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EAN : 9782226238627
150 pages
Albin Michel (04/01/2012)
3.89/5   14 notes
Résumé :
« Qu'en est-il de "Dieu" ? Est-ce une invention, et si oui, de quel type: une oeuvre géniale créée par l'imagination humaine, une découverte insoupçonnée, inimaginable, opérée par voie de révélation, une pure fiction construite sur fond de peur et de désir, un mensonge phénoménal concocté pour les naïfs? On peut opter pour une signification unique et s'y tenir sa vie durant, ou migrer d'un sens à un autre au fil du temps. On peut aussi déambuler sans fin, en zigzag ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Rendez-vous nomades. Joli titre pour des pensées vagabondes : celles de Sylvie Germain. Empreintes de sérieux pourtant, ces pensées puisqu'elles abordent les grandes questions existentielles qui jalonnent souvent le cours d'une existence : le sacré et le divin, le hasard et les déterminismes qui conditionnent notre vie, le problème du mal...
Mais ce petit livre n'a rien à voir avec un traité de philosophie même si son auteure est détentrice d'un doctorat dans cette discipline. Il a bien plus à voir, en effet, avec son amour du langage et ses exigences de clarté, de précision et de rigueur qui lui font tordre dans tous les sens les mots qui l'habitent dans cette recherche de sens existentielle.
De beaux et courts chapitres sur les thématiques qui l'interpellent sont autant d'interrogations que l'on peut partager ou non mais qui restent passionnantes par le cheminement de la pensée de l'auteure. Elle joue vraiment avec les mots, les traque, les bouscule, les associe ou les oppose, , les disperse ou les rassemble pour mieux être présente, pour mieux déranger, remettre en cause les idées reçues et renvoyer à des doutes, des remises en cause ou à de simples questionnements. Libre à chacun de choisir ce qui lui convient.
La thématique à laquelle j'ai été le plus sensible est celle qui tourne autour de Lire/Ecrire car dans ce chapitre, Sylvie Germain, tout en s'interrogeant sur les dimensions de la création littéraire, y compris les plus douloureuses, nous donne un bel exemple de son talent lorsque l'on est confronté à ses phrases nerveuses, virevoltantes, qui courent après les mots sans se lasser.
Mais un florilège de citations saura, je l'espère, vous convaincre beaucoup mieux que je ne le ferais moi-même.
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Difficile de faire une critique de ce livre magnifique. Sylvie Germain y est comme à son habitude une "éveilleuse", quelqu'un qui s'efforce de nous amener à vivre notre vie avec intensité et émerveillement, dans un perpétuel questionnement de nos sens et de notre intelligence, mettant la possibilité de l'existence de Dieu au coeur de nos interrogations, l'important n'étant pas d'être enfermé dans une croyance mais bien plutôt d'être ouvert à tout ce qui suscite une perception autre que purement rationnelle.
Elle y décrit le travail de l'écrivain comme le travail de celui qui essaie de transcrire par des mots la réalité spirituelle qui donne à ceux-ci force et vie, reliant le lecteur au mouvement du monde.
Un livre dont je suis ressortie comme "habitée" et que j'ai beaucoup aimé.
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Extra-ordinaire : ce qui « sort de l'ordinaire », non pas en venant d'ailleurs, mais comme « un épanchement de l'insoupçonné enfoui dans l'ordinaire ». Les mots, lorsqu'on les interroge, se débarrassent des poncifs acquis par une lente usure. L'extraordinaire se moque de la transcendance, si on le laisse germer au sein du quotidien. Tel est le rôle de la poésie et du roman, pour Sylvie Germain, lorsqu'ils parviennent à évoquer « cette minuscule apocalypse d'une candeur confondante ». Cette vision mystique de la littérature, d'une parfaite honnêteté, nous ouvre à chaque mot de nouveaux horizons.
Car les mots, leur définition, leurs dérives sémantiques ou leur résurrection dans leur innocence originelle, sont au centre de ce livre. Ils président d'abord à un « état des lieux » qui les interroge sur le hasard, l'invention ou la révolution. Puis viennent les mots scrupules, ces petits cailloux (scrupula) qui se glissent dans la chaussure et vous blessent au moindre pas : croyance, foi, Dieu, grandeur... Et le « pourquoi », qui donne lieu à une prodigieuse analyse de la barbarie, qui n'a pas de pourquoi (kein warum), opposée à l'évidence du mystique, qui est sans pourquoi (ohne warum). Entre les deux, il y a toute la distance entre le néant, qui ne laisse pas de place à l'existence, et le vide au creux de chaque chose, y compris de la divinité.
Et du roman, bien sûr, dont chaque mot ne prend sa valeur que dans son écrin de silence. Une troisième partie s'interroge alors, en termes lumineux, sur l'écriture, pour aboutir, comme une illustration des courts textes qui précèdent, à une nouvelle construite comme un jeu de marelle, la structure rejoignant ici le fond du récit. Tout cela pourrait sembler un fourre-tout de textes divers ; il n'en est rien, tant les liens ténus entre les mots se nouent et se dénouent au fil des pages, par de discrets rappels. « Je ferai un vers de droit néant », disait le premier troubadour, Guillaume d'Aquitaine ; Mallarmé a fait chanter le « creux néant musicien » ; Sylvie Germain en a recueilli la mélodie.
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L'auteur écrit ici avec tous ses sens. Elles décortiquent les mots ( foi, croyance, imagination, Dieu, révolution, scrupules...), les précisent, se posent des questions. Parce que "sans pourquoi", il n'y a pas de progression possible. Seuls les bigots, les fanatiques refusent le questionnement.
Ces rendez-vous nomades doivent leur nom à l'habitude de Moïse de s'isoler dans une tente hors du camp pour consulter le Seigneur.
Si le hasard préside à notre naissance, c'est à nous ensuite d'écouter, de comprendre et de relancer les dés.
L'homme doit échapper au désir de grandeur, décloisonner son esprit afin d'éviter de tomber dans le piège du crime d'humanité.
J'ai apprécié la symbolique de la marelle, ce jeu d'enfant écrit à la craie qui va de la Terre au Ciel. de la Terre où se couche Ombeline, une clocharde, pour entendre les bruits de ses profondeurs. Ou ce ciel grandiose que contemple le Prince Bolkonski, héros de Tolstoï, lorsqu'il gît sur le champ de bataille d'Austerlitz. Tous deux tombent en hauteur.
" Tout est vanité, tout est mensonge en dehors du ciel sans limites."
La marelle est aussi le symbole de l'écriture d'un roman.
" Écrire à la marelle : aller d'étonnement en question"
" Incertitude de son avancée et improbabilité de sa fin ne suffisent pas à décourager l'auteur."
J'aime beaucoup la poésie et l'imaginaire de Sylvie Germain. Dans cet essai, elle continue après sa réflexion sur la mort à se poser des questions sur ce qu'il y a de plus, derrière les évidences. Elle pousse les émotions au-delà des mots, nous met face à notre imagination, pousse notre esprit à aller plus loin que les apparences.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Après le monde sans vous qui était une méditation sur l'absence des défunts, S. Germain dévoile sa foi singulière. Elle pense que c'est au coeur du silence que peut advenir la possibilité de se mettre à l'écoute d'un écho de cet absolu du loin vers lequel sont partis les défunts. Grand prix de littérature 2012 (SGDL) à l'auteur pour l'ensemble de son oeuvre.
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critiques presse (3)
LeFigaro
10 février 2012
Cet immense écrivain depuis longtemps nous le prouve par l'exemple. Elle nous bouscule en douceur. Elle nous est une conscience poète.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
01 février 2012
Loin de toute fiction, la mystique romancière interroge dans cet étrange essai composé comme une parabole sa relation à Dieu, au Christ, tout comme à l'écriture et aux écrivains qui l'ont influencée.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
11 janvier 2012
De cette traversée à gué, souvent grave, toujours vivante, le désir et le jeu ont leur part. Il y a le coup de dés du hasard de la naissance, contre lequel on ne peut rien, mais il y a aussi la marelle. C’est sa manière, spirituelle, d’envisager l’écriture.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
L'écrivain plus encore que dans le besoin des mots, est dans le désir d'eux. Il aime à les faire bruissser - en silence. Il les fait bruire en noir et blanc, comme ces cortèges d'oiseaux partant en migration, que l'on aperçoit, haut dans le ciel, traçant à vive allure des lignes mouvantes et bruissantes, parfois stridentes ; la vue et l'ouïe se confondent, l'oeil entend, l'oreille voit. Là est l'un des paradoxes de l'écrivain : envoyer immobilement les mots en migration, leur donner muettement une sonorité.
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Il y a toujours un « reste », en tout :
Un reste de visible qui échappe à notre vue,
Un reste de silence qui échappe à notre ouïe,
Un reste de lumière incrusté au fond de l’obscurité,
Un reste de ténèbres fiché dans la lumière.

