''Tu seras un raté, mon fils !'' Churchill et son père

Un titre évocateur qui, à lui seul, laisse comprendre qu'il ne s'agit pas d'une énième biographie du vieux lion, mais d'un texte sur les événements de sa vie, ceux qui l'ont porté, ceux qu'il a lui même forgés, le tout en lien avec ce père disparu prématurément auquel il n'a pas pu démontrer ses capacités.

La partie sur la jeunesse de Winston est assez développée, notamment son engagement dans les guerres coloniales de l'empire britannique que ce soit en Afghanistan, Afrique du Sud ou Egypte. Beaucoup de violence dans cette période, Winston ne craint pas la mort, il est au combat, ne recherche que la gloire et tout ce qui pourrait le rendre héroïque au yeux de son géniteur.

La carrière politique de Churchill est aussi à peine brossée mais ce n'était pas le but du livre ainsi que l'a précisé l'auteur. Celui-ci nous montre l'homme aux prises avec ses démons, ses désirs de victoire, ses attentions portées aux plus humbles qu'il peut écraser aussi s'ils sont des obstacles à sa route.

C'est également une ambiance restituée de l'Angleterre victorienne, encore accrochée à son empire, avec ses pratiques d'une autre époque, ses mythes, ses illusions, sa grandeur et sa décadence. Winston Churchill a su traverser un siècle en se jouant de l'adversité, même s'il connut des défaites, des dépressions paraissant insurmontables qu'il a pourtant toujours vaincues.

Et puis un personnage auquel l'auteur rend un hommage justifié : Clémentine, la jeune fille éprise, l'épouse accomplie, la mère magnifique, la femme courageuse, le rempart de Winston, de dix ans sa cadette. Il est incontestable qu'elle l'a porté dans ses bras lorsque ses jambes et sa tête défaillaient pour le laisser aller, encore et davantage, vers un gloire éphémère qui le galvanisait.

Ce livre écrit sous le regard quasi permanent du père disparu est un bel hommage à ce géant de l'histoire sans lequel elle aurait peut-être pris un tour différent dans les années de "sueur, sang et larmes" y compris pour nous, français, même si un autre géant portait la France à cette époque avec l'aide tumultueuse et colérique de ce cher Winston.

Une découverte sympathique.Evidemment pour ceux qui connaissent par coeur la biographie de ce monstre politique rien ou presque rien à découvrir. Mais, l'auteur avec un style d'une rare élégance plein de vivacité et d'esprit, nous entraîne dans la vie trépidante de Churchill. L'angle choisi, le mépris du Père, donne un éclairage à ses actions parfois un peu fantasques, un éclairage intéressant. Beaucoup d'humour ( anglais évidemment...), un rythme très soutenu permettent au lecteur de passer un bon moment. A lire...

Un livre étonnant pour un personnage hors du commun : Winston Churchill.

Ce nom est pour l'éternité lié à la Seconde guerre mondiale. Il incarne la lutte à outrance contre l'Allemagne nazie.

Winston Churchill, un homme qui pendant cinq ans a endossé d'énormes responsabilités à un moment terrible de l'Histoire. Or ce livre passionnant nous offre un personnage ayant éprouvé, tout au long de sa vie, une immense douleur : celle causée par la froideur et le mépris de son père à son égard.
Chacun de ses actes, chacun de ses succès étaient, dans l'intimité de son âme, une prière à son père : "Regarde, père, ce que j'ai réussi".
A contrario, les échecs qu'il connut le ramenaient à son enfance où il chercha désespérément l'amour paternel.

Chronologiquement ce livre est habilement construit : l'enfance, l'adolescence, sa participation à la Première guerre mondiale sont évoquées. Puis nous passons à 1945, où Winston Churchill n'ayant plus de responsabilités politiques semble s'ennuyer. Et enfin la grande vieillesse avec un chapitre consacré à l'année 1963, où il a quatre-vingt-dix ans. C'est un moment d'intense émotion, d'une immense tristesse où nous le voyons, l'esprit lucide, perdre le contrôle de son corps. le dernier chapitre est consacré à 1966, l'année de sa mort. A raison, l'auteur ne consacre pas de chapitre spécifique à son intense activité pendant la Seconde guerre mondiale ; ce sujet ayant été traité à de nombreuses occasions depuis plus de cinquante ans. C'est du Churchill intime dont nous parle l'auteur.

