Certainement le livre qui m'a pris le plus de temps à lire. Cela est du au mode de lecture, chapitres après chapitres, sur tablette et téléphone, lors de temps libres. C'est aussi du à ce qu'est ce livre, une espèce de guide de tourisme du dix neuvième siècle, porté par la plume du grand Dumas.
Une année à Florence est un récit de voyage, émaillé d'anecdotes et de commentaires historiques. L'ouvrage démarre à Marseille. Les premiers chapitres fleurent bon le port de Marseille, la Provence et les contes populaires. Dumas précède en ce sens Daudet. Toute la première partie de l'ouvrage, assez longue, est dédiée au voyage vers l'Italie de Dumas et ses compagnons. La traversée de Monaco génère quelques soucis à la frontière de cet état, alors plus vaste qu'aujourd'hui. La visite de Gênes permet quelques rappels historiques de la puissance passée de la République génoise. La descente de la péninsule est traitée plus rapidement. Dumas insiste au passage sur la malhonnêteté des chauffeurs de diligences et de cabriolet de la région de Livourne.
La seconde partie est consacrée au séjour florentin qui donne son nom au livre. Dumas décrit les monuments et les oeuvres d'art rencontrées, ce qui lui permet de rappeler le contexte historique de leur création. Ces longs apartés sont l'occasion de revoir toute l'histoire des Médicis, de Cosme l'ancien à François 1er, de la République florentine, contrôlée par cette riche famille de marchands, aux grands-ducs de Toscane. Évidemment, Dumas aborde aussi – tout à fin, car sa présentation n'est pas chronologique, mais axée sur les bâtiments visités – Savonarole.
Sur le plan artistique, une des (demi) surprises de l'ouvrage est que les artistes célébrés au dix neuvième siècle comme acteurs majeurs de la Renaissance italienne, ne sont pas exactement ceux que que l'histoire de l'art met aujourd'hui sur un piédestal. Les détails narrés par Dumas sur des artistes aujourd'hui oubliés ou passés au second plan ne manqueront pas d'intéresser les férus d'art.
Dumas décrit une Florence, cité un peu endormie, qui connaît ses premiers touristes étrangers, à commencer par des britanniques dans leur Grand Tour.
Publié en 1841, noyé dans la masse des productions de Dumas, ce (gros) guide touristique à forte implication historique reste tout à fait lisible. La langue a un peu vieilli, les paragraphes demandent parfois un peu d'attention pour suivre les enchaînements surprenants de la pensée de l'auteur, mais tout cela reste de très bonne facture.