AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782073057976
Gallimard (04/04/2024)
3/5   4 notes
Résumé :
"Une fois dans la rue, sur ses hauts talons, Mademoiselle marcha très vite, passant de préférence dans les zones d'ombre. Le bourg était effrayant de silence et de solitude. En se dissimulant, elle prit un petit sentier, et, tout en marchant, comme en cachette, la dissimulant dans sa main renversée, elle alluma une cigarette et fuma." Mademoiselle, jeune institutrice dans un village de Corrèze, a pris l'habitude d'arpenter la campagne, de nuit, pour y provoquer ince... >Voir plus
Que lire après MademoiselleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Jean Genet (1910-1986) est un écrivain, poète et auteur dramatique français. Enfant de l'Assistance publique, il commet son premier vol à dix ans, adolescent il multiplie fugues et larcins qui l'entrainent en détention et adulte il passera plus de quatre ans en prison où il écrit son premier roman Notre-Dame-des-Fleurs. Ecrivain-bandit c'est Jean Cocteau qui le sauvera de la condamnation à perpétuité. Genet aborde notamment dans ses ouvrages l'homosexualité et l'érotisme, à travers la célébration de personnages ambivalents évoluant au sein de mondes interlopes.
Mademoiselle, qui vient de paraître, est un inédit de l'écrivain, script du film éponyme réalisé par le britannique Tony Richardson en 1966, avec Jeanne Moreau dans le rôle-titre. Jean Genet avait rédigé le scénario sous forme d'une longue nouvelle avec dialogues en 1951, avec comme titre Les Rêves interdits ou l'autre versant du rêve. Après plusieurs tentatives avortées avec d'autres réalisateurs, l'écrivain fut approché par Tony Richardson pour peaufiner ce scénario, se mit au travail, mais ne donna plus de nouvelles et s'en désintéressa complètement. Ce drame fut tout de même tourné, en Corrèze, et mal accueilli lors de sa projection au festival de Cannes 1966.
Un petit village de province. Mademoiselle, jamais autrement nommée, est une jeune institutrice récemment nommée ici. Poussée par des pulsions pas très claires mais dont la sexualité n'est certainement pas étrangère, la demoiselle met le feu à des fermes, déclenche une inondation ou empoisonne l'abreuvoir. Dans ce village paysan vivant sur lui-même, le coupable est immédiatement pointé du doigt par la vindicte populaire : ce sera Manou, le bûcheron itinérant et Polonais. Installé temporairement dans la commune, il vit avec son fils Bruno, seul depuis qu'il est veuf ; très bel homme, il affole la féminité locale et donc s'attire le courroux des époux.
Et bien que Manou se comporte en héros lors des incendies, il entre dans les maisons en feu pour sauver ce qui peut l'être, il attise encore plus les rancoeurs masculines puisqu'il fait rêver les femmes encore plus, ce corps en sueur se débattant au milieu des périls etc. Même l'apparemment prude Mademoiselle, n'est pas insensible à l'image du bûcheron qui lui, semble l'ignorer. Inversement, Bruno l'adolescent, se meurt d'amour pour sa maîtresse d'école qui se complait à l'humilier en classe. Les locaux vont lancer une chasse aux sorcières pour exterminer l'intrus…
Pas mal du tout ce roman.
Scénario, récit, comme on voudra mais cela se lit très bien. Au thème classique de la rumeur villageoise s'en prenant à l'étranger, bouc-émissaire tout désigné quand le malheur s'abat sur une communauté, Genet ajoute insidieusement, une tension sexuelle relativement discrète qu'on devine animer secrètement les actes des uns et des autres, ne pouvant aboutir qu'à une issue fatale avec une héroïne aussi perverse.
Commenter  J’apprécie          40
C'est le scénario d'un film, jamais paru mais réalisé (en 1966, avec Jeanne Moreau au casting, et Marguerite Duras au co-scénario), c'est une bonne nouvelle pour les fans de Jean Genet : un inédit, joie. C'est un retour à la campagne, reculée, où tout le monde se connaît et où les étrangers fraîchement arrivés sont désignés du doigt s'il faut expliquer les événements dramatiques qui remuent le village. Incendies, inondations… Mademoiselle, l'enseignante du village, a pris goût au sabotage en même temps qu'elle prend la mesure de son désir pour Manou, le bûcheron polonais qui fait tourner la tête de toutes les femmes du village.
On retrouve le goût de Jean Genet pour les personnages à la marge, et la fascination qu'ils exercent sur nos imaginaires.
Commenter  J’apprécie          00
Dans la collection L'Imaginaire, Gallimard publie le texte Mademoiselle, scénario d'un film qui verra le jour difficilement, après maints rebondissements.
Le lecteur voit qu'il a affaire à un texte "fonctionnel", et non littéraire. La langue n'est pas très soignée, on y trouve même des fautes de français ("en vélo", des fautes de temps...). Mais l'histoire est dérangeante et met en scène une femme inquiétante : Mademoiselle est la nouvelle institutrice du village. Elle vit seule, donne l'image, malgré sa jeunesse, d'une "vieille fille" que tout le monde respecte. Dès les premières pages du livre, son comportement intrigue : une caille s'envole, abandonnant pour quelques instants ses oeufs que Mademoiselle prend et écrase cruellement entre ses doigts, pour le plaisir de faire le mal. Mais avant ce geste, elle s'assure que personne ne ne la voit.
Car il y a l'image que Mademoiselle donne à la communauté et la vraie Mademoiselle, la pyromane, la femme qui sort la nuit pour empoisonner les abreuvoirs, créer des inondations, mettre le feu... Et comme personne ne peut soupçonner une institutrice, on accuse Manou, le "polack" qui travaille à la scierie dans les bois.
Ce Manou, c'est le bel homme athlétique, qui séduit toutes les femmes, attire tous les regards. Il est un personnage typique de Jean Genet, on imagine presque un marin baraqué de Querelle de Brest, un garçon à la JP Gaultier. En plus d'être beau et travailleur, il est d'une générosité sans pareille, n'hésitant pas à mettre sa vie en danger pour intervenir au moment des catastrophes. Il est aussi veuf et père de Bruno, jeune garçon qui va à l'école et semble guetter la présence de Mademoiselle en se cachant sous ses fenêtres.

