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EAN : 9782253087335
168 pages
Le Livre de Poche (09/02/2015)
4.06/5   104 notes
Résumé :
Face à la tragédie, des voix s'élèvent contre la barbarie qui a voulu mettre à genoux la liberté d'expression. C’est de la volonté de les rassembler en un recueil, que naît, dès le lendemain de l’attaque contre Charlie Hebdo, l’idée de cet ouvrage, mêlant textes classiques fondamentaux et paroles d’auteurs contemporains.

Les auteurs :

Jacques ATTALI, Gwenaëlle AUBRY, BEAUMARCHAIS, Frédéric BEIGBEDER, Laurent BINET, Julien BLANC-GRAS, Év... >Voir plus
Que lire après Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour la liberté d'expressionVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d'expression.

L'ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n'est rien pour un tel recueil.

Dans un délai incroyablement court, l'éditeur a réussi à rassembler cette meute d'auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.

60 textes forcément inégaux, certains se contentant d'une ou deux maigres lignes, d'autres de plusieurs pages. de l'analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.

L'éditeur a eu la bonne idée d'entrecouper les textes des auteurs actuels, d'extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d'expression n'est pas neuf et qu'il faut défendre cette liberté jour après jour contre l'obscurantisme.

Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j'ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d'écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…

Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l'obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu'est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.
Je me souviens...
Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!
Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.
J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.
Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.
Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs coeurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.
Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.
Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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De Jacques Attali à Voltaire en passant par Denis Diderot, Bernard Pivot, Katherine Pancol, ce recueil regroupe les écrits de soixante auteurs sur les évènements de janvier 2015. Ceux-ci ont le plus souvent été composés à chaud, avec les tripes. Cet engagement se ressent de manière variable mais avec une intensité plutôt étonnante.

En elles-mêmes les compositions sont variées : fictions, lettres, citations, articles de presse mais elles véhiculent le même message, sans pour autant verser dans des répétitions ou un pathos malvenus. Il est toutefois recommandé d'éviter la lecture "d'une seule traite" qui laissera un sentiment de lassitude. le recueil doit être compris dans la même perspective que le célèbre Indignez-vous ! de Stéphane Hessel. Il s'agit ici d'un éloge de la République, des valeurs qui lui sont attachées, des idées des Lumières, de l'esprit français. Chacun à sa manière tente d'apporter sa pierre à l'édifice mais la philosophie est la même : être fier de nos valeurs et les défendre.

Certains textes sont de véritables pépites. A cet égard, la fiction humoristique de Romain Puértolas est une véritable bombe de table. Ce fruit d'une imagination fertile est immédiatement suivi par un hommage à un autre Charlie composé par Serge Raffy. Au titre des découvertes intéressantes, l'analyse faite par Maxime Chattam doit être signalée, car il nous apprend au passage une nouvelle qui attristera ses fans.

Écrire est une forme d'engagement... mais qu'en est-il des actes ? S'il est impératif de saluer cette initiative littéraire (profits reversés au journal, délais de parution très courts) il est difficile de donner un avis sur la suite. A lire les quelques pages de ce corpus, tout le monde est d'accord sur la nécessité d'agir. Mais concrètement, nos chers penseurs ne nous livrent pas forcément leur manière d'agir. Écrire et participer aux rassemblements républicaines, certes... mais encore ? Cette impression de manque (aisément compréhensible) porte toutefois un grand préjudice à cette initiative, pourtant emplie d'une bonne dose d'émotion.
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Ce 7 janvier 2015, il y a eu un événement horrible, innommable et profondément choquant. Mais heureusement face à cela, on a vu une levée, une solidarité forte qui s'est opposée clairement aux actes de barbarie qui se sont produits . Et ce livre est né!60 écrivains unis sous la bannière de Charlie Hebdo… Pour ne jamais oublier ce jour si noir, pour rappeler à nos coeurs que tant de sang a déjà été versé pour nos libertés…

C'est avec une certaine émotion que j'ai lu ses textes, le coeur serré, les larmes au bord des yeux. Chaque auteur voit cet événement avec son expérience, et c'est intéressant de voir les mots qui en découlent. Les textes de certains sont plus vifs, d'autres plus philosophes, et du coup, ce recueil de textes est un fort et émouvant imbroglio d'émotions fortes et vibrantes. Personne n'a pu rester insensible face à cette barbarie, et chacun le démontre avec plus ou moins de force.

