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Dynastie Savoisy tome 1 sur 11
EAN : 9782914645966
288 pages
Agnès Viénot Editions (09/11/2006)
3.51/5   201 notes
Résumé :
Paris, 6 janvier 1393. Messire Jehan est retrouvé la gorge tranchée dans des étuves mal famées de la rue Tirechappe. Constance n'a plus qu'une idée: venger son mari. Elle se fait embaucher comme cuisinière par Isabelle la Maquerelle, la patronne des étuves. Elle doit affronter l'irascible Guillaume-cuisinier à la cour du roi-, qui arrondit ses fins de mois au service d'Isabelle. Leurs joutes culinaires deviennent vite l'attraction majeure du quartier de la Grande Bo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
3,51

sur 201 notes
Messire Jehan est retrouvé nu et égorgé dans une rue près des boucheries de Paris. Constance, son épouse apprend la nouvelle de la bouche de son amie Valentine Visconti (qui n'est autre que l'épouse du duc d'Orléans) et découvre ainsi que son mari menait une enquête pour les services du trésor du royaume afin de débusquer et mettre fin à un trafic de fausse monnaie. Effondrée par la nouvelle, Constance décide de poursuivre à bien l'enquête et de découvrir par la même occasion le meurtrier de son époux. Seulement, le crime a eu lieu dans une étuve, une sorte de "bain public" où des demoiselles vendent également leurs charmes... le seul moyen pour elle d'intégrer ce lieu sans perdre sa vertu est donc d'y proposer ses services en tant que cuisinière (domaine dont notre Constance n'y connait rien) 😱. Heureusement, son mari lui avait offert comme cadeau de mariage un recueil écrit par ses soins regroupant l'ensemble des règles régissant la vie d'une femme et des centaines de recettes....

Isabelle, la maquerelle des étuves est étonnée par les plats proposés. Le cuisinier attitré, Guillaume de Savoisy est quant à lui offusqué qu'on puisse préférer les plats d'une paysanne à ses plats à lui, cuisinier au service de Taillevent, cuisinier-chef du roi. Cette rivalité donnera lieu à un tournoi où tous les coups seront permis.... même tomber amoureuse....😊


Ce roman est considéré comme le tome 1 des enquêtes "Le cuisinier Savoisy". Une série proposant de redécouvrir l'Histoire de grandes cours européennes au travers des aventures des différentes générations de la famille Savoisy.


Un roman historico-policier gastronomiquement savoureux. Michèle Barrière nous propose ici une découverte de l'Histoire de France via les coulisses (ici les cuisines et les lieux de perdition). le roman est un vrai régal à lire même si l'enquête en elle-même manque cruellement de suspens. L'auteur semble avoir trouvé le prétexte d'un meurtre dans une étuve pour offrir à ses lecteurs une plongée dans les bas-fonds avec un lieu très peu connu, les étuves, sorte de bain public où les hommes se rendaient pour se laver et se détendre avec des demoiselles de petite vertu. Certaines de ces étuves fréquentées par des gens de "qualité" proposaient également un service restauration digne des grands restaurants de notre temps.🙂
Souper mortel aux étuves nous propose également une redécouverte de l'Histoire de France avec la folie du roi Charles VI, la vie fastueuse et dissolue menée par le duc d'Orléans, les jalousies et autres drames comme le Bal des Ardents ou le roi a failli périr brûlé vif lors d'une soirée. La vie quotidienne des Parisiens notamment est relatée d'une manière "réaliste" avec la pauvreté, la saleté des rues où l'on ne sait pas si un mendiant est un vrai ou un faux.


Le seul élément regrettable vient, comme dit plus haut de la pauvreté scénique de l'enquête elle-même 😔. Dès le départ, le coupable est connu et l'auteur semble rapidement passer l'enquête au second plan afin de nous offrir des joutes culinaires et amoureuses entre Constance et Guillaume. La fin du récit est quelque peu tirée par les cheveux avec une fin où tous les protagonistes se retrouvent réunis dans un même lieu avant de voir arriver leur sort...