Un reste d’illisibilité du monde.

Il y a toujours un reste en nous :
Un reste d’idiotie dans notre intelligence,
Un reste de sagacité dans l’imbécilité,
Un reste d’animalité induré dans notre cerveau,
Un reste d’humanité sous nos élans de bestialité.

Un reste d’inintelligibilité de notre humanité.

Un reste de pourquoi qui résiste à toutes nos questions,
Un reste de comment qui se dérobe à nos analyses même les plus pointues.

Un reste irréductible qui fait scrupule dans nos pensées, et nous tient en éveil, en alarme, en vie.
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Rabbi Nachman de Bratzlav cité par Sylvie Germain
Le monde est comme un dé qui tourne sur lui-même, et tout tourbillonne, et l'homme se transforme en ange, et l'ange en homme, et le sommet devient la base, et la base devient le sommet, et ainsi toutes choses tournent sur elles-mêmes, et se croisent et se transforment l'une en l'autre et réciproquement et sens dessus dessous.
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Tout le travail de la théologie consiste en cette très vive préoccupation de concilier la foi et l'intelligence, comme y a insisté, parmi d'autres, saint Augustin déclarant :..."Si elle n'est pas pensée, la foi n'est rien."... Il n'y a pas plus paresseux, en ce sens, que les bigots de toute obédience, et pas de plus funestes empoisonneurs de la foi et saboteurs de l'idée de Dieu que les fondamentalistes et les intégristes.
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Finalement, on ne sait rien de lui, comme de la plupart des indigents réduits à errer dans la rue. On les croise, on les plaint, on leur donne parfois l'aumône, mais on ne fraie pas avec eux. Une peur inavouée nous retient-celle de déchoir comme eux un jour, d'être contaminé par leur malheur.
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Videos de Sylvie Germain (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvie Germain
Lecture de Sylvie Germain : une création originale inspirée par les collections de la BIS.
Ce cycle est proposé depuis 2017 par la BIS en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature (MéL). Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne".
Saison 5 : Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain et Michel Simonot
Captation, montage et générique par Corinne Nadal
+ Lire la suite
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