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Jean-Bertrand Pontalis (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070384365
288 pages
Gallimard (24/02/2003)
3.8/5   43 notes
Résumé :


"La seule belle chose que j'ai écrite", confiait Freud au sujet de la biographie analytique qu'il consacra en 1910 au personnage de Léonard de Vinci. Jamais Freud n'est en tout cas allé aussi loin dans l'exploration de l'inconscient d'un homme à partir des seules traces qu'il ait laissées de lui : ses oeuvres, ses inventions et ses écrits intimes.

Freud se livre dans Un Souvenir d'enfance de Léonard de Vinci à une minutieuse enquête... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sigmund Freud a d'abord exposé ses conceptions nouvelles inspirées par l'étude clinique de cas individuels, ceux des patients qu'il recevait dans son cabinet. Mais très vite il a voulu montrer que la théorie et la pratique psychanalytique peuvent s'appliquer d'une manière universelle. Cet outil permet, selon lui, de décrypter la personnalité de tout individu, y compris ceux qui ne sont pas ses patients personnels. Il en a fait une première démonstration avec la « Gravida ». Avec Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, paru en 1910, il s'attaque à un monstre sacré de l'Art. L'étude qu'il lui consacre repose essentiellement sur deux bases: la première est un souvenir consigné par Léonard: « Etant encore au berceau, un vautour est descendu jusqu'à moi, m'a ouvert la bouche de sa queue et, à plusieurs reprises, a heurté mes lèvres de cette même queue »; la seconde, plus accessoire, est le fameux tableau de la Sainte Anne dans lequel on discerne nettement (dans une draperie) la forme d'un vautour.

Freud fait une analyse très ingénieuse de tous les (rares) indices dont il dispose. Par exemple, il rapporte cette ancienne croyance suivant laquelle tous les vautours étaient femelles et se reproduisaient sans avoir recours à des mâles. Son propos est d'étayer l'hypothèse que, dans l'inconscient encore enfantin de Léonard, le vautour représente sa mère. Ce fantasme érotique et l'ensemble des rapports qu'il aurait eu avec sa mère (alors qu'il était très jeune) auraient débouché par la suite sur une forme d'impuissance sexuelle, ou plus probablement sur une homosexualité passive (dans la continuité du souvenir d'enfance). Mais S. Freud va encore plus loin: il pointe la relation qui existerait entre sa sexualité infantile et son processus personnel de création artistique, à l'âge adulte - notamment sa nette propension à laisser ses oeuvres inachevées.

Comme d'habitude, je suis ébahi par la formidable intelligence du père de la psychanalyse. Quoique sa prose ne soit pas particulièrement agréable à lire, je trouve qu'il a le génie des démonstrations convaincantes. Je me laisse porter par sa logique et… « si non è vero è bene trovato ». Evidemment, il était bien difficile de faire une analyse vraiment fiable concernant un homme mort depuis près de quatre siècles et qui a laissé peu de traces autobiographiques. Et divers commentateurs plus versés que moi dans ces questions ont émis de nombreuses critiques à l'encontre de la thèse de Freud. La principale est toute simple: en réalité, le mot italien utilisé par Léonard lui-même, « nibbio », devrait être traduit par « milan » - et non par « vautour ». Cette erreur semble invalider une grande partie de l'argumentaire de Freud. Celui-ci aura, en tout cas, saisi une opportunité pour développer ses idées dans un domaine où les lecteurs de 1910 ne l'attendait pas…
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Superbe livre !!!! Très intéressant quand on ne connait pas beaucoup le peintre de Vinci. On rentre dans sa vie, qui nous apparaît avec l'aide de Freud, comme une vie énigmatique entre artiste génial et vie sentimentale floue.

A recommander aux amoureux du peintre et aux amateurs de psychanalyse !
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Un Freud agréablement modeste et émouvant.

En réfléchissant sur les liens entre le travail de l'artiste et celui du scientifique Freud nous apprend peut-être plus sur la psychanalyse que sur Léonard de Vinci, mais quel beau travail d'auteur et d'éditeur !

