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Esther Duflo (Autre)
EAN : 9782226491435
176 pages
Albin Michel (31/01/2024)
4.29/5   24 notes
Résumé :
Un véritable défi : une histoire de l`économie en 176 pages, par l`un des plus brillants esprits du XXIe siècle.De la charrue au tout numérique en passant par le krach écologique et le nouveau capitalisme financier, Daniel Cohen replonge dans les grandes étapes de l`histoire de l`économie et de la société. Revisitant son oeuvre, il propose une réflexion sur la croissance économique, devenue la religion du monde moderne. Quels sont nos réels besoins ? Pourquoi les Fr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Une brève histoire de l'économie sera malheureusement le dernier livre de Daniel Cohen, célèbre économiste Français disparu en août 2023 et publié ici à titre posthume.

Ce livre se veut être un condensé de l'évolution de la pensée économique de ce cher professeur, analysant les balbutiements de l'économie (l'homme primitif, l'apparition de l'agriculture) jusqu'à ses excès voir dérives actuelles (IA, écologie).

Jacques Attali s'était également intéressé à retracer l'histoire de l'économie ainsi qu'à imaginer son évolution future dans son brillant « Une brève histoire de l'avenir », titre par ailleurs très semblable à celui de Daniel Cohen.

C'est concis, accessible et même si cela ne révolutionnera pas l'économie c'est brillant et touchant de lire un écrit publié à titre posthume.
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"La croissance économique est la religion du monde moderne."
Ainsi commence cette brève histoire, malheureusement posthume...
Keynes avait prévu la prospérité mais pas ce que nous en ferions (consommer comme des sagouins, alors que lui, naïf, pensait que nous nous cultiverions).
Comme dit René Girard : "Une fois que l'homme a satisfait ses besoins primordiaux, il désire intensément, mais il ne sait pas quoi..."
La croissance est devenue une fin en soi, un divertissement dirait Pascal.
Au début, l'homme voulait juste se nourrir (jusqu'à l'agriculture, il y a dix mille ans).
La tyrannie de la productivité va avoir raison des chasseurs-cueilleurs.
Les paysans se mettent à nourrir tout un tas de parasites : les rois, les bureaucrates, les prêtres et les guerriers.
Le cheval (venu d'Ukraine), le martelage du bronze vont aider les guerriers à créer des empires...
C'est le temps des grandes civilisations (sumériennes, égyptiennes, chinoises...).
C'est aussi le temps de l'explosion démographique.
Deux cent cinquante millions à l'âge du Christ.
Le milliard en 1800.
Deux en 1930.
Sept aujourd'hui.
Sans doute dix en 2050.
Malthus explique que les progrès techniques font augmenter la taille de la population mais pas le niveau de vie moyen.
C'est donc une succession d'expansions et de crises.
C'est pour ça (la loi de Malthus) qu'on appelle l'économie, la sinistre science.
Et puis dans un dernier sursaut, on s'est mis à faire moins de gosses : ça s'appelle la transition démographique.
A partir du 18e, on industrialise.
Ceux qui furent en avance, c'est les roosbifs avec le textile qu'ils se mirent à exporter pour nourrir leur population croissante (cf. Malthus).
Ce fut le peu glorieux commerce triangulaire : textile en Afrique, esclaves en Amérique et coton en Angleterre... Tout ça grâce à une ressource aujourd'hui décriée : le charbon.
Le premier qui va théoriser l'économie de marché (et sa main invisible) c'est Adam Smith (au 18e).
Inspiré de Mandeville et sa fameuse fable des abeilles...
Ce qui fait tourner l'économie (et donc le monde) c'est qu'Hegel appellera le désir du désir de l'autre.
Un qui est moins enthousiaste avec tout ça, c'est Marx.
Il voit le capitalisme du côté des victimes.
Schumpeter lui voyait le progrès technique comme une arme à double tranchant, les travailleurs qui s'en sortent gagnent plus mais les autres (une sorte de sélection naturelle à la Darwin).
Et puis euphorie, spéculation, 1929...
Après la guerre, en 1946 donc, les trente années suivantes ont connu une croissance extrêmement spectaculaire (en moyenne 5%)...
