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EAN : 978B0C9JHL58G
385 pages
Grasset (16/08/2023)
  Existe en édition audio
4.44/5   2761 notes
Résumé :
« Je n’ai pas le droit aux sentiments. Les sentiments c’est un océan, tu t’y noies. Pour survivre ici, il faut être en granit. Pas une plainte, pas une larme, pas un cri et aucun regret. Même lorsque tu as peur, même lorsque tu as faim, même lorsque tu as froid, même au seuil de la nuit cellulaire, lorsque l’obscurité dessine le souvenir de ta mère dans un recoin. Rester droit, sec, nuque raide. N’avoir que des poings au bout de tes bras. Tant pis pour les coups, le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (473) Voir plus Ajouter une critique
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sur 2761 notes
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Un roman d'une noirceur extrême, A travers ce récit il y a l'enragé Jules Bonneau , alias la teigne, et moi avec ma rage. L'auteur plante le décor avec ce personnage, à l'aube de ses 6 ans sa mère l'abandonne, son père absent, des grands parents à l'âme peut charitable, ne veulent pas le prendre en charge,Une nouvelle épreuve pour lui, à 13 ans , il se retrouve enfermé, prisonnier dans ce bagne pour jeunes enfants et adolescents. Un centre où sa vie va prendre un nouveau tournant,celui du cauchemar à l'état pur, Un endroit , où il difficile, voir impossible de si échapper, Nous sommes à Belle île en Mer , un nom qui peut faire rêver, mais nous sommes loin d'imaginer ce qu'il se passe , a travers ces murs,. Un monde où des enfants et des adolescents, vivent impensable, l'insoutenable, l'inimaginable. Ils subissent des sévices extrêmes, ils sont violés, frappés,rabaissés au quotidien, il faut faire sa place, prouver sa supériorité, pour éviter les pires ignominie.
En 1934, 55 enfants décident de s'échapper, tenter l'impossible pour s'éloigner ,se libérer de cet enfer, une lueur d'espoir qui s'éteint et l'obscurité reprend son pouvoir, retour dans cet univers ignoble, Jules, arrivera à rester introuvable, Un marin , le prend en estime, en charge, un nouveau monde s'ouvre pour Jules,Il vit avec ses démons, il est toujours sur le qui vif, lui qui n'a connu que la violence, il a beaucoup de mal à donner et avoir confiance des autres,
L'auteur signe un nouveau puissant, terrifiant. Il a du faire de nombreuses recherches, pour retranscrire un sujet aussi documenté, La plume est percutante, cru, sans pudeur, qui peuvent déranger les lecteurs face à ce faits réels, Pour ma part, il y a eu séquences qui m'ont mises mal à l'aise et l'auteur ne ménage aucunement ses lecteurs,
Une partie de l'histoire peut connue, où des enfants non pas connus l'amour , la tendresse, d'une famille, des enfants qui n'ont connus que la violence, Je vous laisse découvrir cette histoire , il est impossible de ressortir indemne d'un tel récit.
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Le 27 août 1934, 56 enfants s'évadent de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer. Coincés sur l'île, pourchassés comme des nuisibles par les matons du centre, les gendarmes, les habitants et même quelques touristes alléchés par la prime de 20 francs offerte par gamin capturé, ils seront tous rattrapés, sauf un…

C'est à ce garçon que l'on dit noyé, que Sorj ChalandonMon traître », « le jour d'avant ») décide de donner vie. S'inspirant de ce sombre fait divers, l'auteur imagine la destinée de ce jeune bagnard, abandonné par ses parents, enfermé dès l'âge de douze ans, qui avance les poings serrés et le regard féroce, prêt à en découdre avec quiconque se mettra sur cette route qui le mène enfin vers la liberté. Jules Bonnot, dit La Teigne, est un naufragé de la vie, une victime de violences, d'humiliations et de privations, un enragé incapable de contenir la colère qu'il a emmagasiné au fil d'une enfance malheureuse…

L' « Enfant de salaud » utilise son personnage comme exutoire d'une haine qui l'a également accompagné tout au long de sa propre adolescence. Il entre dans la peau de son personnage pour déterrer ses propres sentiments, ceux que l'on a déjà entrevus lors de ses précédents romans autobiographiques. C'est lui qui desserre les poings au fil des pages, afin de pouvoir accepter la main tendue par ces quelques adultes prêts à l'aider…

À travers ce cri de rage, l'auteur dénonce également la violence exercée sur les enfants enfermés dans ces centres d'éducation où régnait la loi du plus fort. Des bagnes pour mineurs où les gamins étaient non seulement exploités économiquement, mais également impunément battus et humiliés par les surveillants.

