#ToutlemondedétesteLouise

Comme tout parent perplexe face aux envies de smartphone de son préado (euphémisme), le sujet du harcèlement me préoccupe (euphémisme au carré). Qui mieux qu'un auteur jeunesse pour sensibiliser les principaux intéressés ? Cette question (rhétorique) m'a poussée à lire un certain nombre de romans, bons ou moins bons.

Annelise Heurtier offre ici une histoire qui entre définitivement à la première catégorie. L'auteure avait déjà abordé ce sujet dans l'excellent "Chère Fubuki Katana" sous un angle différent. Ici, elle l'affronte de plein fouet, et l'émotion est au rendez-vous.

Le lecteur assiste, atterré, au déferlement de messages haineux et à la surenchère malsaine. On sait que l'adolescence est ingrate, mais comment imaginer qu'elle puisse être si cruelle ? Y compris de la part des simples spectateurs, qui se "contentent" de lire sans rien dire (parfois de peur que la haine se retourne contre eux). Cette histoire montre bien qu'une main tendue peut tout changer.
La force d'un personnage comme Louise est qu'elle ne sort pas du lot, est plutôt équilibrée, entourée, bonne élève. Et pourtant, personne ne semble à l'abri du harcèlement.

Un roman fort, important, percutant, dont je suis sortie totalement chamboulée. Reste à espérer qu'il permettra à des victimes de se sentir moins seules et de parler, avant qu'il ne soit trop tard.

Louise a douze ans, elle est en cinquième au collège Gustave Courbet dans une petite ville du Haut-Doubs. Elle a enfin reçu pour son anniversaire un téléphone portable et elle peut enfin être intégrée sur les groupes de son collège, notamment sur WhatsApp et s'inscrire sur le réseau social LikeMe. Elle est amie avec Nour et Romy qui est amoureuse de Jonas.

Aussi, quand Jonas se dévoile auprès de Louise, Romy se sent trahie par sa meilleure amie et publie une photo pour exprimer son désarroi, la rumeur au collège devient virale et les collégiens ne connaissent plus aucune limite sur les réseaux sociaux, ils prennent fait et cause pour Romy et harcèlent Louise.

Annelise Heurtier a commencé à publier des romans pour la jeunesse en 2007 au Rouergue avec Sidonie Quenouille et publié depuis lors une quarantaine de romans, Ma grand-mère a un amoureux ! en 2008, Tu seras pirate, mon fils ! puis Les étranges disparitions en 2009, le grand concours des sorcières en 2010. Nous commençons à la connaître en 2011 avec le carnet rouge sur les secrets de famille et la découverte des origines d'une jeune héroïne. En 2012, La fille aux cheveux d'encre, Bertille au chocolat, Mon livre pour épater les grands, Olaf : le géant mélomane nous laissent moins de souvenirs avant la publication en 2013 de Sweet sixteen sur la ségrégation aux Etats-Unis d'Amérique qui reçoit un succès critique élogieux et permet à Annelise Heurtier d'être mieux connue et reconnue.

Elle enchaîne alors les succès avec la série Charly Tempête et des romans pour adolescents comme Là où naissent les nuages en 2014 - sur le thème de l'obésité, Refuges en 2015 - sur le thème de l'accueil des migrants, le complexe du papillon en 2016 - sur le thème de l'anorexie, Envole-moi en 2018 - sur le thème du handicap, La fille d'avril en 2018 - sur mai 1968, Chère Fubuki Katana en 2019 - sur le thème du harcèlement.

Annelise Heurtier revient une nouvelle fois au harcèlement et plus particulièrement le harcèlement scolaire et du cyber-harcèlement dans un roman d'avertissement.

Elle décrit les différentes étapes vécues par la victime, la honte de soi, le silence face aux référents adultes et la plongée aux enfers. Elle propose deux fins différentes, l'une dans laquelle l'héroïne ne parvient pas à en parler à ses parents et ne voit plus d'issue à sa vie et l'autre dans laquelle la parole est libérée, aussi bien pour l'héroïne que pour ses camarades complices de ce harcèlement.

Ce roman va donc répondre à une demande et il bénéficie, vu l'ampleur et la gravité du cyberharcèlement, d'une couverture médiatique importante.

Un roman coup de poing vue à hauteur d'une jeune collégienne ordinaire et sans histoire.

Oh que ce roman est glaçant tant il est criant de justesse !

#toutlemondedétestelouise est un nouveau titre sur la thématique du harcèlement, une lecture prenante, terrifiante tant elle reflète certains usages des réseaux sociaux. Comment tout dérape à partir d'un malentendu, comment tout vire au cauchemar en quelques instants, comment quelques clics, quelques likes et commentaires peuvent tout aggraver...

Louise, élève de 5e, attend avec impatience le moment où sa vie va changer, celui où elle va enfin avoir un téléphone portable. C'est le jour de son anniversaire que ses parents lui permettent d'exaucer son plus grand souhait, avec toutefois des limites : une charte de "bon usage" à signer avec des règles à respecter.