Globalement, une très belle découverte même si certains aspects pèchent par leur absence ou leur pauvreté. Le contexte historique est bien agencé, la gastronomie de l'époque est mise à l'honneur avec des plats bien gras, bien sucré et bien salé et, les analyses diététiques des plus étonnantes. le lecteur ne peut que savourer avec les yeux sans prendre de calories où risquer l'infarctus.😆


Vivement la lecture du second volet Meurtre à la pomme d'or. J'ai acheté l'intégrale de la série sous la forme de deux volumes et je suis comblée pour le moment. 😉
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Paris, janvier 1393. Mort et nu, tel est retrouvé Messire Jehan, tout près de la Grande Boucherie. Mais avant d'être déposé là parmi les ordures, le vieil homme avait passé la soirée aux étuves de la rue Tirechappe, chez Isabelle la Maquerelle, un endroit mal famé où il s'était diverti d'alcool, de bonne chair et de jolies filles.
Quand Constance, sa jeune épouse, apprend de la bouche de son amie, Valentine Visconti, belle-soeur du roi, l'assassinat de son époux, elle est effondrée. Cet homme qu'elle respectait l'avait sauvée de la misère pour lui offrir une vie digne et protégée. Mais au chagrin succède immédiatement la soif de vengeance. Constance est décidée : elle va démasquer les meurtriers de Jehan et, sa mission accomplie, entrer dans les ordres. Il se trouve que Jehan n'était pas aux étuves pour prendre du plaisir mais qu'il enquêtait sur un trafic de fausse monnaie pour le compte du Trésor. Qu'à cela ne tienne ! Constance démantèlera le réseau et fera arrêter les assassins ! Mais pour cela, il lui faut s'introduire aux étuves et il est hors de question pour elle de vendre ses charmes. Bien qu'elle n'y connaisse rien en la matière, elle passera par les cuisines. Jehan, qui voulait faire d'elle une parfaite épouse, lui a laissé un recueil de recettes. Après un peu d'exercices, Constance intègre les cuisines des étuves, au grand dam de Guillaume de Savoisy, le chef en titre qui ne tolère pas la concurrence. C'est le début d'une nouvelle vie, plus aventureuse, pour la jeune veuve qui devra affronter mille dangers.

Un petit polar historique et gastronomique qui nous promène dans le Paris moyenâgeux et nous fait même voyager vers la belle ville de Bruges. Alors bien sûr, le propos de Michèle Barrière n'est pas de nous servir un suspens haletant. le tueur est très vite identifié et l'enquête n'est pas palpitante. Non, l'intérêt n'est pas dans la dimension polar du roman, le but est plutôt gastronomique. La cuisine très épicée du Moyen-Âge est à l'honneur : mouton au miel, tourte d'espinoches, potage jaunet, pintade aux noisettes, etc. L'auteure maîtrise son sujet et sait titiller nos papilles avec des recettes (dévoilées à la fin du livre) qui semblent aussi exotiques que savoureuses. L'aspect historique est bien mené lui aussi. Nous sommes en 1393, sous le règne de Charles VI, surnommé le Bien-aimé malgré ses crises de folie qui inquiètent et déstabilisent le royaume. Et puis, Paris à cette époque vaut le détour. Michèle Barrière raconte les ruelles sombres et crasseuses, les petits voleurs, l'odeur des rôtisseries, le manque d'hygiène, la misère de certains et l'opulence d'autres. L'incursion à Bruges est très plaisante aussi. La ville marchande, véritable plaque tournante du commerce mondial, dévoile le charme de ses petites places, de ses magasins d'étoffes et de ses coutumes.
Par contre, les personnages ne sont pas assez travaillés et plutôt caricaturaux avec les méchants d'un côté, les gentils de l'autre, une héroïne qui passe très vite du statut de potiche décorative à celui d'aventurière intrépide et l'inévitable histoire d'amour qui flirte avec l'eau de rose.
En bref, un roman sans autre prétention que de divertir et d'instruire, une bonne combinaison.
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Savoureux... C'est l'adjectif qui me vient pour résumer ce petit polar médiéval. Je l'avais repéré depuis quelque temps et c'est ma rencontre avec Michèle Barrière au Salon du livre de Paris qui m'a décidée à le lire. Comme on dit, c'est l'occasion qui fait le larron... ou plutôt le lardon ! Car ce "Souper mortel aux étuves" est plus gourmet que policier.

