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L'idiot tome 0 sur 3
EAN : 9782253067085
934 pages
Le Livre de Poche (01/06/1994)
4.27/5   2399 notes
Résumé :
Le prince Muichkine arrive à Saint-Pétersbourg. Idiot de naissance parce qu'incapable d'agir, il est infiniment bon.

Projeté dans un monde cupide, arriviste et passionnel, il l'illumine de son regard. Par sa générosité, tel le Christ, Léon Nicolaïevitch révélera le meilleur enfoui en chacun.

La trop belle Anastasia, achetée cent mille roubles, retrouve la pureté, Gania Yvolguine le sens de l'honneur, et le sanglant Rogojine goûte, un ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (143) Voir plus Ajouter une critique
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sur 2399 notes
L'Idiot, l'une des quatre ou cinq oeuvres phares de Fiodor Dostoïevski, est un assez long roman, dans la veine russe du XIXème, c'est-à-dire avec un nombre assez important de personnages, plusieurs familles s'étageant des couches moyennes à hautes de la société (mais pas de la très haute aristocratie comme chez Tolstoï) avec différentes identités constitutives assez complexes et autour desquelles gravitent un certains nombres de satellites, tous plus ou moins intéressés (argent, mariage, élévation sociale, simple désir d'être "rincé" à l'oeil, etc.).

Le corps du roman prend racine à Pétersbourg ou dans sa proche banlieue bien que Moscou ou des pays étrangers soient mentionnés à différents endroits.

Le sujet du roman semble être l'effet produit par l'apparition dans cette société d'un homme radicalement différent, mû par son seul désir d'être agréable aux autres, toujours conciliant et bienveillant. Une telle attitude est perçue, au mieux comme de la naïveté, le plus souvent pour de la bêtise et parfois comme une pathologie.

Ce trait de caractère du personnage est d'ailleurs renforcé et rendu ambigu par l'épilepsie qui a nécessité plusieurs années de traitement au héros, le prince Muichkine, dans un établissement spécialisé.

Ainsi, ses prises de positions inattendues, sa mansuétude, sa bonhommie sont souvent mises au compte d'une déficience intellectuelle. Combinées à son humilité naturelle, cette disposition place systématiquement le prince en position d'infériorité vis-à-vis de ses interlocuteurs dans un premier temps.

Mais, le plus souvent, ses mêmes interlocuteurs, tentés de se mettre un peu dans la position d'un "dîner de cons" se retrouvent surpris du caractère pénétrant de ses réflexions et de sa subtilité et en ressentent un certain malaise, en comprenant qu'ils ont un peu été la dupe de la situation, ne sachant plus trop qui est le "con" du dîner.

Mais un roman russe du XIXème ne serait pas tout à fait un roman russe du XIXème sans d'inextricables histoires d'amour, dont une oeuvre comme Anna Karénine constitue l'un des fleurons du genre.

Notre bon prince va évidemment semer le trouble dans le coeur de ces dames, et même, de ces messieurs, qui à son contact vont parfois changer radicalement. La folie de différents personnages n'est jamais très, très loin non plus, ce qui ajoute au cocktail une touche déjantée.

C'est évidemment un très bon roman, mais je lui reproche tout de même des insertions longues et parfois ennuyeuses de personnages comme Hippolyte, jeune nihiliste, à l'article de la mort en raison d'une tuberculose, et Lebedev, un fonctionnaire rapace, entremetteur, fourbe et mielleux, qui, selon moi, n'apportent pas forcément un élan, une grandeur supplémentaire au roman, mais semblent avoir été des expédients pour Dostoïevski, lui permettant à la fois d'aborder quelques notions connexes, mais surtout, de faire des pages, lui qui publiait ses romans en feuilletons et qui avait un besoin vital de se les faire payer comme qui dirait " au poids ".

D'où mes 4 étoiles et non 5, ce qui est toujours éminemment discutable sachant bien sûr que cela ne veut absolument pas dire que je n'ai pas pris beaucoup de plaisir à sa lecture, et au fait, quel genre d'idiote suis-je pour donner des avis sur des oeuvres qui ont fait leurs preuves ?
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Encore novice en littérature russe, il était grand temps que je m'y mette. Souhaitant découvrir Dostoïevski depuis un moment, c'est sur l'Idiot que mon choix s'est arrêté, je ne le regrette pas d'ailleurs.