Ancrant son récit dans l'Histoire, marquée par la guerre civile espagnole, la montée du fascisme et communisme, l'auteur donne également naissance à des personnages secondaires forts et terriblement attachants, tout en rendant hommage aux courageux pêcheurs bretons. Il invite même à croiser le chemin d'un certain Jacques Prévert, qui immortalisa cette évasion, suivie d'une horrible battue, dans son poème intitulé « Chasse à l'enfant » :

« Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements ?

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant… »

Coup de coeur !
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°°° Rentrée littéraire 2023 # 47 °°°

Colonie pénitentiaire de Belle-Ile-en-Mer. le 27 août 1934, 56 enfants s'évadent après une révolte dans le réfectoire. La chasse aux fugitifs est lancée, 20 francs pour chaque enfant ramené, les uns après les autres. Sauf un, jamais retrouvé. C'est de ce fait divers que s'est emparé un Sorj Chalandon plus empathique et investi que jamais, imaginant le destin du rescapé sous les traits du jeune Jules Bonneau.

C'est un livre que j'ai refermé les yeux embués, émue, chamboulée par le destin de ce Jules.

Parce que ce roman est un cri juste en faveur de l'enfance meurtrie.
Parce que Sorj Chalandon est un pur conteur qui sait embarquer le lecteur, un conteur sincère dont on sent battre le pouls, dont on sent vibrer les indignations. La rage de ces enfants martyrs de Belle-Ile-en-Mer, c'est la sienne. Les coups qu'ils reçoivent, on sent que cela a été la sienne, que c'est encore la sienne. On sent qu'il est un des leurs.
Parce que l'irruption de Monsieur Prévert - avec son poème La Chasse aux enfants - dans le réel du récit, c'était juste une idée sublime.

Là, comme ça, direct après lecture, j'aurais mis cinq étoiles. Mais, après plusieurs semaines à laisser reposer, les coutures romanesques ainsi que les facilités du récit me sont apparues assez grossières ou du moins trop outrées à la limite du racoleur, quelles que soient les bonnes intentions de l'auteur.

La première partie présente très précisément la vie des enfants colons. Qui ils sont. Pourquoi ils sont là. Ce qu'on leur reproche. La maltraitance au quotidien. Comment ils ont fini par se révolter. C'est marquant, fort, mais sans doute trop long avec un petit côté catalogue de sévices et douleurs : je ne pense pas qu'il y avait besoin d'autant s'étendre pour qu'on soit acquis à Jules et ses camarades et lié à leur quête de liberté. La partie « évasion », à mon sens la plus réussie, est plus courte, rythmée, saisissante, haletante.

C'est la partie « planque » qui m'a au final le moins convaincue. Les personnages secondaires sont vraiment très caricaturaux ( le communiste, le basque, le bourru pêcheur, le fasciste, l'infirmière ). Surtout Sorj Chalandon a mis trop de thèmes politico-sociétaux liés au contexte des années 1930, ce qui brouille le vrai sujet - en tout cas pour moi - et ses enjeux, celui que j'aurais aimé voir approfondi : l'évolution psychologique des rapports entre Jules et ceux qui l'aident, ou comment Jules ( «Chacal pelé, sans père, sans mère, sans rien de ce qui fait votre humanité. J'essaie d'adoucir ma gueule de bagnard, je ponce les aspérités, je lime mes dents de hyène, mais le charognard trépigne en moi » ) peut apprendre à accepter de recevoir la beauté, la générosité et la bonté, comment se relever d'une enfance meurtrie sans sombrer dans la violence.

Sur ce même thème, j'ai nettement préféré le traitement de Colson Whitehead, dans son époustouflant Nickel Boys, plus subtil mais tout aussi impactant que l'enragé de Chalandon. Par contre, l'ultime lettre, à la fois inattendue et logique, absolument bouleversante, conclut merveilleusement le roman, donnant un sens à tout ce qui a précédé, même ce que j'ai moins aimé. Cette lettre, c'était vraiment la meilleure façon de conclure ce roman écrit avec les tripes et le coeur.
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Lui que la violence et la folie paternelles ont marqué à jamais, lui inoculant une « rage » restée inextinguible bien après sa fuite loin du monstre, à dix-sept ans, ne pouvait qu'être touché au plus profond par la terrible condition et par la révolte des enfants du bagne de Belle-Ile en 1934. C'est avec les tripes que Sorj Chalandon leur rend hommage, prolongeant la vérité historique par l'imagination : et si, comme lui, l'un d'eux avait vraiment réussi à échapper à ses tourmenteurs ? Trouve-t-on jamais la paix lorsque l'injustice et la cruauté ont fait de vous un « enragé » ?


