AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782710371816
152 pages
La Table ronde (10/04/2014)
3.6/5   20 notes
Résumé :
Aden, août 1880. Jules Suel, gérant du Grand Hôtel de l'Univers, a décidé de s'offrir un cliché publicitaire. Il convie quelques fidèles à poser autour de lui. Tous se prêtent au jeu, plutôt de bonne grâce. Seul un employé de la maison Bardey, un être taciturne vêtu comme un ouvrier, se fait prier ? et ce personnage n'est autre qu'Arthur Rimbaud. S'inspirant de la célèbre photo retrouvée par hasard en 2010, Serge Filippini imagine les deux heures qui mènent à la pri... >Voir plus
Que lire après RimbaldoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 20 notes
5
2 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Arthur Rimbaud ne tient pas à être sur la photo !
Déjà, dans une autre vie, il avait posé pour Henri Fantin-Latour sur un coin de table, entouré de Verlaine et de quelques-unes des plus belles plumes qui firent le Parnasse, accompagné de certains des poètes présents aux dîners des Vilains Bonshommes.
Arthur Rimbaud, depuis, a quitté la France et la littérature.
En 1880, l'homme aux semelles de vent est à Aden.
Il y est employé, malgré sa jeunesse et la mauvaise réputation qui le le suit, à la factorerie Bardey où il surveille les trieuses de café qui le craignent, et l'ont surnommé "karani", le méchant.
Un photographe, Georges Reval, est arrivé au Grand Hôtel de l'Univers, et son gérant, Jules Suel, insiste pour que ce dernier réalise un cliché publicitaire de l'établissement et des européens qui le fréquentent ...
Le coin de table de Fantin-Latour avait l'objet, en 2010, d'un récit romancé imaginé par Claude Chevreuil.
Quatre ans plus tard, Serge Filippini imagine le contexte d'un cliché laissant apparaître Arthur Rimbaud installé sur le seuil du Grand Hôtel de l'Univers à Aden en compagnie de six autres personnages.
Serge Filippini, très astucieusement, s'est amusé à les mettre en scène.
Pourquoi vivent-ils ici ?
En 1880, lorsque l'on vient à Aden, c'est pour le commerce, l'exploration ou l'espionnage.
"Rimbaldo" est un livre écrit par Serge Filippini en 2014 et paru aux éditions de la Table Ronde.
Il a obtenu, en 2015, le prix Marcel Aymé décerné depuis 2003 par l'Association du livre et des auteurs comtois à Besançon pour récompenser un ouvrage de fiction en rapport avec la Franche-Comté.
Arthur Rimbaud est le personnage central, plus que principal, de ce roman original et photographique.
Ce roman qui est d'ailleurs fixé à un décor.
Le récit est imaginé à travers l'objectif de l'appareil, et lorsque Rimbaud quitte le champ, c'est encore lui qui fait les frais de la conversation.
Regarder longuement une photo et, après observation, entrevoir quelle vie elle a pu inspirer avant et après qu'elle se soit figée pour l'éternité
Les visages deviennent ceux de parfaits inconnus.
Le temps se fait incertain.
Seul la silhouette du poète y demeure invariable.
Encore que Rimbaud, ayant été secrètement surnommé Rimbaldo par une femme amoureuse, n'est ici que soupçonné d'être le poète.
Qui est Rimbaud ?
Un révolutionnaire ? Un héros de guerre ? Un inventeur ?
Un artiste, un poète ?
Le livre de Filippini, en moins de 150 pages, vient toucher à l'essentiel du mythe.
Réédité chez Libretto, en 2018, c'est un ouvrage déroutant et captivant, intelligent et pittoresque, un beau portrait sépia en somme ...
Commenter  J’apprécie          410
En 2008, dans une brocante, un lot comportant livres, cartes postales, photos datant de la fin du siècle dernier. Au dos de l'une d'elles, une inscription : hôtel de l'Univers, où Rimbaud séjourna à Aden. Très récemment, en avril 2014, cette photo semble définitivement identifiée comme étant une des dernières du poète le plus emblématique de la seconde moitié du 19ème siècle.