L'histoire est celle du prince Muichkine, épileptique, qui après avoir passé une grande partie de sa vie en Suisse pour recevoir les soins adéquats à sa maladie, revient à Saint-Pétersbourg pour retrouver une de ses parentes éloignées, Elisabeth Prokofievna( la générale Epantchine). Grâce à son titre et cette parenté avec la générale, notre bon prince va accumuler les rencontres avec des personnages hauts en couleurs. Son immersion dans une société calculatrice et corrompue va entraîner cette âme pure vouée à faire le bien dans une spirale d'intrigues superficielles qui placeront le prince en position d'idiot, car lucide dans son analyse des choses et des gens qui l'entourent. Débordant de simplicité et de gentillesse, Muichkine va vite devenir l'agneau dans la meute de loups...

Magnifique, grandiose, phénoménal, ce roman ne m'a pas laissée indifférente, j'ai presque honte d'avoir fait un court résumé car cette oeuvre ne se lit pas, elle se vit page à page. Grâce à ses nombreux personnages,tous pourvus de caractères bien distinct, le récit offre un portrait intéressant de la société russe du XIXème siècle. le prince, catapulté au milieu de ces gens prêts à tout fait un peu office de ver dans la pomme, chamboulant les conventions, disant tout haut ce qu'il ne faudrait pas mentionner. Malgré tout, le prince n'est pas si idiot que ça, je l'ai trouvé irradiant de beauté, comme un ange descendu du ciel pour accomplir une mission, finissant par forcer l'admiration des hommes et la passion chez les femmes. Ce livre est fort, malgré son nombre conséquent de pages (900), il nous entraîne dans les abîmes de la folie humaine au fur et à mesure des événements. Tout comme son héros, Dostoïevski "sait raconter" et nous offre une intrigue vivante et haletante avec une fin magistrale à couper le souffle. J'ai adoré et je dirait aux lecteurs qui souhaitent découvrir l'Idiot de ne pas se laisser décourager par la taille du livre et certains passages relativement longs, il faut le lire avec le coeur, prendre le temps de le ressentir, il en vaut la peine!
A lire !
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La bonté existe-t-elle ? Y a-t-il une place pour elle dans ce monde ou n'est-elle considérée que comme une marque de faiblesse voire d'idiotie qui rendrait inapte à la vie sociale ? L'homme bon, s'il existe, est-il forcément voué à n'avoir qu'un destin tragique, ne connaître que les tourments de l'existence et jamais le bonheur qui est impossible à atteindre ?

Un lecteur Babelio écrivait, à propos des Frères Karamazov, qu'il était hermétique à la dimension métaphysique qu'on trouve chez Dostoïevski à cause du grand pessimisme sur le fond de la nature humaine que recèlent ses oeuvres. C'est au contraire la seule dimension qui me parle et qui fait que j'aime autant cet écrivain.

Il offre une découverte de la société russe du XIXe siècle et nous invite à nous poser des questions, même si elles n'ont pas forcément de réponses uniques, dogmatiques et immuables. C'est le propre de toute démarche philosophique. J'aime cette façon de mêler intrigue romanesque, philosophie, politique et de nous inciter ainsi à réfléchir sur nous-mêmes, autrui et le monde.

Dostoïevski le fait dans L'Idiot à travers l'évocation du destin tragique du prince Muichkine qui revient de Suisse où il était soigné pour épilepsie. Dès son arrivée à Saint-Pétersbourg, il apparaît comme un être différent, un homme infiniment pur dont la candeur est objet de curiosité, de moqueries et de fascination. Elle ne lui permettra pas de sauver la trop belle Nastassia Philippovna. Sa maladie fait qu'on le croit idiot mais il est en fait plus intelligent que ne le pensent les gens. Il perçoit avec une sensibilité et une acuité intolérables le drame que vit Nastassia et veut donc à tout prix l'aider, quitte à sacrifier son propre bonheur. Il ne supporte pas le mal sous toutes ses formes et fait figure d'inadapté social. Il n'accepte pas le fonctionnement classique de la société dont la majorité s'accommode fort bien.