On est passé de l'agriculture à l'industrie puis à l'industrie de service.
Il est aussi question de la courbe de Phillips : quand la demande baisse, le chômage augmente mais l'inflation baisse.
La stagflation c'est quand le chômage et l'inflation augmentent.
Ce fut le cas lors du choc pétrolier.
Ce n'est plus l'offre qui fait défaut mais elle n'est plus profitable (à cause du prix du pétrole et de l'essoufflement du progrès technique).
Ce ne sera plus le temps des cathédrales mais des ultra-libéraux comme Milton Friedman qui va dénoncer l'État-providence.
Les américains entre 82 et 84 vont utiliser un remède de cheval : réduction de l'offre de la monnaie provoquant une explosion des taux d'intérêt : cela va entraîner une chute de l'inflation et une récession mais ça entraîne une restauration de confiance : c'est la révolution libérale des années 80.
1929 est loin, les actionnaires reprennent la main...
On passe au capitalisme actionnarial, on externalise et on délocalise...
C'est cette réorganisation qui entraînera la mondialisation...
Qui elle même va entraîner un creusement des inégalités...
Avant les employés de ménage, de cantine, ingénieurs appartenaient à la même boîte et progressaient en même temps.
Aujourd'hui c'est l'entre-soi des classes sociales.
Et puis vint la crise des subprimes et pour sauver les banques, il a bien fallu se refaire keynésien...
Et renoncer à ce que le marché se régule tout seul.
L'auteur donne ensuite l'exemple de la Chine : riche grâce à ses nombreuses découvertes, puis pauvre à cause d'un repli puis riche (bientôt la plus riche) grâce aux exportations, à l'éducation et à son épargne...
Mais elle aussi semble avoir terminé ses trente glorieuses...
Il est ensuite question du capitalisme numérique qui a connu un essor avec le Covid.
Ce nouveau capitalisme permet quelque chose d'inespéré : l'augmentation de la productivité d'une société de service...
Les exemples sont toujours très concrets : par exemple l'économie d'échelle que gagne le comédien (prestataire) grâce à la télé, en multipliant ses clients...
Après avoir aborder notre dépendance numérique et le réchauffement climatique, le livre se conclut par dix conseils pour mieux vivre.
Et c'est bien aimable, je trouve...
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Lire un ouvrage sur l'économie, c'était pour moi comme si on me demandait d'assister à un stage survivaliste pendant plusieurs jours, j'aurais préféré me jeter dans une rivière. Cependant dans le cas d'une "brève histoire de l'économie", c'est plutôt une meilleure idée de se jeter dans ces quelques pages. Daniel Cohen nous balance un dernier coup de maître avant de tirer sa révérence, et quelle claque! L'ouvrage brille par son intelligence, sa clarté, et un petit quelque chose qui rend l'économie presque sexy. Oui, le bouquin est court, mais c'est un concentré de pépites, parfait pour ceux qui veulent comprendre les rouages économiques sans se taper un mal de crâne.

Cohen transforme les théories économiques ardues en snacks intellectuels à dévorer sans modération. On traverse les âges, des cueilleurs-chasseurs aux magnats de l'industrie, et chaque période est disséquée avec une lucidité qui frôle l'insolence. le bouquin saisit tous les grands évènements de notre histoire moderne, où chaque théorie économique est déployée après les événements, plutôt qu'avant, montrant ainsi que nos penseurs marchent souvent à la traîne des catastrophes.

Alors oui, on peut lui reprocher de laisser parfois le lecteur sur sa faim. Des moments clés comme le New Deal sont esquissés avec trop de légèreté. C'est frustrant, car on en voudrait plus, beaucoup plus. Et puis, ses solutions, bien qu'utopiques, sentent le réchauffé. Pas de quoi renverser des montagnes, mais assez pour secouer les esprits et on ne lui en demande pas plus dans un format aussi court. Comme un espresso fort et serré : intense, revigorant, mais trop vite avalé. Cohen nous fait l'effet d'un prof que l'on n'oserait pas interrompre, fasciné par sa capacité à rendre limpide le chaos de l'économie mondiale.

