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EAN : 9782020550758
172 pages
Seuil (05/09/2002)
2.83/5   6 notes
Résumé :
« Ils s'appellent Max, Gerbert, Fleur, Melissa Scholtès.
Ils ont peur. Que l'avion s'écrase, que le train déraille, que leur conjoint se noie ou cesse de les aimer, qu'un enfant ait un accident.

Pour se rassurer, ils pensent très fort à un mot, une phrase ou une image, comme on serre dans sa poche une patte de lapin. Petites guerres intérieures. Chaos intimes. Paysages mentaux.

Deux corbeaux y promènent avec insistance... >Voir plus
Que lire après Pour qui vous prenez-vous ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'influence anglo-saxone est grande dans le recueil de nouvelles de Geneviève Brisac ! Tour à tour les ombres de W. Auden, Virginia Woolf, Isabelle Archer et Henry James survolent ces pages au léger goût de soufre. Geneviève Brisac écrit le désespoir, la douleur et la presque-folie. Ses personnages valsent de nouvelles en nouvelles, d'une page à l'autre on les retrouve transportés dans d'autres histoires et états d'âme. Car Geneviève Brisac nous parle de ces choses simples et tranchantes: la peur de voyager, la peur de mourir, la peur de ne plus aimer ou être aimé. En onze nouvelles, elle plante son lecteur dans ce décorum qui laisse parfois perplexe, enchanté ou cynique. L'auteur a une plume vive et incisive, elle nous transperce ainsi que ses personnages de papier. La narratrice est soit fâchée de ne pouvoir ouvrir une fenêtre dans un taxi pour cause d'air conditionné, s'offre des vacances et rencontre une gardienne qui jure de venger sa soeur battue par son compagnon, ou tremble de perdre l'homme qu'elle aime et qui se noit sous ses yeux, s'envole en Louisiane pour des vacances d'envers du décor ou à Cancun en compagnie d'un cercle de poètes qui sentent la bière et l'huile solaire... le monde de Geneviève Brisac n'est pas édulcoré, tout est souvent sinistre et railleur. Ils s'appellent Max, Gerbert, Melissa Scholtès, Mélinée ou Madame Archer. Ce sont des êtres qui souffrent (en silence), qui frisent la folie ou le désespoir. Ils témoignent d'une société qui vote l'inconscience, téléphone par mobile, part skier près d'un pays en guerre ou part un week-end à la campagne. Au fil des pages, la narratrice, aidée par l'auteur très en verve, regarde le monde et nous ouvre les yeux. Avec elle, on sent la honte de la puérilité, le trouble de la mort et on regarde ces oiseaux noirs de malheurs : les corbeaux. ("C'est l'un des animaux les plus proches de l'être humain. ça les rend intelligents, névrosés, cruels, intéressants, tendres aussi.") le livre de Geneviève Brisac est tout ça aussi : tendre, violent, intelligent et attachant. La lecture n'en laisse pas moins perplexe mais "Pour qui vous prenez-vous?" recèle un charme indicible, un peu poète et beaucoup désespéré. "Dans l'eau, je me suis mise à pleurer sans crier gare. Des litres de larmes dans des litres d'eau. Les larmes faisaient des trous dans la mousse, comme des puits creusés par des puces de sable, par des lombics. Des tunnels de larmes pour aller nulle part.

http://www;blogclarabel76.
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Le personnage principal, une parisienne mère de famille, agit tout à fait normalement... tant qu'elle est proche d'une pharmacie et ne sort pas de Paris ! Je caricature un peu ? Pas tant que ça, son pharmacien vous le confirmera, elle fait vivre sa boutique. Elle a un grand besoin d'être rassurée, car elle s'inquiète trèèèsss vite.

J'ai ri franchement tant, une fois la bride lâchée de l'une de ses peurs -elle en a un certain nombre à son actif- son cerveau est capable de se lancer dans des monologues caustiques sur elle-même et aussi sur notre société. Des thèmes sont bien croqués : le parisien et la province, la guerre "télévisée", la relation au sein d'un couple ou encore celle de la fille avec sa mère.

Parfois, j'ai repensé au personnage de Karoo, Saul, en tournant certaines pages. Elle possède également ce recul sur ses angoisses sans pouvoir les contenir, et elle sait aussi nous les restituer avec saveur et drôlerie.

La plume de l'auteur est juste et fine. L'émotion se découvre au détour de petites phrases qui en disent parfois bien plus long.

Merci pour cette jolie lecture
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Pendant la nuit, j'entends surtout crier des chiens, ils me font peur. Je suis sûre qu'il se passe quelque chose. Le beau-frère de madame Archer est sans doute arrivé par surprise, peut-être dans un canot, il a grimpé pendant la nuit un chemin de douanier, escaladé la falaise, il a attaqué la maison de la lande et assassiné les deux pauvres femmes.
Je descends barricadé notre porte, mettre une chaise en travers, placer les barres de protection aux fenêtres. La lâcheté n'a aucun secret pour moi. Max se moque. Cela me rassure un peu. Je lui dis que nous serons sûrement inculpés pour non-assistance à personne en danger. Il me dit que si je sors en pyjama pour défendre madame Archer avec une fourchette et une pelle de plage, je serai plus sûrement encore internée, et que cela gâchera ses vacances.
- Dors ma chérie, dit-il.
Et je m'endors, dans la clameur des chiens, du vent, des corbeaux et des vagues.

p 65
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- Tu as raison comme toujours, dis-je à Francis. Mais quand même, dis-moi que tu m'aimes, et que Maïakovski reste notre poète chéri.
- Maïakovski aimait deux soeurs, dit-il. Moi, y a que ta soeur que j'aime. Je n'arrivais pas à trouver l'occasion de t'en parler.
Francis se lève et il s'en va. Je regarde à côté de moi la fille abandonnée qui pleure toujours. Comme elle est laide.
Je psalmodie :
"Tout s'effondre,
On ne peut bondir hors de son coeur."
Et je cherche dans ma poche mon petit savon porte-bonheur qui ne me sert à rien.
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>. D’ailleurs on peut essayer de se prémunir contre le mauvais sort, mettre un petit savon dans sa poche, serrer une patte de lapin, la pensée magique ne marche pas, il n’y a pas d’échappatoire…
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J'ai l'impression d'attendre quelqu'un. C'est arrivé si souvent. Attendre quelqu'un qui surgit sous les arbres est une des choses les plus douces au monde. Attendre quelqu'un, sous la feuillée, sans savoir qui, et sans rien espérer.

p25
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Vidéo de Geneviève Brisac
Les nouvelles. Lecture de « Une société », par Anne Alvaro, Geneviève Brisac, Agnès Desarthe.
« … non seulement les femmes se prêtent moins aisément à l'analyse que les hommes, mais ce qui fait leur vie échappe aux méthodes habituelles par lesquelles nous examinons et sondons l'existence. »
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