Louise est heureuse, elle se sent enfin comme les autres maintenant que Désiré (le fameux smartphone) est entré dans sa vie. C'est son amie Romy qui l'initie à WhatsApp et qui l'encourage à installer LikeMe, le réseau social indispensable selon elle. Mais tout dérape suite à un malentendu...

Moqueries, insultes, rumeurs, violences, montages photos dégradants, ... le harcèlement se met en place, dans toute sa cruauté, une spirale infernale à laquelle la jeune fille ne peut échapper.

Et Louise se retrouve seule. Ses amies l'ignorent, personne ne lui vient en aide. C'est une lente et inexorable descente aux enfers pour la jeune fille. Elle s'isole, elle a honte d'elle-même, elle se sent coupable. Les sentiments ressentis par une victime de harcèlement sont terriblement bien retranscrits, on souffre avec elle de cette injustice, de cette ostracisation. C'est tristement réaliste, poignant.

Deux fins alternatives, deux futurs possibles pour mieux percevoir les dangers. L'une, plus optimiste, qui montre que parler peut tout changer.

Une lecture à laquelle il est difficile de rester indifférent - elle m'a personnellement énormément touchée -, sur un thème on ne peut plus actuel. À partager sans modération.

Louise est une adolescente comme les autres, enfin pas tout à fait selon elle. La cause : elle n'a toujours pas de téléphone portable, alors qu'elle est presque en 4ème !

Arrive enfin le jour de son anniversaire. Ses parents lui offrent le fameux graal, qu'elle va appeler Désiré, ainsi qu'un contrat de bonne conduite pour tenter de limiter les utilisations risquées.

Aidée de ses amies Romy et Nour, elle découvre le groupe classe sur l'application Whatsapp et rejoint aussi le réseau social LikeMe. Echanges de messages, de photos, de commentaires, … Louise est aux anges.

Les choses vont radicalement changer à cause d'un malentendu. Louise va perdre ses deux amis et deviendra la bête noire de la classe. Moqueries, messages haineux, montages photos et même rumeurs en tous genres vont circuler au sein du collège. le harcèlement n'a plus de limite et se poursuit même en dehors de l'établissement par l'intermédiaire de son smartphone qui se transforme en objet de malheur.

La jeune adolescente n'a plus de répit. Sa vie devient un enfer. Comment ne pas sombrer face à un quotidien si noir, où aucune main ne se tend pour vous venir en aide ? Deux fins sont proposées afin de montrer que les choses ne finissent pas toujours mal.

Dans ce roman bouleversant, Annelise Heurtier aborde la question du harcèlement et même du cyberharcèlement. le smartphone, cet objet tant désiré peut devenir le cauchemar d'un enfant, même s'il a été sensibilisé au préalable. Personne n'est à l'abris de ce fléau. On se questionne aussi sur la violence dont peuvent faire preuve les jeunes durant la période de l'adolescence alors que c'est le moment où ils essayent d'exister à travers leurs pairs.

La lecture est bien construite, forte en émotions et ne laissera personne indifférent. Ce livre est un bon complément de sensibilisation à la thématique et j'ai bon espoir qu'il saura toucher les élèves qu'ils soient ou aient été victimes, témoins et même harceleur. Les jeunes doivent aussi prendre conscience de la portée de leurs mots et de leurs actes, qui ne sont pas sans conséquences et ce, même s'ils se trouvent derrière un écran.

C'est un roman jeunesse qui aborde un thème important et plus qu'actuel. Rien que pour cela, il faut le mettre entre toutes les mains pour alerter, pour pouvoir ouvrir un dialogue avec les plus jeunes. Néanmoins, j'ai trouvé un défaut à ce roman qui m'a gêné.

On suit donc Louise qui a 13 ans et qui va enfin avoir un téléphone portable. L'autrice montre bien à quel point les réseaux sociaux sont importants et font désormais l'identité des plus jeunes qui ne peut exister s'ils n'ont pas un compte sur ces réseaux ce qui est effrayant, surtout pour moi qui ai pu avoir une adolescence sans cela. On se rend compte à quel point alors les soucis de l'adolescence classique, comme une possible trahison amicale peut prendre une ampleur incontrôlable et devenir dangereuse pour la victime de ce qui devient un harcèlement sans limite, toujours renforcé par l'anonymat et ce virtuel dont les ados ont peu conscience.

C'est très bien montré dans ce roman et j'ai trouvé les personnages crédibles pour leur âge ce qui est important pour moi, car je trouve que l'on a tendance à trop les "vieillir" ce qui peut parfois créer un décalage dans la réalité que l'on tente de montrer.

Pour moi, la démonstration est là et est bien menée. Mais j'ai trouvé que tout basculait trop vite et c'est cela qui m'a gêné. Je pense que l'autrice pouvait tirer sur le fil et faire monter la pression que ressentait Louise. C'est cela que je trouve dommage.

La plume est agréable, facile à lire et accessible. Ce n'est pas trop "dark" et est pour moi un roman qui peut servir de support pour les plus jeunes sans tomber dans une tragédie qui pourrait toucher les plus sensibles.