J'ai particulièrement été touchée par le texte de Christel Noir, je me suis sentie proche des mots de Fredéric Lenoir, j'ai aimé le ton de la poésie de Katherine Pancol, l'humour inversé de Eric Emmanuel Schmitt, et je me dis qu'il faudrait suivre les conseils avisés de Claude Halmos. Je ne cite qu'eux, mais en fait chaque auteur a su me faire ressentir une émotion, je n'ai gardé que les plus fortes, ce recueil a de quoi vous prendre aux tripes, c'est certain!

En plus, d'être un formidable élan de compassion et de solidarité de la part de ses auteurs contemporains , tous plus intéressant les uns que les autres, nous avons la chance de relire, de redécouvrir des textes forts de Victor Hugo, Diderot, Voltaire, qui sans leur courage et leur soif de liberté, n'en serions pas surement là aujourd'hui, à prôner haut et fort la Liberté d'expression.

Je voulais donc remercier les éditions le livre de poche pour cette belle initiative.

Lien : https://fairystelphique.word..
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Ce recueil est parut suite aux attentats du journal "Charlie Hebdo" . Je ne reviendrai pas sur ce dramatique événement, nul ne peut ignorer ce qu'il c'est passé, vu le soulèvement populaire national et international.

Les bénéfices de ce roman vont directement au journal, alors oui on sait que depuis ils ont ramassé suffisamment d'argent pour tenir plusieurs années donc je n'insisterai pas sur ce point. Par contre la lecture de ce roman est un combat pour la liberté d'expression. Liberté qui nous est chère. Liberté qui m'est essentielle. Liberté qui me permet de me sentir moi-même et de dire ce qu'il me passe par là tête, même si ce sont des inepties.

Donc ce recueil regroupe les textes de 60 auteurs. Dont, parsemés, des extraits de Beaumarchais, Diderot, Hugo et voltaire qui se sont battus aussi, autre époque et combat égal.

Tous les autres ont réagit et fait parler leurs plumes, leurs armes, leurs coeurs. Pour certains ce sont des courriers ou un constat, des réactions car nul ne pouvait rester muet sinon tout était perdu (pourquoi d'ailleurs mettre cette phrase au passé !) . Pour d'autres c'est ce qu'ils savent faire de mieux, un conte une histoire (j'ai une préférence pour cette forme de manifestation).
Alors j'ai des auteurs de prédilection bien évidement. L'histoire Fabrice Humbert me touche particulièrement ( en même temps j'ai un attachement pour cet auteur.) Une grande tendresse pour le texte de Ian Manook car je vois ma grand-mère dans les traits de sa mère. Sans oublier Romain Puertolas qui me fait sourire malgré l'horreur et ça chapeau Monsieur !

Et malgré les 3 mois de passés je peux vous garantir que l'émotion reste la même en lisant ces lignes. Les larmes ne sont pas loin.


Je terminerai cette chronique par une citation de la réaction de Frédéric Beigdeger car elle me fait penser à la dernière boucherie au Kenya qui vient de perdre ses étudiants .
"A ce violent malaise que cette sensation procure, aux larmes du chagrin, à la culpabilité d'être plus troublé par ces morts si proches que par les milliers de victimes à deux heures de chez nous. Si, ne soyons pas hypocrites, c'est une règles journalistique bien connue, les massacres géographiquement éloignés nous perturbent moins que deux ou trois morts dans notre ville, notre pays. Pourtant, une certaine souffrance est là. A des degrés divers selon sa sensibilité, son empathie, son fatalisme."
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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critiques presse (1)
LeFigaro
04 février 2015
Les textes que l'on peut lire possèdent la force des écrits produits sur le coup de l'émotion… et leur faiblesse. Ils se ressemblent beaucoup. Nombre de textes qui ont des faux airs d'articles se terminent ou commencent par «Je suis Charlie». Bien sûr, l'exercice était difficile pour ceux qui ont accepté de jouer le jeu (d'ailleurs, certains y expriment leurs doutes tels que Frédéric Beigbeder et Maxime Chattam). L'ensemble donne un goût d'inachevé.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (137) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui restera du 11 janvier.