A paris, en janvier 1393, maître Jehan, qui enquête pour le compte du Trésor royal, est retrouvé assassiné. Sa jeune épouse Constance, anéantie par cette nouvelle, décide de retrouver elle-même la piste des assassins. Pour cela, elle se fait embaucher comme seconde cuisinière dans un des derniers lieux fréquentés par Jehan avant sa mort : une étuve de sombre réputation...

L'intrigue concoctée par Michèle Barrière, historienne de l'alimentation, est un prétexte pour plonger dans l'univers culinaire du XIVe siècle. À son image, le style est direct et sans chichi. Comme les plats d'alors, le propos est épicé, relevant des personnages assez sommaires. Les efforts de Constance pour surpasser les mets préparés par l'arrogant Guillaume Savoisy, le cuisinier de l'étuve, aussi queux chez Taillevent, m'ont mis l'eau à la bouche. Aussi ai-je été ravie de découvrir le bonus de fin d'ouvrage : un petit cahier de cuisine médiévale avec toutes les recettes citées dans l'histoire, comme le potage jaunet, l'agneau rôti au sel menu, la potée blanche, le flan viennois, ou l'hypocras...

Les amateurs de polar "pur jus" seront certainement déçus, car l'intrigue est assez peu crédible. Mais pour celles et ceux qui s'intéressent à la vie quotidienne et à la gastronomie au Moyen Âge, ce livre en est un délicieux condensé, enjoué et vite lu. C'est aussi le premier opus d'une saga historico-culinaire (la dynastie Savoisy) qui s'étend sur plusieurs siècles et dont le tome 7 paraîtra en juin.
Bon appétit !
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En l'an 1393, lorsque Constance apprend que son mari, Messire Jehan a été égorgé aux étuves de la rue Tirechappe à Paris et que l'enquête sera étouffée, elle décide de découvrir l'assassin et de se faire engager dans ce lieu de débauche, mais comme cuisinière.

Un polar médiéval, teinté de comédie, agrémenté de recettes aux épices et aromates de l'époque.
Les recettes principales et toujours réalisables sont reprises en fin de livre.

De Paris à Bruges, on visite les cuisines et les bonnes tables, faisant bombance de termes culinaires d'autrefois qui mettent l'eau à la bouche, tels que darioles, talemouses, dodine, malard, hardouil, houssebarré, pipefarces, gravé d'alose.
Il y a beaucoup de cannelle, de gingembre, de safran, d'amandes et lait d'amande dans les recettes de cette époque, ce que j'ignorais.

On prend aussi le pouls de la vie à l'époque, le plus étant qu'il ne s'agit pas cette fois de guerres, de cour royale que l'on ne fréquente que de loin. Ce sont les marchés de Paris et de Bruges, les entrepôts de marchandises, les cuisines et…les étuves que l'on visite.
Ma foi, ce ne fut pas désagréable, pas inoubliable non plus.

Ne lisez pas ce livre pour l'intrigue, qui n'est qu'un prétexte
pour nous plonger dans une atmosphère ancienne et goûteuse !

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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on voyage au Moyen Age, avec un roman policier, culinaire et historique de Michèle Barrière, attention, tenez-vous bien pour le titre *pause dramatique* Souper mortel aux étuves.

-Ah oui, en effet, ça, c'est du titre. Et pourquoi pas Dîner fatal au sauna ou Petit déjeuner létal au spa ?

-Ce serait fort amusant aussi.

Or donc, Constance, jeune épouse aimante et vertueuse, découvre que son époux a été assassiné. Elle n'a désormais plus qu'une volonté : le venger avant de rentrer dans les ordres. Elle se fait donc passer pour une cuisinière afin d'infiltrer en tout bien tout honneur l'étuve où il enquêtait…

-Pourquoi tu précises « en tout bien tout honneur » ?

-Parce que les étuves médiévales étaient des lieux de prostitution.

-Aaaah.

-J'ai été… fort surprise par ce roman.

-C'est un roman historique, donc, le style va être un peu pédagogique, voire pesant, non ?

