protégé de tomber dans la mort de l'art qui est ce travers là , qui est encore quelque-chose d'inventé par la censure et par le pouvoir censurent ambiant , c'est à dire que c'est comme l'angoisse de la page blanche à force de le dire ça empêche les écrivains d'écrire ... il y'a des niveaux de censure à tous les niveaux ou l'artiste maudit c'est un autre cliché ou le peintre maudit ... eh bien la mort de l'art c'est pareil ...
Moi ce qui m'a protégé c'est peut être que je vivais dans un milieu de jazz et que dans le jazz il n'y a pas de mort de l'art , il y a une mort du jazz maintenant mais j'étais contemporain du jazz qui était en plein essor encore , mon père encore plus puisqu'il est plus âgé mais moi même ! Donc pour moi la question ne se posait pas ! Je ne pouvais pas imaginer que ça tiendrait le coup comme théorisation cette mort de l'art puisque je voyais en direct des artistes colossaux qui pour moi sont aussi importants que des écrivains du siècle que ce soit Claudel , Pirandello , Bernanos n'importe qui que tu peux que tu peux imaginer ou des philosophes Édith stein , Heidegger ou des peintres , de Malevitch Picasso... pour moi les jazz-men je les considérais aussi grand que ces gens là et je voyais dans mon enfance quoi ? Des artistes , noirs pour la plupart , dans des conditions relativement difficiles qui continuaient à faire évoluer leur propre art. c'est à dire qu'on a vu et on a été contemporains de ça même nous un type de 35 ans comme moi de l'évolution d'un Miles Davis , j'ai vu Monk en concert juste avant qu'il arrête de jouer , que ce soit Mingus ! le retour de mingus en 74 avec sa nouvelle formule musicale , ses nouveaux thèmes c'est extraordinaire à voir en direct donc ça ne veut rien dire la mort de l'art puisqu'on voyait des artistes qui continuaient à créer ...
Ça m'a faussé la vision ! Je n'ai pas pu prendre au sérieux tous ces avant-ringard qui continuaient à nous prôner la mort de l'art parce-que ça les arrangeait parce-que eux ils avaient plus rien à dire ! Et j'ai cru comprendre assez tôt que la mort de l'art serait finalement un mouvement comme les autres comme il y'a eu le dadaïsme, le surréalisme, le suprématisme , l'art conceptuel puis finalement la mort de l'art et finalement ce sera un mouvement comme un autre , il y'aura des " mort de l'artistes " qui continueront à faire des oeuvres typiquement mort de l'art ... mais RIEN N'EMPECHERA UN ARTISTE D'ETRE UN ARTISTE ! RIEN ! Il peut y avoir toutes les mort de l'art que tu veux , il pourra y avoir tous les cataclysmes et c'est ce qu'on a essayé de nous faire croire et ce qui est quand même paradoxal c'est que c'est cette génération de CRAPULES disons le , de crapules 68-ardistes qui ont instauré cette véritable dictature de la mort de l'art et je dirais même de la mort de la vie en voulant supprimer toutes les possibilités d'expression individuelle c'est la haine du sentiment , la haine de ce qu'il y a d'humain soi disant pour prôner une espèce d'utopie sociale larvée qui s'est très vite transformée en dictature molle , enfin tout ça c'est classique , bon ...
Moi ça m'a semblé tout à fait normal et ayant été élevé dans un milieu que tu peux connaitre qui est celui des Hara-Kiriens , tu parlais de Siné tout à l'heure, tout ceux qui y ont crus sincèrement et qui sont encore estimables aujourd'hui et on voit comment certains ont pus finir , eh bien j'étais encore plus sensible à la trahison de tous ces clercs et de tout ces futurs notables qui sont toute une génération qui est maintenant la mienne et qui est à mon avis difficilement sauvable parce qu'ils sont complètement lobotomisés bon , lobotomisé par quoi ? Disons le en gros par Libération , Libération c'est un organe ...
- et puis Charlie Hebdo ..
