Récits d'Odessa et autres récits

Odessa, pour moi, c'était une lointaine contrée que je situais là-bas, à l'Est, c'était aussi une organisation clandestine de criminels de guerre nazis fugitifs dans le roman de Frederick Forsyth...
C'était tout cela avant d'être la ville d'Ukraine racontée avec verve par Isaac Babel, dans une langue savoureuse.
Oui, je le confesse : je ne connaissais pas cet écrivain juif de nationalité russe avant d'aborder ces récits. Merci à Michèle, une amie de Babelio qui se reconnaitra, de m'avoir fait découvrir tout un monde !


Eh bien eh bien eh bien, je peux vous certifier que cela a été un parcours de découvertes détonantes.


Je suis entrée dans le livre avec curiosité car pour moi, l'âme russe et juive de surcroit, c'est une totale inconnue, et à vrai dire, c'est l'étonnement total qui m'a sauté au visage, à la lecture de phrases délirantes et extravagantes au possible.
Des images moelleuses et piquantes, des caractères explosifs, un monde coloré, tout cela m'a arrachée à moi-même, tout cela pour raconter l'histoire ou plutôt les anecdotes croustillantes sur la vie de Benia Krik, le voyou surnommé le Roi, capable de tout, sans peur et sans loi. D'autres récits aussi, plus « intimistes » (mais peut-on parler d'intimité ici ?) terminent le recueil.


Un petit aperçu pour vous mettre en appétit ? Nous voici au soir de noces bien arrosées, et les tourtereaux se retrouvent seuls : « Les invités étaient partis et les musiciens somnolaient, la tête appuyée sur les manches de leur contrebasse. Seul Dvoïra n'avait pas l'intention de dormir. Des deux bras, elle poussait son mari, tout intimidé, vers la porte de la chambre nuptiale et lui jetait des regards carnassiers, comme un chat qui tient une souris dans sa gueule et la goûte du bout des dents ».


« Ne dis pas « non », homme russe, quand le vacarme de la vie te dit « oui » ». Je peux vous dire que ce « oui », il est tonitruant.

Odessa, port ukrainien sur la mer noire, fait hélas parler d'elle dans l'actualité. Relire les récits d'Odessa permet de poser un autre regard sur cette cité où la vie n'a pas toujours été simple, bien avant qu'elle ne devienne la victime de la Russie.
Isaac Babel est né à Odessa, dans la communauté juive de la ville. Ecrivain de langue russe, jusqu'à son assassinat par les soviets en 1940, il est un exemple incarné des liens qui unissaient la Russie à l'Ukraine.
Les récits d'Odessa sont composés d'une quinzaine de nouvelles assez courtes, qui nous plonge dans le quotidien russo-ukrainien des années 1915-1920. La vie est dure, mais éclairée d'une joie sourde. Cette capacité de mêler la fête à des conditions de vie éprouvantes se retrouve d'ailleurs chez un bon nombre d'auteurs russe.
Et dans la douleur de l'histoire, le regard poétique et tendre, un peu ironique, de Isaac Babel fait du bien.

Jubilatoire! Vivant, coloré, drôle, touchant. Un coup de coeur que ce recueil de nouvelles, certaines très courtes (320 pages) que j'ai dévoré.

Les Contes d'Odessa sont un ensemble de nouvelles se déroulant  en 1913 dans les bas-fonds d'Odessa, dans la Moldavanka, le personnage central le Roi Benia Krik est un escroc, sorte de Robin des Bois qui dépouille les riches, défie les autorités pour donner aux pauvres. Astucieux, mais aussi violent, c'est une figure truculente. Rythme endiablé, décors colorés, humour juif. 



Les nouvelles suivantes sont diverses.

Les plus touchantes racontent l'enfance de Babel, enfant doué, poussé par ses parents dans la réussite scolaire mais aussi dans l'apprentissage du violon. Pour un enfant juif, réussir à intégrer le collège malgré le numérus clausus limitant les Juifs est un véritable exploit ; l'enfant ne pourra même pas jouir de sa réussite. Un pogrom va ensanglanter la ville....La plupart des nouvelles se déroulent à Odessa dans le milieu juif, mais pas toutes. Certaines traitent aussi de l'amour de la littérature. l'une d'elle rend hommage à Gorki, qui édita Babel et l'encouragea. Une autre, raconte la difficulté de traduire Maupassant, de trouver le mot juste, le style, autre écrivain qui inspira Babel.






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RÉCITS D' ODESSA d' ISAAC BABEL
On découvre avec de nombreuses anecdotes l'ascension de Benia Krik, petit voyou russe et juif dans le milieu de la pègre d' Odessa. En quelques brèves nouvelles, le héros de ce livre va endosser le surnom de « le roi », Benia disparaîtra sous ce pseudonyme dès lors qu'il aura atteint le sommet, éliminé ou soumis ses concurrents et assuré son empire. L'homme est rusé et les péripéties qui ponctuent sa vie sont pleines de truculence. Que ce soit pour déjouer les plans des policiers ou marier sa soeur( particulièrement laide), le Roi fera preuve de malice et de persuasion. Un très bon recueil écrit par Isaac Babel, né à Odessa en 1894, mort fusillé en 1940 sur les ordres de Staline.

Alors qu'Odessa se prépare anxieusement à l'imminence des bombardements russes, un grand écrivain russe soviétique, injustement et trop longtemps oublié, s'en est fait autrefois le chantre.

Isaac Babel, qui se rêvait en Maupassant, raconte dans Récits d'Odessa la vie de la communauté juive de la ville transfigurée par sa vision d'écrivain. Au lieu de Juifs brimés, son personnage principal est le roi des brigands. Ce qui donne des histoires baroques, colorées, pleines de vie, une bonne introduction au reste de son oeuvre, dont la célèbre Cavalerie rouge.

Comme Ossip Mandelstam, Isaac Babel a été assassiné sur ordre de Staline. Décidément, l'ogre du Kremlin n'aimait pas les écrivains, bien trop libres à son goût. Une bonne raison de le mettre à notre programme de lectures.

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