Serge Filippini nous propose une version romanesque des quelques heures ayant précédé cette prise de vue. Qui sont donc les personnages sur le cliché ? Comment se connaissent-ils et quels liens les unissent ? L'auteur propose une vision séduisante et crédible, et nous plonge dans l'ambiance colonialiste qui devait sans doute exister dans ces lieux reculés de l'Afrique Orientale. Là viennent s'échouer des européens en quête d'oubli, bannis de leur pays natal ou en quête d'aventures teintées d'exotisme. Aux côtés de Rimbaud, des aventuriers, des truands à la petite semaine. Tous murés dans leur solitude et finalement leur ennui. Par la volonté du maître des lieux, gérant de l'hôtel de l'Univers, ils finiront immortalisés sur cette photographie, perdue par son propriétaire pour être finalement retrouvée sur cette fameuse brocante.
La construction du roman est très proche de celle d'une pièce de théâtre : unité de lieu et d'action, chaque chapitre s'articule autour de dialogues entre deux ou plusieurs des personnages de la photo. Ils se croisent et s'interpellent au pied des marches de l'hôtel, autour des guéridons de la terrasse visible sur la photo. Serge Filippini nous promène au fil des pages dans une frénésie croissante : on se bat, on cherche à se séduire, on s'invective… Puis le rythme ralentit, le temps se fige, jusqu'à la prise de vue finale. La construction est fluide et le style alerte. Malgré quelques digressions érotiques sans grand intérêt, qui nuisent un peu à la qualité d'ensemble de ce roman, on passe un bon moment avec ce Rimbaud en fin course exilé du côté du golfe d'Aden. Un bon moment de lecture.
Un grand merci à Babelio et son opération Masse Critique, et aux Editions de la Table Ronde pour la découverte de ce roman.
Commenter  J’apprécie          242
La Feuille Volante n° 1125
RIMBALDOSerge Filippini – La table ronde.

C'est bizarre le destin des photos. Elles sont prises le plus souvent par des amateurs anonymes, témoignent d'un moment familial ou d'un événement particulier, elles se retrouvent, une fois tirées sur papier dans des cadres, des albums ou des boîtes, on les délaisse, on finit par oublier ceux qui y figurent parce qu'ils sont morts ou disparus, puis une succession les livre aux flammes. A l'époque, on avait l'habitude de dater les clichés au dos et de noter les noms des personnes qui y figuraient.
L'une d'elles, devenue carte postale, retrouvée bien longtemps après au hasard d'une brocante puis authentifiée (en 2010), a été prise à Aden en 1880 au « Grand Hôtel de l'Univers » parce que le patron entendait en faire un argument publicitaire. Mais revenons à ce cliché destiné à voyager, à faire connaître cet établissement au nom pompeux de ce bout du monde désolé. Six personnages y figurent, dont une femme ; ils appartiennent à la petite communauté française et le lecteur en apprend un peu de leur histoire personnelle, pas toujours édifiante. Il est vrai qu'à cette époque l'Afrique était un refuge pour ceux qui étaient en délicatesse avec la justice ou qui cherchaient fortune, aventure ou notoriété. Rien de tel qu'une photo pour susciter l'imagination de l'auteur qui prête à chacun de ces inconnus une histoire. Inconnus, par tous, puisque l'un d'eux, celui qui est assis à côté de la femme, serait Arthur Rimbaud surnommé familièrement par Émilie, l'épouse un peu volage d'un des membres de cette communauté d'expatriés et qui figure sur le cliché, « Rimbaldo l'Africain, Rilmbaldo l'Itinérant » Très amoureuse, elle rêve de partir avec lui dans sa quête de l'or et de l'aventure, lui rappelle ses fulgurances littéraires, s'extasie devant cet « homme aux semelles de vent », ce « voleur de feu », alors que lui veut oublier son passé et n'attend plus de la vie qu'une situation de bourgeois marié et rentier... en France. Émilie, qui elle-même est auteure, est fascinée par Rimbaud dont elle connaît les oeuvres poétiques et la vie antérieure tumultueuse. Pour la petite communauté, il n'est pourtant qu'un gredin, un homosexuel et un contremaître tyrannique chez un négociant de café anglais, un être dangereux qu'il vaut mieux éviter.