- oh bah bien sûr !  là on est dans la sénilité là 😂 là vraiment Libération à partir de la rupture de 73 disons sans parler de celle de 80 , ou comme par hasard le premier numéro ressort le jour où le président de la république est élu et paradoxalement ça leur donne l'alibi de se dire indépendant et de ne pas être manipulés par le pouvoir , alors qu'il ne s'agit pas de ça , la manipulation ça ne vient jamais d'un homme à la tête d'un pays qui tient toutes les ficelles des marionnettes ; c'est beaucoup plus complexe et beaucoup plus subtil que ça , bon ! Et cette servilité dans laquelle nous avons baigné pendant 15 ans peut être 20 ans ça remonte même avant avant , le socialisme c'était beaucoup plus tourmenté remuant que ça ... c'était déjà dramatique , même à l'époque où j'avais déjà 15 ans , eh bien je ne pouvais pas à cette époque là , même en ayant 15 ans , ne pas voir et accepter ce qui allait se passer et me couler dans le moule d'un artiste raté puisque c'est ce qu'on veut aujourd'hui, C'EST A DIRE D'EMPECHER L'ARTISTE DE CREER SON ART SOUS PRETEXTE QUE L'ART EST MORT.
( ... )

Je trouve que c'est plus fort si la parole et la pensée , c'est ce que je dis dans Rideau , on la remets en confiance aux artistes parce-que de tout temps les artistes eux mêmes se sont très bien occupés de la pensée , contrairement à ce qu'on croit , même ceux qui ont l'air les plus fous ! Même un Artaud ! Parmi les jazz-men , Anthony Braxton est un immense intellectuel au grand beau sens du terme beaucoup plus fort que beaudrillard, serre , debord et compagnie bon ...
Pourquoi on dirait toujours les artistes c'est des délirants , des poètes , y'a encore des artistes qu'il faudrait prendre en pitié pour leur statut de clochards de la fin du XXème siècle qui croient encore que c'est possible de créer une oeuvre d'art - les pauvres fous ! - et puis d'un autre côté des penseurs , des philosophes , des intellectuels - soi disant - qui eux raisonnent , théorisent tout ça en triant , selon leur goût , et la plupart du temps ils en ont pas , qui va laisser quelque-chose ou pas voilà , donc moi j'essaye de faire éclater ce schéma et que ce soit les artistes eux mêmes , qui comme tout le temps d'ailleurs , c'est pas nouveau ... je ne fais que prolonger , c'est même pas une tradition , une espèce de lignée depuis 200 ans disons qui est la façon d'ont le pouvoir a essayé de rendre maudit l'artiste à la fois par la misère sociale et maintenant par , ça a été une de dernières trouvailles de ces dernières années , par la mort de l'art justement. "

( ... ) La vie de l'art Marc Edouard Nabe

Tout celà parachevé par le dernier tableau mité du triptyque de la dictature consensuelle qui est " la fin de l'histoire " de Fukuyama belle absurdité contredite de plus en plus par le réel historique qui n'a jamais cessé d'exister et que Fukyama essaye toujours de nier de façon grotesque , surtout en ce moment , pour ne pas se ridiculiser mais qui ne fait que se ridiculiser , se faisant , encore plus 🤣

Si Asensio me réponds par des déjections d'insultes ignobles , ou en notant comme un aveugle chercheur de poux les " fautes d'orthographe " , alors que c'est le sens qu'il n'a jamais dans son blog qui est important et non la forme ,  je lui balancerai en comm' des extraits bien saignants et juteux du Céline de Bagatelles pour un massacre sur l'ignoble et chiatique " critique " , nottamment " littéraire " et que Céline carbonise avec gourmandise ... 😈

Bref Juan Asensio à droite comme Augustin Trapenard et la grande librairie à gauche sont tout deux à fuir si vous aimez lire donc ...
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J'espère toujours activement, en matière de lecture, des références neuves et des apports inédits : je ne me satisfais pas de ce qui est à ma portée – cela s'entend de toutes les manières –, notamment parce qu'en général tout ce qui est contemporain manque évidemment d'art. C'est pourquoi, me fiant à ceux dont je devine une finesse intempestive – c'est indéniablement le cas de Juan Asensio –, je vais quêter leurs conseils avec avidité, et l'on sait qu'un conseil n'a de valeur effective que lorsqu'il est reçu avec la ferme volonté d'en tenir compte, c'est-à-dire après l'estime qu'on attribue à son émetteur (en quoi presque tous les conseils qu'on prodigue, que ce soit à tort ou à raison, sont totalement inutiles). Comme toujours, j'avais besoin d'auteurs inconnus et édifiants, il m'a donc semblé naturel de consulter l'ouvrage de Stalker, pseudonyme pour un critique précis et d'un goût pour le moins inactuel.