Pour initié.
Lien : http://www.universcience.fr/..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Léonard travailla quatre ans à ce tableau, sans doute de 1503 à 1507, pendant son second séjour a Florence. Il avait alors dépassé la cinquantaine. Il employa, d'après Vasari, les arts les plus raffinés afin de distraire son modèle pendant les séances et de retenir sur ses traits ce sourire. Le tableau, dans son état actuel, a gardé bien peu de tous les délicats enchantements que le pinceau de Léonard alors fixa sur la toile ; il passait, pendant que Léonard y travaillait, pour le plus haut sommet que pût atteindre l'art. Mais il ne satisfit pas, cela est certain, Léonard lui-même, qui le déclara inachevé, ne le livra pas à celui qui l'avait commandé et l'emporta en France où son protecteur, François Ier, acquit ce tableau pour le Louvre. Laissant pour le moment de côté l'énigme de la physionomie de la Joconde, notons le fait que son sourire ne fascina sans doute pas moins l'artiste lui-même que tous ceux qui le contemplèrent depuis quatre cents ans. Ce sourire fascinateur reparait, depuis lors, sur tous les tableaux du Maître ou de ses élèves. La Joconde étant un portrait, impossible de supposer que Léonard lui ait prêté, de sa propre invention, un trait si chargé d'expression sans qu'elle-même le possédât. Nous devrons donc admettre qu`il trouva ce sourire chez son modèle et en subit à tel point le charme qu'il para désormais les libres créations de son imagination de ce même sourire.





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Les biographes sont fixés de façon toute particulière à leur héros. Fréquemment, ils l'ont choisi pour objet de leur étude parce qu'ils lui témoignent d'emblée, en raison de leur vie sentimentale personnelle, un penchant affectif particulier. Ils s'adonnent alors à un travail d'idéalisation qui s'efforce d'inscrire le grand homme au rang de leurs modèles infantiles et, par exemple, de faire revivre en lui la représentation infantile du père. Pour satisfaire ce désir, ils gomment dans sa physionomie les traits individuels, ils aplanissent les traces de son combat vital contre les résistances intérieures et extérieures, ils ne tolèrent chez lui aucun reste de faiblesse ou d'imperfection humaines et nous donnent alors en réalité une figure idéale, froide, étrangère, à la place d'un homme auquel nous pourrions nous sentir lointainement apparentés. Il faut regretter qu'ils le fassent, car ils sacrifient du même coup la vérité à une illusion et renoncent, en faveur de leurs fantaisies infantiles, à l'occasion d'accéder aux secrets les plus attirants de la nature humaine.
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Lorsque la recherche médicale sur l’âme, qui d’ordinaire se contente d’un matériel humain médiocre, aborde l’un des Grands du genre humain, elle n’obéit pas pour autant aux motifs qui lui sont si fréquemment imputés par les profanes. Elle ne tend pas “à noircir ce qui rayonne, ni à traîner le sublime dans la poussière”
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La lenteur avec laquelle Léonard travaillait était proverbiale. Après de longues études préliminaires, il mit trois ans à peindre la Cène du couvent de Santa Maria delle Grazie, à Milan, et un contemporain, le conteur Matteo Bandelli, alors jeune moine dans ce couvent, rapporte que souvent Léonard escaladait, dès le lever du jour, l’échafaudage, et ne quittait le pinceau qu’au crépuscule, sans songer à boire ni à manger. Puis s’écoulaient des jours sans qu’il y touchât ; parfois il s’attardait des heures et des heures devant son oeuvre et se contentait de l’examiner au plus profond de lui-même.
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Des admirateurs ultérieurs ont cherché à effacer du caractère de Léonard, comme une tache, son inconstance. Ils font valoir que ce que l’on blâme en Léonard est propre à tous les grands artistes. Même Michel-Ange, ardent, acharné au travail, aurait laissé inachevées plusieurs oeuvres, et ce serait de sa faute aussi peu que de celle de Léonard ! Et bien des tableaux ne seraient pas aussi inachevés que Léonard le prétendait ! Ce qui semble chef-d’oeuvre aux profanes reste pour le créateur incarnation toujours décevante ; devant lui plane une perfection telle qu’il doit chaque fois désespérer de la traduire en images. Mais surtout il ne convient pas de rendre l’artiste responsable du destin final pouvant frapper ses oeuvres !
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Vidéo de Sigmund Freud
Elle se revendiquait comme "la dernière Bonaparte" mais fut surtout l'une des premières à s'intéresser scientifiquement au plaisir féminin au début du XXe siècle. Disciple de Freud, celle qui fut l'arrière-petite-nièce de Napoléon aida aussi au développement de la psychanalyse en France.
#bonaparte #psychanalyse #cultureprime _____________
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