On dira ce qu'on voudra.
Mais il y a tout de même quelque chose de mystérieux, de très beau et de très mystérieux, dans la mobilisation de ce dimanche.
Car enfin, il y a déjà eu en France, et il y a déjà eu en Europe, il y a déjà eu, en particulier, en Italie, des attentats terroristes de grande ampleur.
Et l'on a déjà connu, pour s'en tenir à la seule France, d'entières périodes - je pense à la guerre d'Algérie - où des bombes explosaient chaque matin ; où l'on tirait au Petit-Clamart, sur le président de la République ; où les commandos du FLN et de l'OAS rivalisaient d'imagination et de sauvagerie pour mettre Paris à feu et à sang.
Mais jamais l'on n'avait vu, ni même imaginé, quarante-trois chefs d'Etats et de gouvernement, autant dire un quart des Nations unies, faisant le déplacement pour défiler au coude à coude avec les survivants des attentats.
Jamais, depuis le 8 novembre 1942 et le fameux discours en français du président Roosevelt venant, en pleine guerre antinazie, sur les antennes d'une minuscule radio qui s'appelait Radio-Londres et qui était la radio des Français libres, dire, comme aujourd'hui John Kerry et son hallucinant "Je suis Charlie" prononcé, lui aussi, dans la langue de Molière, sa solidarité avec la France, l'on n'avait vu l'Amérique vibrer de cette émotion fraternelle avec la nation sœur par excellence.
Et puis ces millions de Français descendu dans les rue pour crier leur deuil d'un petit journal satirique dont nombre d'entre-eux connaissaient, la veille encore, à peine l’existence mais qui, là, tout à coup, leur apparaît comme le symbole mondial de la liberté d'expression massacrée...
Et puis ces millions d’incomptés, car imcomptables, qui sont descendu voter avec leurs pieds en faveur d'un "esprit Charlie" dont ils pensaient, quand ils le lisaient, qu'il ne respectait rien et allait trop loin dans l'irrévérence...
Et puis ces églises qui ont sonné le glas pour des caricaturistes merveilleux mais féroces et dont elles étaient les premières cibles...
Et puis ces musulmans de France - pas tous naturellement, pas tous... - que l'on attendait depuis longtemps, et qui se sont, eux aussi, sentis requis, appelé par la circonstance afin de prononcer, enfin, ces mots que le monde attendait : "pas en notre nom... les islamistes hors de l'islam... il y a une bataille au sein de l'islam et nous avons bien l'intention de défendre pied à pied notre islam de lumière et de paix contre celui qui arme les assassins de flics, de journalistes et de juifs..."
Et puis ces populistes, et puis ces profiteurs de haine et autres incendiaires des âmes qui, au Front national et ailleurs, croyaient pouvoir capitaliser la tragédie et se sont trouvés marginalisés, que dis-je ? se sont auto-exclus de cette ferveur immense (ah ! le réjouissant spectacle de la pauvre madame Le Pen confondant une manifestation populaire avec l'un de ces bals de Vienne dont elle a la douteuse habitude et réclament sottement son bristol avant de décider, boudeuse, d'aller défiler, toute seule, à ... Beaucaire !)
Tout cela est du jamais vu et reste, je le répète, presque impossible à comprendre.
Ce fut un de ces moments de grâce, un de ces soulèvements métapolitiques comme les grands peuples en connaissaient quelquefois.
Et, encore... Rien de vraiment comparable, non plus, avec les émois de 1789... Ni avec ceux de 1830 et 1848... Ni même avec la million de Parisiens descendu dans la rue le 26 août 1944 pour la libération de Paris... Je ne suis même pas certain qu'il faille encore dire, pour cette levée en masse, cet ouragan silencieux, ce tsunami d'intelligence et d'émotion, "manifestation", ou "défilé", ou "marche"....
Et le dernier épisode du genre, le dernier à lui être un peu comparable, ce sont les funérailles de Victor Hugo qui, en 1885, firent descendre sur le pavé parisien près de deux millions d'hommes et de femmes, cette "escorte de tout un peuple", racontée par Barrès dans Les Déracinés - mais, là non plus, ce n'est pas cela : là non plus, le compte (près de 4 millions de français, toute obédiences, croyances, origines confondues) n'y était pas tout à fait...
Alors, la question, c'est bien sûr, que s'est-il passé ?
Il y a, clairement, quelque chose qui, en chaque Français et, au-delà des Français, en nombre de terriens, sur les cinq continents, du Burundià la Mongolie et de Beyrouth à Mexico, Sydney ou Pretoria, a été atteint, touché, bouleversé - mais quoi ?