Pourtant, autant le dire d'emblée, mes espoirs en sont sortis insatisfaits, et ma recherche de livres, à quelques exceptions près, n'a pas été fructueuse : c'est qu'Asensio et moi n'aimons pas les mêmes oeuvres, bien que nous ayons en commun d'en distinguer tous deux la profondeur et la hauteur, c'est-à-dire à la fois la densité et le surplomb – en cela, l'écriture et la lecture sont pour nous infiniment éloignés du divertissement normal. Mais Asensio nourrit une attirance manifeste pour l'obscurité tandis que je ne m'avance avec attrait que sur le terrain franchement exposé de la clarté.
Examinons cela, je vous prie. Il ne me semble pas exagéré de prétendre qu'un livre est autant capable de dissimuler que de révéler : l'auteur de maîtrise sait comment se rendre incompréhensible même des plus pénétrants ou au contraire accessible des sots, mais ces deux extrémités figurent une faute : ou l'excès de pédanterie rend un écrivain insoucieux d'être lisible (ou soucieux d'être illisible) et alors c'est volontairement qu'il devient obscur au point qu'il peut en effet ne rien signifier (on en connaît qui n'ont fait que cela : s'efforcer d'avoir l'air fins), ou bien l'abaissement au vulgaire et les compromissions réduisent un auteur à s'exprimer de façon banale pour accéder à une multitude assez vile, ce à quoi en tant qu'artiste il ne devrait point se résoudre mais où il se plaît souvent comme roi des imbéciles. Or, je crois qu'un lecteur avisé ne devrait jamais couronner l'une de ces deux tendances qui, pour opposées qu'elles sont, induisent également un souci prédominant de pose – même je doute, à vrai dire, qu'il soit bien plus difficile d'être verbeux que complaisant : il s'agit seulement de deux modes de recherche de « style uniforme » – alambication conceptuelle ou disponibilité mentale – avec ses ressorts faciles et ses trucs systématiques.
Or, une caractéristique manifeste de tous les livres qui ont plu à Asensio ainsi que de la majorité des citations qu'il expose réside dans une certaine manière de compliqué. D'aucuns tendent à estimer par défaut que le difficile recèle nécessairement de la profondeur : le Vrai pour eux n'est alors qu'une présence tapie à « débusquer », et un style plus ou moins chargé, pour ne pas dire inutilement alourdi, attire d'office l'amateur de mystères et d'ombres. C'est un peu le cas d'Asensio. Non qu'il soit « abusé » par des apparences de grandeur – ses analyses vont bien au-delà du vernis et de la pavane, et il ne fait guère de doute que les auteurs qu'ils publient ont au moins « réfléchi » –, mais il est patent que c'est principalement la complexité le tente et qu'il va trouver son intérêt non du côté de l'efficace et de l'éloquent mais de celui du disert et du tortueux comme indices de profondeur cachée (raison pour quoi on est en peine, dans ce recueil uniquement de critiques positives, de rencontrer un ouvrage de moins de 600 pages). Et Asensio admet ce critère sans paraître avoir songé qu'en s'exprimant avec longueur et difficulté, un auteur manque souvent à avoir eu la finesse d'être net et concis, ce qui est beaucoup plus dur et profond. Ainsi, une certaine dilution de l'effet dans une oeuvre littéraire, répandu en circonlocutions où s'estompe la réalité sensible, s'accorde chez Asensio avec son goût pour le déchiffrement : il veut et recherche du difficile, ce dont je ne saurais du tout le blâmer, à ceci près qu'il tend assez à le confondre, je trouve, avec le sage ou le sagace.