Dans les années vingt, à treize ans, Jules Bonneau – déjà suspect pour son homophonie avec le célèbre anarchiste – est envoyé à la colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne, à Belle-Ile. La prison politique ouverte trois-quarts de siècle plus tôt a en effet été convertie en maison de redressement, hypocritement baptisée « institution d'éducation surveillée ». Depuis 1880 y sont relégués des mineurs à partir de huit ans, des gamins considérés irrécupérables, qu'au lieu de protéger et d'insérer, l'on exclut et punit dans ce qui n'est autre qu'un bagne pour enfants : un lieu d'enfermement où les détenus, exposés aux pires châtiments, triment durement et vivent dans des conditions dégradantes. Qu'ont-ils donc fait pour atterrir dans cette galère ? Certains ont commis des vols ou des délits mineurs – Jules a volé trois oeufs et a fait preuve d'insubordination dans le cadre d'une grave injustice –, d'autres ont fui des parents violents ou incestueux – le vagabondage est alors sanctionné par la loi –, les derniers enfin n'ont d'autre tort que leur état d'orphelin ou d'enfant abandonné.


Se glissant dans la peau de Jules devenu fauve à force d'injustices et de mauvais traitements, l'auteur raconte fidèlement l'infâme quotidien au sein de la colonie, jusqu'à ce que l'incident de trop, lui aussi véridique, provoque la mutinerie. le soir du 27 août 1934, l'un des garçons contrevient au règlement en mangeant son fromage avant d'avoir fini sa soupe. Craignant pour sa vie, ses codétenus tentent de s'opposer à son passage à tabac. Dans le pugilat général, cinquante-six jeunes bagnards réussissent à faire le mur. Dénoncée par les vers de Jacques Prévert qui, alors en vacances sur l'île, s'en retrouve le témoin consterné, une « chasse à l'enfant » s'organise, gens du cru et touristes s'en donnant à coeur joie pour toucher une prime de vingt francs par fugitif capturé. Au matin, les évadés sont à nouveau sous les verrous, à la merci d'une sauvage répression. Tous, sauf Jules, que l'auteur a imaginé pour contredire l'Histoire et lui donner sa chance. Mais comment échapper à son destin quand l'au-delà des murs est encore une prison : une île, infailliblement gardée par la mer ?


Comme Jean Valjean sauvé par Monseigneur Myriel, Jules l'enragé va rencontrer pour la première fois la bonté et apprendre à faire confiance. « Sans la confiance, tu es seul au monde. » La fresque historique s'élargit pour épouser le monde de l'entre-deux-guerres, alors que sur fond de fascismes montants, la collaboration de la population aux exactions commises sur des enfants par une administration sans âme ni conscience semble entrer en résonance avec les bien funestes perspectives que l'on sait. Déjà des forces de résistance, ici toutes bretonnes, se font jour, incarnées par l'improbable mais très symbolique duo d'un patron de pêche communiste et d'une infirmière « faiseuse d'anges ». Et tandis que Jules, même si à jamais marqué par la haine et la violence, trouvera peut-être la rédemption en troquant son esprit de vengeance contre celui de la rébellion, c'est l'ombre de l'enfant que fut l'auteur, né sans amour et maltraité, que l'on perçoit derrière ses mots âpres et engagés.


Fresque historique et roman social, ce dernier livre de Sorj Chalandon est un cri de douleur et de colère, où à la rage de Jules La Teigne, l'enfant bagnard, fait écho celle de l'auteur, éternel enfant battu désormais en guerre, de toute la force de sa plume de journaliste et de romancier, contre les injustices et les violences du monde. Coup de coeur.

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Rentrée littéraire 2023.