-Oui… et non. Point de lourdeurs, au contraire : le texte prend résolument un ton léger, détendu, sans se prendre au sérieux. Il décrit, certes, il instruit, bien sûr, mais l'angle de la vie quotidienne rend le résultat digeste et facilite l'immersion.

-L'angle de la vie quotidienne… que veux-tu dire exactement ?

-Et bien, par exemple, tu ne lis pas « le quartier des bouchers de trouvait telle rue… » mais « Constance se rendit telle rue pour acheter la viande… », « Les bouchers font comme ci ou comme ça… », et caetera. En dernier lieu, j'ai adoré toutes les parties, et elles sont nombreuses, consacrées à la nourriture.

Bonus d'entre les bonus : les recettes figurent à la fin du roman !

-De la culture, du dépaysement, de la nourriture en abondance : il m'a l'air formidable, ce bouquin !

-Beeen… en fait… non.

-Comment ça, non ? Tu viens d'énumérer plein de choses chouettes !

-Hélas, elles sont contrebalancées par des choses moins plaisantes à mon goût. Je disais plus haut que le roman m'avait surprise. Parmi ces surprises, celle-ci : je ne m'attendais pas à l'utilisation de clichés.

-Des clichés ? Quel genre ?

-Du genre « je me révèle exceptionnellement douée dans une discipline complexe que je n'ai jamais pratiquée ». On y a droit depuis Dirty Dancing, et sans doute avant, mais c'est l'exemple le plus ancien qui me vienne à l'esprit. Un exemple plus récent : Mémoires d'une geisha, d'Arthur Golden. Certes, cela offre des histoires qui font rêver (ah, danser dans les bras de Patrick Swayze et n'être que beauté en kimono… mais pas en même temps, ce ne serait pas pratique). Cependant, à force de les voir, je perds en fascination.

-T'exagères, Déidamie. Tu disais que c'est un roman léger et sans prise de tête !

-Oui, et bien, peut-être un peu trop. L'histoire d'amour m'a laissée indifférente, aussi. Non. Ce n'est pas vrai. Elle m'a mise en colère, à vrai dire. D'une part, je ne lui trouvais pas d'intérêt, d'autre part, son point de départ use d'un cliché vraiment malsain. Aussi, vais-je me permettre un message.

Messieurs et Mesdames aussi, si une femme vous manifeste du désintérêt, voire de la répulsion, n'essayez pas de la peloter contre son gré. Non, cela n'enflammera pas ses sens pour la rendre magiquement folle de vous. C'est une technique de porno pour obtenir des relations sexuelles, ça, pas de séduction. Dans la réalité, cela ne marche pas, je suis formelle.

-Oui, mais Déidamie, c'est le Moyen Age, si l'homme ne domine pas, la femme ne peut pas se rendre compte qu'il la drague ! C'est pas vraiment une agression, et puis, il faut lire avec les codes de l'époque…

-Donc pour courtiser et aimer une femme au Moyen Age, il faut l'agresser, c'est nécessaire ? Comment expliques-tu que l'un des héros des Piliers de la terre ait toujours respecté son épouse aimée ?

Quoi qu'il en soit, je n'aime pas lire ce genre de… cliché, justement, parce que j'ai l'impression qu'on me prend pour une imbécile, comme avec Mille femmes blanches. Je ne me sens ni instruite, ni divertie, je ne rêve plus, je cauchemarde, bref, la magie n'opère plus. Et j'ai fini par me désintéresser complètement de l'intrigue.

Il reste malgré tout une intéressante reconstitution de Paris et de ses moeurs culinaires et sociales, de jolies pistes menant vers davantage de savoir, et de quoi jouer chez soi après la lecture pour recevoir dignement ses amis. »
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait appris à faire la différence entre la Grande Boucherie où on débitait bœufs, moutons et porcs et la Petite Boucherie où étaient vendues les viandes viles comme celle de la chèvre ou du bélier.
Un jour, elle avait cru faire une bonne affaire en achetant un morceau de porc salé à un prix défiant toute concurrence. Une bourgeoise qui l’avait vue faire s’approcha d’elle et lui dit :
— Vous savez que la viande que vous venez d’acheter est celle d’un porc lépreux ? Vous n’avez pas remarqué le fanion blanc accroché au poteau près de l’étal ?
Constance rapporta immédiatement sa tranche de porc salé au marchand qui la remboursa en lui disant :
— Il y en aura qui s’en contenteront.
Elle regretta de ne plus avoir Agnès auprès d’elle pour la mettre en garde. Un matin très tôt, elle décida de suivre la tournée d’inspection des maîtres jurés de la boucherie, chargés de détecter les fraudes et les malversations des commerçants. Ils commencèrent par inspecter les moutons pour voir s’ils n’avaient pas la picote.