C'est d'ailleurs un critique qui, à peu près de son propre aveu, n'a aucun intérêt pour les intrigues qu'il ne s'abaisse presque jamais à résumer et qui ne sont pour lui que des vecteurs d'idées supérieures ; au même titre dédaigne-t-il de parler du style qu'il qualifie très peu : ce qui intéresse Asensio, ce sont les thèmes, il a la passion des thèmes, et, si je taquinais un peu, je dirais qu'il est pour beaucoup un « fort-en-thèmes », un érudit qui se plaît, sans désir d'être efficacement compris et c'est sa cohérence, à discuter d'oeuvres d'une façon intellectuelle sans beaucoup se soucier de son lecteur. Il paraît notamment à le lire qu'un travail critique consiste à extrapoler sur des thèmes réputés « universels », et ses lectures, plutôt que de rendre compte de la justesse d'une technique ou de l'originalité d'une vision, en somme à déterminer la qualité ou la vérité d'une oeuvre d'art, consistent en une accumulation d'idées ingénieuses, symboliques et exploitées jusqu'à un certain degré de sophistication voire d'usure. Ainsi, ce qui est proprement littéraire est toujours pour lui : spéculaire, inénarrable, monstrueux, satanique, labyrinthique, abyssal, secret, monumental, énigmatique, christique, souterrain, faustien, apocalyptique, mémoriel ou ambigu. Sa contention d'esprit est tendue à ce puissant effort d'extraire des thèmes d'une oeuvre comme on exprime à toutes forces le jus d'un fruit parce qu'il paraît étrange et compliqué, et c'est ce qui lui fait emprunter tôt ou tard le langage des universitaires que pourtant il déplore, langage vétilleux d'objectiviste sans couleur, langage de dissecteur qui décolore l'objet textuel de sa vitalité en y apposant toutes sortes d'interprétations hasardeuses et valorisant l'intellect. En l'occurrence, manières de : transitions forcées entre thèmes sans net rapport mais que le critique craindrait peut-être un gâchis de ne pas mentionner tout de même ; références inconnues et ardues, spécifiques, volontairement inexplicites sauf à de certaines élites ; interprétations douteuses présentées indistinctement comme évidentes, sans développements ; agglutinations de citations diluant le propos et liées artificieusement par l'astuce accapareuse de quelques conjonctions de l'auteur ; tournures lyriques achevées en métaphores si contournées qu'elles deviennent insensibles ; utilisation de formules typiques d'écoles de pseudo-docteurs et d'impersonnalité, dont les néologismes savants et le très hideux recours au « nous », cette lâcheté ; usage superfétatoire et impatientant de notes de bas de pages dont le contenu souvent mériterait de figurer dans l'article même ; artifices de clausules tournées en épiphonèmes pour faire éloquent mais souvent creux comme du proverbe à dessein d'ouverture obligatoire autant que d'épate…
Ah ! combien de mal j'en dis, trop sans doute ! beaucoup trop ! C'est ainsi ! Je sais bien que j'insiste toujours à l'excès sur les défauts des auteurs que j'apprécie (M. Asensio, une fois, me l'a lui-même remarqué), et j'ai l'air impoli, sauvage, vindicatif même, et j'ignore pourquoi ! Il me semble à moi que c'est une façon de leur rendre hommage, ou, pour être plus exact, une manière, quand ils sont déjà excellents, d'aller discerner en quoi ils ne sont pas parfaits : il y faut alors nécessairement une explicitation appuyée parce que ce défaut est difficile à définir, et cette abondance fait plutôt croire en une évidence de faute, au lieu exactement du contraire ! Ah ! pourtant, je ne me dédis pas : Juan Asensio – voilà l'essentiel – entame toujours sa critique avec une idée juste et pénétrante, avec un élan immédiat et personnel, généreux et lumineux, noble et risqué, aussi bien quand il célèbre que quand il frappe, mais malheureusement bientôt il s'enfonce et souvent d'un seul coup vers cet abscons qu'il adore et dont son style et ses idées s'imprègnent et s'encombrent ; il se livre d'abord et peu à peu il disserte, s'exprimant dès lors, comme disent les anglais, en « connoisseur », manipulant des concepts trop vagues au point de laisser même chez moi une impression de vacuité soporifique – c'est qu'un long moment, je ne me souviens plus du tout de quoi il s'agit, j'ai bien lu attentivement mais le sens est si flou qu'il ne m'en reste qu'un étourdissement insensé, les