Les premières pages de l'enragé nous plongent dans l'enfer qu'était la colonie pénitentiaire de Belle-Île-en-Mer en 1932 avec le jeune Jules Bonneau, alors âgé de 18 ans et qui a réellement existé.
Si Belle-Île-en-Mer évoque aujourd'hui un site touristique remarquable situé dans le golfe de Gascogne, au sud de la Bretagne et appelle immédiatement à fredonner le célèbre refrain de Laurent Voulzy « Belle-Île-en-Mer, Marie-Galante », il faut se souvenir qu'il est également le site de Haute-Boulogne, fortification élevée en 1802, prison devenue colonie pénitentiaire maritime et agricole pour jeunes délinquants. La discipline y est alors extrêmement sévère et les jeunes délinquants subissent quotidiennement des violences physiques et psychologiques ne pouvant créer que rancoeur et désir de vengeance.
Lors d'un repas du soir, un enfant croque dans son fromage avant de manger sa soupe, violant l'ordre imposé par le règlement. Aussitôt les gardiens lui tombent dessus et le frappent. Un déchaînement de violence se produit alors, et en cette nuit du 27 août 1934, cinquante-six gamins se révoltent et s'échappent de la colonie pénitentiaire et se dispersent sur l'île.
La chasse aux enfants est ouverte et en quelques heures, l'ensemble des fuyards est capturé, un seul manque à l'appel, Jules Bonneau alias « La teigne »…
C'est l'histoire de ce garçon, que Sorj Chalandon raconte dans l'enragé, un garçon qu'il va construire à partir de son propre vécu, à partir de ses propres colères et de sa rage.
En effet, lui aussi a été un enfant battu, menacé à chaque bêtise, pendant toute son enfance, d'être envoyé en maison de correction par son père, comme il le raconte dans Enfant de salaud. Une enfance qui l'a traumatisé.

l'enragé est un roman dans lequel règne dès les premières pages une tension extrême.
Par la voix de Jules qui s'exprime à la première personne, Sorj Chalandon réussit avec brio à faire revivre cette colonie pénitentiaire, prison naturelle censée remettre les jeunes délinquants dans le droit chemin en les faisant travailler mais plus apparentée à un bagne, tant les jeunes vivaient un quotidien coercitif et violent.
J'ai suivi pas à pas et avec anxiété le cheminement de ce jeune gars, toujours crispée lorsque la rage l'envahissait craignant ses débordements, indignée et furieuse du comportement de ces soi-disant éducateurs et complètement ulcérée d'apprendre que les îliens et les touristes eux-mêmes se soient laissés corrompre par une somme de 20 francs pour participer à la recherche des fuyards. Une véritable chasse aux enfants est ainsi conduite, un épisode qui interpellera Jacques Prévert de passage sur l'île et lui inspirera le poème La chasse à l'enfant.
Sorj Chalandon, avec le talent qu'on lui connaît nous fait vibrer tout au long de ce récit lorsqu'il raconte la métamorphose de ce jeune gars. Au départ, il n'a que ses poings pour se faire entendre et faire sa place, mais n'hésite pas à attaquer les caïds lorsqu'ils s'en prennent aux plus faibles. Peu à peu, on assiste à sa transformation au fil de ses rencontres, à la naissance de l'espoir, à son ouverture à la vie, jusqu'à devenir un homme.
le contexte historique dans lequel se déroule l'action du roman, entre octobre 1932 et décembre 1942, cette période entre les deux guerres avec la guerre civile espagnole, le communisme, la montée du fascisme, est superbement incarnée par des personnages à la très forte personnalité.
Si les hommes sont très présents et plutôt majoritaires, les femmes ont également leur place dans le roman avec deux figures féminines en totale opposition, l'une collaborant et l'autre n'hésitant pas à prendre des risques pour aider des femmes en détresse.
Quant aux séquences de pêche à la sardine, l'auteur nous les conte réelles et vivantes, tout comme il sait mettre en évidence le courage de ces marins-pêcheurs.
Une importante documentation a été nécessaire pour écrire un tel ouvrage. Elle en augmente d'autant la crédibilité de ce roman puissant et absolument bouleversant.
Dureté, cruauté, noirceur mais aussi lumière, sensibilité et tendresse sont présentes dans ce roman que l'on ressent écrit avec les tripes, avec le coeur, et une lettre finale… pour laquelle je n'ai pas de mots pour la définir.
l'enragé de Sorj Chalandon : Sublime !