Ils passèrent ensuite aux cochons qui allaient être abattus. Le langayeur qui les accompagnait ouvrait la gueule de chaque animal et passait les doigts sous sa langue pour détecter d’éventuelles petites pustules qui signifiaient que le cochon était lépreux2. Ce matin-là, il n’y en avait qu’un. Il fut aussitôt décidé que n’étant lépreux qu’au premier degré, sa chair pourrait être consommée à condition d’être mise au sel pendant quarante jours. Constance savait maintenant que cette chair se retrouverait sur un étal signalé par un fanion blanc ! S’il avait été plus gravement atteint, l’animal aurait été abattu et donné pour servir de nourriture aux pauvres de l’Hôtel-Dieu.
Constance comprenait maintenant pourquoi l’abattage se faisait en pleine ville. Avec des bêtes arrivant sur leurs pieds, on pouvait s’assurer qu’elles étaient saines. Les bouchers ne pouvaient se livrer à des manœuvres malhonnêtes comme d’apporter des animaux abattus alors qu’ils étaient malades. Tant pis pour les récriminations des riverains qui se plaignaient des embouteillages dus aux bestiaux qui encombraient les rues soir et matin. Sans compter la puanteur qui régnait dans le quartier, les horribles bruits qu’émettaient les animaux sentant la mort et le sang ruisselant dans les rues.
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Le médecin leva les yeux au ciel et dit d’un ton exaspéré :
— La chair de cerf engendre sang grossier et mélancolique. C’est criminel d’avoir préparé un tel mets.
— Mais ce n’est pas pire que la viande de bœuf, déclara Constance, voulant venir en aide au vieux cuisinier qui avait pris un air tout penaud.
Le médecin avait enlevé son bonnet et faisait mine de s’arracher les quelques cheveux qui lui restaient sur le crâne.
— Ne parlez pas de malheur ! Il n’y a pas plus froid et sec que le bœuf. C’est une matière lourde, dense, très difficile à digérer. On peut éventuellement en faire du bouillon et laisser la viande aux domestiques.
— Vous êtes sûr ? demanda Constance, j’en prépare beaucoup et mes convives ne s’en plaignent pas.
Le médecin la toisa et dit d’une voix doucereuse :
— Peut-être ne sont-ils pas des gens d’études ou de naissance aristocratique.
— C’est exact, répondit Constance, songeant à Marion la Dentue et au petit Mathias.
— L’homme qui pense, et le roi est de ceux-là, est l’être qui digère le plus mal, continua le médecin avec componction. Le cerveau pompe toute la chaleur vitale, il faut donc diminuer le travail de la digestion. L’homme de rang élevé doit se nourrir de pain de froment, de vin blanc, de blancs de poulet et de volailles.
— Ce qui signifie que les autres peuvent se nourrir comme ils l’entendent ? demanda Constance.
— Certainement pas ! Disons que les rustiques, les gens lourds, ceux qui effectuent des travaux pénibles peuvent tout avaler sans que cela nuise à leur santé. Leur estomac brûle mieux les aliments. Les grosses viandes leur sont familières. Ils peuvent avaler abats, tripailles, tendons, os et nerfs et boire du vin rouge. Quant aux pauvres, on peut leur donner sans souci du vin aigre, des fruits pourris et de vieux fromages. Mais nous nous éloignons de notre sujet.
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– Comment font les marchands pour vivre à Bruges ? Tous n'ont pas comme vous une maison.
– Cela fait la fortune et le bonheur des hosteliers. Ils offrent un toit et aussi un entrepôt pour les marchandises. Mais ils font aussi circuler l'information, se tiennent au courant des techniques commerciales, servent d'intermédiaires. C'est ainsi que des familles comme les Metten Eye, van de Walle et surtout les van der Beurse ont pris une place de premier plan comme courtiers. À tel point que l'auberge "Ter Beurse" de la Vlamingstraat où vous avez rencontré di Cambio est en train de donner son nom à la place. Les Français prononcent « bourse ».