Nastassia est une orpheline. Totski l'a recueillie et en a fait sa maîtresse, il veut désormais épouser une femme respectable et non une courtisane. Il entreprend de se débarrasser de Nastassia. Il propose cent mille roubles à Gania Ivolguine pour l'épouser. Révoltée, Nastassia préfère s'enfuir avec Rogojine qui la convoite mais la mènera au déshonneur et au malheur. le prince, qui est sous son charme, veut lui éviter ce sort funeste et prend le risque de provoquer la jalousie de Rogojine. Pour sauver Nastassia, il est prêt à renoncer à un mariage avec Aglaé que Nastassia voit pourtant comme une épouse idéale pour le prince.

Certains thèmes abordés dans ce roman restent d'actualité et ont même fait l'objet de nombreuses récupérations politiques : la peine de mort, le rapport à l'argent, la pauvreté, la redistribution des richesses.

Plusieurs personnages sont tragiques et émouvants. Nastassia a le sort funeste réservé jadis aux filles pauvres, sans famille mais belles et désirables, donc vouées à la prostitution de luxe. Hippolyte est mourant à cause de la phtisie alors qu'il n'a que dix-huit ans et, dans un ultime cri de désespoir, développe ses idées sur les pauvres qui se plaignent tout le temps, jalousent la fortune des riches car ils la voudraient pour eux et en oublient qu'ils ont la vie devant eux et la liberté de réaliser leurs rêves. Il raconte comment il a aidé, grâce à ses relations, un médecin renvoyé, tombé dans la misère avec sa femme enceinte, à retrouver un poste. Quant au prince Muichkine, malgré l'épilepsie, maladie qui touche le cerveau – le Grand Mal, à l'époque, était effrayant et ne se soignait pas – il apparaît comme un intellectuel. Sensible, philosophe et passionné, il a un avis sur de nombreux sujets, dont la peine de mort, acte cruel et froid, après avoir assisté à une horrible exécution en Europe. En Suisse, il parlait aux enfants et les guidait, il les a convaincus de cesser de persécuter une jeune fille que tout le monde maltraitait parce qu'elle avait été séduite par un homme avant d'être abandonnée. Ses efforts presque désespérés pour sauver la veuve et l'orphelin, rendre le monde, et surtout l'être humain, meilleurs semblent souvent vains, dérisoires mais néanmoins nécessaires, indispensables.
L'Idiot est, pour moi, un roman sombre et troublant qui donne l'impression que la bonté est minuscule face au Grand Mal qui finira inéluctablement par l'anéantir. Elle aura cependant laissé une trace infime sur terre et dans la vie de ceux qui l'auront croisée puis qui continueront leur paisible existence, à l'instar d'Aglaé, comme si de rien n'était.
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C'est très difficile de parler d'un tel roman car sa puissance perturbe le lecteur en profondeur.

Dostoïevski a choisi comme héros le prince Muichkine (ou Mychkine, ce « i » dur, presque nasalisé, n'existe pas dans notre alphabet) atteint d'épilepsie, maladie qu'il connaît bien car il en est atteint lui-même. Ce prince est considéré comme un idiot car la maladie l'a obligé à être soigné en Suisse. Il semblait en être guéri au retour.

Idiot au sens de naïf : le prince dit ce qu'il pense, sans enrober les choses derrière le langage civilisé et hypocrite qui sied en pareil cas. C'est un être d'une grande sensibilité, perdu dans cette société de petits nobliaux, généraux plus ou moins avines, ou autres croquants en tous genre. Tel un enfant, il parle sans les filtres qu'imposent l'éducation, la bienséance…

Dostoïevski nous livre une belle description de la société de l'époque, entre Saint-Pétersbourg, les maisons de campagne, l'importance du paraître, où chacun intrigue, pour berner l'autre, accéder à une meilleure situation, un meilleur mariage…

La psychologie des personnages a été bien étudiée, qu'il s'agisse du héros, des autres familles qui sont bien typées, parfois caricaturales, des généraux de l'époque, de la place des femmes dans la société, sans oublier la misère et la maladie, la religion…

L'auteur n'hésite pas à s'en prendre à la politique de l'époque (il a été lui-même emprisonné), les mouvements de contestation qui émergent. Il porte une réflexion sur l'amour : le prince ne sait pas qui il aime réellement : Nastassia ou Aglaé, et est-il amoureux d'ailleurs, dans le sens où on l'entend habituellement?

La notion du bien et du mal : le prince incarnant le bien, une figure presque christique en opposition avec Rogojine, le mal incarné intrigant, voulant à tout prix épouser Nastassia Philippovna comme un trophée de chasse.