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critiques presse (9)
SudOuestPresse
26 octobre 2023
La révolte et l’évasion de 56 adolescents enfermés dans la colonie pénitentiaire de Belle-Île-en-Mer, le 27 août 1934, permettent à l’écrivain d’imaginer le destin du seul enfant à ne jamais avoir été rattrapé.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeMonde
25 septembre 2023
A la première partie suffocante, « enragée », du roman, où Sorj Chalandon excelle à décrire un système de violence et d’injustices entre surveillants et mineurs, mais aussi entre prisonniers, succèdent les pages émouvantes dans lesquelles Jules fait l’expérience méfiante de l’humanité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
18 septembre 2023
Des histoires comme ce [...] titre de Sorj Chalandon, on en rencontre peu. Des romans qui remuent, qui soulèvent toute une gamme d’émotions, de la colère à la révolte, et qui donnent envie de s’insurger contre toutes les formes d’injustice dont les êtres humains se sont montrés capables par le passé.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeDevoir
04 septembre 2023
Le romancier a [...] offert à Jules toutes ses peurs, toutes ses colères, toute sa rage.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeJournaldeQuebec
01 septembre 2023
Le résultat est bouleversant. Bouleversant et révoltant, parce qu’il est difficile d’imaginer qu’un tel endroit ait pu exister et qu’une telle chasse ait pu avoir lieu.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LesEchos
29 août 2023
Un beau roman de colère et d'humanité.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeJournaldeQuebec
21 août 2023
Il est vraiment très bon. Très dur, aussi.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Culturebox
17 août 2023
À travers le destin d'un adolescent, ce conteur en(r)gagé décrit la cruauté et la violence qui s'exerçait impunément dans le huis clos de ces prisons pour mineurs, une terrible histoire ancrée ici en terre bretonne, et inscrite dans le contexte de la montée des fascismes en France et en Europe.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
12 juillet 2023
C’est son histoire que l’auteur, distingué du Grand prix du roman de l'Académie française pour Retour à Killybegs (2011), raconte dans son nouveau roman L’enragé.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (364) Voir plus Ajouter une citation
La Teigne, 11 octobre 1932