transitions alors ne m'étant d'aucune aide : je sais qu'on parle de nouveau d'un des « thèmes » du livre, mais j'ignore ce qu'on en dit et même, à vrai dire, le pourquoi –, et ainsi tout ce qu'il y a de pur, de spontané et de tranchant s'obscurcit des marques de distinction codifiée d'une sorte de « genre analytique » dont j'ai lu maintes fois les pédanteries plates au cours de mes études de Lettres. Et c'est alors comme un épuisement temporaire de sa vitalité pleine et franche, comme un étiolement de sa belle faculté d'abandon, comme une force qui se regénère en pose convenue dans l'attente des retrouvailles inopinées d'une pensée vive qui resurgit quelquefois en un passage de fulgurances sans affectation où l'esprit d'Asensio semble avoir attendu, dans un ennui formel, un moment de révélation : en somme, Asensio ne me semble jamais aussi grand que lorsqu'il est net et sincère, et le caractère même de cette sincérité disparaît chez lui dans la recherche et l'ampoule notamment parce qu'il admet que la qualité littéraire réside dans la propriété d'une oeuvre à être longuement sondée – il y met, si vous voulez, trop de corde et avec trop d'insistance (c'est qu'on finit ainsi même dans une mauvaise oeuvre par attraper quelque chose) –, et parce qu'il s'efforce en cohérence d'écrire comme il aime lire. C'est un homme en cela qui poursuit sans cesse une stimulation mentale, indice des êtres supérieurs et mus par un travail assidu qu'ils se sentent justement en devoir de convertir en oeuvre, un individu donc et une rareté à notre époque, mais un esprit qui s'éprend d'auras comme des fantômes, dont il tait longuement les propriétés en bavardages qui ne vont pas au fait, semblable alors à ceux qui trouvent leurs révélations dans la psychanalyse ou le paranormal en ce que ses arguments, si je puis nommer ainsi ce qui s'apparente à l'intention de prouver des vertus ou des vices, ne sont jamais tout à fait des raisons mais des atermoiements péremptoires et des supputations d'intentions. Il y faut plutôt – c'est pourtant indiscutablement un écrivain audacieux – de cette « race » et de cette « gueule » qui l'ont fait connaitre dans ses éreintements et qu'il sait souvent communiquer dans ses introductions… dont la suivante, méliorative et d'une belle franchise, que je qualifierais par sa « trempe » de morceau de bravoure, l'une des rares qui tienne assez longtemps le pari de la personnalité en verve et dont le style rivalise avec les écrits puissamment évocateurs que, je crois, son auteur admire le plus.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Des mois entiers d'une lecture fébrile, harassante, sans cesse abandonnée puis reprise, rougissant de l’évidente certitude que la note, pas même écrite, qui en fixerait la trace point trop labile, serait ridiculement inappropriée, vague, point digne de ce lanternarius que doit être le critique véritable, vrai cicérone devant connaître par cœur, faute de buter sur une pierre et de se blesser voire de chuter lourdement et de tomber dans un gouffre, le terrain difficilement parcouru par l’auteur ne sachant rien de son enfer, ou plutôt ne pouvant disposer du savoir, de la lumière dont celui qui viendrait après, bien tranquillement au milieu de ses livres, sachant tout ou presque de ses livres justement et même de sa vie et du chemin immense parcouru dans la peur, la rage et l’épuisement, ferait un usage dispendieux peut-être mais nécessaire afin d’alléger, un peu, quelque temps, les épaules du vagabond avançant dans les ténèbres déchirées par les cris.
Quelle œuvre prodigieuse, torrentielle, énigmatique, paradoxale, inventive en diable, drôle, méchante, remarquablement acrimonieuse, parfois incompréhensible pour un lecteur non versé dans les arcanes de l’histoire de l’accession au pouvoir d’Hitler, hermétique même pour des lecteur de langue allemande tant l’auteur pousse sa langue dans ses derniers retranchements, que cette Troisième nuit de Walpurgis de Karl Kraus, impeccablement traduite, il faut saluer ce travail exceptionnel par Pierre Deshusses et éditée avec une préface de Jacques Bouveresse presque plus épaisse (et non dépourvue de répétitions) que le texte du polémiste autrichien, ainsi qu’un remarquable appareil critique !
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