Il y a un immense, un colossal groupe en fusion mondial qui s'est formé et qui a fait ce que cette France que l'on disait à bout de souffle, déclinante, en voie d'être rayée de la carte des puissances, est redevenue, soudain, la patrie blessé mais pas coulée de la liberté, la capitale mondiale des Lumière assassinées mais splendidement ressuscitées, la nation phare des droits de l'homme - mais, je le répète, pourquoi ?
Peut-être le nom "Charlie", ce nom finalement magique, qui résonne dans toute les langues de monde -Charlie Chaplin, ce grand Charlie français que l'on appelait, lui aussi, Charlie...
Peut-être le droit de rire, juste de rire, ce droit dont un ancien philosophe grec, cité par Rabelais, disait qu'il est le "propre de l'homme" et dont la preuve serait alors faire qu'il conviendrait, comme le droit de se contredire et celui de s'en aller, de j'ajouter de toute urgence à la liste des droit de l'homme.
Peut-être, oui, ce rire du diable et du bon dieu, ce rire libérateur et qui veut dire qu'on a plus peur, ce glorieux rire de Pâques des églises du Haut Moyen-Âge qui était un hommage rendu à la Résurrection du Christ, peut-être ce rire primordial dont un certain Sigmund Freud disait qu'il est la langue même de l'inconscient et, donc, de l'humanité de l'homme et dont un autre poète, André Breton, disait qu'il est la révolte supérieure de l'esprit, peu-être, oui, ce rire viscéral, littéralement vital et dont la privation nous serait aussi fatale que celle de l'air que nous respirons ou de la lumière qui nous met debout.
Ou peut-être, tout simplement, le goutte d'eau qui a fait déborder le vase de la lâcheté et de l'horreur, ou de l'horreur et de la lâcheté, et qui fait que, soudain, on ne sait trop pourquoi, un peuple et, derrière lui, un monde décident de dire non à une barbarie à laquelle on a trouvé, depuis trop d’années, trop d’excuses.
La vérité est que personne n'a de vraie explication.
Et l'on se trouve, là, face à l'un de ces mystérieux sursauts qui sont, des origines de la philosophie politique à la théorie sartrienne de la fraternité(té, la plus impénétrable des énigmes -révolte logique... pur diamant de l'événement... avènement d'un courage qui se propage comme une flamme et dont aucune langue politique ne peut expliquer la folle course.
Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que la France n'a plus peur.
Ce qui es sûr, c'est qu'il y a désormais toute une Europe et, au-delà de l'Europe, toute une patrie de la planète qui a choisi de penser qu'elle n'a plus à choisir entre ces deux version de la bêtise, de la haine et, au fond, du nihilisme que sont l'islamisme d'un côté et les populismes fascinants de l'autre.
Ce qui es sûr, c'est qu'il y aura d'autres attentats djihadistes, forcément d'autres, mais il y aura de moins en moins de monde pour murmurer qu'on en fait trop, qu'il faut faire profil bas ou trouver des accommodements - et ce qui est sûr, aussi, c'est que les réponses faciles te lâches, les réponses par amalgame, les réponses de ceux qui prétendaient s'en tirer en "déportant" des communautés entières d'Européens, les réponses des pauvres en esprit qui semblaient prêts à se jeter dans les bras de tels "frontistes' ou "liguards" ont été provisoirement balayées par le souffle de ce qui s'est produit.
La France est de retour : preuve, soit dit en passant que la grandeur d'un pays n'est pas réductible à sa "compétitivité" ou à la plus ou moins bonne conformité de ses comptes avec les "paramètres" d'une bureaucratie, fût-elle européenne.
L'Europe est de retour : la vrai Europe, celle de Husserl et de cette universalité concrète, fondée sur des valeurs et principes partagés, que veulent abattre les deux avant-gardes du fascisme contemporain que sont, en France, le fondamentalisme musulman et leurs jumeaux qui, comme Jean-Marie Le Pen ont tenu à déclarer qu'ils n'étaient "pas Charlie".
Tout peut encore arriver, bien sûr.
L'éclat de ce moment de grâce, de ce prodige, va forcément pâlir dans nos mémoires et dans nos œuvres.
Et la politique, la pire comme la meilleure, reprendra nécessairement ses droits et s'emploiera, c'est normal, à refermer la brèche qui s'est ouverte.
Mais telle est la marque des événements, les vrais, les rares, ceux qui, encore une fois, arrivent une fois par siècle, qu'ils laissent derrière eux une longue et forte trace : à nous de lui être fidèles et d’empêcher qu'elle ne s'efface.