Tous sont tête basse, le nez dans leur écuelle à chien.
Ils bouffent, ils lapent, ils saucent leur pâtée sans un bruit.
Interdit à table, le bruit. Le réfectoire doit être silencieux.
- Silencieux, c'est compris ? a balancé Chautemps pour impressionner les nouveaux.
Sauf à la récréation, la moindre parole est punie.
Le surveillant-chef empêche même les regards.
- Je lis dans vos yeux, bandits.
Cet ancien sous-officier marche entre les tables, boudiné dans son uniforme bleu.
J'y vois les sales tours que vous préparez.
Sa casquette de gardien au milieu de nos crânes rasés.
Moysan, Trousselot, Carrier, L'Abeille, Petit Malo, même Soudars le caïd, tous ont la tête dans les épaules. Notre troupe de vauriens semble une armée vaincue.
- Vous êtes des vicieux !
Chautemps frappe une table avec sa coiffe à galons. Il s'est approché de moi.
- La Teigne, baisse les yeux !
Je soutiens son regard.
Le coup va partir. Je le sais.
Il se racle la gorge. C'est le signe de sa colère.
- La Teigne!
Personne n'a le droit de m'appeler comme ça. Jamais.
C'est mon nom de guerre, gagné à force de dents brisées.
Moi seul le prononce. Je le revendique et les autres le craignent. Aucun détenu, aucun surveillant, pas même Colmont le directeur ne peut l'employer. « La Teigne », c'est mon matricule et ma rage. Mon champ d'honneur.
Chautemps s'approche. Je suis à table en bout de banc, le cinquième de ma rangée. Je ne vois que des dos courbés.
Même en prison, les gars se font face à table, ils discutent comme au restaurant. Mais ici, à la Colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne, on nous a installés les uns derrière les autres, des rangées de nuques, avec interdiction de se retourner.
- Regarde ton assiette !
Une gamelle en fer-blanc.
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Éducation correctionnelle, comme ils disent. Ils veulent nous instruire, nous ramener au bien. Pour nous inculquer le sentiment de l'honneur ils nous redressent à coups de trique et de talons boueux. Ils nous insultent, ils nous maltraitent, ils nous punissent du cachot, une pièce noire, un placard étroit, une tombe. Ils nous menacent le jour et la nuit. Ils nous malaxent, nous brisent, nous pétrissent comme de la pâte. Ils concassent les mauvaises graines. Ils nous veulent tendres et lisses comme du pain blanc. À la salle de police les chenapans, les nuisibles, les voyous. À la taloche les dégénérés, les vicieux, les incorrigibles. Au mitard les infâmes. Briser les tout-petits, étrangler les plus grands, les rêves des uns, la colère des autres. Transformer ces gibiers de potence en futurs soldats, puis en hommes, puis en plus rien. Des spectres qui erreront dans la vie comme dans les couloirs d'un bagne, serviles, honteux. Qui iront à l'usine les épaules basses, comme à confesse. Qui jamais ne se révolteront. Qui s'étourdiront au bal du samedi, à la rencontre d'un jupon. Et qui l'épouseront sous le coup du vin, l'urgence d'un ventre plein. Vie en lambeaux, sans grâce, sans lumière. Puis qui mourront, un matin pour rien, avec le masque gris d'un enfant de Belle-Île.
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(Les premières pages du livre)
La Teigne
11 octobre 1932
Tous sont tête basse, le nez dans leur écuelle à chien. Ils bouffent, ils lapent, ils saucent leur pâtée sans un bruit. Interdit à table, le bruit. Le réfectoire doit être silencieux.
— Silencieux, c’est compris ? a balancé Chautemps pour impressionner les nouveaux.
Sauf à la récréation, la moindre parole est punie.
Le surveillant-chef empêche même les regards.
— Je lis dans vos yeux, bandits.
Cet ancien sous-officier marche entre les tables, boudiné dans son uniforme bleu.
— J’y vois les sales tours que vous préparez.
Sa casquette de gardien au milieu de nos crânes rasés. Moysan, Trousselot, Carrier, L’Abeille, Petit Malo, même Soudars le caïd, tous ont la tête dans les épaules. Notre troupe de vauriens semble une armée vaincue.
— Vous êtes des vicieux !
Chautemps frappe une table avec sa coiffe à galons. Il s’est approché de moi.
— La Teigne, baisse les yeux !
Je soutiens son regard.
Le coup va partir. Je le sais.
Il se racle la gorge. C’est le signe de sa colère.
— La Teigne !
Personne n’a le droit de m’appeler comme ça. Jamais. C’est mon nom de guerre, gagné à force de dents brisées. Moi seul le prononce. Je le revendique et les autres le craignent. Aucun détenu, aucun surveillant, pas même Colmont le directeur ne peut l’employer. « La Teigne », c’est mon matricule et ma rage. Mon champ d’honneur.
Chautemps s’approche. Je suis à table en bout de banc, le cinquième de ma rangée. Je ne vois que des dos courbés. Même en prison, les gars se font face à table, ils discutent comme au restaurant. Mais ici, à la Colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne, on nous a installés les uns derrière les autres, des rangées de nuques, avec interdiction de se retourner.
— Regarde ton assiette !
Une gamelle en fer-blanc.
En Mayenne, nos porcs bouffaient dans le même métal. Je le défie. Mauvais sourire.
— Mon auge, tu veux dire.
Sans un mot, le surveillant saisit le broc cabossé posé devant moi et me le jette au visage. Une gifle de métal. Le pichet heurte ma pommette. Je suis trempé. Et maintenant, il est là Chautemps, grand ballot bras ballants, ne sachant plus quoi faire.
Lorsque le chef m’a demandé de baisser les yeux, j’ai saisi ma fourchette, une dent manquante, trois aiguisées. Faire mal. Le gardien a vu mon geste.
— Regarde ton assiette !
Je lui saute à la gorge. Le salaud est grand. Il fait ma taille, mon poids, mais j’ai 18 ans et il en a 50. Un animal qui attaque son maître. L’entraîne dans sa chute. Il bascule sous la charge, les mains en l’air, tombe sur le dos, tête violemment cognée au sol. Et moi je suis déjà sur lui, à califourchon, agrippé à son col d’uniforme. Je crie, mes yeux dans les siens. Je lui écrase la gorge avec mon bras. Je sors ma langue. Je la tourne en tous sens. Un chien qui lape.
— C’est ça, un vicieux, chef ?
Nos fronts heurtés, sa peur, ma joie.
— Réponds-moi chef, c’est ça vicieux ?
Du fond du réfectoire, les gardes accourent en hurlant. Leurs souliers ferrés sur le ciment. Je ramasse la casquette de Chautemps, je l’enfonce jusqu’aux yeux sans lâcher ma proie.
Lui le chiourme, moi le garde.
— Déconne pas La Teigne ! Lâche-moi !
Sa voix étranglée. Ses yeux fous. Son visage presque bleu.
Les trois surveillants se ruent sur moi, je mords ma victime. Je croque son cou. Le festin du loup. Mais la couenne d’un homme résiste aux dents gâtées. Elle est souple, dure, elle ne se laisse pas arracher. Je n’ai pas de chair en gueule. Le goût du sang, rien d’autre. Sous les coups de matraques, ma mâchoire renonce. J’ai un troupeau de gardes sur le dos. Ils me redressent, me passent les menottes. Un surveillant frappe ma nuque d’un coup de nerf de bœuf et me crache au visage.
— Salopard, va !
Je tremble. Tous tremblent. Deux coups de sifflet.
Le réfectoire qui bruissait est rappelé à l’ordre.
C’est fini. J’allais être jeté en cellule de punition, condamné au pain et à l’eau. Ou traîné devant le prétoire pour être envoyé à Eysses.
— Si tu continues, tu vas te retrouver à Eysses !
Le pénitencier des enragés. La pire des menaces.
Soudars le caïd y était resté trois ans, avant d’être placé ici. Il était discret sur son séjour, mais il l’arborait. C’était sa médaille de dur. Un hochet en guimauve, en fait. Le colon était trop tendre pour l’établissement impitoyable de Villeneuve-sur-Lot. L’administration pénitentiaire l’avait transféré à Belle-Île pour bonne conduite.