– Mais que font tous ces hommes à discuter ainsi ? s'enquit Guillaume.
– Les marchands y échangent des informations financières, notent les cours des monnaies et escomptent les lettres de change. Ces réunions ont lieu tous les jours et c'est une cloche qui annonce le début et la fin d'une transaction. Si vous voulez mon avis, cette manière de faire est appelée à un grand avenir.
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Non, je suis fils de rien, mais j'aime ce que je fais. Mon père était boulanger au service du grand Taillevent qui m'honore de sa confiance. J'ai commencé comme lui, enfant de cuisine qu'on bat pour la moindre erreur, à qui on fait porter des seaux plus grands que lui. J'ai gravi tous les grades. J'ai été souffleur, bûcher, garde-manger, broyeur au mortier, hasteur chargé des rôts, potagier. Aujourd'hui, je suis queux, un jour je serai maître-queux et pourquoi pas comme Taillevent écuyer de cuisine. J'ai envie que mon nom reste attaché à quelques plats et passe à la postérité.
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Le médecin.... prit une grande inspiration et déclara:
- Vous savez que chaque être, qu'il soit homme, animal ou plante, a une nature particulière qui correspond à chacun des éléments. ... Les aliments aident à maintenir l'équilibre, à faire en sorte qu'un élément ne prennent pas le dessus.
....Il n'y a pas plus froid et sec que le bœuf . C'est une matière lourde, dense, très difficile à digérer. On peut éventuellement en faire du bouillon et laisser la viande aux domestiques.
-Vous êtes sûr? demanda Constance, j'en prépare beaucoup et mes convives ne s'en plaignent pas.
Le médecin la toisa et dit d'une voix doucereuse:
- Peut être ne sont ils pas des gens d'études ou de naissance aristocratique.
- C'est exact, répondit Constance, songeant à Marion la dentue et au petit Mathias.
- L'homme qui pense, et le roi est de ceux là, est l'être qui digère le plus mal, continua le médecin avec componction. Le cerveau pompe toute la chaleur vitale, il faut donc diminuer le travail de la digestion. L'homme de rang élevé doit se nourrir de pain de froment, de vin blanc, de blanc de poulet et des volailles.
- Ce qui signifie que les autres peuvent se nourrir comme ils l'entendent? demanda Constance.
- Certainement pas! Disons que les rustiques, les gens lourds, ceux qui effectuent des travaux pénibles peuvent tout avaler sans que cela nuise à leur santé. Leur estomac brûle mieux les aliments. Les grosses viandes leur sont familières. Ils peuvent avaler abats, tripailles, tendons, os et nerfs et boire du vin rouge. Quant aux pauvres, on peut leur donner sans souci du vin aigre, des fruits pourris et de vieux fromages....
Il faut savoir que la terre est l'élément le plus vil et que tout ce qui pousse est à rejeter pour les personnes de haut rang. Il est clair qu'oignons, ail, échalotes, navets et poireaux ne peuvent être mangé que par ceux de petite condition. Puis vient l'eau dont il faut aussi se méfier. Les baleines qui nagent à la surface de l'eau sont meilleures que les crabes qui rampent dans les profondeurs sous marines. L'air, par contre, est doté de toutes les vertus. Tout ce qui y vit est réservé aux nobles et aux oisifs. Mais n'oubliez pas que l'aigle est préférable au canard parce que l'un vole au plus haut du ciel et que l'autre patauge dans des mares.
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Vidéo de Michèle Barrière
Voici le deuxième numéro de notre émission La Petite Librairie #LPL, émission produite par la librairie La Griffe Noire et Les déblogueurs... L'occasion pour le libraire Gérard Collard de vous faire découvrir ses coups de c?ur du moment mais également ses coups de gueule...
N'hésitez pas à nous laisser vos commentaires...
Prochain rendez-vous le mardi 08 novembre 2016 !!!
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