L'écriture est très rythmée, l'intrigue centrée sur une période relativement courte, l'atmosphère particulière, la psychologie des personnages nécessite une vigilance particulière si l'on ne veut pas se perdre dans le récit.

Dostoïevski est un auteur exigeant, il faut vraiment s'immerger dans le roman qui compte près de mille pages, on ne peut se contenter de survoler, ou de lire seulement des extraits. Il a rédigé plusieurs moutures de « L'idiot », les a détruites et à la fin, il estimait n'avoir transcrit qu'un dixième de ce qu'il aurait voulu dire. le roman est publié en feuilleton en 1869.

Je l'ai beaucoup aimé et j'en suis sortie un peu sonnée ; j'ai lu deux autres livres avant de pouvoir rédiger ma critique, car j'avais trop de choses à dire, et d'ailleurs elle ne me satisfait toujours pas.

Challenge XIXe siècle
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Je pense que j'aurais pu beaucoup aimer ce livre s'il ne m'avait pas fallu 460 pages pour comprendre que la dizaine de personnages principaux portaient chacun deux noms de famille, un diminutif et un surnom.
(Je me disais bien que çà faisait beaucoup de personnages principaux..)

Le prince Mychkine et Nastassia Filippovna sont des personnages à la psychologie riche et attachante, et je ne voulais pas en rester là.
Après avoir baissé les bras une première fois, pour un motif aussi ridicule, je décidai de prendre mon courage à deux mains et de retenter l'expérience.

Afin de remettre mes idées au clair et de repartir sur de bonnes bases, j'eus la lumineuse idée de lire l'article concernant le roman sur Wikipedia, dont le résumé de l'histoire... jusqu'à ce que j'apprenne la fin.
Pour mon baptême de littérature russe, je crois que j'aurais pas pu faire un meilleur choix.