Entrez donc par la grande porte royale dans le monde complexe de l'économie, avec ses défauts et ses fulgurances. Un must pour qui veut saisir les enjeux économiques sans sombrer dans l'ennui. Et un rappel puissant que, dans ce monde où la croissance est reine, peut-être devrions-nous aspirer à des idéaux un peu plus élevés. Une dernière danse avec Cohen, et on en sort à la fois mélancolique et galvanisé, prêt à repenser notre façon de consommer, de vivre, de coexister avec notre chère vieille planète.
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Une vraie réussite mais une vraie gageure tout autant réussie de pouvoir synthétiser en quelques pages des siècles d économie humaine. du chasseur-cueilleur jusqu à l homo-numericus, nous retrouvons un essentiel qui nous fait comprendre combien l argent à manipuler nos existences, et nous a fait traverser de sacrées vagues où nous avons bu l'eau maintes fois, tout en gardant la tête dans le ciel.

Les exemples sont nombreux, précis et sans retours. Les dernières pages de sa vie qui nous donnent des conseils pour vivre heureux sont magnifiques à la fois d expérience, d espoir et de lumières, ultime écrit testamentaire pour les hommes que nous sommes qui, eux, continuent encore un peu leur route...

Merci pour cette intelligence.



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Deux sentiments s'affrontent au moment de lire Une brève histoire de l'économie, la joie de lire un nouvel ouvrage de Daniel Cohen et la tristesse de savoir que c'est son dernier.

La joie l'emporte dès les premières pages. Parce qu'on y retrouve l'intelligence lumineuse, le sens de la pédagogie et l'extraordinaire clarté de Cohen - son sens du pas de côté aussi.

Ce qui frappe surtout dans cet ouvrage, hautement recommandé à tous les jeunes et moins jeunes qui s'intéresseraient à l'économie, c'est la capacité de l'auteur, connue mais portée ici à son acmé, à synthétiser en quelques lignes des théories complexes, à capter des évolutions peu connues ou à dessiner des futurs possibles.

Le livre est-il trop court ? Oui (il constitue dans les faits la trame d'une future Bande Dessinée), mais il permettra à chacun de se reporter avec un immense profit sur ses précédents ouvrages, qui en forment en quelque sorte la genèse et les développements, Homo numericus, Il faut dire que les temps ont changé, le Monde est clos et le désir infini ou Homo economicus.

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critiques presse (1)
Bibliobs
09 février 2024
Quête de la croissance, globalisation financière, révolution numérique et transition écologique : Dans « Une brève histoire de l'économie », le chercheur, récemment disparu, revisite les grands thèmes de son œuvre.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
A notre tour de repenser l'idée que nous nous faisons d'un monde en harmonie avec lui-même, qui nous fasse sentir "l'avant goût du bonheur et de la paix"...
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On aimerait penser que le climat offre aux humains l'accès à une sorte de conscience universelle de leur commune dimension terrestre. On en est trés loin.
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En distinguant radicalement le sexe et le sentiment amoureux, la sexualité numérique fait perdre la capacité de reconnaître l'autre dans son intégralité, comme une personne, dans une relation où chacun attend de la personne aimée qu'il lui ouvre les portes d'une vie à inventer.
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Les réseaux sociaux excitent la compétition pour attirer l'attention et induisent la surenchère dans la singularisation, par la provocation, l'exagération, le défoulement, voire la jouissance à dire l'indicible, à montrer l'irreprésentable.
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Enquête après enquête, le résultat est le même : le bonheur régresse ou stagne dans les sociétés riches, en France comme ailleurs.
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Vidéo de Daniel Cohen
« Homo numericus » de Daniel Cohen lu par Cyril Romoli et Marie-Eve Dufresne l Livre audio
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