Bernard-Henri LEVY
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A l'origine des terroristes, ils ne sont qu'une poignée de leaders, mais leur discours a fait écho dans les têtes vides de milliers de jeunes en quête d'identité, ceux qui n'avaient rien, qui n'étaient rien, et qui, soudain ont une place toute trouvée, une destinée hors normes et les promesses d'une prétendue éternité extatique.
Ces leaders ont su adapter leurs discours et recruter dans le hiatus de la civilisation.
Pour nous, ces gamins devenus djihadistes sont des fous, des ignobles salopards, des monstres.
Mais il faut se méprendre : dans leur tête, ces apprentis martyrs ne sont pas les "méchants" de l'histoire. Nous, et notre système sommes à combattre. Ils sont les héros, les rebelles, une poignée contre une machine implacable qui ne leur a fait aucune place. Dans leur tête, ils s'embarquent dans une lutte contre l'ignorance, la nôtre, contre l'intransigeance, et pour détruire un système qui oppresse. Ils se voient comme les hérauts d'une fois libératrice, et, dans leur bouche, "terroriste" est devenu en réalité "sauveur".
Personne ne naît et ne grandit en voulant être le méchant de l'histoire.
Une poignée de leaders charismatiques et malins a su endoctriner avec leur savantes manipulations. Ils ont réussi à retourner la situation, à inverser les rôles dans la tête de ces gamins.
C'est cela qu'il faut combattre en premier lieu. L'affrontement sémantique doit mobiliser au moins autant de forces et de moyen que celui sur le terrain, car non, notre monde n'est pas barbare, non, il n'est pas impitoyable et mécréant, non, nos valeurs ne sont pas celles d'un empire inique, mais en laissant vide la tête de ces gamins, d'autres ont su y déverser ce qu'il fallait pour les faire tourner dans le mauvais sens.
Le premier champs de bataille doit être au pied de nos portes, dans nos rues, dans nos écoles, dans nos médias. Expliquer ce qu'est la République, la démocratie, mais surtout, lui redonner du sens. Que cette République se fasse une place là où elle n'est plus. La plupart des réseaux radicaux passent par nos cités, là où l'Etat et ses valeurs ne signifient plus rien. Là où des gosses grandissent avec peu d'espoir, sans cadre. Lorsque des intégristes ferrent ces gamins avec leurs idées précises, leur offrant un cadre qui leur manquait, des espoirs - mieux : des certitudes à ne pas remettre en cause -, et au final en leur proposant de donner un sens à ce qui n'en avait plus, à leur vie, alors il n'est pas difficile d'enrôler les fragiles, les égarés... Ces manipulateurs n'ont qu'à ramasser ceux que notre système a laissés pour compte.
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Pour refuser la peur, il faut encourager l'espoir. Saluez chaleureusement vos voisins, surtout s'ils ne partagent pas vos croyances.
Pour ne pas se laisser ronger par la rancœur, il faut sacraliser l'humour. N'hésitez pas à dessiner des bites en toutes circonstances.
Pour terrasser l'apathie, il faut entretenir la joie. Regardez le ciel, le printemps est déjà là.

JULIEN BLANC-GRAS
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Staline disait qu'un pays heureux n'a pas besoin d'humour. Sous Hitler, à partir de 1935, une blague envoyait son auteur trois mois à Dachau. Le comique risquait la déportation en camp de concentration : la peine de mort.
Rire et résistance. Les dictateurs et les dogmatiques n'ont jamais toléré le sourire du sceptique et la dérision du farceur.

OLIVIER GUEZ
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Comprendre la nuance entre le racisme et l'islamophobie permet de les combattre plus efficacement. Souligner le lien entre la liberté de pensée et la liberté de culte permet de s'affirmer en tant que démocratie laïque, ouverte et nuancée. A l'image des citoyens défilant le 11 janvier 2015, capables de se retrouver dans leurs différences.
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