Tout se passe sur les marches de cet hôtel comme dans un pièce de théâtre au décor et à l'action uniques, entre les atermoiements de chacun pour poser, une rixe entre les différents protagonistes et des projets pleins de fantasmes qui se tressent dans les têtes alors que la chaleur des tropiques exacerbe les sens … Pour l'hôtelier, imbu de lui-même, rien ne compte que « sa » photo qu'il espère bien diffuser dans le monde entier alors qu'elle ne montre que quelques européens perdus dans une contrée africaine peu sûre et au climat torride où peu de touristes oseront s'aventurer. le cliché pris, chacun vaqua à ses occupations, le temps passa, le photographe prit des photos exotiques, l'explorateur explora et Arthur Rimbaud se lança dans les affaites avec le succès que l'on sait, poursuivit et termina sa courte vie en attendant de devenir un mythe.
J'ai bien aimé ce texte poétique ainsi que le concept qui consiste à laisser aller son imagination sur une photographie où figurent ensemble des êtres dont certains sortiront plus tard de l'anonymat et et un personnage célèbre, réunis par hasard sur une photo.

© Hervé GAUTIER – Avril 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
Commenter  J’apprécie          70
Il y a quelques années, deux libraires trouvent chez un brocanteur, dans un vieux lot de cartes postales, une photo qui les intrigue, on y voit, sur une terrasse qu'on devine en haut d'un large escalier, sept personnes ; cinq attablées dont une femme et deux moustachus debout au deuxième plan. Au dos de cette photo sépia, on peut lire : Hôtel Univers 1880. L'Hôtel en question se situe à Aden, principal port de l'actuel Yémen. Les deux libraires pensent reconnaitre Arthur Rimbaud comme étant le 2ème personnage en partant de la droite. Après quelques années de controverses Ribaldinesques, des physionomistes « professionnels » ont authentifié plus ou moins officiellement Arthur. Moi, qui n'ai jamais compris l'idolâtrie dont Rimbaud est le sujet (je ne comprends d'ailleurs rigoureusement aucune idolâtrie), même si il est évident qu'il révolutionna la poésie française, j'avoue que le mystère entourant sa « fuite » m'intéresse beaucoup. Serge Filippini prend comme prétexte cette photo pour construire son roman. Ordinairement j'ai plutôt tendance à reprocher à certains romanciers de « faire » trop long. Dans le cas de Rimbaldo c'est franchement le contraire, voilà un texte de 145 pages qui aurait pu en faire le double, je reste donc un peu frustré du manque de développement de cette histoire, car il y avait, je crois, matière à raconter. L'histoire se déroule lors des deux heures qui précèdent le cliché, quelques flash-back servent à comprendre les différentes personnalités et leur caractère ; un négociant en café, un ancien communard, son épouse, un explorateur, une aventurière ... et puis Arthur ... L'auteur plante un décor suffoquant et poussiéreux, et « survole » ses personnages, laissant son lecteur imaginer plus ... Après tout c'est bien l'un des attraits de la lecture que de laisser l'imagination se déployer, et partant d'une Image il est certainement normal d'Imaginer. L'écriture est maîtrisée, un peu théâtrale. En fin de compte c'est une sympathique petite lecture d'évasion. Allez salut.
Commenter  J’apprécie          90
La Feuille Volante n° 1125
RIMBALDOSerge Filippini – La table ronde.

C'est bizarre le destin des photos. Elles sont prises le plus souvent par des amateurs anonymes, témoignent d'un moment familial ou d'un événement particulier, elles se retrouvent, une fois tirées sur papier dans des cadres, des albums ou des boîtes, on les délaisse, on finit par oublier ceux qui y figurent parce qu'ils sont morts ou disparus, puis une succession les livre aux flammes. A l'époque, on avait l'habitude de dater les clichés au dos et de noter les noms des personnes qui y figuraient.