Le chef des surveillants s’assied péniblement. Il reprend ses esprits, bras passés autour de ses genoux repliés. Jamais je ne l’ai vu terrassé. Lui qui se dit le cousin de Camille Chautemps, le président du Conseil, ressemble à un gamin après une chute de vélo. Son regard est perdu. Son cou saigne. J’ai encore sa casquette de gaffe sur la tête.
Un gardien me l’arrache.
*
Ambroise Chautemps s’est arrêté à ma hauteur, très grand, bras croisés. Il s’est raclé la gorge. Il me défiait, menton haut et sourcils froncés.
— Regarde ton assiette !

Le surveillant-chef connaissait mes crises. Mes délires, comme il disait. J’en avais parlé au médecin. Et il le lui avait répété. Je rêvais de tuer pour ne pas avoir à le faire. Je prenais mon inspiration et je m’imaginais passer à l’acte. Les cris, les regards, la peur. Je m’entendais frapper. Une poignée de cheveux arrachée, une oreille écrasée d’un coup de poing. J’avais le goût du sang en bouche, le salé, le métal, tout ce haut-le-cœur. Même les larmes des autres sur ma langue. Après une telle bouffée de colère, j’avais froid, je tremblais. J’avais peur aussi. Sans bouger de mon banc, sans me lever du lit, sans quitter des yeux ma gamelle, je venais de blesser un détenu, de tuer un gardien, de détruire le réfectoire, de m’évader.
Cette fois, j’avais dévoré Chautemps.

Je respirais fort, ma main tremblait, serrée en poing sur la table. L’autre enfouie dans ma poche, à triturer le ruban de ma mère en chapelet.
Il m’a fallu quelques minutes pour revenir à moi. Comprendre que rien ne s’était passé. Me rassurer. Me dire que c’était pour de faux. Le silence régnait. Le surveillant m’avait vu le regarder. Mes yeux fous. Ma bouche ouverte. Je venais de lui bouffer la gorge et il le savait. Il sentait que je plantais ma fourchette dans sa nuque lorsqu’il avait le dos tourné. Que je le perçais à coups d’épissoir volé à la corderie. Que je lui éclatais le front sur le rebord d’un bureau en riant. Il devinait mes pensées. Quand il me regardait, il voyait sa croix.
Il s’est penché vers moi.
— Bonneau, baisse les yeux !
J’ai baissé les yeux.
Trousselot, Carrier, Soudars, L’Abeille et tous les autres aussi.
— Silence Malo !
J’étais assis en bout de banc. Ma place habituelle. Chautemps a repris sa ronde au milieu des colons. En ville, c’est comme ça qu’on nous appelait. Lui nous avait surnommés « les vicieux ». Renfrognés, nous étions une menace. Souriants, un danger pire encore. Il pensait que nous étions en train de l’endormir pour fomenter quelque mauvais coup. Et il avait raison. Nous n’étions jamais en repos. Même les yeux dans ma gamelle, je complotais. Je lui tenais tête, je répandais son sang. Je défiais aussi les autres surveillants. Je punissais les gamins idiots qui suivaient les ordres comme des brebis. Je corrigeais tous les Soudars, les caïds, les forts en gueule, les forts en poings, ceux qui touchaient les petits dans les douches, ceux qui me défiaient, ceux qui me parlaient mal.