J'ai terminé ce livre la gorge nouée. L'homme qui a vaincu Hitler, qui a dirigé le dernier pays européen qui résista aux nazis, au prix d'énormes sacrifices, a souffert d'un terrible drame intime et sans issue puisque son père disparut assez jeune.

Un beau livre au style plaisant.

L'auteur s'en explique, et il s'agit bien de cela : ce livre n'est pas une biographie du vieux lion, mais un assemblage d'instantanés plus ou moins chronologiques.
Sur la forme, le tout se lit bien, est aéré, et les chapitres nombreux sont assez courts. On peut être surpris de lire au début de chacun d'eux, un long passage d'une biographie dont s'est inspiré l'auteur. Citer un « confrère » n'a rien de gênant, quand d'une part la chose est explicite (ce qui est le cas), et quand les citations sont courtes…. Déjà à force, le procédé agace un peu ; j'ai l'impression que tous ces extraits retirés, il ne reste finalement pas grand –chose provenant de l'auteur.

Sur la forme, je reste hélas sur ma faim. Je n'ai pas le sentiment d'en avoir appris plus que je ne savais déjà sur le personnage.
De plus l'ouvrage est censé être axé sur les relations entre Churchill et son père pour expliquer ce qu'il fut tout au long de sa vie, son parcours, et ses choix. Là encore, le tout me parait trop survolé, et abordé de manière trop succincte, voire parfois, pas abordé du tout. L'auteur ne creuse pas, il se contente de répéter inlassablement que le vieux lion a cherché toute sa vie l'approbation et la bienveillance paternelles…mais est-ce suffisant de le dire ? Non, pour ma part j'attendais plus que cela.
Churchill, le méritait amplement. C'est dommage.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..

A l'heure du cinquantenaire de la mort de ce redoutable homme politique qui a marqué le siècle précédent, le livre de Frédéric Ferney est assez singulier. Malgré un titre qui laisse présager une évocation du leader conservateur sous le prisme de sa relation avec son père, "Tu seras un raté mon fils" n'est pas un essai sur les ressorts intimes de cet ogre de la vie politique anglaise. Si le poids du père a eu de l'importance pour Churchill dans sa façon de s'approprier son destin, c'est bien parce que l'auteur nous le serine de chapitre en chapitre sans pour autant y approfondir spécialement cette assertion. Cet ouvrage n'est pas non plus une biographie, des nombreuses années sont laissées dans l'ombre, parfois sur un bon quart de siècle. Frédéric Ferney s'est juste attaché à quelques moments fondateurs ou à d'autres qui l'ont inspiré parce qu'allant vaguement dans le thème de son propos. Historiquement on n'apprend pas grand chose, et aucune mise en perspective de ses agissements violents, de ses coups tordus n'est faite.
Mais alors d'où vient le plaisir que j'ai éprouvé à la lecture de ce livre ? Tout simplement à l'écriture ! On sent l'auteur très inspiré par cet homme fantasque. Churchill, sous la plume de Ferney, devient presque lyrique, personnage hors du commun qui ne se déplaçait pas sans son tub, sa bouilloire géante et surtout du champagne par malles entières, même dans les tranchées en 1916. Les mots l'accompagnent avec brio dans son amour des batailles autant politiques que guerrières. Ca file à cent à l'heure, virevolte, tourbillonne comme dut l'être cet homme aux mille idées, prêt à tous les défis. Oui, l'écriture est exaltée, comme pour mieux nous faire pénétrer dans le cerveau de ce redoutable tacticien. Ca se lit comme un roman et ce n'est que dans un dernier chapitre que personnellement j'ai trouvé formidablement bien écrit, que le style se calme petit à petit pour accompagner Winston jusqu'à la mort. Et je ne résiste à l'envie de reproduire cette phrase : " Ce qui est odieux quand on vieillit, c'est qu'on reste jeune !".
Un peu plus sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..