La suite sur le Manoir des lettres.
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
LesInrocks
09 avril 2024
Mademoiselle est un conte de la folie ordinaire où les fées ne seraient pas bonnes ; et son merveilleux de virer au polar social où les marginaux passent au premier plan.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Chaque détail la troublait, elle était fascinée : la respiration du mâle, sa poitrine velue qui se soulevait, la langue qu’il passa sur ses lèvres, un geste pour chasser les mouches, un mouvement des cuisses dans l’herbe, la beauté et la douceur de l’herbe printanière, écrasée autour du corps de Manou, un ronflement, un peu d’air dans une boucle de cheveux où on voyait nettement de la sciure de bois, tout fascinait Mademoiselle.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Jean Genet (71) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Genet
Le texte inédit d'un auteur culte.
Juin 1942. Jean Genet est incarcéré à la prison de Fresnes, condamné à huit mois de réclusion pour vol de livres. À trente et un ans, le détenu n'a encore rien publié ; mais la cellule est un lieu propice à l'éclosion de son talent littéraire. Il y écrit son premier roman, "Notre-Dame-des-Fleurs", et le long poème "Le Condamné à mort".
L'attrait du théâtre se fait déjà sentir, comme en témoigne "Héliogabale", ce drame à l'antique dont un manuscrit a été enfin retrouvé à la Houghton Library. L'existence de cette pièce était attestée, Genet l'ayant fait lire à quelques proches et ayant exprimé le souhait qu'elle soit publiée et créée — avec Jean Marais dans le rôle-titre. Rien de cela n'eut lieu et l'écrivain n'y revint plus.
Voilà donc, plus de quatre-vingts ans plus tard, la mise en scène des dernières heures d'Héliogabale, jeune prince romain assassiné, telles que Genet les a rêvées et méditées.
Au travers de cette figure solaire, hautement transgressive et sacrificielle, à laquelle Antonin Artaud avait consacré un essai flamboyant en 1934, Genet aborde les thèmes qui lui sont chers, dans les règles de l'art mais en laissant affleurer un lyrisme bien tenu : le travestissement et l'homosexualité, la sainteté par la déchéance, la beauté par l'abjection. Un envers du monde social où l'auteur, apprenti dramaturge, entend déjà trouver ses vérités, situer son oeuvre à venir et inventer sa propre légende.
Découvrir "Héliogabale" : https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/La-Nouvelle-Revue-Francaise/La-Nouvelle-Revue-Francaise524
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Cendrillon (pièce de théâtre de Joël Pommerat)

Dans quel type de maison habitent la belle-mère de Sandra et ses deux filles ?

Une maison en acier
Une maison en bois
Une maison en paille
Une maison en verre

12 questions
97 lecteurs ont répondu
Thème : Cendrillon de Joël PommeratCréer un quiz sur ce livre

{* *}