J’ai pris ma cuillère tachée pour racler le fond de ragoût. Je n’étais plus qu’une nuque et un dos. Un vaurien maté, le front contre le bord de sa gamelle. Un docile.
*
Sept des nôtres s’étaient évadés deux jours plus tôt. Et j’avais voulu prendre ma part de colère. Même coincé au réfectoire, faire mal me faisait du bien. Les camarades avaient profité d’une sortie pour s’enfuir, avec les gardiens, des paysans et des pêcheurs aux trousses.
Le chef d’atelier en avait parlé avec un instituteur. Trousselot les avait écoutés. Il était de corvée de serpillière, il avait pris tout son temps, aux aguets, penché sur son balai.
Après deux jours à errer dans la lande, les pupilles avaient fracturé la porte de l’ancien château de Nicolas Fouquet, qui avait servi de quartier disciplinaire à la colonie. À son époque, le vicomte avait acquis Belle-Île comme on achète une miche de pain.
Aujourd’hui, le fortin appartenait à un dentiste parisien qui n’y habitait pas. Conduits par le colon Délivas, les sept ont envahi le bâtiment vide. Ils ont volé un pistolet, une paire de fleurets et un sabre. Ils ont aussi pillé la cave, bu le vin fin à la bouteille. Alertés par des voisins, les gendarmes ont tiré des coups de fusil en l’air pour les déloger. Alors les colons se sont enfuis dans les bois, avec du pain et une motte de beurre. Et c’est six jours plus tard qu’ils ont été retrouvés, cachés dans une grotte de la côte. Ils sont sortis sabre au clair, disant préférer mourir que de retourner à la colonie. Par ordre de la citadelle, les militaires ont promis d’escorter les évadés à la prison de Lorient. Alors, Délivas le caïd et les autres se sont rendus, sous les pierres, les mottes de terre et les crachats des voisins.
— Il y aura un procès pour les meneurs et Eysses pour leurs complices, a ajouté le chef.
Il s’est retourné vers Trousselot qui tapotait pensivement le carrelage avec sa serpillière.
— Qu’est-ce que tu fous, toi ? Active un peu, feignant !

C’est comme ça que nous avons appris cette évasion.
*
Le même soir, les gaffes étaient nerveux. Ils nous ont fait mettre en rang le long des baraquements. Il faisait froid, un début d’averse.
Chautemps a hurlé.
— Vous allez monter aux cellules l’un après l’autre !
Les plus jeunes sont passés les premiers, agrippés à la rampe de la rude échelle extérieure qui mène à l’étage. Quinze marches ajourées, le bois rendu glissant par la pluie.
— On suit !
Il attendait qu’un détenu arrive en haut pour appeler le suivant.
Chaque enfant montait au pas, frappant durement les marches
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Je ne pensais pas, je ne criais plus. Le réfectoire tanguait. Je voyais à peine. Une furie rouge. Mon cœur entier tenait dans mes poings. Mes tempes étaient douloureuses. Je claquais des dents. Je faisais trois gestes inutiles pour un mouvement nécessaire. Je ne courais pas, je dansais. Je grimaçais dans le tumulte. Je tirais une langue de gargouille. Tout était en train de disparaître. Les insultes, les brimades, les vexations, les humiliations, les coups. Le froid de l'hiver, la brûlure de l'été, l'odeur de nos corps sales, la faim, les punaises, les poux, la gale. Je nettoyais sept ans de bagne à grande eau. À coups de hargne. J'étais enragé. Je respirais. Je vivais.
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Tu vois, le boche, aujourd'hui, tu ne vas tuer personne,
parce que personne ne va me pleurer.
Ma mère m'a abandonné, mon père m'a fait enfermer dans un bagne pour enfants.
Mon seul ami s'appelait Camille et la France l'a pendu
à 18 ans.
En me fusillant, tu ne fais aucun mal à la France.
Elle s'en fout de moi, la France.
Ce n'est pas pour elle que je me suis battu, c'est contre toi.
Parce que tu es le pire des salauds.
Ma France, tu vois, c'est un pêcheur breton, une infirmière,
un communiste, un frère basque et un garde champêtre
de Mayenne.
Ce sont eux, mon pays. Ils m'ont entendu, secouru et protégé.
L'autre France, celle des braves gens, un jour elle te foutra dehors.
Mais qu'est-ce que je serais devenu moi, le jour de la
victoire ?
Pas de place pour la Teigne au grand bal tricolore.
Alors tu sais quoi, le Boche ? Cette France te dit merci.
C'est toi qui va faire son sale boulot.
Tu ne lui fabriques pas un héros, tu la débarrasses d'un vaurien.
Et moi, le Boche, je te botte le cul !
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Rencontre avec Sorj Chalandon autour de son roman l'enragé paru aux éditions Grasset.


Sorj Chalandon, après 34 ans à Libération, est aujourd'hui journaliste au Canard enchaîné. Ancien grand reporter, prix Albert-Londres (1988), il est l'auteur de 10 romans, tous parus chez Grasset. le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, prix Médicis), Mon traître (2008), La Légende de nos pères (2009), Retour à Killybegs (2011), le Quatrième Mur (2013), Profession du père (2015), le Jour d'avant (2017), Une joie féroce (2019) et Enfant de salaud (2021).
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13/01/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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