L'une d'elles, devenue carte postale, et retrouvée bien longtemps après au hasard d'une brocante puis authentifiée (en 2010), a été prise à Aden en 1880 au « Grand Hôtel de l'Univers » parce que le patron entendait en faire un argument publicitaire. Mais revenons à ce cliché destiné à voyager, à faire connaître cet établissement au nom pompeux de ce bout du monde désolé. Six personnages y figurent, dont une femme ; ils appartiennent à la petite communauté française et le lecteur en apprend un peu de leur histoire personnelle, pas toujours édifiante. Il est vrai qu'à cette époque l'Afrique était un refuge pour ceux qui étaient en délicatesse avec la justice ou qui cherchaient fortune, aventure ou notoriété. Rien de tel qu'une photo pour susciter l'imagination de l'auteur qui prête à chacun de ces inconnus une histoire. Inconnus, par tous, puisque l'un d'eux, celui qui est assis à côté de la femme, serait Arthur Rimbaud surnommé familièrement par Émilie, l'épouse un peu volage d'un des membres de cette communauté d'expatriés et qui figure sur le cliché, « Rimbaldo, l'Africain, Rilmbaldo l'Itinérant » Très amoureuse, elle rêve de partir avec lui dans sa quête de l'or et de l'aventure, lui rappelle ses fulgurances littéraires, s'extasie devant cet « homme aux semelles de vent », ce « voleur de feu », alors que lui veut oublier son passé et n'attend plus de la vie qu'une situation de bourgeois marié et rentier... en France. Émilie, qui elle-même est auteure, est fascinée par Rimbaud dont elle connaît les oeuvres poétiques et la vie antérieure tumultueuse. Pour la petite communauté, il n'est pourtant qu'un gredin, un homosexuel et un contremaître tyrannique chez un négociant de café anglais, un être dangereux qu'il vaut mieux éviter.
Tout se passe sur les marches de cet hôtel comme dans un pièce de théâtre au décor et à l'action uniques, entre les atermoiements de chacun pour poser, une rixe entre les différents protagonistes et des projets pleins de fantasmes qui se tressent dans les têtes alors que la chaleur des tropiques exacerbe les sens … Pour l'hôtelier, imbu de lui-même, rien ne compte que « sa » photo qu'il espère bien diffuser dans le monde entier alors qu'elle ne montre que quelques européens perdus dans une contrée africaine peu sûre et au climat torride où peu de touristes oseront s'aventurer. le cliché pris, chacun vaqua à ses occupations, le temps passa, le photographes pris des photos exotiques, l'explorateur explora et Arthur Rimbaud se lança dans les affaites avec le succès que l'on sait, poursuivit et termina sa courte vie en attendant de devenir un mythe.
J'ai bien aimé ce texte poétique ainsi que le concept qui consiste à laisser aller son imagination sur une photographie où figurent ensemble des êtres dont certains sortiront plus tard de l'anonymat et un personnage célèbre réunis par hasard sur une photo.

© Hervé GAUTIER – Avril 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pour Émilie, l’echeveau Rimbaud était décidément ardu à démêler. Elle alla s’asseoir sous la lampe et lut les écrits en vers ou en prose où résonnait une musique extravagante, féroce et lumineuse. Beaucoup ne ressemblaient en rien à ce qu’elle avait jamais lu.
Commenter  J’apprécie          200
- Puis-je vous avouer quelque-chose ? reprit-elle.
Hier, au marché, Felter m'a raconté qu'on parlait de vous jusqu'en Tunisie comme d'un écrivain prodigieux. Il paraît que vous avez du talent, peut-être du génie. Et vous venez me parler de bas de laine et de retraite !
- Je vais retourner à mes sacs de café ...
Commenter  J’apprécie          140
Rimbaud n'était pas du tout aimanté par l'argent. Ni par une rente, ni par un magot. Encore moins par le confort d'une retraite assise. Et nullement par celui du mariage ! Il feignait seulement de l'être pour jouer le jeu social, pour épargner à ses semblables la vue de son cœur abîmé. Si quelque chose l'aimantait, c'était l'ailleurs idéal [...]. (p.99)
Commenter  J’apprécie          50
- Pourquoi faut-il qu'il vienne rôder dans mes rêves ? Il n'a pas d'autre endroit où aller ?
- Il nous hante malgré lui, dit Emilie.
- J'ai bien vu qu'il n'avait pas l'air heureux, continuait Riès. Mais après tout, qui est heureux ici ? Qui est ici pour être heureux ? Qui est jamais venu chercher le bonheur dans un endroit pareil ?
Commenter  J’apprécie          50
Rimbaud crachait au vent sa chique de qât, il secouait ses rênes, il s'efforçait de se rincer le cerveau en gueulant après le cheval qui tirait sa carriole dans le sable et la fournaise. Il traversait une journée détestables qui durait depuis sa naissance.
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Serge Filippini (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Serge Filippini
Serge Filippini - J'aimerai André Breton
autres livres classés : yémenVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (37) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3674 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}