L'Idiot , par une idiote.
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Citations et extraits (249) Voir plus Ajouter une citation
- C'est du moins heureux, observa-t-il, que la souffrance soit courte au moment où la tête tombe.
- Savez-vous ce que je pense ? rétorqua le prince avec vivacité. La remarque que vous venez de faire vient à l'esprit de tout le monde, et c'est la raison pour laquelle on a inventé cette machine appelée guillotine. Mais je me demande si ce mode d'exécution n'est pas pire que les autres. Vous allez rire et trouver ma réflexion étrange; cependant avec un léger effort d'imagination vous pouvez avoir la même idée. Figurez-vous l'homme que l'on met à la torture: les souffrances, les blessures et les tourments physiques font diversion aux douleurs morales, si bien que jusqu'à la mort le patient ne souffre que dans sa chair. Or ce ne sont pas les blessures qui constituent le supplice le plus cruel, c'est la certitude que dans une heure, dans dix minutes, dans une demi-minute, à l'instant même, l'âme va se retirer du corps, la vie humaine cesser, et cela irrémissiblement. La chose terrible, c'est cette certitude. Le plus épouvantable, c'est le quart de seconde pendant lequel vous passez la tête sous le couperet et l'entendez glisser. Ceci n'est pas une fantaisie de mon esprit: savez-vous que beaucoup de gens s'expriment de même ? Ma conviction est si forte que je n'hésite pas à vous la livrer. Quand on met à mort un meurtrier, la peine est incommensurablement plus grave que le crime. Le meurtre juridique est infiniment plus atroce que l'assassinat. Celui qui est égorgé par des brigands la nuit, au fond d'un bois, conserve, même jusqu'au dernier moment, l'espoir de s'en tirer. On cite des gens qui, ayant la gorge tranchée, espéraient quand même, couraient ou suppliaient. Tandis qu'en lui donnant la certitude de l'issue fatale, on enlève au supplicié cet espoir qui rend la mort dix fois plus tolérable. Il y a une sentence, et le fait qu'on ne saurait y échapper constitue une telle torture qu'il n'en existe pas de plus affreuse au monde. Vous pouvez amener un soldat en pleine bataille jusque sous la gueule des canons, il gardera l'espoir jusqu'au moment où l'on tirera. Mais donnez à ce soldat la certitude de son arrêt de mort, vous le verrez devenir fou ou fondre en sanglots. Qui a pu dire que la nature humaine était capable de supporter cette épreuve sans tomber dans la folie ? Pourquoi lui infliger un affront aussi infâme qu'inutile? Peut-être existe-t-il de par le monde un homme auquel on a lu sa condamnation, de manière à lui imposer cette torture, pour lui dire ensuite : « Va, tu es gracié! » Cet homme-là pourrait peut-être raconter ce qu'il a ressenti. C'est de ce tourment et de cette angoisse que le Christ a parlé. Non ! on n'a pas le droit de traiter ainsi la personne humaine.
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Réfléchissez: prenons, par exemple, la torture; les souffrances et les blessures, la douleur physique, tout distrait du tourment de l'âme; on ne souffre que de ses blessures, jusqu'à ce qu'on en meure. Or, la principale douleur, la plus intense, n'est peut-être pas celle des blessures mais celle qui vient de la certitude que dans une heure, puis dans dix minutes, dans une demi-minute, enfin maintenant, tout de suite, l'âme va quitter le corps, qu'on cessera d'être un homme, que c'est certain, surtout que c'est "certain". C'est quand on met la tête sous le couperet et qu'on l'entend glisser au-dessus de soi, c'est pendant ce quart de seconde qu'on a le plus peur. Savez-vous que ce n'est pas seulement de l'imagination; beaucoup l'ont dit. J'en suis tellement persuadé que je vous dirai carrément ce que je pense. Tuer pour meurtre est une punition hors de proportion avec le crime même. Le meurtre d'un condamné est infiniment plus terrible que celui commis par un assassin. L'homme que tuent les assassins, qu'on égorge la nuit dans un bois ou ailleurs, il espère encore, jusqu'au dernier moment, se sauver. On cite des cas où, la gorge tranchée, l'homme espère encore, cherche à fuir, implore la pitié. Tandis qu'ici la dernière espérance, celle qui rend la mort dix fois plus supportable, vous est "sûrement" enlevée. Ici, ce sont la sentence et le fait même qu'il est impossible d'y échapper qui rendent le supplice terrible, et il n'est pas de torture plus atroce au monde, croyez-m'en.
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En jetant vos semences, votre "aumône", votre bonne action, quelle qu'en soit la forme, vous donnez une parcelle de votre personnalité et recevez en échange une parcelle de l'autre; vous communiez ainsi l'un dans l'autre; encore un peu d'attention et vous serez récompensé par la connaissance, par les découvertes les plus inattendues. Vous finirez infailliblement par considérer votre œuvre comme une science; elle absorbera toute votre vie et elle pourra la remplir toute. D'autre part, toutes vos idées, toutes ces semences que vous aurez jetées et que vous avez peut-être oubliées déjà, prendront corps et se développeront; celui qui a reçu de vous transmettra à un autre. Comment pouvez-vous savoir quelle part vous aurez dans la future solution des destins de l'humanité?
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Les gens prêts à renseigner sur toute chose se rencontrent parfois, voire assez fréquemment, dans une certaine classe de la société. Ils savent tout, parce qu’ils concentrent dans une seule direction les facultés inquisitoriales de leur esprit. Cette habitude est naturellement la conséquence d’une absence d’intérêts vitaux plus importants, comme dirait un penseur contemporain. Du reste, en les qualifiant d’omniscients, on sous-entend que le domaine de leur science est assez limité. Ils vous diront par exemple qu’un tel sert à tel endroit, qu’il a pour amis tels et tels ; que sa fortune est de tant. Ils vous citeront la province dont ce personnage a été gouverneur, la femme qu’il a épousée, le montant de la dot qu’elle lui a apportée, ses liens de parenté, et toute sorte de renseignements du même acabit. La plupart du temps ces « je sais tout » vont les coudes percés et touchent des appointements de dix-sept roubles par mois. Ceux dont ils connaissent si bien les tenants sont loin de se douter des mobiles d’une pareille curiosité. Pourtant, bien des gens de cette espèce se procurent une véritable puissance en acquérant un savoir qui équivaut à une véritable science et que leur fierté élève au rang d’une satisfaction esthétique D’ailleurs cette science a ses attraits.
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Dire qu'il a été un homme tout à fait convenable, je m'en souviens parfaitement. Il était reçu dans le meilleur monde. C'est curieux comme ils s'effondrent rapidement, tous ces hommes convenables! Il suffit du moindre changement de leur condition ; il ne reste alors plus rien, sauf une traînée de poudre.
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« Les frères Karamazov » , de Dostoïevski, c'est à lire en poche chez Actes Sud Babel.
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